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Notre époque est celle des incertitudes sur nombre de sujets et nous sommes de plus en plus à percevoir que nos sociétés progressistes sonnent le glas quant au promesses qui furent les leurs. Nous assistons à une danse macabre en laquelle telles des

L\'alchimie au moyen-âge

Les Sources de l'Alchimie

La Légende

Tubalcaïn aurait été le premier maître du prodigieux travail des métaux: il aurait été un Nephilim: un enfant bâtard entre un ange et une femme(belle): un ange déchu.

Les forgerons primitifs liaient étroitement la magie à leur travail et ne transmettaient leur savoir qu'à leur disciples, formants de petites confréries avec des visions autant pratiques que thaumaturgiques.

Alchimie Sacerdotale

La véritable apparition de l'alchimie daterait donc des premières civilisations évoluées, lorsque le savoir de tradition orale des métallurges a été transposé par écrit.

Etymologie du mot alchimie: vient de l'arabe el khimiyâ (la chimie), mot qui viendrait du substantif égyptien khemi, désignant la couleur noire et le limon du Nil.

L'inventeur de l'alchimie serait Hermès Trismégiste (Hermès le 3 fois grand), présenté soit comme le Thoth égyptien, soit assimilé au Hermès grec, soit à un personnage réel(-1399 à -1257)(tombe toujours inviolée aux alentours d'El Amarna, capitale d'Akhenaton). C'est l'auteur de la Table d'Emeraude, dont l'original grec date du IVe s. AV J.C., traduit en arabe, puis seulement au Xe s. en latin.

Premiers textes alchimiques sont uniquement grecs, et se situent géographiquement et chronologiquement à l'époque des adeptes d'Alexandrie (IIIe, IVe et Ve s. AV J.C.)

Les Arabes

Ils furent les intermédiaires entre la Chrétienté et le monde gréco-égyptien.

Les grands alchimistes (qui en plus de l'alchimie transmutatoire, pratiquaient la médecine, la philosophie, la spiritualité,...) arabes sont:

Jâbir ibn Hayyân (latinisé Geber) (vers 700-800 AP J.C.)

al-Razi (Rhazès) (800-940)

ibn Sina (Avicenne) (980-1030)

Artephius (probablement le poète al-Toghrai) (mis à mort en 1120)

al Gazali (mort vers 1111): alchimie que spirituelle

Buts de l'Alchimie

Le Grand Œuvre: redonner à l'homme ses caractéristiques de perfection perdue: celle qu'avait Adam lors de l'Âge d'Or. Les alchimistes considèrent qu'un Adam déchu persiste encore dans chacun, ils veulent lui redonner sa pureté. Ils font une analogie entre l'homme et l'or, qui sont les éléments purs et supérieurs respectivement du règne animal et minéral. La quête de la Pierre Philosophale (capable de changer un métal vil en or) est la base du Grand Œuvre, si cette pierre est trouvée, on pourra redonner sa pureté à l'homme.

Le Laboratoire

L'Agencement du Local

Les alchimistes désiraient toujours dissimuler leur local aux regards des curieux. On suppose que ceux-ci étaient peu nombreux au XIIe s., et qu'ils se sont multipliés au cours des XIVe et XVe s., période où ils furent un chiffre notable dans les villes. N'importe quel pièce pouvait être un laboratoire, mais les caves étaient préférées, et les cheminées toujours obligatoires. Ces laboratoires se trouvaient aussi bien à la campagne qu'à la ville.

Laboratoire et Oratoire

Dans le laboratoire de l'alchimiste; il y avait toujours un coin pour la spiritualité: prières, dévotions, etc... Les quelques rares manuscrits (un luxe à l'époque) sont posés sur une étagère.

Appareils et Ustensiles

Aucune variation de profondeur entre les premiers outils des adeptes d'Alexandrie et ceux utilisés au Moyen-Âge.

Le Grand Œuvre doit se réaliser soit au fourneau soit au creuset:

 

  • le creuset avait généralement une forme de croix.

     

     

  • le fourneau alchimique se nomme athanor: il doit être chauffé soit au bois, soit à l'huile, jamais au charbon chez les vrais alchimistes. Il avait parfois une forme de tour, et avait un regard ménagé dans sa paroi, afin d'observer l'œuf philosophique (ou aludel), où la matière première subissait ses changements. Ce dernier est une cornue ovoïde en terre cuite, ou plus généralement en verre ou cristal, afin de faciliter l'observation. Ce fourneau devait être parfaitement fermé avec des jointure, dont la clôture est appelée sceau d'Hermès.

     

 

Le Pélican était leur appareil de distillation, nom qui venait de sa forme.

Ils disposaient également d'instruments de musique, qui grâce à certaines mélodies pouvaient produire certains effets matériels précis au cours du Grand Œuvre. Mais ils n'utilisaient que rarement des formules magiques, que l'on prête à la magie cérémonielle.

Tous les autres ustensiles étaient les même que ceux des artisans de l'époque (pinces, tisonniers, marteaux, soufflets, récipients de toutes sortes...) et étaient donc faits de grès, métal, cuivre ou verre.

Seul le clepsydre ou le cadran solaire pouvaient être utilisés pour mesurer le temps. Le balancier de l'horloge ne sera découvert qu'à la fin du XIIIe, début du XIVe s.

Des petits miroirs étaient également utilisés pour capter les rayons solaires et lunaires.

Leur seul moyen de mesurer la température était des méthodes empiriques (comme l'observation du changement de couleur des métaux)

Technique, Mystique et Magie

Le Grand Œuvre est une activité sacrée (il est basé sur le rythme des saisons et le passage des constellations zodiacales), et dangereuse (explosions possibles).

 

Ce qui se faisait

Les Opérations de Laboratoire

Les étapes de la formation de la Pierre Philosophale sont:

 

  • le lion vert: un liquide épais qui fait sortir l'or caché dans les matières ignobles

     

     

  • le lion rouge: poudre d'un rouge vif qui convertit les métaux en or

     

     

  • la tête de Corbeau, ou la voile noire du navire de Thésée: dépôt noir qui sert à la décomposition et à la putréfaction des objets dont on veut tirer l'or

     

     

  • la poudre blanche qui transmue les métaux blancs en argent fin

     

     

  • l'élixir au rouge avec lequel on fait de l'or et qui guérit les plaies

     

     

  • l'élixir au blanc ou la fille blanche des philosophes: un onguent qui procure une vie très longue

     

...

La Matière Première

Les alchimistes divergeaient quant à la matière première à utiliser: matières organiques diverses, mais plus généralement minérales.

L'utilisation d'apports préliminaires était courante: rosée de mai ou plus sinistrement, le sang des enfants (cas rare, comme ceux qui utilisaient la Magie Noire)

Les Métaux, Corps Composés

Tout métal est composé de 2 principes: le Soufre, la partie fixe, masculine, et le Mercure, la partie volatile, féminine. L'or était comparé au Soleil (père du Grand Œuvre), et l'argent à la Lune (Mère du Grand Œuvre).

Toutes ces considérations physiques et cosmiques ont amenés des adeptes (de l'alchimie) à utiliser comme matière première soit le cinabre (qui contient du soufre et du mercure); soit la stibine (minéral sulfureux), soit l'or et l'argent, dont l'alchimiste voulait extraire des 2 principes qu'ils contenaient une semence, qui pourrait multiplier par la suite l'or et l'argent.

Voie Humide et Voie Sèche

La voie humide était celle où la matière première était placé dans l'œuf philosophique de l'athanor. Elle est constituée de 2 étapes: le petit œuvre, ou petit magistère, ou petit élixir, qui constituait à la transmutation en argent, et le grand œuvre, grand magistère ou grand élixir: la transmutation en or. Cette voie avait une durée de 40 jours dans la plupart des cas. Mais cette durée semble courte quand on sait que les diverses opérations préliminaires sur la matière première pouvaient prendre plusieurs années.

La voie sèche était celle faite dans un creuset. Elle ne prenait que 7 ou 8 jours, voire quelques heures, mais était beaucoup plus dangereuse, car plus explosives.

Il aurait même existé une troisième voie, dite directissime, avec une chance de réussite immédiate, mais les risques étaient prodigieux: elle nécessitait la foudre!

"Secrets" Médiévaux

Malgré l'aspect très artisanal des travaux alchimiques, on accorde à ses adeptes des œuvres, qu'aucun artisans actuels n'arrivent à obtenir: les vitraux rouges de la cathédrale de Chartres, ou le feu grégeois, arme byzantine puis arabe qui était un feu qui s'attisait quand on jetait de l'eau dessus.

Travaux et Veilles

Vue la longueur des expériences, l'alchimiste devait avoir des capacités de veille extraordinaires, voire inhumaine. C'est pourquoi ils avaient parfois besoin d'aide, qui se manifestait en la personne d'une compagne, avec qui il formait un couple alchimique.

"La Table d'Emeraude"

Texte de la Table d'Emeraude que les alchimistes attribuaient sans aucun doute au légendaire Hermès Trismégiste:

"Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, pour accomplir les miracles d'une seule chose. Et comme toutes choses ont été et sont venues d'un, ainsi toutes choses sont nées de cette chose unique par adaptation.

Le soleil en est le père, la lune en est la mère, le vent l'a porté dans son ventre, la terre est sa nourrice, le père de tout, le Thélème de tout le monde est ici; sa force est entière si elle est convertie en terre.

Tu sépareras la terre du feu, le subtil de l'épais, doucement, avec grande industrie. Il monte de la terre au ciel, et derechef il descend en terre, et il reçoit la force des choses supérieures et inférieures. Tu auras par ce moyen toute la gloire du monde, et toute obscurité s'éloignera de toi.

C'est la force forte de toute force, car elle vaincra toute chose subtile et pénétra toute chose solide.

Ainsi le monde a été créé."

Thélème: vient d'un mot grec qui signifie Volonté.

 

Ce texte montre aussi bien le déroulement du Grand Œuvre que la genèse du Monde, quand la Lumière Divine structura le chaos initial.

Alchimie et Astrologie

Les alchimistes liaient constamment le Grand Œuvre à l'astrologie: ils devaient le commencer qu'au niveau de l'équinoxe de printemps, et le cycle des saisons ainsi que la position des constellations et des astres de notre système solaire les influençaient énormément.

Le "Feu Secret"

Le Feu Secret des Sages fait partie des mystères inélucidés de l'alchimie, certains pensent que ce serait des résultats découlant de la physique nucléaire, d'autres supposent qu'il s'agirait de l'énergie du cosmos, qu'ils auraient réussi à capter... Ces 2 hypothèses partant de l'idée improuvée que des alchimistes auraient réussi à accomplir le Grand Œuvre.

Le Cycle Terrestre

Le Grand Œuvre est une reproduction en miniature de la Genèse.

Rêves et Songes Symboliques

Dans la littérature alchimique du Moyen-Age, on voit souvent des récits de rêves et songes symboliques, manifestant bien le lien entre l'expérimental et le sacré, entre les activités de laboratoires et celle de l'oratoire:

Exemple: le Récit de l'exil occidental, du Persan Sohrawardi (1155-1191)

Le héros s'embarque. Son navire fait naufrage sur des récifs, près d'une île, l'île redoutable de Gôg et Magôg. Aidés par les génies du feu, le héros y réalisera les 2 étapes successives du Grand Œuvre: l'élixir lunaire (transmutation en argent), puis l'élixir solaire (transmutation en or). L'adepte atteint même le plus grand des mystères alchimiques: "Lorsque tu sais cela de source certaine, tu connais la résurrection des morts." Viens alors l'ascension de quatre montagnes symboliques (Sâd, Nân, Qâf, le Sinaï), puis l'arrivée au pays de la Reine de Saba, où croîtra le germe du corps subtil, celui de la Résurrection céleste.

Extrait:

"... Dans la forme conique (du cœur), je vis les corps célestes; je me conjoints à eux et perçus leur musique et leurs mélodies. Je m'initiai à leur récital; les sons en frappaient mon oreille à la façon du vrombissement produit par une chaîne que l'on aurait tirée le long d'un dur rocher. Mes muscles étaient sur le point de se déchirer, mes articulations sur le point de se rompre, tant était vif le plaisir que j'éprouvais. Et la chose n'a cessé de se répéter en moi, jusqu'à ce que la blanche nuée finisse par se dissiper et que la membrane soit déchirée..."

Témoignages Médiévaux sur les Propriétés Accordées à la Pierre Philosophale

Aucune preuve certaine de l'existence de la Pierre Philosophale n'a jamais été trouvée, mais considérant la multitude de témoignages, dont beaucoup appartiennent à des érudits importants, et vue les résultats impressionnants qu'on peut obtenir par méthodes artisanales, le doute persiste toujours.

Il existerait trois formes pour la Pierre Philosophale:

 

  • Celle que vient juste d'obtenir l'alchimiste, dans son creuset ou dans l'œuf philosophique, qui ressemblerait à une structure mi-liquide, mi-solide, qui se cristalliserait rapidement.

     

     

  • A partir de la pierre des sages décrite précédemment, on pouvait tirer une substance liquide, l'élixir, avec des propriétés médicales fabuleuses.

     

     

  • La forme pulvérisée qui était en 2 étapes: la poudre blanche tout d'abord, celle aboutissant du petit magistère, puis celle résultant du grand magistère, la poudre rouge.

     

La Médecine... et au-delà?

Médecins Alchimistes

A cause de leur érudition et de leur intérêt normal pour les diverses formes de traitement (on connaît les propriétés thérapeutiques de la Pierre Philosophale), les médecins ont été les principales personnes à avoir introduit l'alchimie dans la Chrétienté, à partir du savoir musulman aux XIe et XIIe siècles.

Avicenne (980-1037)

Le plus grand et plus célèbre médecin médiéval, dont son Canon a longtemps servi de base d'étude dans les universités européennes à partir du XIIe siècle. Il vécut en Iran.

Arnauld de Villeneuve (1240-1311)

Il était un noble, qui naquit soit à Villeneuve-lès-Avignon (cité non-loin d'Avignon, sur l'autre rive du Rhône), soit à Villeneuve-Loubet, près de Grasse.

Ce fut un grand voyageur (Espagne, Italie, Afrique du Nord), qui eut une prestigieuse carrière universitaire, qui aboutit à le placer recteur de l'université de Montpellier, qui était particulièrement réputée dans le domaine médicale.

Le roi Jacques II de Catalogne l'envoya comme ambassadeur extraordinaire devant Philippe-le-Bel, et c'est au cours de cette mission qu'il a eu des ennuis avec l'Eglise, en effet la Sorbonne (la faculté de théologie de Paris) ordonna de brûler ses écrits en place publique, non pas à cause de ses travaux alchimique, mais parce qu'il aurait eu des pratiques magiques, et que ses considérations philosophiques (par exemple, le caractère absolu du déterminisme astrologique sur la vie des hommes) étaient dangereuses pour les masses. Mais la protection du pape Boniface VIII (à qui il montra la transmutation d'une baguette de plomb en or, grâce à la poudre de projection), puis Clément V lui a toujours fait éviter le même sort que Roger Bacon (la prison).

Il aurait également été le maître du fameux Raymond Lulle.

Traditions fabuleuses de Rajeunissement et d'Immortalité

2 méthodes alchimiques permettaient de donner la jeunesse éternelle: la plus commune, celle de l'absorption de l'élixir de longue-vie et celle de l'iridiation au feu divin magiquement appelé dans le creuset. Normalement, après d'alarmants phénomènes (pertes des cheveux, des dents et des ongles), le corps devait se régénérer en un corps jeune.

Le musulman al-Toghrai (Artephius) a écrit dans ce qui fut traduit en latin Le Livre d'Artephius qu'il vivait depuis 1000 ans, et Nicolas Flamel avec sa femme Pernelle aurait également réussi à découvrir le secret de l'immortalité.

Les Alchimistes dans la Société Médiévale

Comment devenait-on Alchimiste?

N'importe quel couche social pouvait contenir de futurs alchimistes: des nobles, des bourgeois, des illettrés... Mais pour quitter les simples essais empiriques aidés de manuscrits souvent codés et devenir un véritable adepte, il fallait rencontrer un maître, qui apprendrait à l'adepte comment comprendre les manuscrits, quelles sont les bonnes matières premières, etc... Ce maître devait en principe avoir réussi lui-même le Grand Œuvre.

Pour se rencontrer et s'aider, les alchimistes devaient avoir des lieux de rencontres: les églises la plupart du temps, ou la demeure du plus riche d'entre eux. Il arrivait que les alchimistes se réunissaient en sociétés, afin de mieux partager leurs secrets (il y en avait une près de Naples, ou dans l'église de l'abbaye de Westminster). Mais certaine de ces sociétés codaient même leurs écrits, afin que seuls leur membres ne puissent les comprendre. L'autre solution était le voyage, en recherche d'un maître, de manuscrits...

Du Haut en Bas de l'Echelle Sociale

Les trois Etats: clergé, noblesse et tiers-état possédaient chacun leur part d'alchimistes. Par exemple le pape Sylvestre II (999-1003), né en 938 et connu avant son élection papale comme un moine d'Aurillac, il alla étudier en Espagne, chez les Arabes, pendant sa jeunesse. Il y eut également des grandes figures de la noblesse, des bourgeois et des roturiers. Mais il est important de distinguer les charlatans, les faiseurs d'or, des vrais alchimistes: les premiers ne pensant qu'à monter ostensiblement leurs subterfuges afin de se remplir la bourse, tandis que les seconds essayaient de garder leur travaux secrets, travaux qui avaient un but non pas mercantile, mais mystique, sacré.

Couples d'Alchimistes

Il arrivait aux alchimistes de se mettre en couple, mais il y avait 2 formes de couple alchimique: pour les uns, ce n'était qu'une banale union, où la femme aidait son mari dans les plus longs moments de veille, ou pour d'autres tâches; pour les autres, c'était une prise en charge commune de leurs travaux, ils formaient un véritable couple hermétique. Cette forme d'alchimie est rapprochable du tantrisme orientale dit "de la main gauche": une voie très spéciale qui préconise l'union concrète avec un partenaire prédestinée, pour la réussite du Grand Œuvre. Cette théorie est basé sur l'androgynat initial d'Adam, et sur la dualité des principes (Soufre et Mercure) qu'il faut rassembler pour obtenir la Pierre Philosophale. Le principe de cette voie serait de parvenir à retourner l'énergie sexuelle dans le corps de l'adepte pour réaliser les conséquences thaumaturgiques d'une remontée de l'homme et de la femme (redevenus uns) capables de retrouver la source perdue de l'immortalité. Cette deuxième catégorie n'avait que très rarement des enfants, contrairement à l'autre, qui était plus proche d'un couple traditionnel.

 

Figures d'Adeptes Médiévaux:

albert le grand (1193-1280)De son vrai nom, Albert de Bollstädt (famille noble souabe), entre en 1222 dans l'ordre des dominicains. Il fut certainement le plus célèbre des docteurs scolastiques: il enseigna à l'université de Cologne, puis celle de Paris, mais ces cours étaient si populaires qu'il devait les faire en extérieur, sur une place, où l'on disposait de la paille pour permettre à ses auditeurs de s'asseoir.

La pratique de "Maître Albert" de l'alchimie et de l'astrologie lui a valu une réputation suspecte de magicien, avant mais surtout après sa mort.

Ainsi il aurait réussi à redonner vie à un petit environnement naturel, pour accueillir le comte Guillaume II d'Hollande et sa suite dans un jardin printanier, alors que le couvent dominicain de Cologne était plongé dans un hiver très rude.

Son disciple, le futur Saint Thomas d'Aquin (1226-1275) aurait brisé un androïde, que son maître aurait créé, androïde qui aurait ressemblé parfaitement à un humain, et qui aurait servi de serviteur au Maître.raymond lulle (1235-1315)

Né dans une famille de très haute noblesse (descendante en droite ligne des rois de Majorque, son île natale), il fut un coureur de jupons insatiable, dont l'adultère de ses compagnes ne le gênait outrement. Mais un jour, il tomba follement amoureux d'une femme mariée, qui résistait à ses avances. Après de multiples poursuites spectaculaires (jusque dans la cathédrale de Palma) et essais infructueux, il réussit à défoncer la porte du logis de la cause de son désir fou. Celle-ci, désirant totalement se débarrasser de son courtisan, déboutonna son corsage, afin de lui montrer sa poitrine rongée affreusement par un cancer. Le choc fut si dur pour lui que, non seulement il abandonna tout désir pour cette femme, mais fit vœu de chasteté, distribua tous ses biens aux pauvres et donna un grand dessein spirituelle à sa vie: convertir les musulman à la foi chrétienne.

Il devint le docteur illuminé, un érudit autant passionné par la théologie, que par la philosophie, la poésie, et l'alchimie. Cette dernière lui aurait été apprise par Arnauld de Villeneuve, qui lui aurait enseigné le secret de la Pierre Philosophale, lors des études à Montpellier de cet ancien coureur de jupons.

Il mourut lapidé par les habitants du port algérien de Bougie (aujourd'hui Annaba), après avoir trop intrépidement prêché la conversion au christianisme.nicolas flamel(1330-1418) et dame pernelle(1310-1415)

Né à Pontoise de parents appartenants à la petite bourgeoisie, qui lui donnèrent le privilège d'avoir une bonne instruction, il devint ainsi escrivain à Paris et gagna bien sa vie en recopiant des manuscrits, servants de secrétaire pour noter la correspondance de riches illettrés, etc...

A vingt ans, il épousa Dame Pernelle, une deux fois veuve qui en avait déjà 40. Malgré la différence d'âge, son mariage se révéla heureux. Son commerce lui rapportait de bons revenus, si bien qu'ils quittent son échoppe exiguë attenante à l'église Saint-Jacques-la-Boucherie pour se faire construire une maison, à l'angle de 2 étroites venelles: la rue Mariveaux et la rue des Escrivains, maison qui se trouve en face de sa nouvelle échoppe un peu plus spacieuse, à l'enseigne de la Fleur de Lys.

Sa vie est alors bouleversée, une nuit, par un rêve ou une vision: l'apparition d'un ange qui lui tient ce discours:

"Flamel, vois ce livre, tu n'y comprends rien, ni toi ni bien d'autres, mais tu y verras un jour ce que nul ne pourrait voir."

Nicolas étend les bras pour saisir le livre, mais ange et ouvrage disparaissent dans des flots d'or. Il se réveille alors brusquement, tout excité. Un peu plus tard, il trouve un exemplaire du livre vue en rêve dans une librairie: le Livre d'Abraham le Juif. Il se lance alors dans la quête du Grand Œuvre.

On rapproche cet Abraham le Juif d'un kabaliste d'Espagne, né à Tolède, Abraham ben Ezra (1089-1167), celui que les auteurs chrétiens connaissent sous le nom d'Avenare, Avenarius ou Abraham Judaeus. Ce livre décrivait les opérations du Grand Œuvre, mais sans en préciser la matière première.

Flamel raconta son aventure à son épouse, et ils se lancèrent tous deux dans cette quête. Pendant 21 ans, ils ne connurent que des échecs, malgré les conseils que des relations de l'escrivain lui fournirent. Nicolas décida donc d'aller faire un voyage en Espagne pour 2 raisons: un pélerinage sur la tombe de saint Jacques de Compostelle (saint patron des alchimistes chrétiens) à l'extrême Nord-Ouest du pays, et la rencontre avec un Juif, formé aux arcanes de la kabale, qui pourrait lui enseigner le sens caché des figures du livre d'Abraham ainsi que la lecture des caractères hébraïques.

En 1378, il partit accomplir ce pélerinage à pied, ne rencontrant son Juif kabaliste que sur le retour, dans une petite auberge de la cité de Léon, Maître Canches ou Sanchez. Celui-ci accepta de l'accompagner à Paris, mais il mourut en route au niveau d'Orléans, car déjà fort vieux. Heureusement, au cours de leur voyage commun, Nicolas en apprit suffisamment.

De retour à Paris, Flamel et Dame Pernelle se remirent au travail et accomplir successivement le petit puis le Grand Œuvre.

Certaines légendes prétendent que ces enterrements auraient été truqués, et que la couple serait parti vivre en Orient. Mais Nicolas serait revenu plusieurs fois dans son Paris natal (des preuves auraient été apportés pour une de ces venues en mai 1818)...

Chez les Grands

Heures et Malheurs d'Alchimistes

Les alchimistes étaient très intéressés, comme de nombreux artistes, à l'idée de se débarrasser de la lourde tâche qu'est la sustentation des besoins matériels. Ils appréciaient donc fortement l'idée de se mettre au compte d'un mécène, qu'il soit grand seigneur, souverain ou pape.

Le sort des rares alchimistes arrivant à rentrer dans cette voie était très variable: ils pouvaient aussi bien terminer en prison à perpétuité ou être condamné à mort pour avoir essayer de tromper leur mécène tout-puissant, ou ne pas avoir voulu lui révéler son secret, après lui avoir montrer ses capacités, si enrichissantes pour un homme toujours à la recherche d'argent. Mais cela pouvait aussi leur rapporter des conditions de travail d'une qualité parfois sans égal possible.

Les mécènes acceptaient généralement un ou des alchimiste(s) afin que ceux-ci augmentent leur richesse en or. Le roi d'Angleterre Edouard III aurait ainsi réussi à faire fabriquer des pièces en or alchimique, grâce à un procédé enseigné par Raymond Lulle.

Michel Scot, alchimiste et magicien originaire d'Ecosse, après avoir longtemps séjourné dans l'Espagne musulmane (on signale sa présence à Tolède en 1217), fut au service du pape Honorius III (de 1220 à 1227), puis à celui de l'empereur d'Allemagne Frédéric II de Hohenstaufen, à sa somptueuse cour préférée de Palerme en Sicile, où sa carrière et sa vie s'acheva en 1236. Il s'était spécialement préoccupé du problème de la subjugation psychique des hommes, il écrivit en effet dans son traité Physionomia:

"Le véritable pouvoir, c'est d'imposer sa volonté sur d'autres esprits. Ce n'est qu'ainsi qu'on peut dominer les hommes."

Quand les Souverains mettaient eux-même la Main à la Pâte

Exemple: le roi de Castille Alphonse X (dit le Savant), mort en 1284, auteur d'un traité à forte réputation: La Clef de la Sagesse.

Devant l'Eglise

Les Légendes et la Réalité

Contrairement à la pensée commune, l'Eglise n'exerçait pas une oppression inhumaine sur les alchimistes, malgré les excès qu'on lui connaît dans sa traque des hérétiques. Cette image est aussi fausse que celle de l'alchimiste qui serait un homme touchant à la sorcellerie la plus sinistre, une sort de sataniste, fou de haine et de révolte contre l'Eglise (ces cas étaient véritablement exceptionnels), ou encore une sorte de libre penseur militant. Un alchimiste était la plus part du temps un homme pieux et très dévot: il faut se rappeler les activités de l'oratoire: ces prières qui devaient accompagner le Grand Œuvre. Si bien qu'il n'eut aucune condamnation ecclésiastique ou papale, aucun mandement ne visant en particulier ces "fils d'Hermès", dont certains faisaient partie des membres du clergé, moines ou prêtres.

Alchimistes Persécutés: Arnauld de Villeneuve, Roger Bacon

Arnauld de Villeneuve n'eut de son vivant aucun véritable problème, grâce à la protection du pape avignonnais Clément V. Mais à la mort de celui-ci, 3 ans après celle de l'alchimiste, un tribunal inquisitorial, présidé par le moine jacobin Longer, se réunit à Tarascon et confirme à titre posthume le rejet des 15 propositions qui avaient été condamnées à Paris en 1309 par la faculté de Théologie (la Sorbonne)

Le moine franciscain Roger Bacon (1214-1294), doctor mirabilis, eut beaucoup moins de chance: il passa en effet 1' années en prison dans un monastère. Il fut accuser, à tort, d'utiliser des moyens touchant à la magie noire. De plus, le général des franciscains l'a condamné pour enseigner des "nouveautés suspectes": il avait en effet un esprit singulièrement prophétique, et bien avant Léonard de Vinci, enseigna la possibilité de construire des machines volantes, des véhicules automatiques et des sous-marins.

Le Pélerinage à Compostelle

Il s'agissait de rejoindre le tombeau de l'apôtre Saint Jacques le Majeur à Compostelle, en Galice, en partant (pour les parisiens) de l'église Saint-Jacques-la-la Boucherie. Cela correspondrait au dernier voyage de cet apôtre, que les alchimistes chrétiens ont pris comme patron à cause de la légende de la découverte du tombeau de celui-ci: au IXe s., l'évêque d'Irix reçoit la visite d'un cultivateur qui raconte des phénomènes insolites qui se passent dans son champ, que non seulement ses bœufs refusent de labourer mais où en plus se déroulent la nuit des choses étranges: des fleurs médicinales s'y épanouissent à foison mystérieusement et une étoile brille au-dessus du champ d'un éclat resplendissant. L'évêque ordonne de faire des fouilles et le sarcophage de marbre contenant le corps intact de l'apôtre saint Jacques le Majeur est découvert. On bâtit donc une église abritant les précieuses reliques sur ce lieu miraculeux, surnommé dès lors Campus stellae.

Hormis le caractère sacré de ce pèlerinage, comme celui que peuvent faire les compagnons du devoir à la Sainte-Baume (près de Marseille), les alchimistes lui accordait une valeur symbolique: son nom latin est Campus stellae, le champ de l'étoile, et dans Compostelle, il y a compost, qui correspond à l'une des phases du Grand Œuvre, qui est en rapport avec une étoile, stellae.

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