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Notre époque est celle des incertitudes sur nombre de sujets et nous sommes de plus en plus à percevoir que nos sociétés progressistes sonnent le glas quant au promesses qui furent les leurs. Nous assistons à une danse macabre en laquelle telles des

Cagliostro, Mission et Héritage


Cagliostro,
Mission et Héritage
d’un Chevalier de l’Humanité


Par le Pr. Francis Dessart
Président d’honneur d’ALPHA INTERNATIONAL
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Cagliostro :
Mission § Héritage d’un
Chevalier de l’Humanité
Par Prof. Francis Dessart
Président d’honneur d’ALPHA INTERNATIONAL
« La Maçonnerie ordinaire est une route dangereuse qui peut mener à l’athéisme. J’ai voulu sauver les Maçons de ce danger, les ramener –pendant qu’il en était encore temps- par un rite nouveau, à la Croyance en Dieu et à l’immortalité de l’âme… »
Alexandre de Cagliostro
PREFACE
1995…
Un début janvier enneigé…
Une matinée maussade s’achevant au méridien…
Le crématorium de Bucarest, sinistre mais pas plus qu’un autre…
Quelques personnes, fidèles d’entre les fidèles, de sa famille ou de ses amis… Et une gerbe portant très étrangement un ruban où il est inscrit : « Trandafirul va Reinflori Pe Cruce », ce qui signifie en langue roumaine : « La Rose Refleurira sur la Croix »…
Au même moment, à des milliers de kilomètres de là, en complète communion d’esprit, une cérémonie intime empreinte plus de réelle spiritualité que de vain chagrin…
Mais pourquoi cette énigmatique phrase autant lapidaire que chargée de sens ?
Celui qui vient de passer au jour sans crépuscule se nomme Andrei Ostap, natif de Chisniau, actuelle capitale de la République de Moldova, il illustra les arts de la Roumanie d’une manière magistrale. Nombre de ses sculptures ornent des édifices publics de Roumanie. Esquisses, ébauches ou maquettes sont présentement à Chisniau, selon les dernières volontés du Maître.
Outre les oeuvres d’une facture très classique, Andrei Ostap laissa à la postérité des sculptures et des dessins qui nécessitent une double, voire une triple analyse. Hanté par la survie de l’âme et la réincarnation, habité par le souvenir de grands noms auxquels il dédia certaines de ses oeuvres : Garibaldi, Jacques de Molay, Chopin, Copernic, sans oublier tant de ses compatriotes, il était notamment un grand admirateur de Gaudi…
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Même pour quelqu’un qui ne l’aurait pas connu, il n’est plus possible de parler de hasard.
D’entres toutes les terres de l’ensemble roumanophone, la Bessarabie (Moldavie actuelle) et la région moldave du Nord de la Roumanie, ont été le berceau des plus grands esprits, missionnés et initiés, tels Mihai Eminescu, Hasdeu, Ion Creanga, Onisifor Ghibu et tant d’autres. L’histoire roumaine foisonne de ces grands esprits touchés par la Lumière : Alexander Ion Cuza, Spiru Haret, Boleslav Bierut, George Enescu, parmi d’autres moins connus à l’étranger.
Le Prof. Ion Sandu, de l’Université d’Etat A.I.Cuza, salua « la perte du Grand Maître Andrei Ostap, remarquable personnalité de la sculpture contemporaine. »
Et c’est vrai qu’Andrei tira de la pierre brute autant de chefs d’oeuvres…
Lors de la session académique inaugurale du Musée Mémorial Andrei Ostap à Chisinau, en présence des plus hautes autorités gouvernementales et culturelles de la République de Moldava, Wanda Janina Ostap, évoquant dans son discours l’oeuvre de son père, nous rappelait :
« Il aima réellement la nature, les animaux, la femme et l’enfant, la famille et la paix, le monde d’ici, d’ailleurs et de partout. Réussissant ainsi à transmettre une joie intérieure dont les gens restent tellement assoiffés. Une telle force de créativité, respectant et magnifiant toute vie, vaincra le temps et traversera des générations entières pour lesquelles la beauté, sous toutes ses formes restera primordiale. L’art est beauté, mais aussi sagesse et vérité. Comme le disait Khalil Gibran : La vérité est profonde bienveillance qui nous apprend à partager le même bonheur avec les autres… »
Si Enescu, Beethoven, Verdi ou Dante furent immortalisés par le maillet ou la plume d’Andrei Ostap, rien n’est hasard.
J’eus personnellement une communion spirituelle immédiate et totale avec Andrei et pas seulement parce que j’épousais sa fille et qu’il fut ainsi un des deux grands-pères de nos enfants. Mais il saisit immédiatement quelles étaient mes préoccupations spirituelles et m’accorda une confiance absolue, dont je compris un peu plus tard l’origine.
Lorsqu’il passa à l’Orient éternel, chrétien, oecuméniste, mystique et d’une ouverture d’esprit exceptionnelle, je me laissais aller dans une publication à évoquer « L’envol du Phénix moldave ».
Ce n’était pas du lyrisme de circonstance. Andrei Ostap provenait d’une région qui fut pépinière d’esprit lumineux, tel Mihai Eminescu qui disait : « Et la mort elle-même n’est rien que source de vies infinies. »
Les arbres qui virent se promener Eminescu à Chisinau étaient peut-être les mêmes que ceux sous lesquels joua le petit Andrei, ce pur slave si amoureux de la latinité roumaine. Le Phénix hanta l’esprit et la créativité de Mihai Eminescu qui dans ses poésies l’évoque souvent :
« Les choses sont éternelles au monde,
Ephémères, naissent et meurent toutes,
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Mais en elles, ont toutes la vie d’un oiseau :
C’est le PHENIX (…).
Mais de ces cendres encore ressuscitant,
Merveille qui au monde se fait connaître,
Sa forme meurt mais son idée pénètre,
Même s’il le veut, ne peut mourir vraiment. »
Tout le symbole du Phénix est en ces quelques lignes qui sont certes bien plus belles à entendre en roumain !
Si le hasard n’existe pas et n’a jamais existé, dire qu’Andrei Ostap fut un « initié spontané » est la réalité, mais qu’est donc la spontanéité dans ce contexte si ce n’est la prise de conscience d’une mission en toute liberté, hors des carcans rituels profanés ?
La Phénix était aussi un des symboles de référence de Cagliostro et la référence à la Rose qui refleurira sur la Croix fut l’une des dernières évocations du Grand Cophte.
C’est pourquoi, en introduction à ces quelques réflexions sur le message d’Alexandre Cagliostro, j’ai voulu, légitimement, évoquer un homme, créatif et inspiré qui allie superbement cette force, cette sagesse et cette beauté que d’autres évoquent parfois sans trop savoir de quoi ils parlent réellement.
L’un et l’autre furent Chevaliers de l’Humanité, terme créé pour qualifier Giuseppe Garibaldi…
Francis Dessart
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A la mémoire de mon maître Armand Toussaint
et à la mémoire de Wilfried-René Chetteoui, docteur à la Sorbonne (Paris)
qui me firent découvrir un nouvel aspect de la vérité primordiale et sans lesquels cette étude ne serait pas née…
En fraternel hommage à mon ami le prince Giovanni Francesco Alliata di Montereale,
Président de l’Académie de la Méditerranée (Rome), garibaldien fidèle chrétien sincère, européen convaincu,
A mon défunt beau-père, le maître Andrei OSTAP qui, de la pierre brute, n’enfanta que chefs-d’oeuvres…
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« A la gloire de Dieu !
Pourquoi le mensonge est-il toujours sur les lèvres de vos députés, tandis que le doute est constamment dans vos coeurs (…) ? Dieu seul peut décider entre vous et moi (…). Vous dites que vous cherchez la Vérité ? Je vous la présentais et vous l’avez méprisée. Puisque vous préférez un amas de livres et d’écrits puérils au bonheur que je vous destinais et que vous deviez partager avec les élus, puisque vous êtes sans foi dans les promesses du Grand Dieu et de son ministre sur la terre, je vous abandonne à vous-mêmes : ma mission n’est plus de vous instruire (…). »
Alexandre de Cagliostro
(30 avril 1785)
Cet extrait d’une lettre d’admonestation adressée par le Grand Cophte au Convent des Philalèthes illustre son opinion sur les structures profanes d’une certaine Franc-maçonnerie (et pas seulement de son époque) mais les termes peuvent tout aussi bien s’adresser à tous les intégrismes et fondamentalismes spirituellement castrateurs !
Le texte suivant est l’un des derniers dû à ce penseur universel que fut Armand Toussaint, passé au jour sans crépuscule dans sa centième année. Par fidélité, sa publication ici s’imposait :
PREFACE POSTHUME
L’auteur m’a demandé d’être le préfacier de cet ouvrage sur Giuseppe Balsamo, comte de Cagliostro, personnage considéré comme un aventurier du XVIIIe siècle, ayant parcouru la plupart des pays européens, y accomplissant des guérisons spirituelles, des transmutations de métaux et propageant comme Grand Cophte, dans de nombreuses Loges maçonniques spiritualistes, martinistes et rosicruciennes, ses Rituels et enseignements initiatiques de source égyptienne.
A cette époque qui préparait la Révolution française de 1789, il devait évidemment se heurter de front aux autorités toutes puissantes en exercice.
Ce fut notamment le cas, en Russie, avec l’impératrice Catherine II, pour finir à Rome, devant le tribunal de l’Inquisition qui le fit incarcérer à perpétuité.
Ce sont ces avanies que décrit le livre avec des références, des faits et des détails dont le lecteur appréciera l’érudite précision, le style clair et la concision des développements décrivant la lutte inégale que Cagliostro dut affronter pour répandre ses idées.
Essayez de proclamer urbi et orbi qu’il existe, sous différentes formes, une Panacée, remède universel dont les Ecritures saintes déclarent : « nous vivons, nous nous mouvons et nous avons notre être en lui » (Dieu ou pour les agnostiques et athées : la Nature). C’est le Prana (indien) ou Tchi (chinois), c’est-à-dire l’Onde électromagnétique universelle qui est la force de vie (biorôme) cependant bien connue actuellement. Et ce n’est pas les hommes qui
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l’ont inventée, ni d’ailleurs la gravitation, ni les forces nucléaires faibles et fortes. Elles émanent toutes du Créateur et découlent des deux principes YANG-YIN. La formulation globale que la Science cherche actuellement dans une équation différentielle unique coiffant toutes les données modernes est bien là !
De même, essayez donc de relever des exemples édifiants et innombrables dont souffre la Vérité dans les textes les plus sacrés, à savoir, les Béatitudes du Sermon sur la Montagne : « Bienheureux les pauvres en Esprit car le Royaume des cieux est à eux… ». Il est évident qu’il ne peut s’agir des « imbéciles » ou même, par entourloupette, des démunis de biens et d’argent, comme on tente de le faire croire. Et Saint Luc paraît corriger Saint Matthieu ! Alors que tout simplement il s’agit de promouvoir la méditation transcendantale, le Vide mental bien connu des mystiques véritables. Pire encore, le drame du Golgotha (= crâne en araméen), où, contrairement au concept monophysique, le Christ (Entité éternelle) quitte le corps supplicié de Jésus, avec les corps subtils du bon larron. C’est à ce moment que, conscient du fait, Jésus s’écrit d’une voix forte : « Eleï, Eleï, lama sabachtani » (Seigneur, Seigneur, pourquoi m’as-tu abandonné ?). Et Jésus ne meurt pas !
Et dire qu’il n’y a pas de docteur « officiel » en théologie qui ait compris ou osé comprendre cela ! Il est vrai que les hauts dignitaires ou prélats occidentaux ne font même pas exactement le symbolique Signe de croix qui devrait être celui de ralliement de tous les vrais chrétiens.
Si l’Inquisition (*) existait encore (horresco referens !) un nouveau bûcher serait allumé pour m’apprendre, une fois pour toutes, que la Vérité n’est pas toujours bonne à dire !
C’est pourquoi le Christ n’a pas répondu à la question de Ponce Pilate : « Quod est veritas ? ». C’est une preuve divine que la Vérité n’est pas toujours bonne à dire. Au surplus, les preuves historiques formeraient des centaines de gros volumes.
Voilà la raison pue et simple du véritable « secret » des Loges initiatiques : Oser, vouloir, se taire ! La liste de ses martyrs est infinie. Peut-on demander aux lecteurs de cet ouvrage d’y ajouter Cagliostro.
Armand Toussaint
Souverain Grand Maître International
de l’Ordre Martiniste (OMCC)
(*) N’en déplaise à la mémoire du Maître Panagion (nom mystique d’Armand Toussaint) non seulement l’Inquisition existe encore mais elle s’est multipliée sous des visages et masques circonstanciels (F.D.).
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AVANT-PROPOS
En 1743 naissait à Palerme (Sicile), Giuseppe Balsamo qui devait par la suite se faire connaître au monde sous le nom d’Alexandre de Cagliostro.
Les autorités régionales palermitaines décrétèrent que 1993 (250° anniversaire de la naissance de ce « noble voyageur ») serait « Année Cagliostro », soulignant l’intérêt mérité, sinon l’hommage rendu, à l’énigmatique initié qui n’avait pas choisi par hasard un titre de comte dont le vrai sens initial est celui de « compagnon » (comes, en latin)…
Deux autres illustres personnages de l’histoire européenne firent de la Sicile leur terre d’élection. Frédéric II de Hohenstauffen (1194-1250), roi de Sicile (1197-1250), oecuméniste avant la lettre, empreint d’un savoir lumineux fait d’intellectualité et de spiritualité, fut en lutte constante avec la papauté vaticane et excommunié par elle. Refusant les croisades militaires, il se posa en homme de dialogue tant avec les Chrétiens qu’avec les penseurs musulmans (et, parmi eux, ceux qui se perpétuèrent sous le nom de soufis).
Le second ne fut autre que le général Giuseppe Garibaldi (1807-1882), héros de l’unification italienne, précurseur de l’européisme, brillante figure de l’histoire politique mais qui fut aussi (sans que cela soit un hasard) un très grand initié qui devint le premier Grand-Maître des Rites de Memphis et de Misraïm réunis ainsi qu’un chrétien universaliste fondateur de l’Eglise libre italienne. C’est en Sicile qu’il choisit de faire débarquer sa célèbre expédition « Mille » qui balaya, avec l’appui spontané d’un sursaut populaire sans précédent, les vieilles monarchies locales ou étrangères qui dépeçaient la péninsule.
Frédéric de Hohenstauffen, Cagliostro, Garibaldi… trois précurseurs qui balisèrent le sentier de lumière sur lequel il nous reste à cheminer en cette aube de Troisième Millénaire.
Cagliostro était un « missionné ». Sa mission était de promouvoir une régénérescence politique, morale et spirituelle en Europe. Sa tâche ultime, moins bien comprise, fut aussi d’agir en sorte que cette régénérescence soit intrinsèquement et extrinsèquement chrétienne… Est-ce un hasard si l’un de ses pseudonymes fut « comte de Phénix » ? Cet oiseau mythique lourd d’un symbolisme lumineux et chargé d’espoir…
Mais il fut aussi un homme, avec ses qualités et ses défauts. Un homme d’une époque charnière qui dut se plier au contexte de son temps. Essayons maintenant de mieux le comprendre.
L’HOMME ET SON OEUVRE : QUELQUES LUMIERES
Cagliostro a laissé un souvenir où l’histoire se mêle à la légende. Admiré ou décrié, suivi ou rejeté, il demeure pour le plus grand nombre, un personnage énigmatique. Mais le chercheur indépendant, capable de jauger les êtres et les évènements avec une conscience libérée, découvre un personnage tout autre.
C’est dans cet esprit que nous avons essayé de comprendre la vie particulièrement riche et complexe du personnage.
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Cagliostro a inspiré de nombreux artistes et écrivains. Les portraits gravés et dessinés qui le représentent abondent. Le statuaire Houdon ( de la Loge Les Neuf Soeurs) auteur du célèbre buste de Voltaire, a sculpté un magnifique portrait du mage.
L’extraordinaire destinée de Cagliostro a donné lieu à une prolifération de récits, de romans, de pièces de théâtre. Près de trois cent volumes s’occupent plus ou moins exclusivement de Cagliostro. Certaines biographies méritent de retenir l’attention.
Celle de Ribadeau-Dumas, éditée chez Arthaud (Paris), fait siennes les conclusions de l’étude publiée sur Cagliostro et Catherine II, en 1947, par Wilfreid René Dhéttéoui. Celle de Constantin Photidadès (« Les Vies de Cagliostro », éditée en 1932 chez Grasset) et la même année le panégyrique du docteur Marc Haven, héritier spirituel, en quelque sorte, de Cagliostro.
Plus près de nous, avec « Joseph Balsamo alias Cagliostro » (Genève, 1975) le journaliste Raymond Silva retrace avec impartialité l’existence tourmentée du personnage.
L’écrivain milanais Pier Capra a consacré à « Cagliostro il Taumaturgo » (ed. M.E.B., Turin, 1979) huit années de recherches. Il le considère comme le prophète de la chute du pouvoir temporel de l’Eglise catholique romaine. Il tente d’élucider le mystère de son origine et de sa fin.
« Le comte de Cagliostro » de Denyse Dalbian (Robert Laffont, 1983) du CNRS, marque une étape sur la voie menant à une meilleure connaissance du thaumaturge à partir de sources nouvelles.
Les détracteurs ne manquent pas. Parmi les plus illustres : Thomas Carlyle (1795-1881), essayiste écossais, écrivit un pamphlet : « Le comte Cagliostro », d’une incroyable méchanceté, directement inspiré du condensé anonyme tiré des cartons de l’Inquisition, rédigé on l’a su plus tard, par le jésuite Marcello.
L’illustre Franc-maçon Goethe s’est inspiré de la même source et a lâchement répudié son « frère initié » Cagliostro, de peur d’être assimilé au condamné que l’on représentait comme le « grand illusionniste » de la maçonnerie. Il fit jouer à Weimar en 1782 une pièce burlesque, « Le Grand Cophte », comédie en cinq actes qui accable de sarcasmes le thaumaturge, sous le nom de comte Rostro. Plus tard il se rendit incognito à Palerme pour y rechercher les origines de celui qui fascinait en dépit des apparences. Il fut touché par la simplicité et la noblesse de la mamma de Cagliostro.
Cagliostro inspira à l’Impératrice Catherine II, trois pièces satiriques dont l’une « Le Trompeur » (Obmanchtchik) fut représentée pour la première fois à l’Ermitage le 4 janvier 1786 et montre Cagliostro sous le nom grotesque de Kalifalkgerston.
Schiller lui dédia son roman inachevé Der Geistersher (Le Spirite).
Gérard de Nerval a suivi Goethe dans la moquerie. Son Cagliostro (« Les Illuminés ») est de pure imagination.
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Alexandre Dumas, père et fils, lui ont consacré quatre romans, tous marqués de la plus extravagante fantaisie : Joseph Balsamo, Mémoires d’un Médecin, Le Collier de la Reine, La Prise de la Bastille. Ces ouvrages fourmillent d’inexactitudes mais sont plaisants à lire.
Parmi les hommages rendus à Cagliostro, il faut citer celui, combien émouvant, de Mozart dans son Opéra « La Flûte Enchantée », créé à Vienne le 30 septembre 1791. Le personnage central Sarastro, le grand prêtre vénéré de ses disciples, c’est Cagliostro. Mozart, maçon notoire, célébrait par sa composition musicale, chargée de tendresse, la gloire de Cagliostro.
Un jeune écrivain, Clementino Vanneti, membre de l’Académie locale de Rovereto où Cagliostro séjourna en 1788, étudia avec admiration la personnalité du mage, prit des notes, consigna des faits, des anecdotes, des traits. Il les assembla sous le titre « Liber memorialis de Cagliostro », rédigé en latin. Ces notes ont été traduites et éditées par Marc Haven sous le titre « L’Evangile de Cagliostro ».
Il semblerait ardu de prime abord de porter un jugement sur une personnalité déconcertante qui a joué successivement différents rôles, si bien que le mystique comte de Cagliostro cesse à un moment d’être l’équivoque Joseph Balsamo de son adolescence.
L’érudition n’est pas la Connaissance. Chercher à donner à tout prix une explication « scientifique », matérialiste, au moindre fait, vouloir découvrir (selon le mot de Cagliostro lui-même) le « pourquoi du pourquoi », entraîne des contradictions, engendre une oeuvre de destruction. Jugée suivant les normes du profane conditionné par un cartésianisme stérilisant, la figure de Cagliostro est incompréhensible. Aucune philosophie n’est capable de la situer. D’ailleurs, tous ceux qui pensent, sentent ou agissent suivant une compréhension supérieure, non conditionnée, soulèvent le plus souvent l’opposition et la haine.
Il y a un demi-siècle, un rosicrucien anglais, B. Dowd, s’indignait que l’on ait pu confondre le « charlatan » Joseph Balsamo avec l’Initié Cagliostro. Cette identification est cependant exacte. Aux preuves apportées par divers auteurs, il faut ajouter un témoignage que chacun peut vérifier dans les Documents historiques, publiés par Charavay.
Il s’agit d’une lettre de recommandation du cardinal de Rohan à l’archevêque de Lyon, sur la première de laquelle on peut lire cette mention de la main de Cagliostro, pour donner peut-être plus de poids à l’intervention du cardinal : Io Giusepe Balsamo (« Moi, Joseph Balsamo »).
Cette assimilation ne porte en fait aucun atteinte au mérite de Cagliostro, s’il est vrai que le mérite d’un homme représente le solde qui s’inscrit à son actif quand on fait le calcul des ses bonnes et mauvaises actions, sur le plan matériel, aussi bien que sur les autres plans.
L’assimilation Cagliostro-Balsamo entraîne en revanche la justification de nom sous lequel il s’est fait connaître. Les relations avec l’Ordre de Malte se trouvent du même coup éclaircies. Sa famille comptait en effet parmi ses membres Giovano Balsamo, Grand Prieur de Malte. Par sa mère, née Félice Bracconieri, il tenait à la famille des Cagliostro, originaire de Messine. Le frère de sa mère, Giuseppe Cagliostro, fut administrateur des biens du Prince Villafranca, et c’est en héritant de lui que Joseph Balsamo ajouta à son nom celui de son oncle.
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Les armoiries des Bracconieri et des Balsamo sont connues : Ecu italien semi-parti et coupé : I d’or à un oiseau de sable (la caille, caglia) 2 de gueules plein, 3 d’azur plein, surmonté d’une couronne comtale. (Cf. note publiée par le marquis Sommi Piacenardi dans la « Rivista di scienze storiche » Juin 1905).
De toute la littérature qui prit naissance vers 1785 autour de la personne de Cagliostro, à l’occasion de l’affaire du collier, on ne peut en tenir compte qu’avec circonspection. D’autre part, le petit livre sur la vie Joseph Balsamo : Compendio della vita e delle geste di Giuseppe Balsamo… publié par la Chambre apostolique en 1791 et sur lequel se fondent la plupart des auteurs, est empreint de l’esprit de haine qui a guidé son rédacteur, le Père Jésuite Marcello. Les archives relatives au procès de Cagliostro ont disparu de la Vaticane. Le naturaliste Ramon de Carbonnières qui fut à Saverne, le préparateur de Cagliostro et lui resta par la suite dévoué, préféra ne pas laisser de mémoires. A la veille de sa mort, il confia à l’un de ses vieux amis, qu’il avait brûlé la chronique des miracles de Cagliostro :
« J’ai craint qu’après sa mort quelque imagination inflammable ne vînt à extravaguer sur tout ce merveilleux, et que mon procès-verbal ne devînt l’évangile de quelque nouvelle religion : or, des religions de toutes couleurs nous en avons assez ce me semble… »
Le baron Ramon de Carbonnières traduisait ainsi la pensée secrète de Cagliostro qui travaillait (à l’exemple de tout Adepte) pour aider à l’évolution et à l’éveil des âmes et non pour contribuer à la dispersion des croyances au détriment de leur plus haute unité.
LES OEUVRES DE CAGLIOSTRO
Pour mieux connaître Cagliostro, il eût fallu retrouver et étudier ses oeuvres.
Les écrits qu’il a laissés sont très rarement de sa main. Il dicte ou suggère au disciple qui lui sert temporairement de secrétaire, ce qu’il convient d’écrire en son nom.
On attribue à Cagliostro, en dehors du Rituel et des Règlements de la maçonnerie égyptienne, un certain nombre d’ouvrages tels que De la vision béatifique, De l’évocation des Esprits supérieurs, La Régénération physique et morale, L’Art de faire de l’or, La Kabbale divine, Le calcul astrologique.
D’autre part, l’auteur du manuscrit de La Très Sainte Trinosophie, trouvé dans ses papiers au château Saint-Ange par les soldats du maréchal franc-maçon Masséna (qui ignorait la mort du Grand Cophte et espérait le libérer), est bien Cagliostro.
Le symbolisme de l’ouvrage est égyptien selon la mode de l’époque et la coutume du Grand Cophte, titre que Cagliostro s’était donné en tant que fondateur de son Rite.
Ce document apporte un précieux témoignage… De son propre aveu, Cagliostro n’avait pas encore pu rejeter certains dangers de l’orgueil…
« O mon fils, ne suivez pas mes travers, qu’un vain désir de briller aux yeux du monde ne cause pas votre perte… pensez à moi, pensez que c’est dans un cachot, le corps brisé par les tortures, que votre ami vous écrit… Dieu m’a puni, mais qu’ai-je fait aux hommes cruels qui me persécutent ? Quel droit ont-ils pour interroger le ministre de l’Eternel ? Ils me demandent quelles sont les preuves de ma mission. Mes témoins sont des prodiges, mes
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défenseurs mes vertus, une vie intacte, un coeur pur. Que dis-je, ai-je encore le droit de me plaindre ? J’ai parlé, le Très-Haut m’a livré sans force et sans puissance aux fureurs de l’avare fanatisme. Le bras, qui jadis pouvait renverser une armée, peut à peine aujourd’hui soulever les chaînes qui l’appesantissent
Je m’égare, je dois rendre grâce à l’éternelle justice… Le Dieu vengeur a pardonné à son enfant repentant. Un esprit aérien a franchi les murs qui me séparent du monde resplendissant de lumière, il s’est présenté devant moi, il a fixé le terme de ma captivité. Dans deux ans mes malheurs finiront, mes bourreaux en entrant dans mon cachot le trouveront désert et bientôt, porté par les quatre éléments, pur comme le génie du feu, je reprendrai le rang glorieux où la bonté divine m’a élevé... Mais combien ce terme est encore éloigné, combien deux années paraissent longues à celui qui les passe dans les souffrances, dans les humiliations. Non contents de me faire souffrir les supplices les plus horribles, mes persécuteurs ont employé pour me tourmenter des moyens plus odieux encore, ils ont appelé l’infamie sur ma tête, ils ont fait de mon nom un objet d’opprobre. Les enfants des hommes reculent avec effroi quand le hasard les fait approcher des murs de ma prison, ils craignent qu’une vapeur mortelle s’échappe par l’ouverture étroite qui laisse passer, comme à regret, un rayon de lumière dans mon cachot. »
Cagliostro n’avait jamais pu vaincre entièrement certaines tendances de caractère que traduisent les traits jupitériens de son masque fixés par le ciseau de Houdon. Son ami, le pasteur franc-maçon suisse Jean Gaspard Lavater, dont il voulait traduire en français le Traité de Physiognomonie aurait pu y découvrir la superbe générosité d’un Oriental tout aussi bien que le caractère sicilien.
MESSAGER DE LA PAROLE
La date de naissance de Joseph Balsamo, 8 juin 1743, à Palerme (la même année que Louis-Claude de Saint-Martin à Amboise) permet de tirer les éléments essentiels d’un horoscope qui révèle un formidable imaginatif, doué pour éblouir mais non pour fonder quelque chose de solide et de durable.
Son écriture confirme ces tendances générales. L’épaisseur des lettres qu’il trace est une particularité que l’on rencontre chez beaucoup de médiums.
Cagliostro dans la première partie de son existence, fait l’expérience du mal. N’en est-il pas souvent ainsi pour beaucoup ? Plus tard, auprès du Maître Althotas, il aspire à la Connaissance.
L’Inquisition de Rome a recueilli maintes preuves de l’existence de ce personnage dont le nom cache la véritable identité, sans avoir cependant découvert où elle a commencé, ni où elle a fini. Dignitaire de l’Ordre de Malte, authentique Rose-Croix, Althotas appartenait à la hiérarchie du diwân ac-çalahin, « l’ensemble des Saints » de l’ésotérisme Soufi (l’Agartha de la tradition tibétaine) qui délibère sur les évènements du monde et veille sur le destin des appelés. Il avait connaissance des souterrains creusés par les anciens égyptiens pour enfermer et défendre contre l’injure des temps le dépôt précieux du savoir humain. Cagliostro, devenu à son tour, « Messager de la Parole », ses imprudences le conduisent devant le tribunal de la Sacro-Sainte Inquisition, antithèse de l’Amour du message christique.
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Le serviteur de la Grande Fraternité ouvre son coeur à tous, mais il sait que le temps lui est mesuré par la vie des hommes. La route est longue. Il ne fait que passer, car partout sa parole est attendue. Tour à tour cabaliste, alchimiste, mage, théurge, guérisseur et même prestidigitateur, mais surtout Franc-Maçon créateur d’un rite nouveau (le rite de la Maçonnerie égyptienne) Cagliostro épouse sciemment les intérêts et les préoccupations de son époque. Il pique la curiosité de ceux en qui il veut éveiller une résonance profonde. S’il n’y parvient pas, c’est que l’heure n’est pas venue ou que l’on refuse à accomplir l’effort de libération spirituelle indispensable que nul ne peut et ne doit faire à votre place. La responsabilité n’en incombe pas à l’Instructeur. Chacun forge dans une certaine mesure son destin. L’essentiel est de guider vers une Vérité, sans cesse plus haute, source de joie et de paix, les hommes et les femmes qui ne croient à rien ou insatisfaits de leurs croyances, animés du désir d’échapper à l’emprise du monde matériel.
La critique contemporaine s’est efforcée de réhabiliter la mémoire de Cagliostro et de la défendre contre les accusations formulées à son égard par l’Inquisition.
Le chemin des Adeptes (les R+C authentiques) est mystérieux, impossible à comprendre d’un point de vue ordinaire. Il faut donc se garder de toute critique hâtive à leur égard et chercher à découvrir à travers les bizarreries et l’aspect apparent, le but, le résultat à atteindre.
Le Sar Joséphin Péladan, fondateur de la Rose-Croix Esthétique du Temple et Graal, lui aussi injustement calomnié, était fait pour comprendre Cagliostro et défendre le Mage calomnié. Il lui a consacré un drame en cinq actes, encore inédit, conservé à la Bibliothèque de l’Arsenal (Paris), dans lequel il a su découvrir le visage du Grand Cophte. Acte 2e, scène 4, Cagliostro s’adresse à l’assemblée que la curiosité a réunie en l’hôtel de Soubise :
« Misère de la nature humaine qui réduit à emprunter les traits de l’histrion. Il faut surprendre l’attention des hommes comme celle des enfants. Vous ne cherchez pas la vérité mais la nouveauté. Les plus belles sentences vous paraîtraient vieilles et connues, un paradoxe vous passionnera. Indifférents au colossal miracle du soleil vous serez fascinés par un feu follet. Vous n’écouterez pas l’harmonie des sphères, mais votre oreille s’extasie à la voie d’un ventriloque. Le secret que garde le Sphinx à l’entrée du désert ne vous intéresse pas, mais vous m’admirez si je devine combien de louis contient votre bourse.
Allons : Cagliostro, oublie les secrets sublimes du Mage : on ne te demande que des tours de fakir. Et bien ! Que faut-il ouvrir à vos yeux, le ciel ou l’enfer ? Voulez-vous sentir la fraîcheur des battements d’ailes sur les cimes ou le soufre fumeux des abîmes ? Dois-je déchaîner la danse des houris ou celle des morts ? Que souhaitez-vous entendre, les concerts des anges ou les blasphèmes de l’enfer ? De ma poche, qui sortira, pour votre amusement, Dieu ou le diable ? Certes le salon du prince de Soubise est un tréteau moins banal que le carreau du marché, mais aussi le jongleur est plus rare ! Allons Cagliostro, fais croire en toi, ces hommes et ces femmes qui ne croient pas en Dieu ! »
Acte 3, scène 2 : il dit aux seigneurs réunis dans le salon de la rue Saint-Claude :
« …Ne demandez pas à un homme ce qu’il pense, mais ce qu’il pratique. Fait-il le bien ? C’est un juste ! Je parle d’Isis et d’Osiris ! M’écouterez-vous si j’invoquais Jésus ou Marie ? Vous dédaignez le rite de vos ancêtres, le rite chrétien, je suis forcé de vous en proposer un autre. Sur chacune de vos traditions, il y a un paradoxe de Rousseau et un
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sarcasme de Voltaire. Vous riez de Jésus à Cana changeant l’eau en vin, mais vous admettez que je change le mercure en or ; vous niez la résurrection de Lazare et vous croyez à celle du prince de Soubise !… »
Si non e vero, e benetrovata ! Cette tirade théâtrale permet plus de compréhension du phénomène Cagliostro que maintes thèses académiques.
CAGLIOSTRO REJETE
Celui que l’on appela « Le Divin Cagliostro » est la victime d’un double reniement :
• De l’Eglise Catholique Romaine ;
• Des obédiences maçonniques athées et matérialistes.
Le synonyme de « charlatan » voire « d’escroc » ne lui a pas été épargné et il est regrettable que certains mêmes qui se réclamaient encore en partie de son Initiation s’appuient pour étoffer leur bibliographie sur le document qu’a rédigé en 1791, sous l’instigation du Saint Office Romain, le Père Marcello (Jésuite) : « Vie de Joseph Balsamo, connu sous le nom de Comte de Cagliostro ».
Véritable complot jésuite dénoncé par Louis-Claude de Saint-Martin, ce récit est la synthèse de toutes les insanités que les Jésuites avaient distillées depuis des années sur le compte de l’Initié. Le but de l’église catholique romaine était de salir la renommée de ce dernier et ainsi de rendre absolument incrédibles ces faits et gestes et donc toute la philosophie, voire l’idéologie, dont ceux-ci démontraient le fondement. Dans toute cette entreprise dégradante, l’église fut soutenue par les Jésuites, jaloux de la Franc-maçonnerie et dépités de n’avoir pas réussi à l’infiltrer en totalité et à se la soumettre !
Alexandre de Cagliostro, ainsi qu’il le déclara lui-même devant ses juges, fut élevé dès sa prime enfance en Arabie par son tuteur Althotas. Il voyagea beaucoup dans son adolescence et lorsqu’il vint à La Valette (Malte) en 1766 il fut reçu et hébergé, ainsi qu’Althotas, par le Cardinal Pinto, Grand Maître de l’Ordre de Malte, avec des égards qui ne se seraient certainement pas adressés à un bandit sicilien de basse naissance recherché pour ses méfaits. Pinto invita Cagliostro à devenir chevalier de Malte mais ce dernier refusa et partit pour Rome.
A peine arrivé dans cette Cité Antique, il fut invité par le Cardinal Orsini (nul n’ignore que les Orsini constituèrent pendant des siècles la caste patricienne la plus puissante de Rome, donnant trois Papes à l’Eglise!) qui le présenta à de nombreuses « Eminences » (parmi lesquelles le Cardinal d’York) ainsi qu’au futur Pape Clément XIV…
L’Eglise, dès cette époque, tenta de courtiser Cagliostro parce que les Connaissances Hermétiques et l’aplomb de ce dernier représentaient un danger réel : ces « sciences cachées » ne pourraient que conforter les agissements de la Maçonnerie dont la turbulence était déjà patente : Bulle du Pape Clément XII de 1738 qui « excommunie » la Maçonnerie qui rêvait de transformations radicales et par la même, la remise en cause du pouvoir de l’Eglise sur les mentalités et donc sur toute la Société.
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En tout état de cause ce fut immédiatement l’Ordre des Jésuites qui sentit, à juste titre, le facteur de déstabilisation que serait ce jeune Méditerranéen, soutenu pour le comble, par une partie du Haut Clergé, relativement ouvert aux réformes.
Dès ce moment-là commença le complot qui flétrit la mémoire de Cagliostro.
L’injustice et la rigueur du sort qui se sont acharnés sur Cagliostro se comprennent aisément car la Mission de ce dernier représentait un danger réel :
• à court terme, pour les Institutions ecclésiastiques du fait de la remise en cause des Dogmes religieux
• à moyen et long terme, pour forme d’obscurantisme oeuvrant par le biais de Sectes à caractère totalitaire, telle celle des Illuminés de Bavière de l’exécrable Adam Weishaupt, et de tant d’autres, communément appelées aujourd’hui « Loges noires » et dont Louis-Claude de Saint-Martin illustra l’action pernicieuse dans son récit : « Le Crocodile ».
En effet, la Mission de Cagliostro est très simple à comprendre maintenant car nos mentalités se sont habituées au « fait occulte » et elles ont aussi bénéficié du travail de plusieurs érudits, notamment de Serge Hutin, Gérard Galtier et Robert Amadou, qui ont su offrir au public cultivé les lettres de noblesse dont sont titulaires les Fraternités Initiatiques.
Il s’agissait de prouver par des faits dits « miraculeux » (Magie, Alchimie, Médecine ésotérique…) l’existence de Lois Universelles, encore non mises en oeuvre par l’humanité mais porteuses de bien être et d’amélioration de la vie quotidienne, tant sur le plan industriel, économique, médical que… spirituel ! Ceci explique les « prodiges » que firent Saint Germain et Cagliostro : emporter la conviction de leurs contemporains sur la réalité de l’Enseignement de l’Hermétisme.
Cet enseignement n’était pas l’apanage des loges maçonniques (même si certains Frères Maçons y avaient accès) mais celui de la Fraternité des Rose+Croix. Selon ce « programme » des Adeptes, cet Enseignement devait :
1. Réunir, dans un premier temps, toutes les Confréries Initiatiques en un consensus d’évidence : unification des Rites et retour à la source, l’Egypte. En effet les loges maçonniques « classiques » vénéraient plus la « lettre » que « l’esprit » de ce qui fondait leurs rites et traditions.
Sur quoi reposait, en fait, la Maçonnerie introduite en France par les Anglais au début du XVIII° siècle ? Les élites qui se firent accepter en son sein, croyant y trouver des merveilles et des étrangetés, furent longtemps déçues. Aussi, une Conférence maçonnique française invita-t-elle le 10 Mai 1785 à Paris, Alexandre de Cagliostro dont la Connaissance effective « des Mystères » était connue et vantée. En décembre 1784, l’année précédente donc, il avait inauguré son « Rite de la Haute Maçonnerie Egyptienne » à Lyon dans le cadre de la Loge-Mère « la Sagesse Triomphante ». Court de Gibelin trace le procès verbal de cette réunion du 10 mai 1785 :
« Messieurs… » dit Cagliostro, « vous croyez que la Franc-Maçonnerie doit posséder la cé des Sciences Occultes et, n’ayant pu la découvrir dans vos Loges, vous avez
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espéré qu’il dépendait de moi d’apporter quelque lumière à vos recherches… Ne cherchez plus Messieurs l’expression symbolique de l’Idée Divine… C’est La Rose… et la Croix… »
Suivirent les prédictions étonnantes et épouvantables à la fois : la Révolution Française et les noms des grandes têtes qui allaient tomber… Le Mage suscita l’admiration et de nombreux amis s’attachèrent à lui mais il éveilla aussi des rancoeurs de la part de ceux qui avaient vu leur ignorance mise à nu. En fait, si ce « plan » avait réussi, il se serait agi de largement diffuser, mais aux seuls Ordres Initiatiques (ouverts aux deux sexes), après étude sérieuse et épreuves dûment accomplies, ce qui était appelé au XVIII° siècle « l’Arcana Arcanorum » (connaissance détenue par Saint Germain et Althotas et transmise à Cagliostro, d’Aquin, et quelques autres, relative aux Rites de Haute Théurgie Evocatoire d’une part, à l’essence de l’Enseignement Alchimique, d’autre part et enfin aux Techniques « rapides » de développement spirituel, basées sur la Théurgie, semblables, mais sus une symbolique différente, à celles du Mahamudra de l’Orient).
2. Ouvrir dans un deuxième temps, progressivement à toutes et à tous la Connaissance Hermétique qui traitait des Lois Universelles et de leur modalité d’utilisation par l’humanité : compréhension de la nature (médecine), de la psyché humaine (maîtrise des pulsions et clarification des énergies y afférent), et du lien que les hommes entretiennent avec Dieu (techniques de développement spirituel). Théorie et pratique « douce » auraient été ainsi divulguées.
Cette diffusion devait être suivie d’une mise en place d’Ecoles, qui se serait faite au cours du XIX° siècle.
L’ensemble de ces mesures constituait l’accès au « Sentier de la Sagesse » conduisant à une transmutation de la conscience de l’Humanité et abolissant à terme, la nécessité d’apprendre sur Terre par la souffrance.
Dans ce « Programme » se trouvait une véritable Révolution, le danger le plus redoutable pour les « Sectes Noires » et pour l’Eglise Catholique Romaine qui fut, dès le IV° siècle après J.C., un des principaux instruments de celles-ci en Occident. Il était la concrétisation des Idéaux des Initiés de 1614 : « Libérer l’Humanité de l’Ignorance, de misère et de mort… (Entendez, la mort spirituelle due à l’ignorance).
Et c’est en cela, dans ce « Programme » magnifique, que résidait le « Secret » de Cagliostro qui a fait couler tant d’encre ; en cela et non dans les documents saisis par l’Inquisition ou ceux qu’ont pu recueillir ses disciples, car ces papiers ne contenaient rien, malgré les amorces de révélations, qui puisse permettre aux humains, aussi sincères eussent-ils pu sembler, de mesurer de la Science Hermétique.
Cependant, cet idéal n’était pas récent : redonner au Christianisme ses fondements a été le rêve qu’a caressé la malheureuse et brillante Hyapatia (égérie du Néo-Platonisme alexandrin, dépecée en 415 après J.C. par des moines illettrés et sauvages) que l’Inquisition fit taire. Cagliostro en fut la dernière grande victime mais si ce dernier fut condamné à mort (peine commuée en un emprisonnement à perpétuité sous la pression des élites européennes) pour le simple fait, officiellement allégué, d’appartenir à la Franc-Maçonnerie (alors que des Princes, des Rois ou des Cardinaux y étaient aussi affiliés) c’est en raison du danger réel que
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son « Programme » représentait : cette mise en place de l’accession de tous les hommes et de toutes les femmes à l’Initiation, c’est-à-dire à la connaissance des Mystères relatifs aux Origines de l’Humanité et au but que celle-ci poursuit, sans le savoir, selon un Plan Divin mathématiquement déterminé, échoua donc à la fin du XVIII° siècle.
LES ORIGINES DU RITUEL EGYPTIEN DE VENISE
Le Tribunal de l’Inquisition, on le sait, ne pardonna pas à Cagliostro d’avoir été Rose-Croix et Franc-Maçon.
Particulièrement, certains Jésuites, déjà à l’époque, ne cessaient de dénoncer la mouvance rosicrucienne qu’ils qualifiaient, tour à tour et contradictoirement, comme athée, anarchiste, d’origine musulmane et, comble de l’horreur pour les piliers de la Contre-réforme : protestante.
Dans son Histoire des Doctrines ésotériques (Payot, Paris 1950), Jean Marquès-Rivière souligne, à juste titre, l’étroite parenté de l’ésotérisme rosicrucien avec l’ésotérisme cathare d’une part, avec les tendances profondes du protestantisme d’autre part.
Il est impossible dans cette d’étude, d’approfondir cette passionnante question. Rappelons cependant que les armoiries personnelles dont s’était doté Martin Luther ne sont rien moins d’autre qu’un emblème typiquement Rose-Croix. Les liens extrêmement étroits entre la réforme luthérienne, les Rose-Croix, et la Franc-Maçonnerie, sont illustrés de multiples exemples, y compris dans les sphères les plus ésotériques où le nom d’Emmanuel Swendenborg s’impose naturellement.
Plus proches de nous dans le temps, les relations entre Rudolf Steiner (auteur de la Théosophie des Rose-Croix mais aussi un des imperators des Frères Aînés de la Rose-Croi) et le futur Prix Nobel de la Paix le Dr Albert Schweitzer (médecin mais aussi théologien) sont aussi présentées par Albert Schweitzer lui-même qui écrivait :
« Ma rencontre avec Rudolf Steiner, eut lieu à Strasbourg. Nous vîmes que nous étions également préoccupés, que notre mission était la même : l’éveil d’une culture véritable, animée et dominée par un idéal d’humanité. »
Albert Schweitzer fut l’un des rares théologiens européens chrétiens à connaître parfaitement la pensée orientale, hindoue en particulier, et à pratiquer une fraternelle tolérance avec les Universalistes. Or, parmi la mouvance universaliste, illustrée notamment par le martyr Miguel Servet, médecin et théologien espagnol condamné par l’Inquisition et exécuté par Calvin, se situent les Sociniens. Et avec les Sociniens nous retrouvons l’ombre de Cagliostro et de la maçonnerie égyptienne…
La République de Venise abritait une pépinière maçonnique où la liberté de conscience était cultivée de concert avec l’aspiration aux libertés politiques. Mais en 1785, une Loge du Rite Ecossais Rectifié, Saint Jean de la Fidélité, fut fermée par les autorités qui voyaient en elle un dangereux ferment libertaire du fait de ses liens, réels ou supposés, avec les Illuminés de Bavière.
Or, en 1788, une nouvelle Loge Saint Jean de la Fidélité ressuscita grâce à la convergence des adeptes de l’ancienne loge interdite et d’intellectuels se rattachant à ce que
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d’aucuns nomment la « secte socinienne » au sujet de laquelle nous donnerons quelques éléments dans le cours de notre analyse.
Unis par une commune volonté de liberté de conscience et de vraie spiritualité, mais recherchant aussi une authentique légitimité maçonnique, ces frères vénitiens ne s’adressèrent à personne d’autre qu’à Cagliostro !
Lorsqu’on connaît la rigueur morale et intellectuelle qui a toujours animé les spiritualistes protestants, même les plus marginalisés, il est impossible de penser que les Sociniens en question se seraient adressés à un charlatan ou à un fantaisiste.
Toujours est-il que c’est Cagliostro qui transmit la lumière maçonnique aux membres de cette loge johannite et délivra une patente de constitution parfaitement authentique à Saint Jean de la Fidélité qui, avec l’autorisation du Grand Cophte, adopta un Rituel Egyptien différent de celui libellé par Cagliostro lui-même mais cautionné par lui néanmoins.
Cette différence rituélique venait de ce que les frères animés par la pensée socinienne ne souhaitaient pas pratiquer la rituélie magico-cabalistique mais une autre, plus proche des sources templières. Cagliostro tenant les trois premiers grades de la maçonnerie anglaise et les grades supérieurs de la maçonnerie allemande fortement empreints d’esprit templier, la transmission s’effectua donc aussi naturellement que légitimement.
Le nouveau rite égyptien, quoi que plus sobre et plus dépouillé que celui dû personnellement à Cagliostro, se trouve ainsi en aval de plusieurs rites de même source travaillant dans la péninsule italique et les îles ioniennes, et en amont des actuels rites de Misraïm, Memphis et Memphis-Misraïm, unis en 1880 sous la houlette de Giuseppe Garibaldi dont on feint trop souvent d’oublier qu’il fut aussi le fondateur de l’Eglise Libre d’Italie, une des composantes à l’origine des actuelles structures protestantes italiennes, bien qu’émanant du christianisme libre de la Réforme proprement dite.
Structurellement, le Rite Egpytien cautionné par le Frère Cagliostro en 1788 qui, sous la dénomination de Misraïm (pluriel du mot arabe signifiant égyptien) est donc à l’origine des autres rites du même nom pratiqués par la suite. La naissance n’est donc pas française.
Néanmoins, le rite Misraïm, apparu en France avec les frères Bédarride, est aussi de filiation directe Cagliostro. En effet, Michel Bédarride, avait reçu les pouvoirs magistraux en 1810, à Naples, du Frère de Lassale au sein des loges de Misraïm issues du groupe initial socinien qui avait rapidement essaimé à Milan, Gênes et Naples. Cela n’empêcha pas, son frère Marc Bédarride, de calomnier Cagliostro dans son opuscule De l’Ordre maçonnique de Misraïm. Peut-être était-il gênant pour les frères Bédarride de se réclamer de Cagliostro et résolurent-ils, dans l’impossibilité de le passer sous silence, de le dénigrer, donnant ainsi à l’observateur superficiel l’impression de simples divergences. La réalité est probablement autre : le rite des frères Bédarride était issu réellement de Cagliostro, mais seulement par la « voie administrative » sans authentique initiation. Donc, logiquement, leur Rite de Misraïm ne serait pas issu de celui patronné par Cagliostro au niveau de la vraie filiation spirituelle.
L’historien Gérard Galtier reprend à cet égard le raisonnement de Jean Marie Ragon qui, dès 1861, contestait la filiation spirituelle et ésotérique des Bédarride :
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« Selon Jean-Marie Ragon, seul Joly (qui avait reçu les pouvoirs suprêmes de Lassalle et Lechangeur à Naples en 1813) était possesseur des Arcana Arcanorum (ou « Régime de Naples », alors que les frères Bédarride (qui avaient reçu leurs pouvoirs de Théodric Cerbes à Milan en 1812 et 1814) n’auraient été possesseurs, du 87° au 90° degré, que de grades administratifs sans aucune valeur initiatique. Si Cagliostro fut lui-même initié aux Arcana Arcanorum, l’on comprend que Marc Bédarride ait essayé de dénigrer ce « grand magicien » qu’il lui était impossible de passer sous silence, contrairement à Lechangeur qui fit peu parler de lui en France et que Bédarride pouvait facilement omettre. »
Il semblerait donc que les frères Bédarride, selon les circonstances et les opportunités, se réclamaient du Grand Cophte ou le calomniaient, peut-être aussi selon les interlocuteurs. Quoiqu’il en soit, même s’ils ne reçurent que les hauts grades administratifs, sans initiation vraie, il n’en demeure pas moins que ce fut au sein de loges elles-mêmes issues du groupe socinien initial parrainé par Cagliostro lui-même.
Notons aussi que contrairement à l’opinion répandue sur la disparition rapide du Rite Egyptien de Cagliostro lui-même, existait encore en 1815 à Naples, la Loge La Vigilanza, travaillant au Rite fondé par Cagliostro.
Le Vénérable en était Piétro Colletta et le Grand Cophte le général baron di Montemayor. Cette loge n’était donc pas rattachée au Rite de Misraïm issu du groupe socinien mais bien au Rite initial de Cagliostro. Il semble cependant que cette loge napolitaine ait eu des activités sociopolitiques en liaison avec ce que les services secrets dénommèrent « Ordre maçonnique de la Société secrète égyptienne » et qui aurait été particulièrement actif dans les régions italiennes occupées par l’Empire autrichien. L’ombre de la volonté d’unification italienne se profilait déjà à l’horizon. Le catalyseur Garibaldi allait la concrétiser comme on le sait…
Enfin, les liens entre les milieux rosicruciens et Cagliostro sont établis aussi par l’initiation du vicomte Louis-Charles-Edouard de Lapasse par le frère palermitain le prince Balbiani. C’était à l’époique où Lapasse était ambassadeur de France auprès du Royaume des Deux Siciles. Balbiani avait lui-même une initiation due directement à Cagliostro sur les deux plans : Rose-Croix et Franc-Maçon. En fondant en 1850 la Rose-Croix de Toulouse, Lapasse perpétuait donc, lui aussi, la filiation du Grand Cophte et, comme lui, s’intéressa directement à ce que l’on appellerait aujourd’hui les médecines alternatives. Bien que Lapasse ait été anti-orléaniste par royalisme légitimiste, l’un de ses collaborateurs au sein de la Rose-Croix de Toulouse, Eugène Aroux, s’attacha aux origines du socialisme religieux. On lui doit, en effet, une étude intitulée : « Dante, l’hérétique, révolutionnaire et socialiste » (1854).
Bien que cela relève d’une autre étude encore à effectuer, on peut souligner qu’à une certaine époque de nombreux milieux français spiritualistes, occultistes, ésotériques, maçonniques-spiritualistes et analogues, évoluèrent dans les sphères du socialisme d’alors, lequel n’était évidemment pas encore marqué par l’athéisme virulent des émules de Marx. Ne citons, par exemple, que Charles Teste, grande figure de Misraïm que l’on peut qualifier de révolutionnaire romantique et de socialiste spiritualiste, sans oublier le fameux Abbé Julio…
On peut trouver dans ce contexte, l’une des racines de ces socialistes religieux qui ont été, notamment, présentés par Jean Baubérot dans « Le Retour des Huguenots » et Agnès Rochefort-Turquin dans « Socialistes parce que chrétiens ». Ce fut aussi l’époque de la création du Cercle Socialiste des Libres penseurs chrétiens et de l’Union de libres penseurs et
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de libres croyants pour la culture morale, avec chaque fois des protestants, des catholiques non-romains, des chrétiens libres et des spiritualistes peu ou prou liés aux milieux rosicruciens et maçonniques.
Ayons garde de ne pas oublier d’évoquer aussi l’étrange figure de F.Jolivet-Castelot. Directeur en 1927 de la revue « La Rose-Croix », ce membre du parti communiste français écrivit successivement les livres: « Le Communiste spiritualiste », « Jésus et le communisme », « L’Idée communiste »… La réaction des marxistes ne se fit pas attendre : conspué dans « L’Humanité », le frère Jolivet-Castelot fut exclu du parti communiste en 1928.
Mais est-il possible, ici et maintenant, de se refuser à analyser d’une façon toute particulière l’avertissement des F.R.+C. qui nous enseignent : « Une dernière chance sera donnée à l’homme avant la proche fin des temps. Elle viendra à l’heure où LA ROSE FLEURIRA SUR LA CROIX ».
Avec Gandhi, Tolstoï ou Albert Schweitzer, il est permis ici de rêver à la re-spiritualisation de la politique, au sens noble de ce terme, donc au dépérissement des idéologies stériles.
La rose, devenue symbole d’un parti, n’appartient pas à ce dernier. Mais ce choix est troublant : peut-on y voir un avertissement pour les spiritualistes qui ont trop souvent négligé la vie quotidienne de leurs contemporains et un encouragement à revivifier le message évangélique par le retour à la pureté christique des premiers temps apostoliques, à la tradition primordiale, par un engagement qui n’est pas ou ne serait pas soumission à une structure profane mais mission au coeur de celle-ci… Il est permis de réfléchir quelles que soient les conclusions de chacun… Troublante aussi l’apparition de la Rose (sans le poing), puis de Trois Roses, dans la Roumanie, en tant que symbole du Salut national… Il semble que le vice-premier ministre du premier gouvernement roumain issu de la Révolution du 22 décembre 1989, Gelu Voican-Voiculescu, doit en savoir très long sur cette question qui à elle seule mériterait un autre livre…
La moralisation de la culture, évoquée plus haut, n’était pas étrangère aux principes de Cagliostro dont l’exigence de moralité était d’une pure élévation. Ne disait-il pas :
« Redoublez vos efforts pour vous purifier, non par des austérités, des privation ou des pénitences extérieures, car ce n’est pas le corps qu’il s’agit de mortifier et de faire souffrir ; mais ce sont l’âme et le coeur qu’il faut rendre bons et purs, en chassant de votre intérieur tous les vices et en vous embrassant de la vertu. »
Exigence morale mais aussi sociale de celui qui disait à la veille de mourir : « Le jour viendra où la Rose refleurira sur la Croix. »
QUI FURENT LES SOCINIENS ?
Nous l’avons suffisamment souligné, par la renaissance en 1788 de la Loge Saint Jean de la Fidélité, les Sociniens contribuèrent au développement d’un des aspects, le moins teinté d’occultisme, du message de Cagliostro qui leur transmit donc la Lumière Maçonnique à l’Orient de la Sérénissime République de Venise.
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Rapidement défini comme « secte protestante » dans de nombreux ouvrages, le courant socinien mérite ici quelques éclaircissements, ne serait-ce que pour permettre au lecteur de mieux se faire une idée des multiples ramifications des racines de l’ésotérisme.
Lelio Sozzini (1525-1562) est un réformateur religieux italien dont le nom figure souvent dans certains ouvrages sous une forme latinisée (Socinius) ou francisée (Socin).
Née dans la réforme luthérienne, la pensée socinienne s’en éloigna pour se rapprocher à maints égards des universalistes.
L’on affirme souvent que les Sociniens sont des protestants refusant le trinitarisme. La problématique est ainsi mal posée car l’on se bat sur des mots, sur des conceptions profanes de la notion de « Sainte Trinité ». Lelio Sozzini, à l’instar des unitariens, rejette le danger polythéiste, à savoir le danger de passer d’un Dieu en trois personnes, à trois personnes divines, puis à « trois dieux ». L’erreur des unitariens fut plus de se formaliser sur des expressions exotériques que de réfléchir sur le concept de trinité et d’en refuser les possibles déviations. Emmanuel Swedenborg, lui aussi ésotériste, approcha la question d’une autre manière et les pasteurs swendenborgiens parlent plutôt de l’unit-trinité ou de l’unité trine. Quant à la valeur symbolique et ésotérique de la Trinité, point n’est besoin d’y revenir ici. Elles est suffisamment évidente du point de vue initiatique…
En 1546, quarante gentilshommes italiens fondèrent à Vicenza une sorte de société savante, aux allures de congrégation, sous l’égide de Lelio Sozzini. L’Inquisition les persécuta : les uns furent mis à mort, les autres emprisonnés. Les plus chanceux purent s’enfuir à l’étranger. Lelio Sozzini se fixa dès lors à Zurich où sa pensée ne manqua pas de rayonner. Cependant, l’exécution du théologien espagnol Miguel Servet, ordonnée par Valvin en 1553, inquiéta le réformateur italien qui se réfugia en Pologne où il put coopérer fraternellement avec les Luthériens et Calvinistes polonais moins engagés dans des luttes fratricides. Nombreuses furent les congrégations et églises sociniennes à se créer en Pologne à cette époque.
Lelio Sozzini décéda prématurément, de retour à Zurich, en 1562, mais son neveu, Fausto Sozzini, reprit le flambeau familial et continua à promouvoir son idéal tout en luttant désespérément contre l’Inquisition. Les persécutions le forcèrent à se réfugier en 1579 auprès des églises sociniennes de Pologne. Sa présence dans cette sorte de seconde patrie de la pensée socinienne, lui permit d’oeuvrer à l’unification structurale de ses Eglises, tout en respectant intérieurement la liberté de pensée et le droit de tendance. Il rédigea une confession de foi connue sous le nom de Catéchisme de Rakow (francisé sous la forme de Racovie, cité polonaise dans la région de Sandomerz).
Il n’est guère aisé de résumer les termes de la confession socinienne de Rakow. En voici cependant les aspects principaux :
• L’Ecriture sainte est la seule base de la foi (sans aucun égard aux dispositions profanes papistes) ; pour en comprendre le vrai sens, il faut en appeler aux lumières de la raison.
• La liberté d’opinion et de commentaires sur le sens réel de certains dogmes tels que la nature de Jésus, les sacrements, l’eucharistie, etc.
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• La reconnaissance de deux sacrements : la baptême et la cène. Les enfants ne sont baptisés qu’une fois à l’âge de raison et informés de l’enseignement chrétien.
• La résurrection est envisagée d’une nature uniquement spirituelle sans référence à la « résurrection de la chair ».
• Interdiction de faire la guerre, de prêter serment devant les instances humaines et profanes, de tuer sous quelque prétexte que ce soit (y compris la peine de mort). Cette sorte d’objection de conscience est aussi partagée par les mennonistes et diverses autres congrégations.
• Condamnation de l’intolérance et de la corruption de l’Eglise papiste ; refus de tout cléricalisme séculier.
Fausto Sozzini, réfugié à Luklaw chez un noble polonais qui le protégeait des incessantes persécutions, décéda en 1604, à 65 ans. L’église socinienne se développa mais connut un coup d’arrêt très dur lorsqu’en 1568 les clergés catholiques et protestants s’unirent contre elle et firent voter par la Diète polonaise une révocation de la tolérance religieuse. Une dispersion s’ensuivit vers l’Allemagne, la Hollande et l’Angleterre, tandis que des noyaux subsistaient en Italie.
Une constante de la pensée socinienne fut de réconcilier la Religion et la Science en privilégiant la notion d’expérience humaine et la conviction en un monisme immanentiste où l’Esprit et la Matière sont deux faces d’une même réalité.
Le courant socinien influença grandement la pensée moderne anglaise et, en parallèle, joue un rôle considérable dans la naissance de la Franc-Maçonnerie. Isaac Newton, par ailleurs rosicrucien, s’y rattacha. Un nom s’impose aussi : celui de John Toland (1670-1722), théologien auteur d’ouvrages qui lui valurent tant d’attaques de toutes les Eglises établies. En 1705 il publia Le Socinianisme tel qu’il est après avoir écrit en 1696 Christianity not mysterious. Il étudia les origines égyptiennes et ébionites de la pensée christique et se réclamait aussi de la pensée de Spinoza. Toland créa, de même, en septembre 1717, soit trois mois après la constitution de la Grande Loge d’Angleterre, un Ordre maçonnique druidique dont le but était de rétablir les antiques traditions celto-druidiques en parallèle avec les traditions maçonniques du Temple de Salomon et un retour à un christianisme dépouillé des artifices dogmatiques.
Que Toland se soit inspiré de Spinoza n’est guère étonnant, mais ce que l’on ne rappelle que trop peu c’est que Baruch Spinoza, renié par les Israélites, termina sa vie au sein de la congrégation hollandaise des Collégiants (ou Collégiens). Ces derniers étaient comme les Sociniens, considérés comme une « secte ». En fait, il s’agissait de communautés universalites s’inspirant du théologien hollandais Arminius, connu pour son opposition à Calvin, et qui accueillirent fraternellement les Sociniens réfugiés en Hollande. Spinoza, éternel exclu des conformistes religieux, y trouva une sorte d’asile spirituel empreint de la plus totale fraternité.
Le contexte général du socinianisme permet, dès lors, de mieux comprendre pourquoi les Sociniens italiens voulant donner à leurs recherches spiritualistes une légitimité s’adressèrent à Cagliostro à l’exclusion de toutes les autres filiations maçonniques à leur époque. Parmi les frères sociniens qui en 1788 ressuscitèrent la Loge Saint Jean de la Fidélité
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sous le parrainage actif de Cagliostro se trouvaient notamment le conseiller d’Etat Francesco Battagia, les ambassadeurs Alvise Pisani et Girolamo Zulian, le patricien Alessandro Albrizzi…
Moins enclins à l’occultisme que d’autres disciples du Grand Cophte, les frères sociniens préférèrent un Rituel dénué d’aspects magiques. Leur démarche était cependant la même et il fut normal que Cagliostro leur apporta non seulement sa caution personnelle mais aussi la légitimité maçonnique. Ils ne s’étaient évidemment pas adressés à lui par hasard !
CAGLIOSTRO, PRECURSEUR DE L’OECUMENISME
Lors de son procès, si nous faisons abstractions des aveux « spontanément provoqués par la torture » et des rétractions elles-mêmes aussitôt rétractées dès que le martyr eut conscience de la situation, il n’en demeure pas moins que Cagliostro se définit comme catholique et croyant en la Sainte Trinité.
Mais, digne devant l’Inquisition, il affirma clairement que « toutes les religions sont dignes d’un égal respect. »
Dans ses relations personnelles aussi bien que dans les Loges qu’il parraina, Cagliostro fréquenta aussi bien des catholiques romains bon teint, prélats proches du gallicanisme historique, des luthériens, des protestants de confessions diverses ainsi que des protestants jugés hérétiques par leurs pairs, tels les sociniens dont une congrégation fut à l’origine d’un des Rituels maçonniques cautionnés par le Grand Cophte.
Il ne s’agissait pas d’une simple tolérance, terme d’ailleurs assez ambigu, mais d’une fraternité active, reflet naturel et logique d’une profession de foi de Cagliostro : « Il n’y a qu’un Etre Suprême, qu’un seul Dieu éternel. Il est tout, il est l’Unique, qu’il faut aimer et servir. »
Peut-on y voir les prémices de l’oecuménisme ? Il est permis de le penser à condition de dépasser la définition fermée de l’oecuménisme qui le limite au dialogue intra-chrétien ou inter-religieux et d’atteindre la vraie dimension totale (holistique, dirions-nous ), l’Oikumene de l’étymologie grecque, l’oecuménisme embrassant tous les lieux habités et, partant, tous les peuples, toutes les croyances. Cette tendance est d’ailleurs, de plus en plus celle du Conseil OEcuménique des Eglises (World Council of Churches). Celui qui a des oreilles a déjà entendu…
Missionné, Cagliostro l’était… A son instar, des missionnés travaillent au grand oeuvre spirituel, chacun dans sa confession, son Eglise, sa culture…
De très nombreux prélats catholiques romains furent membres des Loges maçonniques du Grand Cophte. La plupart furent connus mais il existe un bien intéressant récit plus que discret selon lequel des prêtres catholiques furent secrètement initiés par le Maître durant son incarcération, à l’époque où les visites étaient encore possibles. Dans certains milieux, on n’hésite pas à envisager que là sont quelques graines du renouveau catholique qui devait aboutir au Concile oecuménique Vatican II… Légende ? Hypothèses gratuites ? Peut-être pas…
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Jacques Duchaussoy dans son « Mystère et Mission des Rose+Croix » nous présente, dans le chapitre « Les Rosicruciens contemporains » un certain Angelo Roncalli (1881-1963). Or, ce dernier n’est évidemment autre que le débonnaire prélat italien qui devait régner au Vatican sous le nom de Jean XXIII…
Voilà une affirmation qui fera hurler certains intégristes mais qui n’étonna guère ceux qui étaient déjà informés sur les éventuelles appartenances maçonniques du même souverain pontife. Historiquement, si Jean XXIII a été rosicrucien, il fut alors le troisième pape dans ce cas après le moine Gilbert d’Aurillac, pape sous le nom de Sylvestre I en 999 et, de 1316 à 1334, Jean XXII, second pape d’Avignon et alchimiste confirmé.
Dans la première partie de sa carrière, Angelo Roncalli voyagea énormément (un « noble voyageur » ?) et rencontra notamment les communautés chrétiennes orientales, orthodoxes, arméniennes et arabes chrétiennes de Palestine. La Turquie, la Terre Sainte, les Balkans notamment n’ont plus de secrets pour lui. La plupart de ses amis en France sont des radicaux, socialistes ou francs-maçons, ainsi qu’Evita Peron.
Jean Duchaussoy rapporte la théorie de Pier Carpi qui dans un livre mystérieusement introuvable « Les Prophéties de Jean XXIII », il avance que c’est en 1935 qu’Angelo Roncalli fut initié Frère de la R+C en Turquie et adopta le nomem mysticum de Johannes. Toujours selon la même source, les derniers mots de son initiateur furent : « Tu as juré, Johannès, mais sache que la liberté des frères de la Rose-Croix est de loin supérieure à tous les serments. Aujourd’hui, tu sais vraiment ce qu’est la liberté. »
La rencontre entre Paul VI successeur de Jean XXIII et le Patriarche oecuménique de Constantinople, S.S. Athenagoras, fut une étape dans l’histoire de la chrétienté. Préparée par Jean XXIII cette rencontre aurait dû être sienne si la mort n’en avait décidé autrement. Or, Athénagoras, cette belle et sainte figure de prélat orthodoxe, était un franc-maçon notoire.
Une rencontre « au sommet » Jean XXIII – Athénagoras aurait été une accolade entre deux frères qui ne l’étaient pas seulement parce que chrétiens.
Si le Patriarche catholique de Venise, devenu pape, et le Patriarche oecuménique de Constantinople avaient été, en personne, les deux piliers de la « rencontre » qu’ils avaient chacun préparée, il eût été possible de songer à cette opinion que l’abbé Georgel, secrétaire du cardinal de Rohan, disait de son contemporain Cagliostro :
« Ses opinions religieuses sur l’Etre suprême, sur la nature et les devoirs de l’homme, exaltaient les imaginations ardentes : il enseignait que la religion la plus digne de Dieu et de l’homme était celle des Patriarches. »
Le Grand Cophte fut l’apôtre d’une libération de l’homme qui n’était pas seulement spirituelle. Les vicissitudes du monde profane ne lui étaient pas étrangères. Les Temples de son obédience portaient au mur cette maxime : « Ou la bienfaisance ou la mort ».
Homme-pont, incarnation du dialogue fraternel sans frontière, Cagliostro rejoignit le martyre d’autres hommes exceptionnels tels Jean Huss, Miguel Servet, Savonarole, Galilée ou Giordano Bruno, autant de victimes de l’Inquisition et de toutes les intolérances.
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N’est-il pas dès lors, merveilleux de penser qu’un Envoyé se retrouva sur le trône papal pour réparer tant de siècles éhontés ? Jean XXIII dit un jour à un journaliste : « Le pape est le frère de tous les hommes. »
Dans son magnifique livre « Les Pacificateurs » édité en 1974, Aristide Panotis écrit :
« Voilà pourquoi Jean XXIII est le pape qu’ont aimé aussi bien les catholiques que les protestants et les orthodoxes, et tous les hommes de la terre. Voilà pourquoi aussi, contrairement aux lois naturelles, plus Jean XXIII s’éloigne de nous, plus sa stature grandit à nos yeux. Voilà pourquoi enfin, il sera appelé prophète du Très-Haut ».
Jamais l’Eglise romaine ne fut aussi johannite et le martyr dont les restes se perdirent entre le château Saint-Ange et San Leo dut alors, de son Orient éternel, célébrer Saint Jean de la Fidélité qui, en 1788, à Venise précisément, marqua une étape dans l’histoire de la maçonnerie spiritualiste universelle.
OPINIONS SUR CAGLIOSTRO
Les calomnies sur Cagliostro ne se comptent plus. Elles émanent d’ailleurs, et cela est parfaitement normal, autant des matérialistes les plus intransigeants que de ceux des maçons les plus attachés à l’aspect profondément bureaucratique de l’Ordre.
Tous, cependant, ne méconnurent pas la Mission réelle de Cagliostro. Ainsi, l’éminent historien, de la maçonnerie, Paul Naudon, écrit-il, à propos du Rituel du Grand Cophte :
« Les travaux du rite, divisé en trois grades, étaient faits d’opérations magiques… Ils se donnaient comme but suprême celui d’être admis dans le temple de Dieu, l’objet de l’initiation étant d’amener l’homme déchu à reconquérir sa dignité perdue. Cette régénération doit être double : morale et physique… Cagliostro parlait et agissait de haut, au nom précisément de ces pouvoirs qui lui avaient été donnés par Dieu, disait-il lui-même, et, non content d’en affirmer la possession, il en donnait les preuves.
Précurseur de l’oecuménisme, Cagliostro affirmait « Tous les hommes sont mes frères ; tous les pays me sont chers ». et il souhaitait aussi « déprofaniser » la maçonnerie en précisant que son but était de « propager la maçonnerie dans sa véritable forme pour la gloire du Grand Dieu et le bien de l’Humanité. »
Comme Louis-Claude de Saint-Martin, Cagliostro s’opposa radicalement à la stricte masculinité des Loges. Ainsi, tant les Loges établies par Saint-Martin que par Cagliostro furent toujours mixtes au grand effroi de la mesquinerie conservatrice de la « maçonnerie stérile ». Le Grand Cophte disait :
« Comme il n’y a pas de différence de sexe dans le monde spirituel ni entre les âmes immortelles de la race humaine (…) nous n’hésiterons pas à accepter comme élève de l’Ordre une femme qui en est digne… ».
Voici maintenant quelques opinions sur Cagliostro, glanées au hasard de recherches :
• Le Dr Philippe, plus connu comme Monsieur Philippe, le Maître de Lyon : « Cagliostro était un être de lumière ».
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• Maurice Magre : « Il eut sur les évènements et sur la nature humaine une vue plus large qu’aucun homme de son temps et l’on comprend que ses disciples l’aient appelé le Divin Cagliostro… Un merveilleux génie est descendu en lui. »
• Dr Marc Haven : “Dix années d’enseignement, de bienfaisance et de martyre : aussi sublime dans l’amour que dans la sagesse. »
• Constantin Photadiès : « Un génie extraordinaire. »
• Maurice Maeterlinck : « Il y a des siècles parfaits où l’intelligence et la beauté règnent très purement mais où l’âme ne se montre point. Elle est très loin du XVIII° siècle, du moins de la surface car ses profondeurs avec Claude de Saint-Martin, Cagliostro, qui est plus grave qu’on croit, Pasqualis et tant d’autres, nous cachent encore bien des mystères. »
Mais pour le lecteur qui voudrait être rassuré par l’objectivité d’une publication scientifique de haut niveau et de réputation internationale, nous ne résistons pas à publier in extenso la notice consacrée à Cagliostro par l’Encyclopédie Universalis :
CAGLIOSTRO Giuseppe BALSAMO dit
Alexandre comte de (1743-1795)
Se produisant à Londres (1777), à Mitau et à Saint-Petersbourg (1778) puis à Varsovie (1780), Joseph Balsamo, alias comte de Cagliostro, stupéfie l’Europe par ses cures merveilleuses, par ses connaissances alchimiques, par ses évocations d’esprits, par sa magie cérémonielle. On le voit surgir à Strasbourg (1780), un des hauts lieux du mysticisme en cette fin de siècle ; il y trouve des amis fidèles, des protecteurs efficaces : le cardinal de Rohan, Jaco Sarasin, F.R. Salzmann, Raymond de Carbonnières et bien d’autres. Il tente alors (1784) de conquérir le « système rectifié » de Willermoz ; en vain, car celui-ci reste sur ses gardes ; mais Cagliostro provoque par ses prodiges le comble de l’enthousiasme à la Loge de la Sagesse qui devient en cette occasion « La Sagesse Triomphante », la loge mère de son Rite égyptien, grâce à d’anciens vénérables lyonnais tels que Magneval et Saint-Costard.
La carrière de Cagliostro se poursuit, aussi haute en couleur, aussi incroyable qu’un roman romantique. Revenu à Paris, où il mène une existence fastueuse, il tente bien de s’imposer aux Philalèthes lors du convent de Paris (1785), mais sa faconde ne parvient pas à corriger aux yeux des députés la méfiance que leur inspirent son attitude hautaine et son omniscience de pacotille. Impliqué dans l’Affaire du collier de la reine mais innocenté (1786), il connaît alors sa plus belle heure de gloire. Cagliostro gagne ensuite l’Angleterre où il continue à s’occuper de son rite égyptien, puis se rend à Bâle (1787) où l’attendent Jacob Sarasin et de nombreux fidèles. Mais en 1788, il part pour l’Italie et tombe à Rome, aux mains de l’Inquisition (1789). Après un jugement absurde et cruel, on l’enferme dans un cachot où il meurt misérablement (1795).
Son rite égyptien, de même que tous ses projets d’organisation maçonnique, mérite d’intéresser l’historien de la théosophie. Cagliostro ne fut pas seulement un aventurier ; par sa conception de la chimie de l’observation de la nature, il prend place parmi les continuateurs de Paracelse, d’Agrippa et de tant d’autres. Si sa vie mouvementée a fait l’objet de nombreuses biographies et fournit à Dumas père l’un de ses meilleurs cycles
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romanesques (Joseph Balsamo, 1849), il convient maintenant d’étudier d’une façon précise les données symboliques de son système maçonnique.
(fin de citation)
Nous sommes loin, avec cet article intelligent et honnête, des calomnies mesquines de certaines autres publications et il faut en rendre hommage à la perspicace objectivité des collaborateurs de l’Encyclopédie Universalis.
Certes, ses pouvoirs intriguèrent et suscitèrent enthousiasme ou jalousie. L’Inquisition, toujours (hélas) égale à elle-même, cria à l’hérésie (ce qui semble être une qualité intrinsèque, d’ailleurs). Cagliostro s’expliquait ainsi :
« Je crois que l’homme, créé à l’image de Dieu, peut, par sa protection spéciale, parvenir à la connaissance et à la domination des Esprits, qui eux, procèdent d’un autre mode de création, parce que Jésus avant sa mort, nous a laissé et donné une vision béatifique comme en témoignent ses propres paroles : je vous ai donné la lumière qui m’a été donnée à moi-même… ».
Quant à cette autre opinion de Cagliostro, elle est en forme de prière et il est libre à chacun de la considérer comme telle :
« Aimez et adorez l’Eternel de tout votre coeur, chérissez et servez votre prochain en lui faisant tout le bien dont vous êtes capable, consultez votre conscience dans toutes vos actions. »
Tout l’amour évangélique se trouve dans ces quelques mots de celui que la monstrueuse machinerie inquisitoriale tenta en vain de détruire car son message est toujours vivant…
LES HERITIERS DE CAGLIOSTRO
En dehors des exemples italiens avec notamment la Loge de la Vigilanza, à l’Orient de Naples, qui fonctionna des décennies après la mort de Cagliostro, des liens analogues existèrent en France où d’anciens membres de la loge « La Sagesse Triomphante », créée par le Grand Cophte, fondèrent la loge Saint Napoléon de la Bonne Amitié qui se rallia en 1815, sous la conduite du vénérable Frédier Dubrel, au Rite de Misraïm.
D’autre part, les loges féminines annexées aux ateliers masculins du Rite de Misraïm pratiquèrent le Rite Egyptien d’adoption de Cagliostro.
Il n’en demeure pas moins incontestable pour quiconque est libre de ses opinions, que tant la personnalité que les idéaux du Grand Cophte, ont marqué à la fois la maçonnerie et les milieux fraternels jusqu’à notre époque.
Dans un remarquable mémoire universitaire, Gérard Galtier, précisa :
« Nous devons constater que la condamnation de Cagliostro par l’Inquisition romaine a d’une certaine manière symbolisé et matérialisé le meurtre rituel dont est victime le héros-fondateur dans tous les mythes initiatiques. Peut-être à cause de cet événement, à la fin du XVIII° siècle, la descendance spirituelle de Cagliostro, loin de disparaître, n’a fait que se
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multiplier, et les fils du grand initiateur, Maçons égyptiens et rosicruciens, n’ont cessé de développer, jusqu’à l’heure actuelle, des doctrines qui sont devenues parmi les principales composantes de l’occultisme moderne. »
Certes, la condamnation puis l’assassinat du « célèbre magicien » comme le nomme le prof. Aldo A. Mola, directeur du Centre italien pour l’Histoire de la Franc-Maçonnerie, n’a rien détruit de son idéal qui n’était, d’ailleurs, qu’un des maillons d’une antique chaîne universelle.
Avec lucidité, malgré l’emploi du conditionnel, Gérard Galtier ne manque pas de souligner :
« L’ésotérisme est un point qui permet de réconcilier les tendances les plus diverses, en prétendant dévoiler l’unité fondamentale qui se perpétue au-delà de la diversité des apparences extérieures. Ainsi le mouvement Rose-Croix peut-il tantôt se rapprocher du traditionalisme chrétien, tantôt de la théosophie, tantôt de la maçonnerie égyptienne. Et il n’y a rien d’anormal à ce qu’un Bricaud revête tour à tour sa chasuble d’évêque gnostique, puis son tablier de Grand Maître franc-maçon. En outre, les Initiés, qui seraient les seuls à percevoir l’unité sous-jacente à la diversité du monde de la manifestation, possèderaient un pouvoir spirituel les distinguant des profanes. »
Effectivement, il y a plusieurs constantes parmi les milieux rosicruciens, martinistes, maçonniques spiritualistes et similaires.
Le Sacramentaire du Rose+Croix résume ainsi la mission rosicrucienne : « Guérison aux malades, aide anonyme aux individus et aux sociétés humaines ou aux Etats lorsque leur cause est juste ; action politique tendant à l’établissement d’un vaste Etat universel, européen d’abord, puis mondial ; action religieuse tendant au retour à un christianisme plus pur, plus près de sa source, et surtout dépouillé de l’imagerie exotérique habituelle ; enfin, et par l’action des Frères de la Rose+Croix, réintégration de l’Homme et de la Nature entière, en son état primitif. Ce programme a été confié à des organisations moins mystérieuses, plus près du monde profane. Parmi ces mouvements initiatiques, nous citerons les plus connus : le Martinisme, la Franc-Maçonnerie. Si étrange que paraisse notre affirmation, les deux branches de la Franc-maçonnerie, rationaliste et spiritualiste, collaborent toutes deux à la réalisation du programme général des Rose+Croix, dans les plans politiques et sociologiques. Le Martiniste s’est vu confier une tâche particulière, plus occulte et plus ésotérique » (Sacramentaire du Rose+Croix).
Il n’en faut pas plus pour que d’aucuns que nous ne citerons pas, dans des ouvrages que nous ne ferons pas l’honneur de citer non plus, s’en prennent à quelques « serpents de mer » remis au goût du jour. Certes, rares sont ceux qui seraient encore assez tarés pour parler d’un « complot judéo-maçonnique ». Lui succèdent d’autres « complots » : mondialistes, européistes, et certes, …maçonniques. La calomnie restant en permanence l’arme des lâches, y compris dans le monde qui vit de sa plume…
Ce qui est cependant vrai, c’est que les « Initiés » oeuvrent aussi, naturellement et essentiellement, à une réintégration spirituelle qui implique la réunification de l’Humanité. Universalisme comme étape ultime, mais aussi souverainetés européenne, arabe, africaine, etc., sont des idées maîtresses des fils spirituels de Cagliostro qui lui même puisait à de plus antiques sources.
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Une tradition fait de Napoléon celui qui fut assisté par les R+C mais seulement jusqu’au moment où son idéal d’unité européenne fit place à une soif de pouvoir personnel et d’assujettissement de l’Europe à l’Empire français.
Héros de l’unité arabe, Gamal Abdel Nasser a été affilié à la Grande Loge de la Vallée du Nil, laquelle contribua grandement à la chute de la monarchie corrompue. Rien d’étonnant en cela puisque l’Emir Abd-el-kader fut lui-même maçon, initié en Syrie, et passe pour l’un des précurseurs du réveil arabe. Musulman, Abd-el-kader se fit le protecteur des chrétiens levantins.
Islam et Franc-maçonnerie ne sont nullement incompatibles bien qu’il se trouve de pseudo fondamentalistes pour l’affirmer (comme d’ailleurs, aussi, au sein des diverses églises chrétiennes).
En arabe farmassouniya, en turc franmasonluk et en persan faramouchkhana, la Franc-maçonnerie en terre d’Islam tire une part de ses origines de la rencontre historique entre les Templiers et les Ismaéliens, lesquels sont une tendance spécifique du schisme.
Toujours est-il que les pires ennemis arabes de la Franc-maçonnerie sont aussi les adversaires acharnés des « sectes » musulmanes non sunnites… Les « Frères Musulmans » distillèrent l’argument que l’Imam Khomeiny avait été initié à la maçonnerie persane (laquelle remontre structurellement au XIII° siècle), information reprise ipso facto dans certaine presse (*)
Les mêmes ne cessaient d’attaquer feu le président syrien Hafez el Assad, membre de la minorité alaouite, communauté ésotérique où les fêtes musulmanes se mêlent aux chrétiennes, suspect de faiblesse pour la Franc-maçonnerie. S’il est exact qu’il existe une maçonnerie syrienne (pluraliste sur le plan religieux) il est toujours délicat de faire la différence entre la réalité et la systématisation des propagandes. Cependant, il est exact que le frère du président syrien était à la tête d’une association dénommée « Les Chevaliers de la Montagne verte ». Certains y voient une « milice » mais d’autres, plus circonspects préfèreraient parler d’Ordre qui ne serait « militaire » qu’au sens où l’on définissait naguère les « ordres militaires et souverains » au sein du christianisme.
Au Liban, terre crucifiée par les intolérances religieuses et politiques, berceau du maître Khalil Gibran, existe une très respectable et puissante Grande Loge du Liban pour les Pays arabes travaillant au Rite Ecossais Ancien et Accepté et dont le Grand Maître, le Prof. Dr Kamal Honein Kattini, est aussi la plus haute autorité légitime de Memphis Misraïm. Cette loge, érigée en Loge-Mère, est remarquable pour son travail en faveur de la compréhension inter-religieuse. Elle bénéficia du haut patronage du frère Hussein, à savoir le roi de Jordanie, et recrute ses membres en milieux musulmans, arméniens, druzes et chrétiens de diverses confessions. Il semble qu’elle patronne discrètement des maçons et sympathisants disséminés dans certains pays musulmans où la maçonnerie reste interdite. Très proche des Palestiniens, cette Franc-maçonnerie arabe est donc très peu suspecte d’être au service du « sionisme mondial » (argument ressortant aussi quelquefois en milieu musulman contre les « fils de la Veuve » accusés de liens avec le sionisme).
(*) information malaisée à vérifier mais moins surprenante qu’on le croit : un des fils de l’Iman Khomény était Espérantiste.
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L’actuel Roi Abdallah II de Jordanie succéda à son défunt père non seulement au trône mais aussi entre l’Equerre et le Compas.
En fait, s’il existe une sorte de grand’oeuvre d’ordre socio-politique, il ne concerne que les points humanitaires énoncés et cités plus hauts. Pour le reste, une sorte de psychopathologie transforme la Franc-maçonnerie, les Rose-Croix ou les Martinistes et autres chevaliers de l’Humanité en archétype de l’Autre… L’Autre que l’on déteste évidemment et, à court d’arguments, on ressort le monstre du Loch Ness de la tranquille grotte lacustre où il dormait du sommeil du mythe. Ainsi, les milieux en question sont vus tour à tour à l’extrême gauche, à l’extrême droite, un jour valets du sionisme, le lendemain marionnette des nationalistes arabes, etc… le tout à l’avenant !
Si le ridicule avait encore la bonne idée de tuer… Ce qui est évident, c’est le rôle actif de frères ou initiés dans les grands évènements qui traversèrent la longue quête d’unité intrinsèque. Prenons le cas l’unité européenne par exemple.
Le comte Richard Coudenhove-Kalergi est l’un des fondateurs de l’Union Pan-Européenne. Dans son livre « J’ai choisi l’Europe », il se réfère à deux de ses options fondamentales : un « socialisme non matérialiste » et un « nouvel ordre du monde ». Dans ce même livre celui qui passe pour l’un des pères spirituels de l’union européenne définit comme suit le symbole qu’il adopta :
« La croix rouge du Moyen-Âge est le symbole le plus ancien d’une union européenne supernationale. Aujourd’hui elle est l’emblème de l’humanitarisme international (*). Le soleil figure l’esprit européen dont le rayonnement a éclairé le monde entier. La civilisation grecque et la civilisation chrétienne, la croix du Christ sur le soleil d’Apollon, forment le fondement durable de la culture européenne. »
Or, il s’avère que le même emblème est gravé sur la couverture du livre « The Rosicrucians, their Rites and Mysteries » publié en 1870, à Londres par Hardgrave Jennings. C’est un des emblèmes de la Grand-Maîtrise d’une des obédiences rosicruciennes. Le même symbole est aussi utilisé dans divers rites maçonniques… Rien d’étonnant puisque Richard Coudenhove-Kalrgi avait été reçu au sein de la Loge allemande Humanitas. Lui-même eurasien, de père européen et de mère japonaise, et sympathisant à l’idéal de la langue internationale Esperanto, Richard Coudebhove Kalergi était bien placé pour combattre les intolérances de toutes espèces !
En octobre 1926, lors du premier congrès de l’Union Pan-Européenne, divers portraits étaient à l’honneur dans la salle de conférence. Ils illustraient la multiplicité de la pensée européenne, riche de ses différences (comme aurait pu le dire Saint-Exupéry). Parmi ces portraits, notamment Comenius (Rose+Croix célèbre et évêque hussite), Emmanuel Kant (considéré comme un « maçon sans tablier » dans le Dictionnaire Universel de la Franc-Maçonnerie), Victor Hugo (que le Grand Orient du Mexique nomma membre d’honneur), Giuseppe Mazzini (un des pères de l’unité italienne et maçon célèbre).
(*) La Croix-Rouge fondée par le frère Henri Dunant n’est donc peut-être pas seulement le drapeau suisse inversé, même si elle n’était certes pas chez ce Genevois un symbole catholique.
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Aussitôt appuyé par les démocrates-chrétiens et les sociaux-démocrates de son époque, Richard Coudenhove Kalergi se retrouverait-il aujourd’hui dans l’actuelle Union Pan-Européenne dirigée par Otto de Habsbourg où pullulent les proches de l’Opus Dei et qui semble être un des bras séculiers de l’occulte Prieuré de Sion dont l’un des buts politiques est d’unifier l’Europe sous la direction politique des Habsbourgs. Une des facettes de la lutte continuelle et implacable entre le Prieuré de Sion et les fraternités johannites a-t-elle été la prise de contrôle de Pan Europa par la tendance en question ? Une réponse positive est envisageable…
Il n’en demeure pas moins que l’union européenne placée sous l’égide du Rose+Croix Comenius est d’excellente augure puisque les pères fondateurs de l’UNESCO désignèrent en ce brillant penseur tchèque un « ancêtre spirituel » de l’UNESCO et des Nations Unies.
Evêque hussite, Maçon et Rose+Croix, Comenius (1592-1670) avait déjà prôné l’unité européenne, une pédagogie internationale transculturelle, une langue internationale de communication. Michelet l’appelait le « Galilée de la pédagogie » et d’aucuns le désignent comme un des principaux envoyés comme tend à le prouver la théorie de la pan-sophia.
Le monde profane n’est pas et ne peut pas être étranger aux préoccupations spiritualistes. La plus grande figure martiniste et rosicrucienne contemporaine, à savoir le belge Armand Toussaint, qui transita à 100 ans, se plut, par exemple, à publier une synthèse d’Economie rationnelle et une autre de Démocratie naturelle. Celui qui fut un des maîtres sur le sentier, resta toute sa vie professionnelle un syndicaliste de gauche. Durant l’occupation, il fut, comme son homologue de l’époque Constant Chevillon, poursuivi par la Gestapo, mais il eut plus de chance que l’illustre frère français massacré par la milice de Vichy (avec semble-t-il l’aide de tenants de la « contre-initiation »).
Armand Toussaint (comme W.R.Chétteoui) fut un contemporain et une relation du fameux KH, à savoir Kut Humi Lal Singh, connu sous divers noms initiatiques, dont Om Cherenzi Lindi, lui aussi adepte de l’universalisme et d’une sorte de socialisme mystique et oecuménisme concret.
Comme Cagliostro, KH fut traité de charlatan, d’imposteur et d’autres adjectifs dont sont passés spécialistes certains plumitifs. En fait, ses écrits en témoignent, KH était un penseur d’avant-garde et nombre de ses idées sont aujourd’hui au programme des Nations Unies. Evidemment, sa mission de rapprocher les diverses tendances rosicruciennes ou maçonniques ne pouvait que déranger le vain appétit de pouvoir des roitelets de microcosmes pseudo-initatiques qui, hélas, foisonnent actuellement.
Est-ce un hasard, si les « écrivains officiels » (ou officieux) de certaines obédiences maçonniques s’accordent tous pour englober dans une même haine calomniatrice aussi bien Cagliostro que Steiner ou KH Lal Singh ? Poser la question est y répondre…
Nous ne pourrions pas décemment y voir les héritiers directs de Cagliostro, mais force nous est de constater que de nombreuses personnalités contemporaines furent comme lui, mais dans leurs sphères respectives, des précurseurs, des éveilleurs d’âmes, des êtres lumineux. Tous, furent de près ou de loin en relation avec le sentier de Lumière. Songeons à Alice et Foster Bailey, à Albert Schweitzer, à Jean XXIII, et à tant d’autres qui travaillent ou travaillèrent dans l’ombre en faveur du réveil spirituel de l’humanité, de la paix, de l’éducation transculturelle, de la protection de l’environnement, du respect animal, de
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l’épanouissement des médecines alternatives et autres buts dont aucun ne fut étranger à tous les missionnés de la Grande Fraternité…
Cagliostro, et il ne fut pas le seul, prédit le jour où la Rose refleurirait sur la Croix…
Cette floraison se passe sous nos yeux. Que ceux qui ont des yeux voient, écoutent et agissent en silence, car le bien ne fait pas de bruit. En effet, il dépend de chacun d’entre nous qu’une réelle efflorescence de roses rende hommage à la croix symbolique qui se profile pour le Troisième Millénaire !
CAGLIOSTRO REVOLUTIONNAIRE ?
Dans son livre « Les Mystères de la tradition maçonnique – Du temple de Salomon aux rituels secrets contemporains », Jérôme Pace évoque ce qu’il nomme l’affaire Cagliostro comme ayant eu une importance considérable sur la société française et ajoute : « elle prépara la Révolution ».
En fait, refusons d’emblée la théorie du « complot maçonnique » qui aurait fomenté délibérément la Révolution. Ce qui était peut-être vrai à l’époque de Garibaldi ne l’était pas avant 1789. L’on trouvait des frères maçons de diverses obédiences à la fois dans l’aristocratie et parmi les intellectuels encyclopédistes, dans les rangs de la Révolution et ceux des royalistes. La réalité est que les idéaux exotériques humanitaires de la spiritualité maçonnique, elle même plongeant ses racines dans la nuit des temps primordiaux et la pureté ésotérique gnostique, devaient inévitablement déboucher sur une réflexion, puis une remise en cause de la société d’avant 1789 ; celle des privilèges absurdes, du cléricalisme stérile, de la corruption généralisée…
Louis-Claude de Saint-Martin attribuait déjà à l’Ordre Maçonnique la mission de préparer la réconciliation de l’humanité avec elle-même afin de sauver la planète en lutte pour son ultime survie. A voir le conformisme de certaines obédiences, le folklore d’autres et la stérilité palinodique de divers milieux peu ou prou occultistes, on a de la peine à voir en eux le creuset de l’humanité de demain et de la sauvegarde du monde. Par contre, Saint-Martin comme Cagliostro et comme plus tard K.H., prônaient le retour de la maçonnerie à ses origines spiritualistes intrinsèques. Ce retour sur soi-même (étymologiquement une « révolution ») doit déclencher par un processus naturel une « ré-évolution », donc, sur le plan profane, une révolution. Mais il est évidemment exclu d’accuser les milieux concernés d’attiser la violence ou le sectarisme, tous deux le fait d’égarés !
Le retour aux valeurs intrinsèques de la maçonnerie n’implique pas le respect de « régularités » qui ont tôt fait de devenir le prétexte à des bureaucraties intolérantes jetant l’exclusivisme comme d’autres les excommunications. Il s’agit du retour à des principes tels celui des Constitutions d’Anderson (Londres 1723) qui, avant tout, précisaient qu’un maçon « ne sera jamais un athée stupide ni un libertin irréligieux ». De même, le maçon doit être « libre et de bonnes moeurs ». Cette dernière exigence peut faire l’objet de définitions très largement diversifiées. Certes la tolérance et la compréhension sont de mise. Mais il est évidemment exclu d’accepter que des maçons dignes de ce nom se livrent à des turpitudes, à la corruption ou à des moeurs dépravées. Un maçon doit être tolérant et refuser, par exemple, qu’une personne soit persécutée ou l’objet d’interdits sociaux de par ses moeurs. Il doit comprendre, ce qui ne veut dire ni accepter ni encourager… Ainsi, il y a une différence évidente entre d’une part refuser que les homosexuels soient persécutés, d’autre part les
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encourager à se croire une élite marginale ou, même, les admettre dans des Loges ou fraternités spiritualistes. S’il est exact que des homosexuels parviennent à s’infiltrer dans des obédiences maçonniques ou chevaleresques et tentent d’y trouver une reconnaissance sociale ou une protection politique, il n’en demeure pas moins que leur présence y est contraire aux principes mêmes de la maçonnerie et du spiritualisme ésotérique.
Les accusations sur les moeurs des Templiers sont de l’arsenal de leurs ennemis, de même que les calomnies sur les soi-disant initiations sexuelles dans les loges féminines ou mixtes des rites de Cagliostro. Le Grand Cophte était trop empreint d’intégrité maçonnique pour se prêter à de semblables fantaisies et, rappelons-le, que des obédiences protestantes très strictes sur la morale lui aient demandé son aval initiatique, suffit à annihiler toutes allusions de ce genre.
Bien que s’éloignant de notre propre analyse sur divers points, l’opinion de Jérôme Pace sur Cagliostro ne maque pas d’un intérêt certain. Parlant de la mission du Grand Cophte, il écrit :
« Il fit le bien autour de lui, secourant les nécessiteux et les persuadant que des temps meilleurs allaient arriver (parlait-il de la Révolution ?). »
Mais sur cet aspect révolutionnaire de la mission de Cagliostro, le même auteur ajoute pertinemment :
« Certes, Cagliostro voulait des changements, comme toute la Franc-maçonnerie d’ailleurs. Certes les Supérieurs Inconnus avaient créé l’Ordre Maçonnique pour qu’il prépare les temps nouveaux où les privilèges seraient abolis, où l’égalité serait inscrite dans la loi, où la liberté serait une réalité, où la fraternité rentrerait un peu dans les moeurs. Et de ce point de vue, ils avaient préparé la Révolution et peut-être la prise de la Bastille et la nuit du 4 août où l’Assemblée Nationale, toutes classes réunies, vota dans l’enthousiasme l’abolition des privilèges et des passe-droits, mais nullement un bain de sang. Vouloir les accuser d’avoir poussé le roi à la guillotine est abusif pour le moins, sinon malveillant. Faire de Cagliostro un bouc émissaire, comme le fit le pape qui le captura, l’enferma dans un cachot et finit par le faire assassiner, est une injustice. La franc-maçonnerie ne voulait pas de bain de sang. Elle disparut aussitôt les premiers excès révolutionnaires commis. Les Supérieurs Inconnus entrèrent de nouveau dans leur retraite. Ils attendirent des temps meilleurs, qui n’allaient pas tarder, où la démocratie et l’humanité allaient de nouveau régner. »
L’infâme procès contre Cagliostro, ourdi par le papisme, voulait surtout tenter de donner le coup de grâce à la Maçonnerie italienne suspectée d’idées génératrices de subversion par les absolutismes de l’époque. Ainsi le professeur Aldo A. Mola, directeur du Centre Italien pour l’Histoire de la Franc-maçonnerie, précise que même « l’arrestation et le procès de Cagliostro, puis la condamnation du célèbre magicien au cachot de la forteresse de Saint-Léon, mirent fin à la vie de la Réunion des amis Sincères, loge avec laquelle plus de cent frères, surtout étrangers et aristocrates, avaient entretenu des relations fraternelles. »
Faire de Cagliostro un théoricien ou un idéologue révolutionnaire serait certes une erreur d’analyse. Mais il est évident que son spiritualisme humanitaire, sa compassion pour le genre humain et son respect pour les droits de l’homme, son dévouement philanthropique
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aussi, devaient inévitablement le ranger dans les rangs de ceux qui voulaient un changement, une alternative comme l’on dirait aujourd’hui…
Or, vouloir un changement ne signifie pas provoquer un bouleversement nécessairement violent. Mais si les forces négatives ou statiques se refusent à une évolution en douceur et, donc aux réformes radicales qui s’imposent au bon sens, il est inévitable que le changement se fera tout de même, mais d’une manière plus vigoureuse… A qui la faute ?
Actuellement, les Nations Unies, l’UNESCO et diverses grandes organisations internationales développent un nouvel esprit qui, consciemment ou non, va dans le sens de l’aube du Troisième Millénaire. Membres de fraternités initiatiques, certains penseurs contemporains ont dans leurs écrits jeté les bases du Nouvel Ordre Mondial que l’ONU et l’UNESCO s’attachent à construire de nos jours. Pensons, entre autres, à Alice Bailey, Léon Tolstoï, Albert Schweitzer, Khalil Gibran, K.H., Zamenhov ou Roerich, notamment chez qui, respectivement, l’on trouve en gestation les notions actuelles d’oecuménisme, du nouvel ordre écologique international et du respect de la co-création, du nouvel ordre mondial de l’information et de la communication, ainsi que de la nécessaire éducation transculturelle et de la pédagogie de la paix. Ces deux dernières données étaient les piliers de l’oeuvre de Comenius dont le 400ème anniversaire de la mort, soit 1992, coïncide avec une nouvelle étape de l’unification européenne qui déjà avait les faveurs de l’illustre évêque morave et frère de la Rose-Croix. Un clin d’oeil de l’histoire ?
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Toutefois, les idées présentées dans ces monographies sont celles de leurs auteurs, idées qu’ils se sont forgées à partir de leur interprétation personnelle des enseignements ésotériques ou bien d’expériences spirituelles diverses. Elles n’engagent donc en aucune manière l’association ALPHA, dont l’enseignement non dogmatique et non religieux, est délivré uniquement dans ses “Cours de Sciences Psychiques.”
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