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Notre époque est celle des incertitudes sur nombre de sujets et nous sommes de plus en plus à percevoir que nos sociétés progressistes sonnent le glas quant au promesses qui furent les leurs. Nous assistons à une danse macabre en laquelle telles des

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Le judaïsme
A  LAKHA
 
 
 
 
Ce vocable désigne traditionnellement la partie normative du judaïsme appelée couramment Droit rabbinique. Construit sur le radical H-L-KH, qui signifie « marcher », il exprime, selon l’explication de R. Nathan ben R. Yehyel de Rome (XIe siècle), l’idée de « quelque chose qui va et vient du début jusqu’à la fin [des temps] » ou encore d’une « règle de conduite pour Israël ».

 

La caractéristique principale de la Halakha est qu’elle constitue un droit révélé. Son principe fondateur est ainsi formulé : « Torah Min Ha-Shamauym », c’est un droit-qui-vient-du-ciel. Il ne s’agit cependant nullement d’un droit naturel. Il a vocation à être un droit positif à part entière (M. Gugenheim). Sa fondation date donc de l’événement de la révélation divine sur le mont Sinaï. Tandis que le Décalogue était révélé à Moïse en présence de tout le peuple d’Israël, une série de prescriptions divines fut délivrée en la seule présence de Moïse, mais à l’intention de tout Israël. L’ensemble de ces lois constitue la Torah, divisée en une Loi écrite (le Pentateuque) et une partie incomparablement plus vaste, la Loi orale.

Si durant plus de mille ans, la tradition fut conservée, et même enrichie, elle se trouva menacée de disparaître lors de la prise en main de la Judée par l’administration directe de Rome (6 apr. J.-C.) qui aboutit à la destruction du second Temple (70 apr. J.-C.). C’est dans le but de préserver la tradition orale que furent érigés les monuments de la littérature rabbinique : la Michna, comme écriture commentée de la Loi orale, fut finalement rédigée vers l’an 200. Elle fut à son tour abondamment interprété. Le nouveau commentaire joint au texte même de la Michna forme la Gemara (exégèse de la Michna). Avec les Baraïthot, autre commentaire de la Loi orale qui vient en appoint de la Michna, la Gemara forme le Talmud. On distinguera le Talmud de Jérusalem (IVe siècle apr. J.-C.) et le Talmud de Babylone (Ve siècle apr. J.-C.). Mais c’est ce dernier, dont la rédaction fut achevée à Babylone, qui est appelé tout court « le » Talmud. Cet événement constitue la seconde étape de la formation de la Halakha. Il détermine une frontière absolue avec les périodes ultérieures, en ce sens que le Talmud a été reconnu par le monde juif dans son ensemble comme l’expression officielle de la Torah orale, comme la source authentique de la Halakha. La période post-talmudique ne peut pas, dans le cadre de notre travail, retenir davantage notre attention.

 

Entre Michna et Midrach

La Michna (ensemble des traditions religieuses développées jusqu’à la fin du IIesiècle) se présente comme une approche souveraine et quasi thématique de la Bible, exposée selon un plan qui organise le matériau biblique autour de six pôles appelés les « Six Ordres de la Michna ». Ce sont : Zéra’im (Semences), Mo’ed (Fêtes), Nachim (Femmes), Nézikin (Dommages), Kodachim (Saintetés) et Taharot (Puretés). Les thèmes centraux de ces différents ordres se réfèrent au rapport de l’homme à la terre et à l’espace, au rapport de l’homme au temps, à l’ensemble de ses relations avec la femme, aux liens avec autrui dans la société, au sacré et à la mort. Il s’agit d’une réorganisation du propos biblique en vue de dégager le caractère normatif de ses prescriptions : la Halakha.

La Tosefta, ouvrage halakhique, est structurellement et littéralement identique à la Michna et ne révèle que des variantes mineures.

Le Midrach (procédé exégétique) se présente sous la forme d’une interprétation linéaire qui suit le texte biblique mot à mot. Il traque le sens dans tous les plis et replis du texte, dans les ruptures ou la continuité du récit. Il accompagne le texte biblique afin de faire émerger et entendre le non-dit de son dit. Le Midrach s’est développé selon deux registres distincts qui ont donné naissance à deux grandes familles de textes : celle du Midrach Halakha et celle du Midrach Aggada. Le premier corpus du Midrach a être accueilli, classé et soigneusement établi est celui qui traite principalement des parties législatives de la Torah. Il cherche à définir les règles de comportement et à en exhiber les principes fondamentaux grâce auxquels on pourra adopter « la marche à suivre » (Halakha). Ce type de Midrash est désigné par le terme de Midrach Halakha ou Midrach Tannaïtique. C’est un mode d’interprétation non seulement justificatif mais créatif de la Halakha. Il tend à faire émerger en induisant, à partir du texte biblique, les règles de conduite et les modalités du droit rabbinique. C’est un vécu historique repris et élaboré sous forme de loi. Le Midrach Halakha insère souvent des préceptes de la Michna ou des pratiques juridiques dans le texte de la Loi écrite, mais évite les discussions halakhiques dépourvues de caractère pratique. La grande époque de constitution de ce corpus (env. IIe siècle apr. J.-C.) est demeurée dans les esprits comme l’Ecole de Rabbi Ychmaël. Ces traités sont la Mékhilta, le Sifra et le Sifré. Le Midrach Aggada ou Midrach des Amoraïms, beaucoup plus ample, traite des parties narratives de la Bible. C’est un narratif érigé en paradigme. Il donne, sous forme d’enseignement, de paraboles et de discussions « anodines » le fondement de la métaphysique et de l’anthropologie juives.

La Michna et le Midrach constituent la Loi orale qui aborde le texte biblique ou Loi écrite pour s’incarner dans une action ou un comportement. Ces deux types d’interprétation se sont développés conjointement et parallèlement, même si des chemins de traverse assuraient le passage et la circulation de l’un à l’autre.

La Halakha se singularise des autres droits religieux par son caractère national : elle est exclusivement exprimée et développée par des membres du peuple hébreu et s’adresse essentiellement à eux. Et elle se distingue des droits laïques par son aspect religieux. Outre le droit civil proprement dit (le droit du commerce, du travail, des prêts, des contrats, des dommages-intérêts, de droit matrimonial, le droit criminel), elle recouvre un secteur très vaste de prescriptions rituelles : prières, Sabbat et fêtes, jours de jeûne, lois alimentaires, pureté conjugale, charité, relation aux malades et aux morts, etc. Ainsi, il n’est aucun clivage entre droit, morale et religion. La motivation du praticien et de l’usager de la Halakha se réduit finalement à la perspective religieuse, au souci de se conformer à la volonté divine.

Référence : Textes rabbiniques des deux premiers siècles chrétiens, pour servir à l’intelligence du Nouveau Testament (imprimatut) par Joseph Bonsirven (Pontificio Istituto Biblico, Roma 1955)

INTERTESTAMENTAIRES (ECRITS)

épigraphes de l’Ancien Testament : Hénoch, Jubilés, Testament des Douze Patriarches, Psaumes de Salomon, Testament de Moïse, Martyre d’Isaïe, Oracles Sibyllins, Apocalypse grecque de Baruch, Livre des Secrets d’Enoch, Livre des Antiquités Bibliques, Quatrième Livre d’Esdras, Apocalypse syriaque de Baruch, Joseph et Aséneth, Testament de Job, Testament d’Abraham, Apocalypse d’Abraham, Paralipomènes de Jérémie, Vie grecque d’Adam et Eve, Apocalypse d’Elie.

Référence : Ecrits Intertestamentaires, « Bibliothèque de la Pléiade » : vol. 3, E.I., édition publiée sous la direction d’André Dupont-Sommer et Marc Philonenko, avec la collaboration de D.A. Bertrand, A. Caquot, P. Geoltrain, J. Hadot, E.-M. Laperrousaz, V. Nikiprowetzky, B. Philonenko-Sayar, P. Prigent, J. Riaud, J.-M. Rosenstiehl, F. Schmidt, A. Vaillant. (Ed. Gallimard, Paris 1987).

PHILON D’ALEXANDRIE (ou LE JUIF)
env. 13 av. – env. 54 apr. J.-C.

 

Les dates de Philon sont discutées. Il naquit probablement à Alexandrie dans une famille juive riche et influente jusque parmi les païens. Philon fut toujours préoccupé par la situation des juifs à Alexandrie et, en général, dans l’ensemble de la diaspora. La question du statut des juifs posait des problèmes politiques et religieux à Alexandrie même. Philon est le représentant le plus éminent de l’école philosophique juive d’Alexandrie qui interprétait la Torah, non sans en altérer le sens, selon les catégories hellénistiques. La méthode allégorique était déjà prônée par les écoles grecques pour la lecture des textes homériques. Elle avait été adoptée par les juifs alexandrins avant Philon (voir la Lettre d’Aristée). Il reprend la méthode sans cesser de défendre le sens littéral. Tout en restant éclectique, son œuvre n’accède pas à la synthèse de la pensée juive et de l’hellénisme. Elle est davantage une vision religieuse du monde, fidèle aux affirmations religieuses traditionnelles. Philon exprime la certitude qu’Israël est le peuple privilégié de Yhwh et qu’il est dépositaire d’une mission éternelle parmi les nations. Cette vision intègre nombre de concepts philosophiques puisés aux diverses écoles grecques sans recherche de cohérence. Philon fait œuvre de promotion du judaïsme. Il en éclaire de nombreux aspects. Sans ses écrits, nous ignorerions totalement l’existence des « thérapeutes », ces communautés d’ascètes juifs qui vivaient aux environs d’Alexandrie et présentaient de grandes similitudes avec la communauté essénienne.

 

Bien qu’écrites en grec, les œuvres de Philon sont toujours citées en latin. Il est difficile de les classer selon un genre déterminé. Certaines sont plus historiques et apologétiques : In Flacuum (contre le gouvernement de Flaccus qui avait favorisé un soulèvement populaire contre les juifs d’Alexandrie), Legacio ad Caium (ambassade auprès de Caligula), Apologia pro Judaeis (qui contient une notice sur les esséniens), De vita Mosis, De vita Contemplativa (sur les thérapeutes). D’autres écrits sont plus philosophiques : Quod omnis probus liber sit (où quelques pages traitent des esséniens). Mais la plus grande partie de l’œuvre de Philon est exégétique. Elle comprend trois ensembles de commentaires de la Torah : l’Exposition de la Loi, le Commentaire Allégorique de la Loi, les Questions et Réponses conservées en arménien.

L’Exposition de la Loi : A l’attention des païens, l’Exposition cherche à les persuader que, sous des dehors qui peuvent les rebuter, la Loi a une signification morale et philosophique profonde et qu’elle est imprégnée d’un humanisme authentique et universel. Cette série débute par le De opificio mundi, où Philon montre que la loi de Moïse est inspirée de la loi divine qui gouverne le monde entier. Philon exprime l’idée que les philosophes ont été inspirés par les prophètes et que Moïse est leur maître à tous.

Le Commentaire Allégorique de la Loi : Chaque fois qu’un texte pose un problème au philosophe il en cherche le sens figuré. Dans la structure de l’ensemble de sa pensée, nous pouvons dire que Philon s’est servi, d’une part, du platonisme, pour développer ses commentaires spirituels touchant à la relation de l’homme à Dieu, tant sur le plan de la connaissance que sur le plan de la vie morale et religieuse ; d’autre part, du stoïcisme dans tous les commentaires relatifs à la vie sociale et politique et à l’éducation préparatoire.

Référence : Les Traités de Philon, traduction de R. Arnaldez, C. Mondésert et J. Pouilloux (35 vol. Ed. Cerf, Paris 1961 – 1979).

QUMRANIENS (ECRITS)
(fin IIe siècle av. – milieu I siècle apr. J.-C.)
La mer Morte a marqué de son nom les fameux manuscrits antiques découverts dans son voisinage à partir de 1947. Ces documents sont dits aussi « manuscrits du désert de Juda », lorsqu’on entend l’ensemble de ceux qui furent trouvés dans cette région ; ou encore « manuscrits de Qumrân », si l’on parle des produits du gisement le plus important et le plus proche du rivage. Ces derniers (les plus riches au regard du bibliste ou de l’historien du judaïsme, les plus nombreux et les plus consistants) émanent de la communauté religieuse farouchement attachée aux exigences de la loi mosaïque, dont les fouilles pratiquées au Khirbet Qumrân ont mis à jour les vestiges de l’établissement conventuel. Les restes de quelques six cents manuscrits, bibliques ou non, ont été identifiés ; mais une dizaine seulement sont à peu près complets. Parmi ceux-ci, la magnifique copie du Livre d’Isaïe. Les ouvrages non canoniques, de cette « bibliothèque de Qumrân », quasiment complets, tels que Le Commentaire d’Habacuc et Le Règlement de la guerre des Fils de lumière contre les Fils des ténèbres, ou en état plus ou moins fragmentaires (rédigés en hébreu, parfois en araméen ou en grec), réservent d’édifiants témoignages sur le courant essénien du judaïsme. Il donna naissance à la secte dont le « Maître de justice », prêtre de la lignée de Sadoq, était appelé « Père ». Il devint le législateur de la communauté ascétique à laquelle nous devons ce trésor archéologique et qui fleurit pendant près de deux siècles sur la rive nord-ouest de la mer Morte.

 

Règle de la communauté : Ce rouleau, rédigé en hébreu paraît composite et l’époque précise de sa rédaction est difficile à déterminer. Bon nombre de passages peuvent être contemporains du Maître de justice, dont on pense généralement qu’il vécut dans le premier tiers du Ier s. av. J.-C.

Rouleau du Temple : On a reconnu dans ce rouleau la main de deux scribes, qui écrivaient tous deux dans la première moitié du 1er siècle apr. J.-C.. Mais il est certain que le texte est plus ancien que cette copie. Certaines données font penser qu’il a pu être composé au temps de Jean Hyrcan, grand prêtre de 134 à 140 av. J.-C. La langue est l’hébreu biblique tardif, avec de nombreux éléments caractéristiques de l’hébreu michnique et plusieurs termes ou expressions jusqu’ici inconnus.

Ecrit de Damas : Après Le Rouleau du Temple et celui de La Règle de la communauté, parmi les écrits proprement sectaires, se place L’Ecrit de Damas. Le titre exact de l’œuvre est inconnu. Celui d’Ecrit de Damas est abrégé et conventionnel. Le titre pourrait être, de l’avis d’André Dupont-Sommer : Ecrit de la Nouvelle Alliance au pays de Damas. L’époque et le lieu où fut composé cette œuvre ont donné lieu à de nombreuses et très divergentes hypothèses. L’origine essénienne de cet écrit ne fait plus aucun doute.

Règlement de la guerre : Le rouleau dit de la Guerre des fils de lumière contre les fils de ténèbres sous sa forme actuelle (règlement principal suivi d’un règlement annexe) serait postérieur à 63 av. J.-C., selon André Dupont-Sommer. Le but de cet écrit, dont l’unité littéraire a été controversée, et la date de sa composition ont donné lieu à différentes hypothèses.

Hymnes : Diverses thèses concernant l’auteur et la composition originale de ces Hymnes ont été émises. André Dupont-Sommer les tient pour l’œuvre du Maître de Justice et, par conséquent, date la composition entre 100 et 63 av. J.-C..

Psaumes pseudo-davidiques : Le rouleau des Psaumes incomplet contient trente-six psaumes faisant partie de la collection canonique, ainsi que huit psaumes, pseudo-davidiques, formant une petite collection extra-canonique. Si l’on se réfère au texte du huitième morceau de cette collection, celle-ci est placée dans son ensemble sous l’autorité du roi David. Un David devenu maître parfait de sagesse, tels que les esséniens pouvaient se le représenter et auquel ils attribuaient non seulement les huit compositions contenues dans ce rouleau, mais trois mille six cents psaumes où l’idéal des fidèles de Qumrân devait se retrouver.

Commentaires Bibliques : Commentaire ou Pésher d’Habacuc : Il s’agit d’une œuvre extrêmement instructive, rédigée, sans doute, vers le milieu du Ier siècle av. J.-C.. Elle offre un texte capital dans lequel est rappelé la persécution dirigée par le Prêtre impie contre le Maître de justice et sont décrites les exactions désastreuses des envahisseurs romains, les « Kittim », et la prise de Jérusalem en septembre 63 av. J.-C. Commentaire ou Pésher de Nahum : Document très partiel qui apporte, selon André Dupont-Sommer, des renseignements historiques d’une importance exceptionnelle concernant les deux autres grandes sectes juives rivales (les pharisiens et les saduccéens) et témoigne de leur lutte acharnée considérée du point de vue des esséniens. Commentaire ou Pésher du Psaume XXXVII : Il constitue le spécimen le plus étendu et le plus riche en informations historiques sur le cadre dans lequel s’insèrent la vie et le ministère du Maître de justice, fondateur persécuté de la communauté essénienne nourrie d’espérances eschatologiques.

Apocryphe de la Genèse : appelée d’abord provisoirement « Apocalypse de Lamech », cette œuvre, contrairement à la majeure partie des documents provenant de Qumrân, dont la langue écrite était l’hébreu, est rédigée en araméen. Cet araméen semble être légèrement postérieur à la langue du livre biblique de Daniel. André Dupont-Sommer rapproche le genre littéraire de ce document de celui du Midrach. Les lignes conservées montrent une extrême dépendance vis-à-vis du texte biblique de la Genèse et, néanmoins, présentent une originalité dont on trouve maints éléments dans les livres d’Hénoch et des Jubilés avec lesquels certains morceaux de l’Apocryphe de la Genèse montrent beaucoup d’affinités.

Fragments importants divers : Florilège est un thème de méditation qui concerne les préoccupations eschatologiques de la communauté elle-même, en tant qu’elle représente le Nouvel Israël. Testimonia : l’écriture doit être datée de l’époque hasmonéenne. Le tétragramme divin n’y figure pas. Il est remplacé, comme en quelques autres manuscrits de Qumrân, par quatre points juxtaposés, de même que dans le qerey du texte massorétique. Les trois premières sections du document, qui apportent des précisions sur les espérances messianiques de la secte, sont des citations bibliques manifestement en rapport avec le triple aspect de l’attente messianique à Qumrân : attente du Prophète à la fin des temps, attente du Messie laïque, attente du Messie sacerdotal (Deut. V, 28-29 ; XVIII, 18-19 ; Nom. XXIV, 15-17 ; Deut. XXXIII, 8-11). La quatrième section est aussi une citation, mais extraite d’un livre apocryphe de la secte : Les Psaumes de Josué. Cet écrit fait allusion à une situation historique bien précise pour le Maître de justice. Légende hébraïque de Melkizédek : nous sommes loin du Melkizédek, « roi de Salem », auquel Abraham « donna la dîme de tout ». Le Melkizédek de la légende qumrânienne est plus proche de celui que toute une tradition juive a tenu pour un prêtre céleste, identique à un archange et dont l’Epître aux Hébreux a fait le prototype d’un sacerdoce supérieur, assimilé au fils de Dieu (7, 2-27). Liturgie angélique est constituée de deux fragments : « Les sept Princes suprêmes » et « Le Char divin » qui nous révèlent, l’un et l’autre, l’importance très caractéristique qu’avaient prise à Qumrân les spéculations sur les anges. Pièges de la femme reflète un encratisme et une misogynie très fortement accentuée à une certaine époque à Qumrân. Le document peut être daté de la première période de l’époque hérodienne. Livre des Mystères : le « mystère de l’avenir », dont il est question, concerne la rétribution des conduites lors du jugement de Dieu.

Référence : Ecrits qumrâniens, traduits, présentés et annotés par André Dupont-Sommer et André Caquot, in « La Bible, Ecrits Intertestamentaires » (« Bibliothèque de la Pléiade, Ed. Gallimard, Paris 1987)

« Derniers manuscrits révélés »

Depuis 1947, date de la découverte à Qumrân des premiers documents, des querelles violentes rebondissent régulièrement au point que l’on a pu parler de « scandale du siècle ». Pourquoi des textes vieux de deux mille ans, où il est question de prophéties, de visions extatiques voire d’astrologie, entretiennent-ils un débat permanent ? C’est que leur contenu est infiniment moins anodin qu’on pourrait le croire, répondent Robert Eisenman et Michael Wise : ils donnent une multitude de détails très précieux sur le judaïsme du Ier siècle, sur les conditions de l’apparition du christianisme, et rendent compte de l’atmosphère messianique qui régnait alors au sein du peuple juif. L’enjeu est historique, mais aussi théologique. Ainsi, après quelque cinquante ans une partie des manuscrits de Qumrân (grotte 4) n’ont été transcrits et traduits qu’à l’usage d’un club extrêmement fermé. Les deux savants américains ont brisé cette «loi du silence».

Référence : Les manuscrits de la mer Morte révélés. Traductions et commentaires de Robert Eisenman et Michael Wise, traduction de l’américain par Jean-Christophe Attias (Ed. Fayard, Paris 1995). 

 

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