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Cest un lieu unique où nous pouvons rencontrer, connaître, apprécier, aimer
des femmes et des hommes que nous naurions jamais pu côtoyer ailleurs.
Cest un lieu unique où les idées peuvent séchanger avec méthode, respect et harmonie.
Cest un lieu unique où différence rime avec complémentarité, où opposition rime avec enrichissement
Cest un lieu unique où lon na rien à prouver mais tout à recevoir, où lon peut expérimenter sans risquer.
Cest un lieu unique dapprentissage de soi, des autres, de la vie, de la mort
si on ny recherche rien on ny trouvera tout.
Symbole, découverte et connaissance
Lobjet de ce travail peut se résumer par : Quelle est la démarche cognitive qui nous permet dapprocher le sens caché des symboles ? Ce travail est éminemment subjectif puis que lobservateur et en même temps lobservé. Le travail dobservation est donc faussé. Pour illustrer cette recherche nous allons prendre un exemple de symbole : Le pavé mosaïque.
La maturation
Avant de se lancer dans la volonté de découverte, il faut prendre le temps dobserver, de se laisser imprégner par le symbole, de le sentir, de le toucher, de lentendre
Cest pourquoi, si nous souhaitons que ce travail soit notre propre travail et non pas une compilation de la pensée dautrui, une année est souvent nécessaire pour un exposé de 20 minutes.
La problématique nest pas de briller, mais davoir une véritable et profonde réflexion qui nous permet dapprocher un peu plus de la lumière. Aussi, il est nécessaire dorganiser sa recherche en fonction de ses propres rythmes biologiques. Certains sont plus disponibles le matin, dautres de soir, en fonction de votre cycle propre, vous devez vous réserver un temps pour vous mettre le symbole à lesprit et laisser votre esprit méditer librement. Durant cette phase, il ne faut pas avoir peur doublier des idées, si elles ont une quelconque valeur, elles reviendront naturellement quand vous en aurez besoin.
Sachez vous détacher, apprenez à ne pas vouloir.
La recherche sur un symbole est avant tout une méditation sur ce symbole. Cette méditation part du symbole se déroule au gré de votre activité cognitive. Dans une première phase laissez la pensée filée sans vouloir la retenir, lanalyser, la formaliser. Progressivement elle se structurera et vous pourrez entrer dans la phase active du travail de recherche. Utilisez durant la phase de maturation les moments propices que sont les moments qui précèdent et qui suivent, le sommeil. Durant ces moments vous pouvez orienter votre esprit en direction du symbole puis vous le laissez travailler. En cela vous utilisez des techniques de méditation largement éprouvées dans le Bouddhisme.
Lire ou ne pas lire
Spontanément, le conseil serait de ne pas lire ce qui traite du symbole car la pensée des autres diminue notre capacité dinvestigation. Ayant une bibliothèque de plusieurs milliers de livres, le conseilleur peut apparaître de mauvaise foi. En réalité, la lecture qui apporte lexpérience et la pensée des autres, nest intéressante que dans ce quelle laisse après avoir oublié le livre, son titre, son auteur et son contenu. Le résiduel est sa pensée faite votre.
Si vous lisez, lisez en début de période de recherche pour découvrir des axes dinvestigation, plus que des certitudes. Ensuite, laisser faire votre esprit sans essayer de coller à la pensée des autres aussi célèbres soient-ils.
Le risque de la lecture est un risque denfermement, ce que nous recherchons, cest dabord notre propre liberté pour notre propre évolution.
Observer
Observer lenvironnement du symbole est la première action.
Nos 9 observations immédiates sur le pavé mosaïque sont les suivantes :
Le Vénérable Maître en fait trois fois le tour, dans le premier il encense lextérieur du pavé, dans le deuxième il encense lintérieur, enfin dans le troisième il lentoure.
Personne ne le traverse
Cest un carré long composé de carrés noirs et blancs
Le quadrillage est de 12 sur 6 soit 72 carrés 36 blancs et 36 noirs
Il est encadré de 3 chandeliers
Il supporte le tableau de loge
Il se contient lui même au travers le tableau de loge
Il est dans laxe de la loge
Les commentaires sur sa signification dans le rituel sont inexistants
La règle du 3, 5, 7, 9
Linterprétation dun symbole est à étage, combien peut-on trouver de signification à un symbole ?
Certainement 3 car cest le chiffre des apprentis. A 5 on atteint le niveau de la plénitude. A 7 celui de laction, cest aussi la limite de ce quest capable dassimiler lesprit humain en terme de complexité. A 9, on doit être au bord de la connaissance qui nous fera basculer vers 10, cest à dire au retour vers lunité, au UN.
Dans notre recherche nous devons nous fixer une limite dans linterprétation et nous y tenir. Si un compas ne doit pas être ouvert à plus de 90 degrés, lobjectif 7 semble être un objectif ultime pour un laïc. Le chiffre étant choisi toute la réflexion dorganise autour de lui.
Utilisation des observations
Nous partons du point 1 : Le Vénérable Maître en fait trois fois le tour
Analogie
La démarche du Vénérable Maître au tour du pavé mosaïque est identique à la démarche du prêtre au tour dun cercueil. Lencens a un rôle purificateur, il éloigne les esprits maléfiques, apaise les tensions, montre la verticalité. La loge est plongée dans la pénombre. Lambiance est au recueillement. Nous sommes dans une cérémonie funèbre. Contrairement aux cérémonies profanes qui arrivent en fin de cycle, la cérémonie maçonnique est en début de cycle, elle ouvre la tenue. Elle correspond donc au passage du monde profane au monde sacré. En cela elle est la répétition de lépreuve de la terre.
Un axe de recherche serait : Où trouver une information sur les rituels denterrements ?
Le Vénérable Maître chasse dabord les forces néfastes vers lextérieur (son premier voyage). Il les fait ensuite sortir du centre, cela nest possible que grâce au premier voyage qui a fait le vide extérieur. Il ferme enfin lespace sacré et nous ne sommes plus dans le monde profane. Cette première analyse nous donne déjà un élément à prendre en compte pour notre propre démarche, le vide intérieur nest possible que sil est précédé dun vide extérieur. Des axes dinvestigations futurs pourraient être : recherche spirituelle et ascétisme, recherche spirituelle et vie mondaine
mais aussi la mise en oeuvre de traitements alternatifs pour se préparer à la mort.
Cette interprétation est aussi à rapprocher du point 2, « personne ne le travers par ce quil est sacré ».
Le point 2 semble une conséquence du caractère sacré, aussi en tant que conséquence il ne pourra être exploité que plus tard dans le cheminement à des fins de confirmation.
Exploitation du point 3 : « il est composé de carrés noirs et blancs »
Analogie culturelle
Lalternance de noir et de blanc nest pas sans rappeler le symbole du Yin et du Yang des taoïstes. Rapprochement ne veut pas dire filiation : des symboles identiques peuvent utilisés avec une même signification par des traditions distantes sans quil y ait nécessairement des filiations ou des contacts entre ces traditions. Lanalogie culturelle permet daccélérer linterprétation. Du Yin et du Yang, on retiendra le masculin et le féminin, la complémentarité, le mouvement, labsence de vérité
La différence entre le symbole du Yin et du Yang et le pavé mosaïque repose dans la forme. Lun est souple et senroule et se déroule sur lui même, lautre est rectiligne. Lun est un cercle, lautre est un carré. Le cercle apporte une idée de mouvement, le carré une idée statique.
Le coté statique de pavé peut avoir plusieurs interprétations :
La première traite du dualisme. Si on considère quune des dimensions du pavé est dualiste et que le blanc représente le bien par opposition au noir qui représente le mal. Alors pour le traverser, il faut le faire soit en lenjambant, soit en sautant de carrés blancs à carrés blancs.
La deuxième traite de la voie du juste milieu. Elle montre la difficulté quil y a à cheminer sur la ligne de partage entre les blancs et les noirs, la traversée, dans ce cas, relève dun tour déquilibriste.
Ces deux interprétations ne nous semblent pas satisfaisantes car elles présentent le pavé mosaïque comme statique alors que rien nest statique dans lunivers. La question est alors, comment le mettre en mouvement ?
Les points 3 « le pavé mosaïque est un carré long » et le point 5 « il est encadré de trois chandeliers » sont à rapprocher.
Expérience vécue
Lenchaînement triangle, carré, triangle entraîne la spirale. Cest une forme de déplacement qui sappelle Taïsabaki dans les arts martiaux japonais. Cette succession illustre laspect dynamique du symbole. Le triangle a une potentialité dynamique dans une attitude statique, alors que le carré à une potentialité statique dans une attitude dynamique. Si nous mettons en rotation le pavé mosaïque, le blanc et le noir ce mélange pour exprimer la réalité grise du monde. Cette réalité est lunion des contraires, nous rejoignons de nouveau le symbole du Yin et du Yang où le blanc est taché avec un point noir et ou le noir est tâché avec un point blanc.
Cette interprétation peut poser des difficultés existentielles à certains car elle montre que la lumière maçonnique a toujours sa part équivalente dombre, cest aussi pour cette raison que les maçons travaillent de midi à minuit, de la moitié du jour à la moitié de la nuit. Cest aussi pour cette raison que Lao tseu remarque « plus la face est grande, plus le dos est grand ». Si on veut de grands avantages, on aura de grands désavantages, la difficulté est de voir en même temps les avantages et les désavantages, ce type de réflexion sappelle de la stratégie. Lapplication militaire de la stratégie « lart de la guerre » de Sun Tzu peut faire lobjet dune relecture totalement différente au vue de cette interprétation du symbole.
Les avantages et les inconvénients se compensent, aussi, pour diminuer les désillusions, il faut réduire les oscillations et se rapprocher du point déquilibre. Nous gardons en réserve le concept de point déquilibre qui nous servira plus tard.
Tirer sur la ficelle
Du point 1 « le Vénérable Maître en fait trois fois le tour » et du point 8 « il est dans laxe de la loge », nous pouvons extraire le symbole de la croix.
La croix est horizontale externe lors du premier voyage du vénérable maître, elle horizontale et interne lors du second voyage. Cela montre la relation qui existe entre le monde externe et le monde interne, entre le sacré et le profane. Cest une autre manière dexprimer que le travail dun mâcon ne sarrête jamais et que ce qui est entrevue en loge doit être répandu dans le monde.
Notre symbole se trouve donc à lintersection de laxe orient / occident et nord / sud. Dans ce cas où est la verticale ?
Exploitons le point 7 « il se contient lui même »
Utilisation des souvenirs
Souvenir denfance de cette boite de camenber où un personnage montre le produit qui a dessus une étiquette du personnage qui montre le produit
et qui nous amène à linfiniment petit. Sur le tableau de loge, il y a un pavé mosaïque qui lui même supporte un tableau de loge
Cette dimension est la verticale descendante qui concentre la pensée vers linfiniment petit. En levant la tête, nous découvrons linfiniment grand dans la voute étoilée. Trismegis nous enseigne : « Tout ce qui est en haut est comme tout ce qui est en bas, le macrocosme ressemble au microcosme ».
Nous sommes donc en présence de la croix à six branches qui représente le symbole du monde.
Le pavé mosaïque est à lui seul lunivers entier. Cela illustre un des grands paradoxes des mathématiques, linfini à la puissance infini est égal à lui même.
Re-lecture possible : René Guenon, Réflexion sur le symbolisme. Si Guenon voit dans la croix à six branches la représentation du monde et lalliance entre le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel. Nous pensons pour notre part quil faut aller plus loin dans cette interprétation. Le pavé mosaïque est le point de convergence et le point dexpansion de la force. Intuition confirmer aussi par la double croix : la croix externe lors du premier voyage et la croix interne lors du second voyage. Pour construire, il faut un point dappui, si ce point est fort la construction est solide, si la construction est solide, elle peut être belle
Passe Boaz !
Les nombres
Le pavé est de 12 sur 6. Ces dimensions ne donnent quun seul chiffre 12+6 = 18 et 8+1 =9 ; 12*6 = 72 et 7+2 = 9, il est composé de 36 blancs soit 3+6 = 9 et de 36 noirs qui donne aussi 9; 9+9 = 18 = 9 Lorsque lon donne une valeur numérique aux lignes et aux colonnes, la somme des abscisses et des ordonnées permet de calculer une valeur numérique à chaque carré, la somme des valeurs est alors 720. Si on recommence la même opération avec le produit on obtient 1638. Ces deux nombres ont encore pour valeur 9. Le chiffre du pavé est obligatoirement 9, il nous faut donc découvrir le complément à 10 pour arriver à la connaissance.
Intuition
Bien que statique le pavé mosaïque est en mouvement. Le Vénérable Maître a défini un espace sacré, cet espace est vide et personne le travers. Les taoïstes voient dans le vide la véritable nature des choses. Une maison na dintérêt que par le vide quelle crée, un bol na dintérêt que par le vide quil contient
Quelle est lutilité du vide du pavé mosaïque ? Nous mettons cette question en réserve.
Revenons aux observations 3 « le carré long » et 5 « les trois chandeliers ».
Cette disposition nest pas satisfaisante le carré nest pas fermé, il lui manque un chandelier. Nous avons vu lutilité de cette disposition pour le mouvement (triangle, carré, triangle), mais malgré tout, labsence du quatrième chandelier doit entraîner une investigation. Les chandeliers représentent sagesse, force et beauté. Il est dit : que la sagesse préside à la construction de notre édifice, que la force le soutienne, que la beauté lorne. Il manque la quatrième dimension qui est celle de lacteur. Celui qui fait. Celui qui fait ne peut être autre que nous, notre action nest pas limitée à un point précis, elle couvre lintégralité du monde pour peut quelle soit encadrée par la sagesse, la force et la beauté.
Passer du concept à laction
Notre maçonnerie na aucune signification si elle nest pas intégrée à une manière de vivre. Aussi, dans le monde profane les termes sagesse, force et beauté doivent prendre toutes leurs significations, sinon nous perdons notre temps sur les colonnes.
La sagesse, cest la réflexion avant laction, cest la mesure des avantages et des inconvénients de laction et cest la prise de décision en connaissance de cause.
La force, cest la détermination dans laction, labsence dhésitation, la capacité dassumer sa décision jusquà son terme, le respect de la parole et de lengagement.
La beauté, cest lesthétique de laction, cest la fierté du travail bien fait, cest lutilité de laction dans son environnement.
Synthèse
Nous avons découvert :
Que le pavé mosaïque était un espace sacré et quil avait une valeur de sanctuaire
Quil était porteur de la dualité
Que nous pouvions le transformer en spirale et supprimer par le mouvement son caractère dual
Quil pouvait, par la croix à six branches, être assimilé au centre
Quil était en même temps une représentation du macrocosme et du microcosme
Quil nous appelait, par le chandelier absent, à participer à loeuvre
Que son chiffre était 9
Il ne nous reste donc plus que de faire la synthèse de notre recherche. Cette synthèse pourrait être formulée de la manière suivante :
Le centre est invariant. Il est le siège de limmobilité et la source du mouvement. Qui trouve le centre participe à la réalisation en fusionnant avec lUN.
Aussi limpide que soit la démarche, linterprétation dun symbole, in fine, ne peut être quhermétique. Nous ne pouvons en être que désolé. Ma compréhension et ma perception ne peuvent être transmis que par mon expérience et ma pratique. Le « de mon âme à ton âme » cher au Bouddhisme Zen nexiste que grâce à la conduite de la recherche du disciple par le maître dans la pratique de la méditation.
Les 9 outils mis en oeuvre ont été les suivants :
La maturation qui nous montre comment nous imprégner de la signification du symbole sans vouloir la trouver.
La lecture et la non lecture où la découverte que la connaissance nest faite que de loublie.
Lobservation qui signifie la vision juste ou encore être réellement présent dans linstant.
Lanalogie, cest écouter les correspondances dans le temps et dans lespace.
Lutilisation de lexpérience et des souvenirs, notre vie est notre richesse, notre expérience participe à la grande expérience de la vie, en naissant nous avons eu linitiation en grandissant nous avons tous les éléments pour arriver à la connaissance : Ici et maintenant.
Le fils dariane, les tours et les détours de la pensée sont comparables au flux et au reflux de vagues au bas de la falaise. Le moue a toujours vaincu le dur.
Les nombres, se sont les outils de larchitecte, même petitement utilisés, ils peuvent nous aider à découvrir la face cachée.
Lintuition, cest elle qui nous donne notre force créatrice, notre originalité et notre humanité. Elle est lexpression de la femme qui sommeil en nous, elle a le goût de la pomme.
Le passage à laction, la réflexion ne doit pas paralyser laction. Savoir et ne pas agir nous couvre de honte.
La lumière
La lumière dans le symbolisme maçonnique est liée à linitiation qui suppose transmission dune connaissance dun initié à un impétrant. Deux composants sont nécessaires une méthode de transmission, une connaissance à transmettre. Les méthodes de transmission sont très nombreuses et disparates : "de mon âme à ton âme" du bouddhisme à lutilisation de plantes hallucinogènes dans linitiation des Indiens du sud des USA, de la répétition dinvocations à la contemplation de mandala, de la souffrance de lascèse à livresse des cérémonies vaudou
Guenon site un proverbe soufisme : "il y a autant de voies pour arriver à Dieu quil y a de rayons dans le cercle".
La démarche première du cherchant est de trouver la voie qui lui convient et la responsabilité de linitiateur est de rejeter les cherchants qui ne sont pas faits pour la voie quil utilise dans son enseignement initiatique. Pour quil y ait initiation, il faut quil y ait transmission, cette transmission correspond à laccès à une autre connaissance : le passage des ténèbres à la lumière. Par delà, le symbole même de la lumière, notre objectif est den rechercher la nature et la réalité. Cest le doute et non la certitude qui nous a fait rentrer en Maçonnerie, cest le doute et non la certitude qui nous oblige à nous dépasser ; mais le doute peut aussi, sil est trop fort, nous faire perdre le désir du combat vers la lumière et conduire à notre propre destruction.
La lumière dans le rituel
Lors de louverture de la Loge, le rituel définit les fonctions nécessaires pour que la loge soit éclairée : "Trois la dirigent, cinq léclairent, sept la rendent juste et parfaite" Le Vénérable maître et les Frères Surveillants dirigent la loge, les Frères Secrétaire et Orateur sont nécessaires pour que la loge soit éclairée. Cest à dire quà la force, à la beauté et à la sagesse, il est nécessaire de rajouter la mémoire et la parole pour que la lumière jaillisse.
Cest cette constatation qui permet de reconnaître dans la loge la représentation de lêtre Cosmique, cette assimilation à lêtre cosmique sera reprise pour illustrer la communication de la loge avec le Grand Architecte de lUnivers.
Le rituel précise ce que nous venons chercher en Loge : la Lumière ; et que cette lumière est assimilée au Soleil, elle prend naissance à lOrient pour finir sa course à lOccident ; elle est représentée en Loge par le Vénérable maître qui siège à lOrient "pour ouvrir la loge, éclairer les travaux et mettre les ouvriers à luvre".
Il est précisé que cette lumière est triple. Les trois colonnettes symbolisent cette représentation ternaire dans lordre inverse du déplacement du soleil à savoir Beauté, Force et Sagesse (deuxième surveillant puis premier surveillant et enfin Vénérable maître). Ce déplacement inverse nest pas neutre, il nous montre comment remonter vers lorigine, vers lOrient et quels sont les moyens à utiliser : la Beauté, puis la Force et enfin la sagesse. Cest à dire passer de lémerveillement de lenfance, à lutilisation de la force pour construire dans lâge adulte, puis à la capacité de transmettre et denseigner sur la fin de la vie.
Le rituel prévoit la lecture des "versets de lévangile ésotérique de St Jean". Ce texte nous donne un certain nombre de précisions sur la nature de la Lumière : Il y a assimilation de la Parole, de la Vie et de la Lumière. "Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu
En elle était la vie, et la vie était la Lumière des hommes".
Mais il y a aussi une indication sur la force des ténèbres par rapport à la Lumière. La Lumière que lon peut assimiler au principe actif, ne peut rien contre le principe passif : les ténèbres. A ce stade le texte est extrêmement pessimiste, il laisse entrevoir que le combat est déjà perdu : "La Lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne lont point reçue."
Il se poursuit de la manière suivante : "Cette lumière était la véritable Lumière qui éclaire tout homme venant dans le monde. Elle était dans le monde, et le monde ne la point connue. Elle est venue chez les siens et les siens ne lont pas reçue.". Cette phrase doit éveiller notre attention, face aux ténèbres, il ny a pas quune Lumière, il y en a plusieurs dont une est la "véritable Lumière" et cette véritable Lumière éclaire tout homme venant dans le monde, elle est donc universelle et indépendante du lieu et du temps. Le texte montre la difficulté de trouver cette vraie Lumière, elle est présente, mais non visible et impalpable. Le texte introduit une ambiguïté en précisant "Elle est venue chez les siens et les siens ne lont pas reçue" cette phrase réduit la portée universelle du concept. Y aurait-il parmi les hommes, des hommes particuliers qui seraient des hommes prédisposés à la connaissance de la Lumière ? "Mais à tous ceux qui lon reçu, à ceux qui croient en son nom, elle a donné me pouvoir de devenir enfant de Dieu, lesquels sont nés, non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de lhomme, mais de Dieu.". La dernière phrase introduit un nouveau concept, celui de nouvelle naissance : celle de naître de Dieu. Cette nouvelle naissance est de nature spirituelle la suite du texte de Jean fait référence à lesprit.
Le rituel douverture se poursuit par linvocation du Grand Architecte de lUnivers qui "éclaire, protège et dirige nos travaux
" et le Vénérable maître nous demande de tourner nos regards vers la lumière en indiquant le Delta Lumineux et lOeil qui figure en son centre.
Il est souhaitable de sinterroger sur la signification symbolique du Delta et de lil. Le Delta se place entre la Lune et le Soleil. Les deux astres représentent les deux yeux de lêtre cosmique, la Lune est lil du passé, le Soleil lil de lavenir, le delta qui figurent entre-les deux correspond au troisième oeil, celui de vacuité dans le présent. Placé au centre du triangle, il symbolise lunité, lUn, cest à dire Dieu. En prolongeant cette réflexion, il signifie lomniprésence de Dieu, mais aussi sa dépersonnalisation par rapport à une représentation humaine et son absence dattachement à un homme ou à un groupe dhomme particulier puisquil est intégré à lêtre cosmique. Cette dimension donne à lidéal maçonnique une portée universelle : les moyens peuvent être spécifiques au lieu et au temps, lidéal est au-delà du lieu et du temps. En ce sens que linvocation du Grand Architecte de lUnivers est beaucoup plus universelle et beaucoup plus neutre que linvocation de Dieu.
Oeil représente aussi la conscience, il est assimilable au juge suprême qui gère le passage dans lautre monde. Il correspond à la vision instantanée de tous les actes dont nous devons répondre avant darriver à la Lumière post-mortem, au creuset du monde. Le mystère qui entoure ce passage est représenté par le pavé mosaïque, lieu mystérieux par lequel il ne faut pas passer si ce nest dans un contexte de préparation particulier dont lexplication sort du domaine de 1er degré. Ce lieu se caractérise par une égalité entre les ténèbres et la lumière ce qui semble vouloir nous dire Qui peut évaluer le bien et le mal, le beau et le laid ? Qui peut croire détenir la vérité, la connaissance ? Le pavé Mosaïque est un centre, que nous avons du mal à appréhender parce quil est inerte, quil ne peut pas être ressenti comme un symbole optimiste, ni même neutre contrairement à tous les autres symboles de la loge.
Le rituel dinstruction précise la relation entre le soleil, la lune et le Vénérable maître, cette interprétation permet de voir deux niveaux dutilisation de mêmes symboles pour apporter des visions différentes de la réalité spirituelle : Le Soleil représente la Raison qui éclaire les intelligences; la Lune figure limagination qui revêt les idées dune forme appropriée et le Maître de la Loge symbolise le principe conscient qui sillumine sous la double influence du rayonnement et de limagination.
Nous pouvons préciser le concept de Lumière, en étudiant le contenu dune ancienne instruction au grade dapprenti. Cette instruction commence par une définition de ce quest la Franc-maçonnerie "Cest une alliance universelle dhommes éclairés, groupés pour travailler en commun au perfectionnement intellectuel et moral de lhumanité". Cette phrase qui définit lobjectif de la Franc-maçonnerie. Lobjectif est ambitieux et il porte sur des aspects exotériques que sont le perfectionnement intellectuel et moral de lhumanité.
La première question est de savoir quelle doit être la nature du perfectionnement intellectuel et moral de lhumanité. Les expériences des siècles dexpansion de la pensée occidentale nous ont montrées les limites de la démarche. Les objectifs initiaux étaient assez souvent louables, les résultats visibles sont décevants.
La deuxième question porte sur luniversalité de la démarche maçonnique. Les origines chrétiennes de la Franc-maçonnerie, nous montrent les limites de nos méthodes et de notre symbolisme.
La troisième question est lobjet de notre travail : quelle est la nature de la lumière qui éclaire les Francs-maçons ?
Le rituel dinstruction permet de préciser la notion dhomme éclairé. Q- Depuis quand êtes-vous Franc-maçon ?R - Depuis que jai reçu la lumière Q - Que signifie cette réponse ? R - Que nous devenons réellement Francs-maçons quà partir du jour où notre esprit sest ouvert à lintelligence des mystères de la Franc-maçonnerie
En fait, nous ne devenons Francs-maçons que lorsque nous avons découvert la signification des mystères et symboles qui sont mis à notre disposition pendant nos travaux. La méthode ésotérique est faite de telle manière que chaque symbole peut avoir plusieurs significations qui se complètent et se précisent. A quel niveau de compréhension pouvons-nous nous autoriser à nous considérer comme éclairés ?
Le rituel dinstruction se poursuit par une évocation des différents mystères de la Franc-maçonnerie. "La main droite placée en équerre sur la gorge, paraît contenir le bouillonnement des passions qui agitent dans la poitrine et préserve ainsi la tête de toute exaltation fébrile, susceptible de compromettre notre lucidité desprit". Cette phrase montre la nature de la démarche maçonnique : cest une démarche de raison qui fait appel à la lucidité de lesprit. Luniversalité maçonnique est donc limitée au choix dhommes pour lesquels le processus initiatique sera plus particulièrement basé sur lappréhension intellectuelle du monde. Cette démarche sinscrit dans la continuité du Siècle des lumières, elle est cousine de la démarche scientifique.
La méthode maçonnique est une méthode basée sur la connaissance et non la croyance, ce que le rituel précise dans le dialogue suivant : Q- Que signifie la manière dépeler le mot sacré ? R- La méthode de la Franc-maçonnerie, qui sollicite les efforts intellectuels de chacun, tout en évitant dinculquer des dogmes
En rejetant la référence à des dogmes, la Franc-maçonnerie oblige le cherchant à un réel effort intellectuel pour arriver à la connaissance. Cette phrase donne aussi un des éléments de la démarche, proche de la démarche cartésienne, la démarche maçonnique incite à diviser pour mieux appréhender la complexité. Elle procède par accumulation de petites connaissances plutôt que par appréhension dune grande connaissance, elle ne se base pas sur une démarche brutale déveil comme celles que lon peut rencontrer dans le Bouddhisme tibétain. Linitiation lors de la réception dun nouveau Frère, nest pas réelle, elle est potentielle, il revient au cherchant de poursuivre son travail. Nous verrons par la suite que cette recherche nest pas limitée au seul univers maçonnique, lensemble de lunivers est ouvert à la sagacité du cherchant, par cela même, si parfois certain de nos Frères disparaissent de nos loges sans laisser de trace, nous pouvons toujours espérer que ce quils ont vu en loge leur permet de continuer leurs recherches au travers du monde.
Le rituel continu par : Q - Pourquoi la loge est-elle située de lorient vers loccident ? R - Elle est orientée comme tous les édifices sacrés, pour rappeler à ses adeptes que la Franc-maçonnerie leur indique la direction doù vient la lumière. Il leur appartient de sengager dans la voie ainsi tracée, afin de marcher par eux-mêmes à la conquête du vrai.
Ce dialogue nous rappelle le caractère sacré de notre oeuvre, elle est assimilable à toutes les autres démarches ayant un caractère sacré. La question est alors de savoir sil faut interpréter cette indication dans son sens littéraire ou dans son sens symbolique. Si on linterprète dans son sens littéraire, il y a un point vers lequel tous les lieux sacrés devraient converger car en occident la recherche de la lumière se fait en allant vers lorient alors quen orient la recherche de la lumière se fait en allant vers loccident (lire à ce sujet "le voyage en occident" texte symbolique de linitiation Bouddhiste). Si on linterprète au sens symbolique, la tradition maçonnique se rattache aux traditions solaires qui ont progressivement rassemblé les attributs des différents Dieux en attributs dun Dieu unique.
Dans sa suite, le rituel précise un des sens quil faut apporter aux symboles dorient et doccident : LOrient marque la direction doù provient la lumière et loccident la région sur laquelle elle sarrête. Loccident figure donc le monde visible qui tombe sous les sens et, dune manière générale, tout ce qui est concret. LOrient au contraire, représente le monde intelligible qui ne se révèle quà lesprit; en dautre terme, tout ce qui est abstrait.
La démarche maçonnique est ici clairement caractérisée comme une démarche de connaissance par opposition à une démarche de croyance. Elle est assimilable à la démarche gnostique. La gnose arrache lâme de lélue au sommeil épais ou elle est plongée grâce à des méthodes dentraînement spirituel destinées à engendrer des états spéciaux de conscience et de supra-conscience. Le gnostique se sauve par la connaissance.
Le rituel explique, en suite, de quoi il est nécessaire de se sauver et pour arriver à la Lumière maçonnique. Q - Pourquoi vous êtes-vous fait recevoir Franc-maçon ? R - Parce que jétais dans les ténèbres et que jai désiré la Lumière Q - Expliquez cette réponse R - La société au milieu de laquelle nous vivons nest que partiellement civilisée. Les vérités essentielles y sont encore entourées dombres épaisses, les préjugés et lignorance la dominent, la force, ou la ruse, y prime le droit. La plus grande somme de vérité et de lumière ne saurait donc mieux se rencontrer que dans les temples maçonniques, où des hommes éprouvés et choisis se consacrent à létude et au travail.
Cet échange met en évidence ce que veut "combattre" la Franc-maçonnerie : lignorance et les préjugés, la force et la ruse, et, les moyens de ce combat sont létude et le travail. Le support de létude et du travail est le symbolisme. Le Symbolisme est lexpression de vérités abstraites. Nous devons au travers ce symbolisme découvrir ces vérités.
Q - En quoi consistent les secrets de lOrdre ? R - Dans la connaissance des vérités abstraites, dont le symbolisme maçonnique est la traduction sensible. Il ne suffit pas dêtre mis en présence de la vérité pour quelle nous soit intelligible. La lumière néclaire lesprit humain que lorsque rien ne soppose à son rayonnement. Tant que lillusion et les préjugés nous aveuglent, lobscurité règne en nous et nous rend insensible à la splendeur du vrai.
Le travail doit dabord être entrepris sur nous même, et nous devons progressivement nous dégager de nos anciennes visions pour arriver progressivement à la connaissance. Cette connaissance est de nature différente de la connaissance vulgaire car elle se situe non pas dans une perspective déclatement et de dénombrement, mais dans une perspective dunification et de rassemblement.
Lintelligence humaine assigne artificiellement des bornes à ce qui est, en réalité, un est sans limites. Nous ne percevons quen différentiant lobjet observé de son milieu. A ce point de vue, deux est le nombre de la Science. Mais en même temps il représente un antagonisme quil convient de concilier. Il y a lieu de ramener le binaire à lunité au moyen du trois. Le ternaire, synthèse de ce qui apparaissait opposé, constitue pour nous la représentation intelligible de lUnité. En raison de cela, la Franc-maçonnerie rappelle la loi du ternaire par ses principaux symboles.
Lobjectif est maintenant clairement défini et identifié, nous devons arriver à un point de convergence dans et par la connaissance. Le rituel défini ce point de convergence par la phrase suivante : Tout est un, vu quil ne saurait rien exister en dehors du tout : "un le tout"
Au-delà des mots, il est nécessaire darriver à une perception réelle de lUn. Cette perception entraîne la prise de conscience des forces qui régissent lunivers, vivre les courants de forces en se fondant en eux, nous permet non pas de maîtriser lunivers (ce qui constitue le péché originel) mais de vivre en pleine harmonie avec lui. A ce stade de notre investigation nous pouvons mieux comprendre les réelles significations symboliques des trois grandes lumières de la Franc-maçonnerie. Cest trois grandes lumières sont : léquerre, le compas et le volume de la loi sacrée.
Léquerre représente le carré, la terre, le monde sensible sans lequel il serait illusoire de vouloir progresser.
Le compas représente le cercle, le ciel, le monde spirituel. Il est modulable mais le rituel dinstruction indique quil y a une limite à ne pas dépasser dans son utilisation, il est en principe ouvert à 60 degrés, il ne doit pas être ouvert à plus de 90 degrés, au-delà le risque pour lesprit humain est certain. Nous pouvons donc aller à un certain niveau de connaissance, à un certain niveau de perception de lunivers, mais nous ne pourrons jamais devenir lUN en gardant une existence autonome.
Le volume de la loi sacrée symbolise le rattachement à la tradition, notre liaison avec ceux qui par le passé ont suivi une même démarche.
Ce volume peut être la bible ouverte à II Chroniques 2, 5 : La maison que je vais bâtir doit être grande, car notre Dieu est plus grand que tous les dieux. Mais qui a le pouvoir de lui bâtir une maison, puisque les cieux des cieux ne peuvent le contenir ?
Lintuition de lauteur était bonne et la volonté de vouloir enfermer Dieu dans une maison ne pouvait quentraîner un échec. Le symbole de la voûte étoilée qui est utilisé dans nos loges est infiniment plus adapté à lévocation du Grand Architecte de lUnivers.
Le volume de la loi sacrée peut aussi être lun des volumes suivants : les Veda, hindouiste ; le Tripitaka, bouddhiste ; le Coran, musulman ; le Tao të king, taoïste ; les Quartes livres de Confucius ; le Zend Avesta du Zoroastrisme. Parmi ces six ouvrages trois ne revendiquent pas une origine divine : le Tripikata , les Tao të king et les Quartes livres de Confucius. Ce qui veut dire que la notion de parole révélée est un ajout externe au rituel et sans fondement à partir du moment ou un de ces trois volumes est utilisable en loge.
La notion de Dieu révélé est en contradiction avec la méthode de la Franc-maçonnerie. La révélation suppose de la part du croyant une démarche passive, il croît parce quon lui a dit de croire. La Franc-maçonnerie propose une démarche de découverte, nous recrutons avant tout des cherchants qui viennent vers nous parce quils nont pas de certitudes, nous combattons les préjugés, les idées reçues
nous recherchons la vérité. La notion de révélation des religions monothéistes nest apparue que pour des raisons techniques : souder un petit groupe contre un oppresseur. La cohésion dans les religions monothéistes, se fait sur le thème nous possédons la vérité et au nom de cette vérité nous pouvons aller conquérir le monde.
Les autres philosophies Bouddhime, Confisïanisme, Taoïsme ont eu pour créateur des hommes issus des classes dirigeantes. Elles se sont diffusées plus par séduction que par conquête.
Le monothéisme comprend en tous les composants des idéologies doppression et de lintégrisme. Il soppose à lapproche gnostique dans laquelle il a vu très rapidement une déviation à combattre pour garder le monopole de la vérité. Il me semble donc préférable dans ce domaine de respecter à la lettre le rituel et les Land Marks, cest à dire invoquer le Grand Architecte de lUnivers et sabstenir de discussions religieuses en Loge.
Le rituel de fermeture des travaux contient deux enseignements : Le premier indique que notre recherche ne doit pas se limiter à ce que nous avons vu en Loge mais que le monde profane peut aussi être très riche en enseignement. Le second précise notre devoir de propager la lumière maçonnique à travers le monde : Le travail dun Maçon ne sarrête jamais Vénérable maître, ce qui est cherché en Loge se continue dans le monde et le devoir dun Maçon est de répandre à lentoure la lumière quil a entrevue dans les opérations de la Loge de saint Jean.
La réalité de la lumière maçonnique
Nous avons vu dans une première partie les différentes pièces constitutives de la démarche maçonnique pour arriver vers la lumière. Nous avons ainsi déterminé quels pouvaient être certains objectifs de la Franc-maçonnerie tant vis à vis du Franc-maçon que vis à vis des autres hommes. A ce stade nous devons essayer davoir une vision critique sur les moyens par rapport aux objectifs. Nous aborderons dans cette partie les points suivants : la nature de la connaissance ; les cercles de la connaissance ; les niveaux de la conscience.
La nature de la connaissance
Létude des rituels, la fréquentation des loges nous montrent quil ny a pas de connaissance maçonnique ni de méthode maçonnique permettant damener lhomme à la fusion avec lUn. Nous avons rencontré des "sages bouddhistes", la mémoire de sages de la chrétienté, de lislam, du judaïsme, de lhidouhisme
est venue jusquà nous, nous navons pas rencontré de sage maçon. Cette absence de sage est significative de la nature et du niveau de connaissance de la maçonnerie. La maçonnerie na pas pour vocation de rivaliser avec les religions ou les traditions plus anciennes. Elle se situe dans un niveau différent, mais peut-être complémentaire.
Traditionnellement les sociétés sont divisées en castes dont les attributions sont précises : les 12 tributs dIsraël, les trois classes de la chrétienté, la distinction entre laïcs et moines dans le bouddhisme
à chaque caste traditionnellement correspond des attributions spécifiques de nature spirituelle. Le constructeur, le guerrier
ont des rôles spirituels tout aussi important que le prêtre qui officie. La nature de leurs connaissances est différente, les moyens à mettre en oeuvre pour leurs éducations initiatiques sont différents, lexpression de leurs éveils spirituels est différente. A chacune de ces classes correspondent des attributions, des modes denseignement, une transmission
La maçonnerie ne concerne que les classes laïques et professionnelles de la société.
En cela, la nature de la connaissance quelle peut transmettre sera différente des connaissances qui pourraient être transmises à dautres classes. Lart de la maçonnerie est de savoir ne pas mélanger les connaissances et de vouloir limiter son enseignement à ce quelle sait faire : cest à dire le travail en direction dune société dhommes.
Laspect spirituel de la maçonnerie est de ce fait obligatoirement limité à ce qui peut être demandé aux hommes libres et de bonnes murs ayant métier et famille. Lors de la restitution des métaux au nouvel initié, le rituel précise bien ce point en limitant lengagement du nouvel initié à ce quil est capable de faire compte tenu de son environnement économique.
A ce niveau dinvestigation, il convient de se rappeler nos origines opératives et la notion de bel ouvrage qui y est lié. La spiritualité maçonnique est inscrite dans cette origine, elle est avant tout une spiritualité du travail. Le parie maçonnique est de faire prendre conscience aux Frères que leur réalisation ne se ferra pas en loge mais hors de la loge, dans leur activité quotidienne. Cest à mon avis le sens profond dune des dernières phrases prononcées lors de la fermeture des travaux : "le travail dun maçon ne sarrête jamais Vénérable maître
" De ce fait il ny a pas de transmission maçonnique au sens traditionnel du terme puis quil y a rupture entre linitiation maçonnique et linitiation de métier. Beaucoup de cherchants ne sy sont pas trompés puisque après avoir fréquentés nos loges, ils ont embrassé dautres enseignements plus traditionnels.
Les cercles de la connaissance
La notion de cercles de la connaissance est une notion commune à toutes les sociétés initiatiques. Laspect exotérique de cette notion est figuré en maçonnerie par les différents degrés. Toute la Maçonnerie est comprise dans les trois premiers degrés dits grades bleus, elle est aussi comprise dans le premier degré, celui dapprenti. Aussi quand nous abordons les cercles de la connaissance, nous entendons ne parler quau premier degré. Le rituel nous dit clairement que la lumière est représenté par le Grand Architecte de lUnivers que cette lumière prend place entre le soleil et la lune qui constituent les yeux de lêtre cosmique. Cette représentation correspond au troisième oeil mythologique, oeil du présent et de la vacuité. Je ne peux pas me retenir de faire ici une référence au Bouddha lorsquil parle de la parole juste, de lacte juste, de la pensée juste
cest à dire la voie du juste milieu.
Je pense important de revenir sur cette notion dêtre cosmique. Contrairement à linterprétation de R. Guenon, la Loge ne correspond pas à lhomme cosmique mais à la femme cosmique et cela pour deux raisons essentielles :
La première est liée à la configuration même de la Loge. Le soleil et la lune correspondent aux yeux ; le delta à la conscience du moment présent. Les surveillants sont les bras qui agissent ; le secrétaire est loreille et la mémoire ; lorateur est la bouche et la parole ; lhospitalier est le cur et le trésorier la raison ; les jambes sont formées par les deux colonnes ; le sexe est la porte du temple. La loge représente donc la femme cosmique, la matrice universelle que nous avons pénétrée lors de notre initiation et qui nous fait renaître à chaque fermeture des travaux. Cest en vivant cette inversion du sens des cycles des naissances et des morts que la Franc-maçonnerie prend définitivement son caractère universel.
La deuxième raison est liée à la position symbolique de la Loge dans la recherche de la vérité.
La Loge est le moyen, linterface entre lhomme est lUn par la même, elle ne peut être que femme puisque le changement de niveau ne peut se faire par changement de polarité dans la combinaison du triangle et du carré. Le pavé mosaïque au centre de la loge figure le ventre, cest à dire le centre sur le quel sappuie les forces émanantes. Cest donc par essence un lieu de la neutralité. Ce pavé est accompagné de trois colonnettes disposées en triangle. La succession triangle, carré, triangle crée la spirale. La rotation de carrés noirs et blancs forme une spirale grise pour nous rappeler que "la lumière luit dans les ténèbres et que les ténèbres ne lont pas reçu". Symboliquement, ici aussi lenseignement est clair, lUn, le centre nest ni bon, ni mauvais et nous sommes libres de faire et dagir comme nous le souhaitons, car par notre existence même nous participons de toute façon à lUn. La seule différence qui peut y avoir entre les êtres est la conscience de cette participation. Cette conscience seule permet de passer du monde matériel au monde spirituel.
Le symbolisme est un des outils à notre disposition pour nous aider à arriver par étapes à lintégration de ce sentiment dappartenance. Le travail profane, qui devient spirituel à partir du moment ou nous sommes passés par linitiation, est le moyen dexprimer cette appartenance.
En poursuivant sur lanalyse symbolique de la disposition du Delta par rapport au reste de la Loge nous devons remarquer que lil est dans laxe de la loge, il a en alignement le pavé mosaïque et la porte du temple qui sont deux symboles essentiels. La porte est en correspondance avec la clôture des travaux qui en réalité pour le maçon ne doit être quune nouvelle ouverture, lil sur la porte nous enseigne lomniprésence du Grand Architecte de lUnivers. Cette omniprésence peut être interprétée de la manière suivante : Dieu est partout, Dieu est dans tout, rien de ce qui a été fait na été fait sans Lui
Cette interprétation nest acceptable que si on se place dans une optique non personnelle de lidée même de Dieu.
Dans une approche personnelle lidée domniprésence devient insupportable. Le "Comment Dieu a-t-il pu laisser faire cela ?" dElie Wiesel en est une bonne illustration. Dieu est créateur de lunivers, Lunivers est libre et peut être lui-même créateur du bien et du mal, si cette notion peut avoir une signification à ce niveau. Dieu na rien à voir avec nos petits et nos grands problèmes, il y a rupture complète entre nous et lui. Comment pouvons-nous imaginer le nommer ou encore plus lui donné des attributs, des intentions, des actes ?
Dans une approche non personnelle, le fait même dexister nous fait participer à son oeuvre. Notre différence avec les autres hommes est le seul fait de le savoir. Et cette différence est de taille, car elle nous oblige à trouver en nous même la voie de la lumière.
Au milieu de la femme cosmique se trouve le pavé mosaïque, lil de la conscience voit au travers du pavé mosaïque les multiples possibilités de laction. Le bien comme le mal participe au monde, le pavé mosaïque en est le filtre, en cela il est neutre et ne participe pas à la nature solaire du symbolisme maçonnique. Il condense la nature même du monde et nous ramène à ce que nous sommes réellement, cest à dire rien. Cette impression est renforcée par la présence de la voûte étoilée qui place notre être cosmique dans limmensité de lunivers. Cette immensité nous donne la conscience de lUn, il nest véritablement pas nommable !
Les niveaux de la conscience
Les niveaux de la conscience peuvent se définir par une prise de connaissance par niveau de notre véritable nature. Les mots sont trompeurs et ne peuvent pas donner une juste représentation de notre degré déveil. Notre problème nest pas de dire "je crois en Dieu" mais de participer réellement et consciemment à son oeuvre. Cest à dire à vivre pleinement ce que nous sommes.
Notre difficulté est de faire le tri entre le vrai et le faux, entre lacquis et inné, entre notre nature profonde et notre nature sociale. Linitiation nous fait mourir non pour renaître adulte mais pour renaître enfant. Seul la capacité démerveillement de lenfant doit nous permettre de participer à luvre. Et lenseignement maçonnique nous ouvre un livre immense : le livre de lunivers, il ny a pas de grandes ou de petites connaissances, de grandes ou de petites expériences, chaque connaissance, chaque expérience pleinement vécue participe à lUn. La spirale initiatique va de la vie à la mort et de la mort à la vie, elle doit nous faire changer de niveau : acquérir des connaissances puis oublier des connaissances, agir puis arrêter dagir, réaliser notre oeuvre pour la voir disparaître dans le tout. Nous sommes des pierres
mais qui remarquent les pierres dans un édifice.
Le Livre
Dans le rituel du premier degré, il est indiqué que les « livres traditionnels » admis par la franc maçonnerie sont, la Bible pour lancien et le nouveau testament, les Veda, le Tripitaka, le Tao tö king, le Coran, les quatre livres de Confucius et le Zend Avesta du Zoroastrisme
Le texte indique que dautres livres sont possibles puisque la liste est donnée à titre indicative. Ces livres traditionnels sont de natures différentes. Certains sont le support de religions, dautres ne sont que des ouvrages philosophiques ou dorganisation sociale. Tous servent ou ont servi de référence à la conduite de groupes humains importants.
Le but de cette réflexion est à partir des divergences de ces différents livres et à partir les autres symboles qui entourent la première des trois grandes lumières dessayer de préciser le sens symbolique « du Volume de la loi sacrée ».
Le volume de la loi sacré dans lorganisation du temple
Le volume de la loi sacré est sous léquerre et le compas. Votre observation des deux autres grandes lumières de la Franc Maçonnerie vous montre que leur rapport entre eux nest pas constant. Selon les grades, il évolue. Nous reviendrons très légèrement sur cet aspect dans la suite du travail sans pour autant trahir des secrets connus de tous !
Le volume de la loi sacré est au milieu dun cône qui part du Delta Rayonnant et se fini sur le pavé mosaïque. Le delta rayonnant renferme lil symbolique, cet il correspond au Grand Architecte De lUnivers vers qui il faut aller « Que nos regards se tournent vers la lumière ». Il est aussi, ramené au microcosme humain, notre conscience, cest à dire la voix de Dieu en nous. Lil est en relation avec le volume de la loi sacré qui doit être utilisé avec laide de léquerre et du compas pour comprendre le monde représente par le pavé mosaïque. Le pavé mosaïque comprend le tableau de loge.
Cette disposition permet de passer du dual : le pavé, à lunique : lil, par le filtre de la connaissance : les trois grandes lumières.
Le symbolisme du pavé mosaïque, dans le contexte des autres symboles qui gravitent autour, nous donne en synthèse les informations suivantes :
Le pavé mosaïque est la représentation du monde réel : le monde de la dualité
Le pavé nest pas statique, car il est mis en mouvement à laide des trois chandeliers. La succession de trois, quatre, trois crée la spirale
Le pavé mosaïque, par ce mouvement de rotation, englobe lensemble de lhorizon
Le pavé mosaïque a aussi une dimension verticale ; sa représentation sur le tableau de loge par réduction successive, montre linfiniment petit. Cette dimension est en relation avec la voûte étoilée qui est au-dessus du tableau de loge pour englober aussi linfiniment grand. Cest dans cet univers que nous évoluons symboliquement.
Les autres degrés montrent que cette représentation est aussi la notre (en tant quindividu), cest à dire quelle inclut ce que nous sommes, notre enveloppe physique comme moyen de laction, de sa conception jusquà sa disparition. La relation du pavé mosaïque avec les trois grandes lumières et lil symbolique doit inclure ces deux représentations symboliques : celle de lunivers et celle du cherchant. Nous avons dis plus haut que les trois grandes lumières servent de filtre de la connaissance pour passer du dual à lunique.
Nous allons maintenant développer ce point de méthode maçonnique. Le « volume de la loi sacré » est placé sous léquerre et le compas. Il représente la loi écrite que lon respecte, car elle est sacrée.
Il nest que le symbole de la loi et nest pas la loi universelle, car son contenu peut changer lorsque de volume change. Il nest donc loi sacrée que, parce que, celui qui y fait référence le considère comme telle. Cette « croyance » est personnelle et ne peut être imposée. Seule la présence du symbole et sa reconnaissance en tant que symbole est utile à nos cérémonies.
Ce volume est le support de la référence à linterprétation de ce que nous sommes, de notre univers et de notre relation avec le divin, lau-delà, la transcendance. Il donne, par des manières et des contenus différents, la réponse aux questions existentielles de lhomme et le renforce dans son lien avec le Grand Architect De lUnivers. Il permet de trouver un élément de référence et de consolation lorsque lon est dans le désarroi. Le pavé mosaïque nous montre le champ des possibilités de nos actions. Si notre jugement est chancelant, le volume de la loi sacré nous indique ce qui va dans le sens du blanc plutôt que dans le sens du noir. Il est la mémoire des essais / erreurs du passé et des luttes de lhumanité pour aller, au moins vers une organisation sociale acceptable, au plus vers une communion avec Dieu.
Les deux autres grandes lumières nous éclairent sur le mode dutilisation de la loi sacrée. Ces deux modes dutilisation sont largement répandues dans lensemble des traditions. Léquerre nous indique que nous devons respecter la loi de manière stricte. Son utilisation correspond à la phase dapprentissage. Une discipline ferme est nécessaire pour acquérir les bases de la connaissance de la loi et de sa mise en uvre dans la vie profane. Elle structure lindividu comme elle structure la société. Elle est traditionnellement imposée par la famille et la société pour qui vit en son sein. Cet apprentissage long, intègre la connaissance des règles sociales, de la parole et de la lecture, du respect des hiérarchies et de valeurs. Léquerre est à utiliser pendant la première partie de la vie : lapprentissage. Lorsque la loi est intégrée par lindividu, il peut progressivement utiliser le compas dont la mobilité des branches permet délargir ou de diminuer son domaine dinvestigation.
Lutilisation du compas peut se faire dans les deux sens, et contrairement à léquerre, sa mise en uvre est du domaine de lindividu et non de la société dans laquelle il vit. Le début de la maîtrise correspond au passage dans le monde des adultes. En diminuant lécartement des branches, lindividu va aller vers un approfondissement dun des aspects de la loi sacrée. Cette direction correspond à certaines pratiques religieuses comme linvocation, la répétition de phrase, le pèlerinage, la vie monastique, les pratiques de mortifications, la focalisation sur un des aspects de la Divinité ou de ses avatars
Elle constitue une démarche Mystique dont lobjectif est de communiquer avec la divinité. Elle a comme déviation le prosélytisme, la démarche missionnaire, linquisition, lintolérance
La deuxième, par lélargissement de langle au-delà de quatre-vingt dix degrés, permet de passer outre la loi sacrée. Cest une démarche de connaissance qui vise à comprendre pour mieux pratiquer. La recherche des liaisons, des correspondances, de luniversalité, la communion avec les autres lois sacrées, lexpérimentation, létude
sont autant de moyens mis en uvre par cette démarche de connaissance. Elle a pour objectif dadmirer luvre, dy participer et par la même dentrée en harmonie avec lunivers et son créateur. Elle a comme déviation le matérialisme, le scientisme, loccultisme, lathéisme
Cette dernière démarche semble être celle qui est enseignée en Franc Maçonnerie, cest la démarche des cherchants.
Convergences et divergence des différents livres traditionnels
La langue
Pour étudier les volumes de la loi sacrée, il est nécessaire de posséder la langue dans laquelle ces volumes ont été écrits. Lancien testament se lit en Hébreu, le nouveau en grec ancien. Le Coran ne se lit quen arabe classique. Les textes bouddhistes sont accessibles en pâli et en chinois classique. Les quatre livres et le tao tö king ne sont accessibles quen chinois classique. Les textes du Zoroastre ne sont accessibles que dans une variante de la langue indo-européenne. Les textes du Veda sont accessibles en Sanscrit. Donc, si nous ne possédons pas une de ces langues nous ne pouvons avoir accès quà une pale image du texte : sa dimension poétique, le sens caché des lettres, des mots et des concepts, le rythme de sons
ne sont pas accessibles.
Nous sommes prisonniers de la caverne dans laquelle nous ne pouvons voir que les ombres de lenseignement réel. Dans la plupart part des traditions, la langue du texte est la langue divine. Vouloir la traduire lui retire son aspect divin pour ne lui laisser quun aspect humain. Il est cependant possible daccorder un caractère sacré à une traduction. En effet, la sacralisation vient du poids accordé par un groupe humain à un texte. Comme en entrant en loge, le vénérable maître crée lespace sacré, la reconnaissance dun livre comme livre de référence pour la conduite de la vie et les relations des hommes avec Dieu, le sacralise.
Toutes les religions sont issues danciennes religions dont elles récupèrent des mythes, des symboles, des Dieux
Elles sont le plus souvent en oppositions avec la religion mourante et sont dénoncées comme hérétiques, sectaires et condamnables en tous points durant leur phase de développement. Elles prennent un caractère religieux que lorsquelles sont acceptées par un groupe social suffisamment large. La plupart des religions dans leur phase de croissance vont rechercher lappui dune force temporelle. Seule cette force leur permettra darriver à une masse critique suffisante pour acquérir le statut de religion. Les religions émergentes ont généralement une action bénéfique sur les anciennes religions, elles les obligent à une régénération, à une adaptation au nouvel environnement. Une question reste cependant en suspend, la traduction dune parole révélée garde-t-elle sa nature de révélation après la traduction ?
A notre sens un texte révélé traduit perd une partie de sa nature. A titre dexemple, faites une lecture comparative des différentes traductions de la Bible en particulier entre des traductions issues des versions grecques et de la version hébraïque. De la même manière la traduction du tao-tö-king du père Weiger, la version de la Pléiade, les versions accessibles en langue anglaise sont très différentes voir en opposition. Il ny a pas de traduction fidèle, aussi sauf à faire leffort dapprendre la langue originale, laccès au texte et à son contenu réel ne peut être qualéatoire.
La notion de révélation
La notion de révélation est présente dans certains des livres de référence : La bible pour lancien testament, le Coran, le Zend Avesta, les véda pour partie. Dans ces livres, Dieu sadresse à lhomme pour lui dicter une conduite à suivre, une règle, un acte, une sentence
Ils sont présentés comme une transcription de la parole de Dieu.
La bible pour le nouveau testament, le Tripitaka, le Tao tö king, les Veda pour les Upanishades nont pas de dimension liée à la révélation. Dans ces livres, le divin est lié à une constatation (le nouveau testament) « Jean lui a rendu témoignage, et cest écrié : cest lui qui vient après moi. Et nous avons tous reçu de sa plénitude et grâce pour grâce ; car la loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ » ; une confrontation entre les anciens Dieux (les Dieux du panthéon bramahïste) et létat de Boudhisttava dans le Tripitaka « Autrefois le Boudhisattava avait un cur qui avait pénétré le vrai et qui avait aperçu limpermanence de ce monde ; il avait compris que la gloire et lexistence sont difficiles à garder ; aussi, employait-il toutes ses richesses en libéralité. Cakra, souverain des dévas craignit quil lui enlevât sa place ; aussi créa-t-il miraculeusement un enfer
»; une intuition dans le taoïsme « Le sans-nom : lorigine du ciel et de la terre / Layant -nom : la mère de tous les êtres. / Ainsi cest par le néant permanent que nous voulons contempler son secret,/ cest par lêtre permanent que nous voulons contempler son accès. ». Il en est de même dans les Upanishads « Cela est en mouvement, cela est sans mouvement ; Cela est lointain, Cela est aussi proche ; Cela est au-dedans de tout, Cela est hors de ce tout » Les quatre livres de Confucius occupent une place à part, car ils ne font pas référence à Dieu mais uniquement aux règles qui gouvernent la société humaine autour de la nature divine de lEmpereur. En réalité, il y a confusion entre le symbole et la fonction. Lusurpateur en place devient le symbole vivant du pouvoir et il prend par la même tous les attributs sacrés de lEmpereur Jaune créateur du ciel, de la terre et de tous les êtres qui le peuplent. (Voir à ce sujet lhistoire des Dynasties Chinoises, Coréennes et Japonaises et les mythes fondateurs qui les accompagnent).
La notion de révélation fige la religion et le dogme à un état donné. Il est nécessaire alors de procéder à des exégèses du texte pour quil ne soit pas déphasé avec lévolution sociale. Si cette structure dexégèse est centralisée le corpus dinterprétation garde un certain niveau de cohérence. Dans les cas inverses, des courants divergents voient le jour et on assiste soit à un éclatement de la religion, soit à des dérives sectaires.
La représentation divine
Les Veda, le Zend Avesta sont de nature polythéiste, le dernier emprunte au premier des références déistes. Le Zend Avesta prépare lémergence du monothéisme. La bible pour lancien comme pour le nouveau testament et le Coran sont monothéistes. Le Bouddhisme fait référence au panthéon brahamïste de lépoque. Pour le Bouddhisme, les Dieux sont des êtres vivants particuliers dont la vocation est de retrouver leur nature humaine pour pouvoir cheminer vers léveil. La notion de Dieu fait homme pour sauver ces semblables est depuis sa création incluse dans le Bouddhisme : il sagit du vu de Bouddhisatva.
Lhistoire de religions nous montre un continuum dans leurs évolutions, les unes remplaçant les autres en leur empruntant des Dieux et en les faisant évoluer en fonction des besoins sociaux. Les changements de religion sont généralement liés aux changements dans la société humaine. Labandon des civilisations de chasse et de pèche modifie les rapports avec la nature et modifie les Divinités à invoquer ; la vie nomade avec lélevage induit de nouvelles croyances ; la sédentarisation les modifie
Les religions sentrecroisent, se modifient et se complètent les unes par rapport aux autres pour sadapter à leur environnement. La non-adaptation provoque leur disparition : religions étrusques, grecques, romaines, védiques, certaines formes de chamanisme
ont disparu du fait de la disparition de leur « habitat » de référence. La pratique religieuse qui demeure le fondement de toute religion est éminemment liée à lenvironnement économico-social du lieu de pratique
Il y a symbiose entre la religion et la société ; toute évolution sociale se traduit par une évolution de la forme religieuse. Aucune religion ne peut prétendre à luniversalité. Elles ont cependant en commun denseigner la perfectibilité de lhomme et de relativiser sa place dans lunivers.
Les attributs des religions
Chaque religion véhicule ses propres croyances. Ce qui distingue la croyance profane de la croyance religieuse est lobjet de la croyance. Est-il de nature religieuse ou de nature profane ?
Cette distinction doit cependant être nuancée : croire en Dieu par une démarche déductive à la manière de Pascal relève-t-il dune démarche religieuse ou dune démarche philosophique ? La plupart part des religions font référence à des être surhumains, les premiers à apparaître étaient liés aux forces de la nature : « Maître des animaux », « Personnification des lieux et des êtres », panthéon divin correspondant aux différentes manifestations des activités humaines, chef suprême du panthéon, « Etre suprême », êtres destinés à protéger (la maison, le bétail, le feu, les cultures
), êtres fondateurs (Patriarches, Empereurs, Héros
) Certains de ces Dieux sont créés pour être contrôlables par les hommes, ils ont un rôle pratique, dautres se situent au-dessus des hommes, ils sont les initiateurs (Dieux de la création) ou les organisateurs du monde, de la société, de la vie familiale
De cette dernière catégorie sont nés les Dieux uniques des religions monothéistes.
Les religions véhiculent des mythes, se sont des histoires sacrées fantastiques qui racontent la création, les combats entre les bons et les mauvais Dieux, la vie des Dieux, leurs généalogies
Le mythos, le récit fantastique soppose alors au logos, le discours raisonné. Les religions sont servies par des rites qui visent à établir une relation entre les hommes et les Dieux. Souvent, ces rites visent à acquérir les bienfaits du Dieu au travers des offrandes, des sacrifices, des prières, de la mortification
Ces rites peuvent aussi sacraliser des changements sociaux, rites de passage, rites de mariage, rites de mort
Le caractère sacré accordé au rite donne une force supplémentaire au changement
il devient socialement irrévocable. Les religions peuvent être permissives ou intolérantes. La permissivité est le propre des religions polythéistes et des religions philosophiques. Lintolérance est le propre des religions monothéistes, un Dieu unique ne se partage pas.
Lévolution
Les religions apparaissent comme en constante évolution : naissance, âge adulte, vieillissement, disparition. Parallèlement à ces évolutions, y a-t-il une évolution du livre de la loi sacré ? Les livres retenus montrent différents modes dévolution : Evolution jusquà une date puis fixation dans une version définitive pour la Bible, les Véda, le Zend Avesta. Des commentaires divergents existent pour chacun de ces livres, ils sont la source de nouvelles religions en rupture avec la religion initiale. Le nouveau testament est par exemple un texte de rupture. Fixation avec des commentaires qui sincorporent au texte initial pour les Quatre Livres. Version définitive écrite rapidement après le fait générateur pour le Coran, le Tao Tö king, le Tripikata mais il existe autour de ces textes, une large littérature dinterprétation. De nouveaux volumes de la loi sacrée peuvent apparaître, dans un premier temps sous la forme de livres sectaires et hérétiques, puis lorsque la phase de maturation de la nouvelle religion sera passée, ces livres apparaîtront comme acceptables comme référence dordre spirituel. Le livre des Mormons devrait par exemple acquérir cet état dans quelques siècles !
Le livre : un symbole
Le livre, « Volume de la loi sacrée » est un symbole fort car il fait le lien entre une pratique de « métier » et la pratique religieuse. Il stigmatise la liaison entre lhomme et Dieu. Il dicte les règles de bonnes conduites. Il normalise les règles sociales. Il est la mémoire des ancêtres et des valeurs du passé. Il donne une référence pour les nouvelles valeurs. Il est le rituel des pratiques religieuses. Il est la mémoire du monde au travers de ses mythes. De tradition écrite par opposition à la tradition orale, le livre est porteur denseignements pour dautres civilisations et dautres temps. Lécrit permet de léguer aux autres les valeurs du passé. Aussi, il inscrit la démarche dans une dimension temporelle qui dépasse lhomme et la société des hommes. Certaines religions actuelles nont pas de support : la plupart de religions chamanistes, les religions animistes dAfrique et dOcéanie, les religions afro-américaines
de labsence de livre de référence, ces religions semblent exclues du contexte symbolique maçonnique. Elles sont cependant, aussi porteuses de beaucoup de sagesse ! pour elles, le livre ne serait-il pas la mémoire des hommes, des lieux, des plantes et des roches ?
Le livre, enfin est source de sclérose, darchaïsme, il fige les rapports des hommes avec le divin en fonction des contraintes dun temps et dun lieu. Parmi les livres cités dans les rituels maçonniques, peu, ont encore une force philosophique, poétique et mystique capable démouvoir pour créer ladhésion. Sans cette dimension lenseignement devient dogme, obligation et facteur de régression ou de révolte. Aussi devons-nous trouver le livre qui nous sciait pour pouvoir progresser.
La réalité du symbole « le Volume de la loi sacrée » peut se résumer comme suit : Le rattachement dun maçon à un courant religieux de tradition écrite. Ce rattachement peut être « de naissance » ou acquis, dans tous les cas il doit devenir lobjet dune démarche volontaire. Par rapport à cette tradition, « le Volume de la loi sacrée » donne au Maçon ses références dans sa relation avec le divin, ce domaine nétant pas celui de la maçonnerie. La maçonnerie enseigne quil est nécessaire de posséder les bases de connaissance dun Livre, elle enseigne aussi que par rapport à cette base, il est possible daller plus largement ou plus profondément. Le symbolisme du compas associé au « Volume de la loi sacrée » indique clairement que le sens de la recherche va vers louverture et quau de-là du « livre », il y a les autres livres qui sont aussi porteurs denseignements et de spiritualités. La diversité des livres cités donne une vision des axes de recherche.
Le lien entre le livre et le travail en loge est indiqué dans louverture des travaux : « Que venons-nous faire en Loge ? Vaincre nos passions, soumettre nos volontés et faire de nouveaux progrès en Maçonnerie ». Et « Que nos regards se tournent vers la lumière ! » Dans certaines loges, « le volume de la loi sacré » est un livre blanc, non pas pour que nous nous sentions obligé décrire un nouveau « volume de la loi sacrée » mais parce que chaque frère peut symboliquement y reconnaître le livre de sa propre croyance.
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30 juin 2006 Publié Franc-maçonnerie | Modifier | Lien permanent | 4 Commentaires
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