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Notre époque est celle des incertitudes sur nombre de sujets et nous sommes de plus en plus à percevoir que nos sociétés progressistes sonnent le glas quant au promesses qui furent les leurs. Nous assistons à une danse macabre en laquelle telles des

Amérindiens

LE SILENCE DANS L'EDUCATION ET DANS LA FORMATION SPIRITUELLE DE LA PERSONNE CHEZ LES INDIENS D'AMERIQUE DU NORD

Pascal GALVANI

Communication au Groupre de Recherche en Anthropologie Poétique des Pratiques Educative Université ParisVIII

 

Nous envisagerons successivement l'éducation de l'enfant et la formation de l'adulte. Il ne faudrait pas en effet réduire l'étude de l'apprentissage à l'enfance comme on le fait trop souvent. Si l'éducation des enfants est une activité si importante qu'elle est dévolue aux "anciens" plutôt qu'aux parents directs, elle n'épuise pas l'évolution de la personne. En, fait en matière de formation personnelle tout commence réellement avec la fin de l'adolescence et les premiers actes autonomes d'adulte.

En effet, dans les récits de vie indiens l'autoformation de la personne commence à l'age adulte. Dans son analyse des récits autobiographiques traditionnels, David Brumble remarque : "Le fait le plus manifeste est peut-être l'absence de tout événement relatif à l'enfance. (...) il nous est difficile d'imaginer une autobiographie qui ne prenne pas en compte d'une certaine façon ce que des générations de psychologues nous ont appris à concevoir comme étant Les Années de Formation. (...) En concevant ainsi l'histoire de sa vie, (l'indien White Bull) est pareil aux autres Indiens non acculturés -et probablement à tous les gens sans écriture. L'histoire de sa vie est l'histoire de ses actes, de ses actes d'adulte." (.i.BRUMBLE;, 1993, p.70).

Avant de présenter la place du silence dans l'éducation des peuples natifs de l'Amérique du Nord, il faut souligner qu'il y a dans un tel projet une contradiction de taille. Non pas tant par le fait de parler du silence, mais surtout parce que les cultures traditionnelles indiennes semble très réticentes à conceptualiser les phénomènes. Les indiens abordent plutôt les êtres de manière pratique et symbolique. "Dans les cultures amérindiennes, le processus est plus important que le contenu. Les Amérindiens «apprennent en faisant» à partir de la conviction que nous avons en nous les énergies nécessaires pour faire face à tous les aspects de la vie." (.i.PEELMAN;, 1991, p.155).

 

Education de l'enfant

 

"I am descended from three tribes : the Shoshone, Goshiute, and Paiute. I am what is known by many tribes as an old people's child because I spend much of my childhood with the elders. I was brought up to respect the earth, nature, elders, and myself. I was brought up to listen, practice, and carry on the tribal customs and traditions they left me. At age four I was Given a legendary name by my grand-grandmother. She called me Tu-wah-oz, child of the stars, a brother of the seven sisters, the stars." (.i.THOM;, 1992, p.21).

Voici comment Laine Thom se présente, de manière très traditionnelle, au début de son livre "Becoming Brave". Il annonce ainsi ses "sources" et sa légitimité à parler d'un tel sujet. Le fait d'être un "enfant d'anciens" c'est à dire d'avoir passé l'essentiel de son temps auprès des anciens (grand parents et arrière grand parents) est une double référence. C'est la garantie qu'il a reçu une éducation indienne traditionnelle. C'est aussi, à notre époque, l'indication qu'il a reçu la tradition de personnes qui n'était pas acculturées puisqu'elles sont nées à la fin du siècle dernier.

Dans ce court chapitre de présentation, aucune parole n'est anodine. Chaque mot peut être médité.

Après ses sources, Laine Thom introduit les notions essentielles de la formation d'un être humain :

- respecter  : le monde, les autres, et soi (Ecoformation, Hétéroformation, Autoformation Cf. .i.PINEAU;, 1986),

- écouter (être intérieurement silencieux),

- pratiquer et transmettre les traditions (le cercle).

Le fondement de l'éducation indienne traditionnelle nous est donné immédiatement après. "In the Indian world, all aspects of a man's direction are passed from person to person and génération to generation throught consistent detailed, oral history and repeted ritual. An unending circle." (.i.THOM;, 1992, p.21).

Les enfants sont sous la conduite des anciens. La plupart du temps ils jouent librement ensemble. Il accomplissent parfois de petites tâches pour les anciens qui, en retour, leur confectionnent de petits jouets. Les jouets sont essentiellement des répliques miniatures des objets possédés par les adultes : armes et poneys pour les garçons, tipis et poupées pour les filles. C'est par le jeu et graduellement par une pratique de plus en plus "réelle" que les enfants vont acquérir les compétences de leur vie adulte. Ces jeux sont le plus souvent pratiqués seuls, entre enfants.

Les anciens observent beaucoup ces jeux et l'évolution de chaque enfant, surtout ceux qui par affinité, se sentent un devoir d'enseigner tel ou tel des petits. A certains moments privilégiés (le temps indien) et toujours parce que l'enfants aura montré dans son comportement qu'il était prêt, l'ancien le prendra à part et lui enseignera tel ou tel technique particulière, souvent associée d'un cadeaux.

A d'autres moments ce sont les enfants qui viennent autour d'un ancien toujours prêt à conter l'une des nombreuses légendes par lequel se transmettent les valeurs morales et les connaissances sacrés. "The morals of these stories help to shape his character, and the stories are used as disciplinary tools instead of physical punishment." (.i.THOM;, 1992, p.21).

La répugnance envers l'utilisation de la contrainte et des punitions est un point commun à toute les nations indiennes. Les adultes qui ont la faiblesse de s'y livrer sont méprisés ou pris en pitié. Les punitions "tordent l'esprit des enfants". Lors de l'expédition de 1804 Lewis s'étonnait du fait que les Shoshones ne corrigeaient jamais leurs enfants. "Ils en donnent pour raison que fouetter un garçon le rend timide et brise son courage, et qu'il ne retrouve jamais son indépendance d'esprit." (.i.LEWIS & CLARK;, 1993, p.359). Ces moyens de contrôle peuvent sembler bien faibles à un occidental , et bon nombre de commentateurs contemporains ne voient chez les indiens qu'une éducation de laisser-faire où chacun agit sans frein à son désir. C'est un contresens énorme. Si les contes et les histoires édifiantes suffisent à donner aux enfants une excellente éducation sans avoir recours aux contraintes ni aux punitions, c'est parce que les comportements de générosité, de courage, de droiture et de bonté sont constamment loués et récompensés, alors que sont systématiquement tournés en ridicule et méprisés tout ceux qui se comportent de mauvaise manière. La pression sociale et l'importance de l'honneur sont des contraintes très fortes.

L'évolution de l'enfant est ponctuée des fonctions et des tâches qu'on lui confie et qui sont à chaque fois une récompense immense : avoir l'honneur de servir le peuple. Se voir confier la responsabilité de la garde des chevaux est l'une des ces étapes importante dans les nations nomades. "Under supervision, the boy is shown how to water, graze, and guard the herd. After he has learned to respect their supernatural power and their worth, he his given his first horse." (.i.THOM;, 1992, p.22).

La dimension spirituelle de toute activité est très tôt inculquée. "His religious discipline is introduced early, since daily family life and religion are closely interwined." (.i.THOM;, 1992, p.22).

Mais c'est à l'adolescence que commencera activement le chemin spirituel par la "quête de vision" qui se compose d'un jeûne solitaire et de prières durant plusieurs jours (souvent quatre).

 

Formation de l'adulte

 

Le silence de la vision

 

La quête de vision est "ce rituel ascétique et méditatif, qui permettait autrefois aux adolescents de trouver leur place dans leur tribu et dans l'univers amérindien, (il) est devenu aujourd'hui un véritable rituel pan-indien, pratiqué par un nombre croissant d'adultes. Le vision quest est devenu le chemin presque «universel» par lequel les Amérindiens entrent en relation avec le Grand Mystère au moyen d'une vision durable qui donne un sens à leur vie. Basil Johnson écrit à ce propos : «Aucun homme ne commence à être, tant qu'il n'a pas reçu sa vision». (.i.PEELMAN;, 1991, p. 143).

Pour situer la place de la vision dans le processus de formation, nous emprunterons un cour extrait de l'excellent article d'Eric Navet pour l'Encyclopédie Philosophique Universelle des PUF. "Cette philosophie, ou ce mode d'être ou de penser amérindien, est une religion selon la signification première du consept issu du latin religio, de re, et ligare, lier. Il s'agit bien, pour l'homme, de se «re-lier» aux autres créatures . Car toutes les religions amérindiennes reconnaissent un agent et un processus de Création, mais contrairement aux conception occidentales (...) ce phénomène ne renvoit pas à un passé révolu, il est permanent. L'homme à le choix de son destin, mais là où les philosophies occidentales voient souvent le signe de la liberté propre à notre espèce, les Amérindiens parlent plutôt d'une contrainte, d'une aliénation : cette «liberté» nous amène à rompre avec le monde, donc -puisque nous sommes partis intégrante de cette création- à nous désunir. Si ces cultures accordent la plus grande importance au rêve, à la vision, (...) c'est que l'homme est en rupture de ban avec cela même qui donne un sens à son existence, la Vision primordiale et l'émergence du monde" (.i.Encyclopédie Philosophique Universelle;, 1992, p.4195).

Alors que les blancs disent avoir des idées, les indiens reçoivent des rêves et des visions. Pour eux "l'invention de quiconque n'est pas le fruit d'un génie créateur humain , mais le don d'un Esprit qui a révélé à "l'inventeur" comment l'appareil devait être construit. L'inventeur humain ne mérite pas de louange, et les actions ou les merveilles d'en haut sont conçues comme la norme de la vie vécue dans la foi. (...) Les Indiens des plaines attachaient une importance cruciale aux visions parce qu'ils pensaient qu'elles sont données par Dieu." (.i.MAILS;, 1972, p.129). La plupart des adultes entreprennent donc souvent des quêtes de vision pour obtenir des révélation divines sur la conduite de leur vie et le bien-être du peuple.

Le témoignage de White Bird nous permet de percevoir le lien entre la quête de vision et la quête spirituelle de soi. On entrevoit ici le lien ontologique et metaphysique qui existe entre la formation comme mise en forme de soi par l'esprit, la vocation comme nom secret et comme appel à être (quête de soi) et les formes, images symboliques qui nous parlent.

"La quête de vision est une recherche spirituelle qui se pratique chez les Indiens depuis toujours, depuis la nuit des temps. En tant que révélateur de notre dimension humaine, elle constitue en soi une part importante de notre tradition, un cap à franchir.

Quand après s'être purifié dans une Sweat -Lodge, on se retrouve seul là-haut, c'est pour se donner aussi bien physiquement -en renonçant à boire, à manger, à fumer- que spirituellement en priant et en appelant les esprits, émotionnellement et mentalement en rompant tout contact avec le monde et en oubliant son corps et ses besoins. Au fil des heures, des journées et des nuits passées dans la solitude, on est véritablement transporté ailleurs. C'est un phénomène qu'il faut accepter si l'on veut parvenir à la conscience spirituelle, à la révélation de son esprit, ce quelque chose qui crée en nous une cohésion, qui nous maintient ensemble ; parce que ce n'est pas seulement notre coeur qui bat qui fait de nous ce que nous sommes, ni notre mental qui pense, ni nos émotions qui fluctuent, même si portant tous travaillent ensemble. Ce qui les relie c'est l'esprit. Et quand il nous quitte, alors le coeur s'arrête, et avec lui les pensées et les sentiments." (...)

Nous prions pour que le pouvoir vienne en nous, et c'est comme s'il se manifestait à l'image de notre volonté et de notre sincérité, se révélant dans les limites de ce que nous pouvons comprendre. Nous recevons ce que nous demandons, un signe qui n'est pas une réponse mais une incitation à aller plus loin, une clé vers d'autres clés. (...) Nous sommes à l'écart de tout et pourtant nous voyons loin, nous savons qui nous sommes, quel est l'objet de notre vie (...) Cette existence qui est là nôtre et elle prend sens quand nous ouvrons les yeux sur ce qui nous entoure et apprenons à en lire les signes. (...)

La seule chose qui compte vraiment, je le répète, c'est d'être prêt à accueillir les esprits et à comprendre ce qui est exprimé à travers les signes qui se manifestent.

Il n'y a pas de «grande vision» ou de «petite vision», il y a un message pour nous et nous seul, correspondant à une étape spirituelle. Libre à nous de la franchir pour être en mesure d'aller plus loin et de nous rapprocher toujours un peu plus de ce que nous sommes appelés à faire." (.i.WHITE BIRD;, 1994, pp. 210-212, c'est nous qui soulignons).

La quête de vision est une des rituels les plus communs aux indiens d'Amérique du nord. On retrouve ainsi une dmarche similaire au Sioux lakota chez les Wendats (nord est du Québec). "Pour les Wendats, l'existence de chaque individu était l'effe de la volonté d'êtres spirituels (...). Chaque individu était unique et portait un mystère que lui seul ou elle seule pouvait et devait comprendre. Les peuples algiques avait une institution, la «Quête de la Vision», par laquelle les jeunes hommes (ou les plus vieux qui n'avait pas encore eu cette révélation du secret de leur vie) étaient placés sur la voie de ela découverte du sens profond de leur vie personnelle.(...) la vénération religieuse du rêve et de la vision paraît donc comme une clef pour la compréhension de la plupart des aspect mystérieux dela vision du monde des Wendats. Une personne est avant tout l'incarnation d'un monde d'esprits dont le pouvoir, vital pour les humains, n'est accessible à ceux-ci que par le respect le plus intégral de leurs désirs et volontés. Celles-ci se manifestent essentiellement par les rêves et les visions, obtenus entre autres par le jeûne, la méditation et la prière." (.i.SIOUI;, 1994, p.295-298). On peut dire que le fondement de l'autoformation et de son respect intégral par les autres (hétéroformation) se fonde dans une relation auto/théo. Chaque personne est porteuse d'une expression du créateur, elle est et elle vie un processus de révélation d'elle-même.

Elan Noir, l'un des plus important saints hommes et prophètes du monde indien au vingtième siècle, a dicté l'essentiel de la tradition spirituelle des Lakota dans un livre qui est devenu une référence canonique pour l'ensemble des nations Indiennes d'Amérique du Nord . Dans sa description de l'imploration d'une vision on entrevoit la place fondamentale que tient le silence dans les modes de formation spirituelle des Indiens. "L'imploration d'une vision (...) est en quelque sorte le centre de notre religion" (p.72). L'implorant prie sans répit "soit à haute voie, soit silencieusement en lui-même, car le Grand-Esprit est partout et par conséquent Il entend tout ce qui est dans nos pensées et dans nos coeurs ; Il n'est pas nécessaire de Lui parler à haute voix. L'implorant n'est pas obligé d'utiliser toujours la prière que j'ai indiquée ; il peut rester silencieux avec toute son attention concentrée sur le Grand-Esprit ou sur un de ses Pouvoirs. Il doit éviter soigneusement les pensées distrayantes, mais d'autre part il doit rester en éveil pour reconnaître tout messager que le Grand-Esprit pourrait lui envoyer." (.i.ELAN NOIR;, p.86). Le silence et l'attention sont les conditions de la contemplation. "Le pouvoir d'une chose ou d'un acte est dans sa signification, et dans la compréhension que nous en avons" (.i.ELAN NOIR;, 1992, p. 66).

Mais cette contemplation n'est pas opposée à l'action. Au contraire, dans la spiritualité indienne, la contemplation est au coeur de l'action. "Pour eux, il n'y a jamais eu de vie purement séculière. Chasser est une aventure spirituelle. Même les activités artisanales ou artistiques sont une prière en acte (are prayed into being) , et ce mode de vie a conduit a un profond respect et une révérence envers la nature." (.i.FOOLS CROW & MAILS;, 1991, p.17).

Une étude plus approfondie des rites les plus communs à l'ensemble des nations indiennes que sont : le rite de la pipe, la quête de vision, le bain de sueur ou la danse du soleil, nous montrerait qu'ils visent toujours la réception d'une révélation, d'une in-formation.

A travers la notion de cercle, le processus implique toujours une conception tripolaire de la formation par soi (auto-formation), les autres (co-formation), le monde (éco-formation) (.i.PINEAU;, 1986).

Le cercle de la personne, c'est l'intégrité, l'autonomie et le mystère dont est porteur chaque être humain. C'est pour chacun, la nécessité d'être toujours attentif aux révélations intérieures du Grand-Mystérieux que transmettent les esprits alliés, proches de la notion d'anges gardiens.

Même si la quête de la vision est le rituel le plus centré sur l'autoformation, il faut comprendre que tous les rites comportent cette dimension. Mais la quête de vision est aussi une co-formation par les prières d'accompagnement de la communauté (.i.POWERS;, 1993) ; et une éco-formation par les messages que transmettent les éléments et les êtres du monde naturel.

Les cercles sont inclus les uns dans les autres. Le cercle de la collectivité est fondé sur le cercle de vie de chacun, ou, autrement dit sur la mise en harmonie de chaque personnalité, et le cercle du peuple n'existe que dans la mesure de son harmonie avec le grand cercle du monde.

 

Le silence comme attention aux signes

 

Le silence est, chez l'indien, une attention aux signes. Le message "«sois attentif ! » exprime fort bien un état d'esprit qui est caractéristique des Indiens ; il implique que dans chaque acte, dans chaque chose, et à tout moment, le Grand-Esprit est présent, et qu'on doit être continuellement et intensément «attentif» à la Présence divine." (.i.ELAN NOIR;,1992, p.92).

La formation de l'être humain est conçue comme une in-formation dont la vision et la prière sont les modalités principales. La quête de vision marque l'entrée dans la vie adulte. D'une certaine manière nul n'est adulte sans une vision qui lui indique sa voie. Le silence de l'esprit et l'attention sont constamment nécessaires pour percevoir et comprendre les signes que nous adresse le Grand-Mystère. Celui qui a imploré une vision "devra toujours se souvenir de Toi, ô Wakan-Tanka, quand il marchera sur le sentier sacré de la vie, et qu'il doit prêter attention à tous les signes que Tu nous as donné." (.i.ELAN NOIR;, 1992, p.94).

 

Le silence harmonie de l'être et voix du Grand-Esprit

 

Dans son livre "L'âme indienne" Charles Eastman, écrivain Sioux Santee, développe à plusieurs reprises l'idée que le silence est autant la manifestation de l'harmonie interne de la personne que la voie même du Grand-Esprit.

"Si la nature est le grand livre du Grand Mystère il s'agira d'en lire les enseignements dans le recueillement silencieux qui correspondait sous d'autres cieux au climat de la méditation." (.i.EASTMAN;, 1992, p.16).

"L'américain des temps anciens mêlait à sa fierté une remarquable humilité. L'arrogance spirituelle était étrangère à sa nature et à son enseignement. Il ne prétendit jamais que le pouvoir de la parole articulée fût une preuve de supériorité sur la création muette ; d'autre part, c'était pour lui un don dangereux. Il croyait profondément au silence -la marque d'un équilibre parfait. Le silence c'est l'équilibre parfait, l'harmonie entre le corps, le mental et l'esprit. L'homme qui demeure toujours maître de soi, calme, non perturbé par les orages de l'existence -pas une feuille ne bouge sur l'arbre, pas une ride sur la surface étincelante d'un plan d'eau- est bien, pour le sage illettré, le modèle d'attitude et de comportement dans la vie.

Si vous lui demandez :«Qu'est-ce que le silence ?», il vous répondra : «C'est le Grand Mystère ! Le saint silence est sa voix !» Si vous demandez : «Quels sont les fruits du silence ?», il dira : «Ses fruits sont le contrôle de soi, le courage authentique, l'endurance, la patience, la dignité et la vénération. Le silence est la pierre angulaire du caractère.». «Gardez votre langue quand vous êtes jeunes, disait le vieux chef Wabashaw, et avec l'âge il se peut que mûrisse en vous une pensée féconde pour votre peuple !»." (.i.EASTMAN;, 1992, p.94).

 

C'est dans le silence intérieur que parle le symbole

 

Cette capacité contemplative que donne le silence est cohérente avec la vision symboliste indienne du cosmos "qui se fonde sur la nature essentielle -ou la transparence métaphysique- des phénomènes, plutôt que de les couper de leurs prototypes" (.i.SCHUON;, 1990, p.6).

Pour Joseph Epes Brown, professeur à l'université du Montana , "La signification généralement admise du symbole -à savoir une forme représentant ou indiquant quelque chose d'autre que la forme ou l'expression par elle même- est incompréhensible pour un Indien. Selon l'orientation cognitive de celui-ci, les significations sont perçues le plus souvent intuitivement et ne sont pas interprétées de manière indirecte à travers l'analyse; il tend à y avoir une unité entre la forme et l'idée, ou le contenu. Dans ce cas, le «symbole» devient ce à quoi il fait référence. L'arbre situé au centre de la loge au cours de la Danse du soleil ne représente pas seulement l'axe du monde, mais il est cet axe et est le centre du monde. L'aigle ne symbolise pas le soleil, mais d'une certaine manière est le soleil ; de la même façon le soleil n'est pas un symbole du Principe Créatif, mais est ce Principe tel qu'il se manifeste dans le soleil." (.i.BROWN;, 1990, p.105).

La conséquence de ce principe symbolique, qui n'est pas une simple représentation mais bien un mode de présentification du signifié, c'est une inscription centrale et une liaison vitale de l'être humain avec la création. Cette conception traditionnelle du symbole a des conséquences énormes sur la formation en dépassant par exemple la séparation classique de la théorie et de la pratique. "Nous avons à faire avec les Indiens d'Amérique, à un type de culture dans laquelle l'action et la contemplation sont intégrées et liées l'une à l'autre. (...) on peut dire que certains rituels et cérémonials -au même titre que la routine de la vie quotidienne- constituent des actes de méditation qui offrent,(...) la possibilité d'accéder à une pure contemplation. Le chasseur, par exemple ne fait pas que participer à une activité de subsistance strictement mécanique (..). Black Elk qualifiait l'acte de chasser comme étant -et non comme représentant- la quête vitale de l'ultime vérité." (Ibid. p.107).

De fait le monde spirituel indien ne se fonde pas sur un dogme, un verbe, mais sur une révélation prohétique perpétuelle, sur une inspiration, un information constante de l'Esprit. Cette inspiration prophétique trouve son support dans les formes de la création et des rituels reçus. De nombreux anthropologue on soulevé la difficulté de parler des conceptions religieuses indiennes. En effet si l'on trouve une remarquable unité dans les pratiques et les rituels, les interprétations recueillis par les anthropologues sont très variées. Ce paradoxe est principalement du à la lecture symbolique qu'ils font du monde comme de la religion. "In symbolic representations or religious objects and acts which are meant to represent things of religious importance, we encounter considerably more variation than is evident in beliefs about the nature of power and the way it behaves during the dance. For several years I was perplexed by the many interpretations I heard about the meanings of such things as the center pole [in the Sun Dance],(...). The cause of the variety of interpretations is partially explained by the following comment from a middle-aged Northern-Ute dancer : «No one person knows the true meaning or what the whole dance means. Even the chiefs who have danced for a long time know only parts of it. They are always learning more about it through the dreams that that Man gives them.» These new interpretations, revealed in dream are additive rather than replacements for old interpretations." (.i.JORGENSEN;, 1972, p.210).

Cette capacité à percevoir la qualité symbolique des choses et des événements reste aujourd'hui très vivace, si l'on en croit ce témoignage collecté auprès d'un indien Lakota contemporain par le père Steinmetz pour son travail de thèse de doctorat : "Nous autres Indiens vivons dans un monde de symboles et d'images où le spirituel et l'ordinaire ne font qu'un. Pour l'homme blanc, les symboles ne sont que des mots qu'on dit ou bien qu'on écrit dans les livres. Pour nous ils sont une partie de la nature, une partie de nous-mêmes; la terre, le soleil, le vent et la pluie, les pierres, les arbres, les animaux, même les petits insectes comme les fourmis ou les sauterelles. Nous essayons de les comprendre non pas avec la tête mais avec le cÏur, et une simple indication suffit à nous en révéler le sens." (John Lame Deer cité par .i.STEINMETZ;,1992 p. 41).

 

Suivre le sentier rouge

 

Etre indien est avant tout une démarche spirituelle. (.i.PEELMAN; 1991, p.150).

Dans son livre classique "The Mystic Warriors of the Plains" Thomas Mails considère que beaucoup d'aspects de la vie indienne ont été étudiés sauf le plus important d'entre eux : "leur superbe processus de préparation mentale à la vie, et la manière dont ce processus affectait et embellissait tout ce qu'ils faisaient" (.i.MAILS;, 1972, p.68).

Fondamentalement il s'agit d'une profonde observation de la nature et des anciens. Aujourd'hui encore, le mode traditionnel d'apprentissage reste d'écouter et d'observer. Voici quelques pensées tirées de ce mode de développement spirituel.

"Ce n'est pas sans raison que nous les humains, sommes bipèdes comme les oiseaux ; car vous voyez que les oiseaux quittent la terre avec leur ailes, et que nous les hommes, nous pouvons également quitter ce monde, non pas avec des ailes, mais dans l'esprit. Ceci vous aidera à comprendre en partie comment il se fait que nous regardons tous les êtres créés comme sacrés et importants : chaque chose possède une influence -wochanghi- qui peut nous être donnée et grâce à laquelle nous pouvons acquérir un peu plus de compréhension si nous sommes attentifs." (.i.ELAN NOIR;, 1992, p.86).

"Nous voyions la main du Grand esprit dans presque tout : le soleil, la lune, les arbres, le vent et les montagnes. parfois nous l'approchions à travers toutes ces choses.(...). Les indiens qui vivent près de la nature et du Maître de la nature ne vivent pas dans l'obscurité." (TATANGA MANI, in .i.MCLUHAN;, 1974, p.29).

"la Terre est votre Grand-Mère et Mère, et elle est sacrée. Chaque pas qui est fait sur elle devrait être comme une prière." (.i.ELAN NOIR;, 1992, p.31).

Tahca Ushte décrit ainsi le mode de formation des wicasa wakan (homme du mystère, saint homme) : "Le wicasa wakan tient à être seul. Il veut demeurer wicasa (homme) à l'écart de la foule et des affaires au jour le jour. Il se plaît à méditer, appuyé à un tronc d'arbre ou contre un rocher, sentant la terre bouger sous ses pieds, sentant au-dessus de lui la pesanteur du grand ciel enflammé. (...) Le wicasa wakan aime le silence ; il s'enveloppe en lui comme dans une couverture -un silence lourd, avec une voix semblable au tonnerre, qui l'entretient de nombreux sujets. Un tel homme se complaît en un lieu où l'on entend rien, que le bourdonnement des insectes. (...) Il écoute les voix des wama kaskan -celles de toutes les créatures animales de la surface de la terre. Il est à l'unisson avec elles. De tous les êtres vivants, une émanation incessante le gagne et il transmet cette force. Je ne peux dire d'où elle vient ni en quoi elle consiste mais il en est ainsi. Et je sais ce dont je parle." (.i.TAHCA HUSHTE;, 1977, p.173).

 

Auto-co-écoformation silencieuse plutôt qu'hétéroformation dogmatique et savante

 

Le silence dans l'éducation indienne, c'est aussi l'absence d'explication. Les Amérindiens répugnent à dire les choses pour ne pas les figer dans un point de vue qui voudrait les épuiser. Les idées sont plutôt suggérées indirectement par un symbole, une histoire, un acte. Elles sont recréées à chaque fois par celui qui les pense.

C'est peut-être à cause de cela que les indiens des plaines utilisent volontier le langage par signes même à l'intérieur du cercle tribal ou familliale; pour le plaisir de savourer une histoire ou un mythe.

Wilfried Pelletier de la nation Odawas est responsable de l'école indienne de Rochdale. Une bonne partie de son ouvrage "Le silence d'un cri" (!) évoque les questions d'éducation comparée. Les indiens n'imaginent pas qu'enseigner soit le fait de transmettre des idées, il s'agit plutôt de mettre en contact avec des influences spirituelles. Les Indiens ne donnent pas d'enseignements systématiques. Ainsi plutôt que de "faire la leçon" à un enfant qui ne se lave pas les pieds, on lui raconte l'histoire de ce héros dont les pieds refusèrent de le porter alors qu'il était poursuivi ; et qui ne put s'échapper qu'après avoir promis de prendre soin d'eux. "Le fait que nos parents n'interviennent pas s'explique par leur attitude même devant la vie. Ils n'enseignent pas comme les hommes blancs ; ils laissent les enfants prendre leur propres décisions; Les récits qu'ils nous racontent sont peut-être ce qui se rapproche le plus de l'enseignement structuré.». (.i.PELLETIER;, 1985, p.54).

"Cette attitude était étroitement reliée à la religion (...) L'un des principes moraux mis en pratique dans la collectivité était la non-ingérence. Personne ne s'immisçait dans les affaires des autres. (...) Observez un groupe d'Indiens : ils sont immobiles et ne prennent la parole qu'après avoir été présentés. S'ils participent à une séance de groupe, ils ont la même attitude. Ils s'assoient et écoutent ; ils parleront lorsqu'ils en auront la possibilité, mais jamais ils ne vous interrompront ni ne s'interposeront. La base même du système d'enseignement consistait donc à observer et à ressentir des impressions. Voilà comment les enfants faisaient leur apprentissage." (.i.PELLETIER;, 1985, p.49).

Ce silence intérieur constant imprègne évidement la langue. "Cette langue imagée où l'on ne vous dit que le début et la fin, où vous devez combler l'espace entre les deux et où on vous laisse éprouver les sentiments que vous désirez. (...) On ne fait que répondre aux questions que vous posez. C'est à vous d'aller chercher les renseignements qui vous intéressent. Nous perdons cette façon de voir à l'école." (.i.PELLETIER;, 1985, p.53).

La méthode d'enseignement indienne traditionnelle privilégie donc toujours l'autoformation sous forme de révélation personnelle. On n'enseigne pas en expliquant ou en donnant à l'autre le sens des choses que l'on perçoit (hétéroformation) parce que l'on ne confond pas le sens perçu et le sens de la chose. Au contraire lorsque les anciens enseignent, c'est plutôt par une mise en contact avec l'influence spirituelle (contenue dans le mythe, dans la nature ou dans le rite), là où chacun reçoit une information intérieure.

Dans son compte-rendu des rencontres entre prêtres et hommes-médecine Sioux Lakota, William Stolzman relate un exemple magnifique de cet état d'esprit. Suite aux interrogations répétées des prêtres concernant la position des esprits Lakota par rapport au Christ, les hommes-médecine finirent par répondre : "Si vous avez des questions à propos des esprits, vous devriez mettre en place une cérémonie et posez ces questions aux esprits eux-mêmes" (.i.STOLZMAN;,1992, p.125).

On retrouve cette même idée à l'origine de la tradition chrétienne. Dans sa première épître, saint Jean montre que la réception personnelle de l'Esprit Saint dans le baptême rend caduque toute forme d'enseignement sur la vérité entre les êtres humains. "Quant à vous, vous possédez l'onction qui vient du Saint, et vous êtes tous gens qui savez. Si je vous écris ce n'est pas que vous ne connaissiez pas la vérité ; c'est parce que vous la connaissez et vous savez qu'aucun mensonge ne procède de la vérité.(...) Pour vous l'onction que vous avez reçue de Lui demeure en vous, et vous n'avez besoin de l'enseignement de personne. Mais comme l'onction que vous avez reçue de Lui vous enseigne sur tout, qu'elle est véridique et qu'elle n'est pas mensonge, selon ses enseignements demeurez en lui" (1Ep. de Jean, 2-20 à 22 et 28).

La réticence à l'hétéroformation dans les modes d'éducation amérindienne n'est bien entendu pas une forme d'individualisme ou un refus des autres. Nous avons déjà vu combien la dimension communautaire est fondamentale. Il faudrait ici distinguer, comme le suggère Gaston Pineau, entre une hétéroformation qui s'oppose à l'autoformation et une co-formation qui en est le complément vital. Il n'est aucun rituel qui n'implique pas "les autres" et l'in-formation spirituelle reçue par chacun n'a de sens que dans l'épanouissement du cercle de la nation (.i.ELAN NOIR;, 1992).

 

Le silence dans l'organisation sociale

 

Le silence se manifeste donc aussi dans l'organisation sociale qui n'est ni verticale ni autoritaire : "je l'appellerais une «conscience collective». Ce type de société peut exister, fonctionner et résoudre tous ses problèmes sans signaux d'aucune sorte, tel un banc de poisson. Sans crier gare, vous les voyez qui changent de direction ; ils se déplacent ensemble. Voilà exactement la façon dont la plupart des collectivités indiennes fonctionnent." (.i.PELLETIER;, 1985, p.56).

Fondamentalement, l'éducation indienne est un apprentissage de la vie. Dans son dernier chapitre intitulé : "l'éducation pour la survie" Wilfried Pelletier insiste sur le fait que l'éducation a toujours existé, bien avant les écoles et les institutions éducatives, bien avant les livres même. L'éducation ce n'est pas les connaissances isolés qui se transmettent en classe, c'est le type de comportements et de valeurs qu'inculque le fonctionnement social global. "Dans la communauté qui m'a vu naître, les gens âgés sont nombreux à ne savoir toujours pas lire et écrire. Malgré tout, ils sont très instruits sur leur propre genre de vie et cela les assure de survivre. Ils ne sont pas uniquement une partie de la communauté, ils sont la communauté même. (...) C'est ce qui en fait des personnes entières qui partagent leurs relations et leurs dépendances avec toutes les autres. Il semble que le processus qui a créé cette sorte de communauté permettait l'exploration, c'est-à-dire qu'il permettait de faire ses propres découvertes, et qu'il se poursuivait jusqu'au terme de la vie. Ce processus a engendré une sorte d'être humain préoccupé d'écologie au lieu d'être préoccupé d'économie. Il m'est difficile de décrire exactement ici ce que je veux dire, quoique je pourrais peut-être dire qu'il s'agit d'un courant plutôt que d'un concept. J'ai aussi le sentiment que lorsque je ressens ce courant, il m'est impossible d'en parler. Je crois bien que ce que je veux vous dire, c'est qu'il s'agit d'un sentiment et je ne sais pas si vous comprenez cela. Ce n'est pas comme se fixer un but dans la vie mais bien de ressentir quelque chose tout au long de sa vie et nos cérémonies comptent pour beaucoup dans ce processus. C'est une chose qui nous est donnée gratuitement quand nous partageons un sentiment d'appartenance qui crée une communauté." (.i.PELLETIER;, 1985, p.97).

La réalité de la vie amérindienne se laisse difficilement découper. Il est impossible de parler d'éducation sans parler de l'organisation sociale et des rapports à l'environnement. Autrement dit les Indiens se situent dans une perspective de formation globale qui se fonde sur les rapport entre soi, les autres et le monde.

Dans cette perspective, le silence apparaît comme le fondement de tous les échanges.

Le silence est tout à la fois :

  • - la manifestation dû respect du aux autres êtres vivants,
  • - la condition de réceptivité et d'attention aux signes du mondes spirituel,
  • - la disponibilité au mystère de la vie.

 

Le Cercle, symbole d'une auto/éco/formation

 

L'éducation amérindienne, comme celle de toutes cultures, est le reflet exact de ses valeurs essentielles. L'historien Huron Georges Sioui nous en donne un exposé magistral dans son ouvrage "Pour une autohistoire amérindienne".

"Ce qui fait la force singulière de la philosophie amérindienne, est la capacité de toutes les nations amérindiennes de s'entendre quant à l'idée de l'unité et la dignité de tous les êtres. L'Améridien, lorsqu'il se recueille pour prier, adresse une salutation à tout l'univers. Cela lui permet de reconnaître sa place dans la création, c'est à dire, comme l'explique un chef spirituel onontagué, que nous ne sommes pas ceux qui dirigent ; nous devons fonctionner ensemble afin de survivre. Nous sommes assis avec le Grand Cercle universel de la vie." (.i.SIOUI;,1989, p.33).

Cette notion de cercle est une des valeurs fondamentales amérindiennes, comme celle de la souveraineté de la personne humaine. "Les amérindiens de tous temps, insistent sur la souveraineté de leurs peuples devant le Grand Esprit, le seul être auquel chaque humain soit tenu de répondre de ses actes". (.i.SIOUI;, 1989, p.96).

Ces valeurs fondamentales du cercle du vivant et de la personne humaine donnent leur sens aux pratiques éducatives indiennes. "Les Amérindiennes, en vertu de l'extrême importance attachée à l'humain dans le système de valeurs de leur civilisation, accueillaient leurs enfants avec la plus grande reconnaissance et manifestaient envers eux la plus grande patience et une tendresse admirables." (.i.SIOUI;, 1989, p.105).

"Dans le monde d'abondance de l'Amérindien, personne n'est tenu de croire en l'idéologie de quelqu'un d'autre; Chaque personne est une vision, un système, un monde. Par contre, lorsque l'homme a relativement appauvri son environnement, surgissent des querelles pour déterminer qui aura la haute main sur les ressources restantes et qui ce «vainqueur» sera en mesure de soumettre. Aux yeux des Amérindiens, de telles «nations», qui n'ont d'ailleurs pas le droit de s'appeler ainsi puisqu'elle exploitent leurs membres les plus démunis, peuvent afficher un succès technique et matériel, mais elles connaissent un désastre social. Qui peut blâmer l'Amérindien de vouloir préserver un sens moral dont on sait qu'il peut produire un ordre social (au sens «écologique» du Grand Cercle de la vie) heureux et durable ?" (.i.SIOUI;, 1989, p;137).

Pour l'ethnologue Rémi Savard "la véritable dimension américaine, à laquelle nous convient encore aujourd'hui les peuples issus de ce continent , n'est ni anglaise, ni française ni indienne, ni inuit ; elle tient dans la notion autochtone de Grand Cercle, selon laquelle le respect obsessif de la spécificité de chaque chaînon devient la condition indispensable au maintien de l'ensemble. Nous n'avons plus le choix ; c'est dans cette Amérique-là qu'il nous faut songer sérieusement à débarquer enfin". (.i.SAVARD;, 1979, p.15).

16 Juin 1994

 

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BIBLIOGRAPHIE DES OUVRAGES CITES

 

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SAVARD (Rémi), Destin d'Amérique, les autochtones et nous, Montréal, éd. de l'Héxagone, 1979.

SCHUON (Frithjof), The feathered sun : plains indians in art and philosophy, Indiana : World Wisdom Books, 1990, 170p.

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