Notre époque est celle des incertitudes sur nombre de sujets et nous sommes de plus en plus à percevoir que nos sociétés progressistes sonnent le glas quant au promesses qui furent les leurs. Nous assistons à une danse macabre en laquelle telles des
Il existe tant d'ouvrages historiques sur la cathédrale de Chartres qu'il ne semble pas possible d'en dire plus sur ce sujet... Il sera donc inutile de reprendre, en détails, la chronologie de cet édifice du haut esprit. Inutile aussi de parcourir toutes les thèses, et hypothèses, concernant l'ésotérisme de cette cathédrale... elles sont toutes défendues avec ardeur, force, et précision par leurs auteurs et en choisir une correspondrait à ouvrir les portes de la contestation, et ce n'est surtout pas notre rôle.
Nous allons nous attarder, au cours de cette trop brève visite, surtout sur ce que le touriste, le "curieux de nature", le chercheur d'absolu ne saura pas, ou très peu , et qui lui est pourtant livré à sa libre réflexion.
En effet une cathédrale quelle qu'elle soit, où qu'elle soit, est avant tout une somme d'informations "livrées" à celui, à celle, qui y vient quérir la "connaissance" de l'Esprit... sous toutes ses formes.
Nous avons, dans la phrase précédente choisi le terme "livrées". Ce dernier mot, ici, entre tout à fait dans l'usage de la langue des Gouliards, c'est à dire l'utilisation des mots à différents degrés selon le niveau des informations à échanger.
* Premier niveau. "livrées". Une sommes de données livrées. Du sens "apporter" à celui qui est en l'attente.
* Second niveau. "livrées". C'est sans doutes ce sens qui apparaît comme le plus important dans la cathédrale et voulu par les constructeurs initiés au Grand Art. Reprenons la réalité des faits: à l'époque du grand essor des cathédrales gothiques, une minorité de personnes savent lire et encore moins écrire. C'est pourtant à cette époque que naît le courant de recherche d'absolu sur les plans Spirituel, Sacré et Hermétique... Ne pas savoir lire ne signifie surtout pas l'incompréhension, la sottise et la stupidité. Ce serait plutôt le contraire dans bien des cas. Aussi, les commanditaires (maîtres d'ouvrages) et les réalisateurs (maîtres duvres) ne s'y trompèrent jamais et mirent à la disposition de tout un chacun un ensemble complet de connaissances et d'informations accessibles à celui qui s'en donnerait la peine selon le vieil adage "aides-toi et le ciel t'aidera"!
Et la cathédrale sera un fabuleux et Sacré livre ouvert au delà de tous clivages, toutes langues, opinions et toutes différences. Une Langue Universelle avant la lettre si on peut s'exprimer ainsi! Un livre dont chaque lecteur parcourt les pages de fine pierre au gré de ses besoins, un livre livré à une nouvelle soif de savoir hermétique, un livre venu du fond des âges et qui aurait pour sous-titre: Tradition Universelle.
* Troisième niveau: "livrées". Ici nous entrons dans le saint des saint de la Langue Oiselée. Le moment précieux et sublime ou le mot devient Verbe, ou l'accessible ouvre sur l'inaccessible, l'instant ou la règle droite devient vision de l'Esprit. Le livre, et de fait son contenu, étanche la soif de "l'îvre" de connaissance. Mais aussi nous sommes confortés simultanément qu'il est indispensable, selon la teinte de sa propre queste, de nuancer le bon grain de "livraie"... et nous rappelle que ce qui est bon pour l'un ne l'est pas forcément pour l'autre. C'est ce que l'on trouve au lexique de pierre à la rubrique Tolérance!
En un mot la cathédrale est le livre sans limite, sans frontière, sans barrage pour celui qui saura Voire même si ses yeux ne voient plus avec ses sens! Au niveau du Savoir, Chartres saura être à sa propre hauteur et donnera naissance à l'une des plus célèbres écoles pré-universitaires la plus réputée de toutes.
Donc nous feuilletterons seulement quelques pages et nous les survolerons seulement en diagonale comme l'impose la tradition du tracé hermétique.
Nous commencerons par l'extérieur et ne retiendrons seulement que 'l'ange du temps' et 'l'âne qui vielle'. Le reste des façades extérieur est largement et avantageusement expliqué dans de nombreux ouvrages.
Cet aspect de la réalité symbolique nous est rappelé par 'l'Ange du Temps' (qui n'existe pas pour l'Humanité, quoiqu'on en pense et utilise ce terme entré dans nos habitudes de langage !) nous montrant que seule la durée est notre dimension humaine... A ceci s'ajoute logiquement l'espace du son né de la vibration et du volume sous la forme d'une musique inconnue et incomprise au travers de " l'âne qui vielle"...
L'ANGE SOLAIRE
- Tout d'abord il s'agit plutôt d'un archange qui nous présent un cadran solaire. Il est la dualité même. Son titre et sa fonction sont éternelles et universelles. Il est le temps divin et sacré.
Il nous montre l'accès du profane par le droit fil de la durée, seule et unique dimension de l'humanité, l'opposant à l'éternité et au sacré dont il se veut issu. Le temps et la durée présentés par l'archange ressemblent fort à une coquille Saint-Jacques inversée sur laquelle s'inscrivent en chiffres, nombres... lumières, ombres, gérant et générant l'ensemble de nos données. Enfin ces dimensions chronologiques sont réglées par une horizontale engendrant la division ultime en douze espaces et treize limites! Et le maître de cet espace enfin compté déploie ses ailes, et ses plumes, pour une envole cosmique à laquelle il convie le lecteur. Notons enfin que seule une des jambes de l'archange (la droite) reçoit le voilage gothique.
Le symbolisme de cet animal mériterait à lui seul un article complet. Nous retiendrons seulement l'aspect lunaire et docile. Nous déplorerons cependant qu'il soit devenu, hélas, la matérialisation de la stupidité et de l'ignorance. Ne faut-il pas plutôt y voire la dégradation lente de l'innocence et par là: la pureté? Cet aspect négatif n'est peut-être que le fait de ceux qui voulaient la connaissance pour leur seul profit?
Ici l'animal quitte son état (horizontal) au profit d'un état évolué (vertical), nous donnant ainsi le schéma de la possible "évolution".
Remarquons, à présent, l'instrument appelé "vielle": il s'agirait plutôt d'une sorte de petite harpe. Cette dernière est en arc de cercle et même en un demi-cercle de la proportion du cadran solaire de l'archange du Temps. Analogie encore entre le son (musique) harmonieux et les grandes oreilles, propres à l'âne, seules capables de bien percevoir la modulation d'harmonie comme deux colonnes réceptives et s'ancrant sur l'entendement ?.. Dualité, peut-être, montrant que l'âne ne sait que 'braire' pour accompagné la divinité d'une musique céleste ?.. Ou encore cette représentation ne symboliserait elle pas la possibilité d'une évolution, ou progression, dont nous aurions à présent perdu l'essentiel du processus ? Nous noterons en effet que la harpe, surtout sous cette forme, étaient l'instrument sacré privilégié des Bardes et des Druides dont les sons permettaient le contrôle des éléments, des Divinités et... des hommes !
L'instrument maintenu vertical est à cordes. Si l'on prend soin de les compter nous en trouvons cinq. Il n'y aura rien d'étonnant car la musique médiévale se déroule sur seulement cinq notes. Ce système musical est dit "gamme de Pythagore"!!! Rappelons, à ce propos, qu'il faudra attendre la Renaissance pour que la gamme musicale de cinq notes passe à sept notes et donnera une plus grande souplesse à la musique. Le symbolisme du passage de 5 à 7 notes musicales représentant le cheminement de l'Orient à l'Occident n'échappera évidemment à personne.
De plus les initiés constructeurs et sculpteurs ne feront pas vieller l'âne n'importe où... mais bien au seuil de la porte hermétique des morts (étrange ouverture qui, dès sa construction, est aussitôt obstruée et occultée afin de ne servir qu'au seul usage des Esprits défunts). Sur ce registre il suffit d'un anagramme sur une lettre (le i) pour que l'âne ait, au moment précis de l'ultime initiation qu'est la Mort, la double fonction de 'VEILLER' puis 'VIELLER' afin d'accompagner, peut-être, par les dernières vibrations "musicales" d'un air qui s'achève, le dernier souffle de l'Humain abandonnant nos 'Espace et Temps' pour des sphères plus Universelles... C'est une possibilité non négligeable si l'on observe que cette 'Porte des Morts' est construite à trois arceaux romans dégressifs de décharge marquant le passage des trois états à l'éternel universel insondable: le mur infranchissable et matériel.
Enfin l'animal est soutenu par une créature grotesque lui-même porté par une représentation humaine supportant l'ensemble de la sculpture. Les trois "créatures" représentent ici les trois états nécessaires à l'évolution cosmique.
L'histoire de la cathédrale de Chartres est assez floue en ce qui concerne ses premières origines. Il est question de deux destructions de cet édifice aux époques romanes.
L' 'Ecole de Chartres' fut fondée en 990 par Fulbert. Ce dernier deviendra plus tard le pape Sylvestre II. Sous son épiscopat un incendie détruit la cathédrale carolingienne le 7 sept. 1020. Grâce à l'impulsion de Sylvestre II l'édifice sera reconstruit plus vaste, plus imposant et de style gothique.
1134. Nouvel incendie qui ravage le coté occidental, le porche et la tour de la flèche. C'est en 1170 que la seconde tour "du clocher" sera édifiée. A cette époque le portail royal est achevé.
1194. Le 10 juin du gigantesque incendie ne restera de la basilique de Fulbert que la nouvelle façade, les tours et les cryptes. La reconstruction, cette même année donnera lieu à un pèlerinage célèbre.
Les plus anciens vitraux et les rosaces remontent aux XIIe et XXIIIe S., quand aux verrières de la chapelle axiale, elles datent du XIXe S.
Chartres est probablement un des plus anciens lieux de pèlerinage chrétien de notre pays. Depuis la première implantation de l'Eglise sur le lieu le culte et la dédicace marial sont reconnu d'une manière qui semble évidente et logique... comme s'il ne pouvait en être autrement. La dédicace à Marie est certaine dès le VIIIe S. selon les manuscrit relatant un don de Pépin en 768.. 'l'église Ste Marie-de-Chartres...'.
Le pèlerinage sera établi dès le XIIe S. de façon régulière, et se poursuivra activement jusqu'à nos jours.
Les écrits sur le propos des trois "Notre-Dame" de la cathédrale font état de "Nostre-Dame-de-Sous-Terre", "Notre-Dame-du-pilier" et de "Notre-Dame-de-la-Belle-Verrière". Nous choisirons de prendre cette habituelle chronologie à contre-courant. Ainsi nous irons du haut en bas, en passant par le pilier, et de la clarté lumineuse de la connaissance à la pénombre sombre de l'initiation. .
Il s'agit de la représentation d'une "Notre-Dame" sur une verrière du côté sud du choeur. Le nom de ce vitrail sous ce vocable apparaît déjà au XIe S. Viollet-le-Duc et Westlake la situent du XIIIe S., mais une charte de 1137 en fait mention de manière assez détaillé. C'est là, sans doute, une des plus anciennes représentations de Notre-Dame en vitrail de ce style.
La tradition veut que la confection du verre utilisé pour le fond rouge du vitrail ait été confié à un maître verrier venu d'Auvergne, un certain Rumoragya. Ce dernier, aurait fait appel à une technique très particulière dite 'clote' et qui consiste, pour obtenir la teinte ce rouge très dense, à n'utiliser qu'une "brioche" de verre de base noir opaque et une portion d'or dit "fusible" extrêmement pur... Seule à cette époque cette maîtrise pouvait donner le rouge "sang".
Cette seconde statue dite "Vierge Noire" est intéressante à plus d'un point.
Son appellation 'du pilier': aucun auteur ne mentionne que ce pilier est en résonance avec un autre pilier de la cathédrale... ce qui permettait en frappant faiblement sur la base de la pile, de faire porter ce signal sonore sur l'autre pile distante de près de cinquante mètres. Ce phénomène se retrouve dans les cathédrales de Lyon et de Vienne et pour l'astucieux système de confession de la Chaise Dieu.
Si l'attitude de cette vierge l'apparenterait au XIIe S., les inscriptions qui l'ornent la situeraient de la renaissance. Pour Rouliard elle est du XVIe S. et pour le chanoine Estienne il est question, documents à l'appui, d'un rapport de mai 1220 qui en fait déjà état. Cette Notre-Dame est dite "du pilier" dès la disparition du jubé en 1757. Depuis cette époque la statue est appuyé contre la "pile sonore".
Cette représentation mariale faisait l'objet d'une dévotion extraordinaire. Les pèlerins y venaient implorer leur guérison ou se mettre sous sa protection avant de partir en guerre. De nombreux ex-votos témoignaient de cette foi.
Devant la "Vierge-Noire" les chartrains, tous les ans, déposaient une "chandelle de deux cent livres dont la longueur correspondait à celle des remparts de la ville..." mettant ainsi toute l'enceinte de la cité sous la protection mariale.
La statue devra de ne pas être détruite à la révolution, qu'au seul fait d'avoir été remplacée en 1791 par la Notre-Dame-de-Sous-Terre dont l'accès à sa crypte venait d'être interdit par une décision révolutionnaire. Ce sera donc cette vierge de "sous-Terre" qui sera livrée aux flammes en lieu et place de Notre-Dame-du-Pilier. Cette dernière reprendra sa place en 1855 lors de cérémonie fabuleuse de son couronnement. C'est ainsi que l'on peut la contempler encore aujourd'hui.
De nombreux historiens supposent, avec raison, un culte à Chartes en l'honneur d'une "vierge Noire" extrêmement ancienne remontant aux époques druidiques.
Rouliard et Challene mentionnent une statue de ce type "cent ans avant la naissance de Nostre Seigneur" . Savard en 1664 situe le fait 200 ans avant la naissance de Marie (?). Le chanoine Estienne: "les lieux où les druides faisaient leurs sacrifices" , pour ce dernier la vierge noire est située 400 ans avant l'existence de Marie (?)...
Même si l'on taille la part du légendaire la réalité est difficile à masquer... et Notre-Dame-Sous-Terre sera intitulée dès les premiers écrits "Virgini Pariturae" soit: "La Vierge qui enfante". Nous retiendrons qu'un ancien peuple (les Carnutes) vouait ici un culte antique à une Notre-Dame. L'endroit appelé "Lieu Fort" outre une sorte de cavité comprenait un puits profond de... 33 mètres!
La tradition rapporte que ce puits était sacré. Ce dernier attirait indigents et pèlerins atteint du mal des ardents. L'eau du puits était réputée redonner force et guérison du corps et de l'âme.
Le culte à cette Notre-Dame s'achèvera lamentablement avec l'interdiction d'accès à la crypte le lendemain de Noël 1790. En juillet 1791 L'évêque constitutionnel Bonnet, pour maintenir le culte fera placer la statue à la place de celle du "Pilier" à savoir: la pile nord-ouest du transept. C'est là, le 16 novembre 1793, qu'elle sera 'jetée bas' et les morceaux détruits par le feu... L'une des vierges noires sauvera l'autre grâce au curieux, mais logique, cheminement hermétique du "monter-descendre" par le canal d'un pilier que nous savons "sonore". Ceci, d'ailleurs, nous ramène étrangement à l'archange du Temps et à l'âne de l'Espace. Rappelons pour conclure que ce pilier s'ancre dans l'antique sous-sol de l'ancienne basilique de l'évêque Fulbert et que ce dernier fut sauvé de la contagion mortelle par le miracle de la vierge lui "giclant" son lait maternel!!! Ce miracle nous remémore forcément un autre saint s'abreuvant lui aussi aux sources des mêmes ancestrales traditions...
Chartres possédait un autre élément marial totalement oublié de tous les chercheurs... et notre surprise ira grandissante en constatant qu'aujourd'hui encore une découverte de cet ordre reste curieusement "occultée" et méprisée des 'ténors', largement habitués à ce genre de constat... Il nous semble, à ce propos, inexplicable que peu de chercheurs fassent mention de cette particularité picturale quasiment unique en son genre, du moins à notre connaissance. En effet, face à l'avalanche d'écrits concernant la cathédrale de Chartres, des plus fantaisistes (effet lumineux, tellurique, cosmique, labyrinthe, et tant d'autres...) au plus scientifiques il nous semblerait faire injure en supposant que ces 'détails' symboliques ou hermétiques aient pu échapper à la perspicacité d 'observateurs capables d'en discerner des moindres et moins évidents... Si c'est une volonté délibérée et commune à tant d'écrivains il serait indispensable, en ce cas qu'ils veuillent nous en donner les raisons profondes... Ce qui à ce jour semble être une autre histoire.
Il s'agit d'une peinture murale, remise à jour en 1976 (!!!) dans la crypte de Nostre-Dame-de-Sous-Terre, de 5,25m x 2,60m. Son aspect "byzantin" la daterait du XIIe S. environ:
Une vierge en majesté avec sur ses genoux l'enfant Jésus, aussi en majesté, nimbé et qui béni de la main droite tandis qu'il tient à gauche un personnage par la main. Remarquons que cette posture est, pour le moins, très inhabituelle.
Mais une autre surprise de taille nous attend sur cette peinture:
Observons les deux personnages principaux:
1)faisons abstraction du décor, et ne conservons que les têtes de la Vierge et de l'enfant avec les détails vestimentaires de Notre-Dame à son encolure.
2)à présent ne conservons uniquement la tête nimbée de l'enfant Jésus et, au dessus de cette dernière, les plis du vêtement à hauteur du cou de Notre-Dame. Enfin effaçons le cou et le visage féminin.
3)il nous reste: un visage d'enfant avec une coiffure de cheveux du type égyptien s'ils étaient noir... surmonté de deux paires de cornes: l'une solaire et l'autre lunaire!
Nous voici, tout à coup, plongés en plein mithraïsme. Mithra et son culte du taureau. Du taureau? et voici le circuit fermé. En effet le taureau zodiacal est célébré au mois de mai... mois de Marie par excellence dans la grande tradition. On comprend maintenant un peu mieux le silence inquiet et discret qui entoure cette découverte qui atteste là d'un travail d'initié de très haut niveau. Ce détail "oublié" est le lien qui pourrait bien indiscutablement relier Chartres aux antiques traditions et par là même l'Orient à l'Occident ( comme la gamme de musique 5 à 7 de l'Ane qui vielle !) dans un témoignage qui se passe avantageusement du bain de sang traditionnel (si ce n'est celui du baptême de Mithra) et autres réjouissance de même ton...
Bien des rois de France se rendirent à la cathédrale de Chartres: St Louis, Philippe 1er, Philippe Auguste, Philippe le Bel, Philippe V. Mais ce sera Henri IV qui se fera couronné à Chartres en raison du fait que Reims était occupé par les armées de Mayenne... Ainsi la Sainte Ampoule était inaccessible et le sacre royal impossible. C'est alors qu'une "Ampoule de secours" détenue par l'église de Manautier fut apportée à Chartres afin que l'onction Sainte sacralisant le roi, selon la tradition, puisse avoir lieu...
Dans la cathédrale il nous faut retourner aux verrières et vitraux. Rappelons aussi que la lecture d'un vitrail "historié" se fait de bas en haut et de la gauche vers la droite.
En partant du portail Royal, la verrière n°37 relate la légende de St Jacques le Majeur. C'est ici que venaient se recueillir les pèlerins Jacquaires avant d'entreprendre, ou reprendre, leur route étoilée... Ils y "lisaient" la vie de celui pour qui ils ouvraient leur chemin. La lecture se poursuivait par la verrière suivant, n°38: Histoire de Charlemagne: les scènes n°8: l'empereur regardant les étoiles de la voix lactée; n°9: départ de l'empereur avec ses troupes; n°10: apparition de St Jacques devant Charlemagne...
Chartres, dès 1194, sera le départ de l'art Gothique qui s'ouvrira ensuite et fleurira de ses roses de lumière sur toute la France.
Le maître en architecture de Fulbert, Bérenger, portait déjà le titre 'd'Artifex Bonus'. C'est sur le chantier de Chartres en 1194, et sur l'impulsion de deux ordres, l'un de moines soldats, l'autre dit des "Gouliards", que pour la première fois il y aura fusion des guildes de pèlerins et des ouvriers constructeurs maçons... et naîtront, sous le signe Marial, les premières confréries de bâtisseurs.
- On peut voir, dans le trésor de Chartres, la châsse des reliques de St Piat. Autrefois elles étaient utilisées pour provoquer l'arrêt de la pluie. Mais Chartres possédait aussi l'antidote sous la forme d'autres reliques...
- Les restes reliquaires de St Taurin (faut-il aussi "entendre" Taureau?) étaient fort utiles, lors des sécheresses insistantes, pour provoquer la pluie salvatrice...
- Les "Fers de St Léonard" passés sur une tringle sont déposés dans la chapelle de l'Hôtel Dieu. Les enfants malingres, chétifs ou éprouvant des difficultés à marcher étaient conduits, le jour de la fête de St Léonard, devant les reliques. Durant cette cérémonie les "fers" étaient frottés sur les membres affaiblis. La traditions assure de nombreux succès et miracles opérés par les "Saints Fers". Pour information: La forme des fers est similaire aux traces oxydées laissées dans le tombeau de Sainte Reine par ses entraves de fer. Ces traces étaient réputées pour les mêmes effets miraculeux.
- Mais aussi, et surtout, le voile, ou la tunique, porté par Marie au moment de la visite de l'ange. Nicéphe Calixte ajoute que la vierge aurait conservé sur elle ce vêtement "pendant tout le temps que le fils de Dieu demeura renfermé dans ses chastes entrailles".
Vers 911, Rollon à la tête de ses normands assiège Chartres. Les défenseurs de la ville épuisés de repousser les assauts sont sur le point de succomber. C'est alors que l'évêque Gosseaume brandissant la "Ste Tunique de Notre-Dame" s'avança sur les assiégeants. Rollon prit d'une sainte terreur, à la vue du vêtement, se replia en grand désordre. La légende assure qu'il ne s'arrêta qu'à Rouen, juste le temps de réembarquer sur ses embarcations avec ses troupes affolées.
- Outre les pèlerins de St Jacques, que nous avons déjà rencontré, les pèlerinages aux vierges noires de Chartres avaient lieu les 8 et 15 septembre et aussi le 8 décembre. A ces dates des milliers de pèlerins participaient à la déambulation sacrée.
- N'oublions pas, non plus, que Chartres possède encore son labyrinthe. Ce dernier fera l'objet d'un autre article. Cependant il est utile d'en faire état. Si nous en admettons totalement l'aspect hermétique, sacré et symbolique, nous devons remettre une donnée au point:
Ce labyrinthe avait pour noms: le chemin de Jérusalem, le Dédale, la Lieue, le Chemin de la Dame... C'est peut-être le plus grand cheminement de France car il mesure 161,50m en déroulé.
"Le chemin de Jérusalem" devait son nom au fait que le pénitent, qui pour des raisons matérielles ne pouvait se rendre à Jérusalem, pouvait le parcourir un certain nombre de fois en lieu et place du Grand pèlerinage expiatoire.
Le sens de "la Lieue" ne correspond pas à la distance d'environ 4 km... mais au temps mis pour parcourir le labyrinthe à genoux. La durée du trajet était égale, dans ces conditions, au temps mis pour franchir une lieue en marchant à vitesse normale soit une heure environ!
Si les autres appellations sont logiques, que penser de celle ou intervient une Dame? Peu d'ouvrages mentionne que trois fois l'an la Vierge Noire de "Sous Terre" était sortie de la crypte puis portée à dos d'homme jusqu'au centre par un ou plusieurs pèlerins désignés d'une façon et pour des raisons précises...
Quand à l'appellation "Labyrinthe de plomb" son sens semble extrêmement difficile à obtenir. Les rares "chercheurs" qui en détiennent la raison ne souhaitent pas la donner...
- Pèlerinages des étudiants de Paris.
Le premier pèlerinage fut celui de Charles Péguy, le 14 juin 1912, suite à un voeu personnel qui le conduisit, à pieds, de Paris à Chartres... D'autres suivront très vite jusqu'à Jean Aubonnet qui, en 1935, officialise le pèlerinage des étudiants de Paris. Ce sera un mouvement extraordinairement fort qui se produira à une époque ou les pèlerinages se raréfient. De 30 participants en 1936 il passera à 10.000 en 1955, et plus de 15.000 en 1969...
Cette marche a lieu à la Pentecôte, demande deux jours de marche, et nécessite le tracé de "chemins" selon une méthode identique à celle obligée pour Compostelle.
- Les Saintes Maries de la Mer à Chartres?
Pour conclure ce chapitre, n'oublions pas le très insolite pèlerinage faisant état des Stes Maries de la Mer. Ce dernier est très peu cité, et on est en droit de se demander la raison de ce silence.
Le culte aux trois Maries débarquant en Camargue s'est déplacé jusqu'à Chartres. La cathédrale, autrefois, possédait un autel sous leur vocable. La fontaine de Méreglise s'appelait "Fontaine des 3 Maries". Elles étaient aussi patronnes de la chapelle de Montsurs, et celle de Pezy possédait leur antique représentation. Cependant le pèlerinage le plus important et le plus curieux se déroulait à 10 km de Chartres, à Mignères, le 22 mai pour la Ste Marie-Jacobé, le 22 juillet pour la Ste Marie-Madeleine et enfin le 22 octobre pour célébrer Ste Marie-Salomé... Nous notons l'insistance du nombre 22 pour ces fêtes. Faut-il y trouver le symbolisme des 22 lettres de la Kabbale, des arcanes majeures du Tarot, des 22 chapitres de l'Apocalypse de St Jean ou le 'symbole de toutes les formes naturelles et de toutes l'histoire de la créature' ? Autour de la chapelle des "trois Maries" pour cette occasion, la déambulation devient une véritable empoignade. Les pèlerins se doivent, durant les trois tours de cette chapelle, de passer trois fois sous la châsse en déambulation... et aucun d'eux ne voulait manquer ce rituel oublié qui leur garantissait longévité et bonheur...
Ce travail n'est qu'un trop bref survol des "trésors" de la cathédrale de Chartres... Nous n'avons pas pu ni détailler ni tout explorer. Mais le but réel de ces lignes est avant tout de donner aux lecteurs l'envie de se rendre sur place, d'y vérifier nos dires et de visiter, dans le respect du lieu, les moindres détails qui les attendent encore au détour de l'ombre et de la clarté de cet édifice merveilleux... et de découvrir tout ce que nous n'avons pas pu, ou su, découvrir ou interpréter convenablement...
André Douzet
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