Notre époque est celle des incertitudes sur nombre de sujets et nous sommes de plus en plus à percevoir que nos sociétés progressistes sonnent le glas quant au promesses qui furent les leurs. Nous assistons à une danse macabre en laquelle telles des
L’influence Rose+Croix
dans les milieux de la Tradition
1- L’IMPORTANCE DES LOGES ILLUMINISTES ROSE+CROIX DANS LA PRISE DE
CONTRÔLE DE LA FRATERNITE SAINT PIE X : ASPECTS HISTORIQUES DE LA
FRATERNITÉ DE LA ROSE+CROIX PAR JEAN VAQUIÉ
Les Rose+Croix appartiennent aux Hautes loges maçonniques. Cette partie (illuministe)
dite « de droite » de la Franc-maçonnerie dirige la branche (rationaliste) dite « de gauche » :
les Hautes Loges (à connotation religieuse et très traditionnelle) exercent une domination
(par influence de cercles) sur les Basses Loges progressistes, laïcardes et très engagées
dans la promotion de l’idéologie des droits de l’homme ou des fondements philosophiques
de la doctrine de la liberté religieuse. Le fonctionnement de ces cercles maçonniques
présente une certaine complexité, mais quelques grands principes se dégagent, dont celui
de ce rapport de domination des Hautes Loges traditionnelles sur les Basses Loges
rationalistes. Les loges rationalistes accomplissent le Solve, alors que les loges
traditionnelles illuministes réalisent le Coagula qui le suit chronologiquement.
Jean Vaquié a produit un texte sur les Manifestes rosicruciens, dont voici quelques
passages synthétiques.
« Historiquement la "rose-croix" a été choisie comme pavillon par une société de pensée
dont nous allons voir les premières manifestations et dont le dynamisme est tout entier dirigé
vers la réformation universelle, c'est à dire dans le sens du renversement des institutions
historiques chrétiennes et dans le sens de leur remplacement par autre chose. Autre chose
qu'il s'agit précisément d'élaborer. Le pavillon rosicrucien est chrétien dans ses apparences,
mais la marchandise qu'il couvre ne l'est pas.
Trois coups de clairons teutoniques ont brusquement annoncé, dans les premières années
du XVIIè siècle, l'existence, que l'on soupçonnait vaguement d'ailleurs, de la Fraternité de la
Rose-Croix. Ces trois coups de clairons, ce sont les trois Manifestes rosicruciens que nous
allons étudier maintenant.
Et s'ils prennent place dans notre enquête sur les doctrines révolutionnaires, c'est
précisément parce qu'ils ont inauguré, sur un certain plan tout au moins, la phase de la
réformation politique.
La "Réformation" luthérienne avait été surtout religieuse. La "Réformation Universelle"
qu'entreprennent bruyamment les frères de la Rose-Croix s'étend à la philosophie, à la
science et à la politique des États. Examinons tout cela.
Quels sont donc ces trois manifestes dont le ton fut si tonitruant ? Le premier s'intitule la
Fama Fraternitatis et date de 1614. Le second est la Confessio Fraternitatis et il a été
publié l'année suivante, 1615. Le troisième a pour titre Les Noces Chymiques de Christian
Rosenkreutz, édité en 1616. »
(…)
« Pris dans leur ensemble, les Manifestes rosicruciens sont un appel à la Réformation
Universelle sur les ruines de l'ordre chrétien. A un certain moment, nous avons même vu
apparaître, en feu-follet, comme la lueur du "Grand Soir".
Ces trois coups de clairon ont suivis un silence hermétique ("silentium post clamorem"
disait-on alors en Würtemberg). Mais il est bien évident qu'ils avaient été précédé par une
longue préparation, une longue incubation. La Fraternité de la Rose-Croix a eu sa
préhistoire.
Quant à l'influence postérieure de ces trois manifestes, elle a été considérable et cela
surtout en Angleterre. Ce sont les frères de la Rose-Croix qui sont allés parasiter les
dernières loges opératives d'Angleterre et d'Écosse et qui les ont transformées en
loges dites spéculatives. Le rosicrucianisme est une des sources les plus certaines
de la maçonnerie moderne en même temps que de l'idéologie révolutionnaire. »
Jean Vaquié – Les Manifestes rosicruciens
Les loges illuministes aiment le rite de Saint Pie V, les fleurs de lys, les symboles
monarchiques. Ses adeptes baignent dans des activités où il est de bon goût de magnifier la
tradition monarchique capétienne, de s’opposer à la Révolution française, ou tout au moins
d’en déplorer les excès. Ces loges critiquent l’esprit laïcard des obédiences rationalistes,
elles critiquent l’idéologie des droits de l’homme et les désordres moraux de toute sorte que
véhicule le progressisme. Elles séduisent des personnes qui ont une sensibilité « de droite »
et qui viennent fréquenter les milieux de la Tradition catholique. Elles se complaisent dans
ces milieux, sachant dissimuler leurs véritables intentions et abuser les plus naïfs qui,
souvent par manque de formation, concentrent leurs attaques contre le progressisme, et
même, croient percevoir dans ces membres des loges illuministes des alliés voire des chefs,
un réservoir de forces à même de les aider à vaincre le progressisme. Ces naïfs qui
n’étudient pas, oublient qu’il existe une véritable dialectique rationnaliste/illuministe
qui fonctionne contre l’Eglise, car coordonnées par un centre supérieur qui en tire les
ficelles.
La manoeuvre de ralliement de la FSSPX, à laquelle nous assistons depuis plus d’un an,
relève de cette action des loges illuministes. La FSSPX n’est pas menacée par les loges
rationalistes, trop étrangères et opposées à son combat. D’où l’importance de bien connaître
les Rose+Croix qui appartiennent à cette mouvance, qui sont en apparence les plus proches
de la Tradition catholique, et qui par là même représentent les véritables ennemis, les plus
dissimulés, du Sacerdoce catholique.
Avec Vatican II et depuis quarante ans, les forces du Solve ont travaillé à détruire
l’Eglise et semble pratiquement accomplie. Depuis l’élection de Ratzinger, les plans des
loges illuministes sortent de l’ombre, des initiatives sont suscitées, encouragées par les
média afin de mener la phase de Coagula, qui consiste à construire un édifice nouveau avec
les débris de l’ancien et de mettre en place une contrefaçon d’Eglise ayant les apparences
de la Tradition catholique. Le Sacerdoce a été progressivement quasi-éradiqué dans
l’église conciliaire par l’application durant près de quarante ans d’un rite de
consécration épiscopale rendu volontairement invalide.
C’est pour cela que la FSSPX, seule organisation d’ampleur internationale
dispensatrice des trésors de la grâce sacramentelle grâce aux sacrements valides,
représente un obstacle international à ce projet du Coagula dans la mesure où ces
loges ne la contrôlent vraiment pas à leur guise, bien que des agents infiltrés relaient ses
consignes pour lui impulser certaines orientations. Le combat que nous vivons ces mois-ci
est celui du dernier assaut des loges illuministes Rose+Croix afin d’emporter le contrôle de
l’oeuvre de Mgr Lefebvre par une intégration, sous une forme (Patriarcat Tridentin) ou une
autre (Eglise catholique de Rite Tridentin) sous l’autorité de Ratzinger, chef de l’église
conciliaire. Ensuite les autres pièces du montage du Coagula suivront.
Mgr Ernest Jouin, Curé de Saint-Augustin à Paris, sous la bénédiction du Pape St Pie X,
avait entrepris l’étude systématique des travaux occultistes des loges illuministes
Rose+Croix, exposés dans la Revue Internationale des Sociétés Secrètes (RISS partie rose)
longtemps introuvable et désormais partiellement rééditée. Il semble aujourd’hui et
singulièrement parmi les clercs de la FSSPX que ces travaux absolument vitaux pour
le combat catholique aient été entièrement ignorés, quand ils ne sont pas tournés en
dérision par des clercs malhonnêtes ou prétentieux autant qu’ignorants.
2- LE 18E DEGRÉ DU RITE MAÇONNIQUE DU CHEVALIER ROSE+CROIX : UN BON
PASTEUR QUI N’EST AUTRE QUE LUCIFER
2.1 Qui était Jules Doinel (Jean Kostka) ?
Jules Doinel joua un rôle vers 1893 comme Patriarche de l’ « Eglise catholique gnostique »,
dans la mouvance sataniste qui se répandait à cette époque. Converti à la Foi catholique en
1895, et ayant abjurés ses hérésies, il écrivit Lucifer démasqué[1], dans lequel il dévoilait la
signification des grades maçonniques et les influences lucifériennes qui règnent sur les
hautes loges illuministes. Voici ce qu’écrit sur lui en 1910, l’abbé Barbier, un jésuite qui quitta
son Ordre pour poursuivre ses études sur la Contre-Eglise.
« La Gnose a été rénovée en 1888 par Jules Doinel, archiviste départemental du Loiret et membre
du Conseil de l'Ordre du Grand-Orient de France[2]. Une charte de 1022, écrite de la main du
chancelier épiscopal, Etienne, avait ramené son attention sur ce personnage, l'un des quatorze
hérésiarques brûlés, le 28 décembre 1022, à Orléans, pour avoir pratiqué et professé la doctrine
gnostique.
Doinel se sentit soudain possédé d'un ardent amour pour la Gnose et se donna la mission d'en
recueillir les débris épars ou plutôt d'en renouer et rajeunir l'antique tradition. Il ressuscita l'Eglise
gnostique dont il se premiefit le r Patriarche sous le nom de Valentin II. Fort du principe cher à toutes
les confessions gnostiques, dit son successeur, le Patriarche Synésius (Dr Fabre des Essarts) : «le
sacerdoce peut être conféré dans toute sa plénitude par simple influx divin, sans l'action d'un signe
initiatique», il n'alla demander ses pouvoirs à aucun centre d'initiation. «Il était prêtre de par l'action de
ce mystérieux influx et crut pouvoir légitimement s'écrier : «C'est l'Éon Jésus lui-même qui m'imposa
les mains et me sacra évêque de Monségur»[3]. Le F. Doinel groupa de hautes intellectualités. Un
synode ne tarda pas à être constitué et, en 1893, consacra son titre d'évêque de Monségur dont il
avait déjà été investi par voie intuitive. Une hiérarchie s'établit. Plusieurs évêques furent créés. »
« La grâce divine a des desseins et des ressources insondables. L'initiateur de ce mouvement
satanique, J. Doinel, le Patriarche Valentin II, détesta ses erreurs et revint au catholicisme. En
décembre 1895, la nouvelle suivante fut communiquée aux évêques gnostiques : «Doinel a abjuré la
foi gnostique entre les mains de l'évêque catholique d'Orléans. Il lui a remis ses insignes patriarcaux,
s'est confessé et a communié solennellement dans la cathédrale».
« L'hérésiarque converti se sentit pressé du besoin de réparer autant qu'il était possible le mal
dont il avait été l'auteur. Sous le pseudonyme de J. Kostka (il attribuait en partie à saint Stanislas la
grâce de son retour), il écrivit dans la Vérité française une série d'articles alors fort remarqués, où se
trouvent les détails les plus singuliers sur les sectes: occultes et en particulier celle des gnostiques, et
un aperçu du rituel liturgique ainsi que des mystères sataniques qu'elles célèbrent et de ceux de la
Franc-Maçonnerie. Ces articles furent plus tard réunis en volume sous le titre de Lucifer démasqué.
Il y règne un ton de foi et de repentir d'une note si juste, à la fois si profonde et si mesurée,
une réserve si sincèrement chrétienne au milieu de descriptions abominables et de révélations
où rien n'est écrit pour satisfaire la curiosité, qu'il est impossible de ne pas accorder une
grand-valeur à ce témoignage. Le livre de M. Doinel ne saurait être comparé à certains ouvragea
d'autres pénitents, d'un style tout différent. »
Abbé Emmanuel Barbier, Les infiltrations maçonniques dans l'Eglise, Desclée de Brouwer, 1910,
extrait de la Critique du libéralisme, n° des 1er mai, 1er août, 15 août, 1er septembre, 15 septembre
1910 avec plusieurs approbations épiscopales.
2.2 Le 18e degré de chevalier de la Rose+Croix
Après avoir expliqué que le 18e degré Rose+Croix de la maçonnerie marque « l’entrée
dans les arrières-loges lucifériennes », Jules Doinel décrit l’ivresse spirituelle malsaine qui se
saisit de l’initié devenu chevalier de la Rose+Croix. :
« Lucifer donne à ce grade un tel charme, un tel éclat qu'on l'embrasse passionnément. On
se sent fier et triomphant d'être chevalier de la Rose-Croix. »
« Il y a aussi l'allégresse hautaine de la profanation, du sacrilège conçu, sinon approfondi, de
l'association de la pensée humaine à la pensée du roi des Anges coupables, de l'identification avec
Lui, de la participation à sa science, de la communion à son Verbe. Il y aussi l'influence de sa
Présence spirituelle. » J.Doinel
Pour Doinel, le grade Rose+Croix représente le prototype des hauts grades :
« Le grade de Rose-Croix contient donc le satanisme à haute dose. II est le germe des hauts
grades, comme le degré d'apprenti était le germe du grade du Maître : avec cette différence, toutefois,
que le grade de Rose-Croix constitue le maçon parfait, le maçon ayant contracté, s'il est intelligent, s'il
a le sens religieux, un pacte formel avec l'ennemi de Jésus-Christ ». J.Doinel
Ensuite Jules Doinel va détailler trois mystères lucifériens :
« Dans la loge rouge, il y a entre autres, mais plus spécialement, il y a trois mystères
lucifériens : le mystère de l'INRI, le mystère de la Rose-Croix; le mystère du Signe-du-Bon
Pasteur. J'ai reçu la complète illumination démoniaque sur ces trois mystères ». J.Doinel
2.2.1 Le mystère luciférien de l’INRI
Procédé typiquement diabolique, le sigle INRI qui était inscrit sur la Croix
rédemptrice de Notre Seigneur, est invoqué par les Rosicruciens, mais sa signification
est inversée :
· I(esus) N(azarenus) R(esurrexit) I (ncassum) : C’est vainement que Jésus le
Nazaréen est ressuscité. « C’est l’INRI infernal, par lequel il affirme que Jésus est ressuscité, mais
que lui, Satan, rendra nulle la résurrection ». J.Doinel
· Autre signification donnée par les lucifériens :
« Le Rose-Croix, à son tour fait le signe du Bon Pasteur, ou le signe de l'équerre, en disant : INR
I Et en disant INRI, le Rose-Croix dit : I(n) N(omine) R(egis) I(nferni) Au nom du Roi de l'Enfer ! Il
prononce comme le chrétien sa profession de foi, mais il la prononce dans un sens absolument
contraire. Il se proclame Luciférien. Il se proclame fidèle de l'Enfer. Il se proclame réprouvé.
Que le mystère innommable que je révèle, éclaire les confesseurs et fasse frémir les malheureux qui
ont reçu le stigmate de la bête : l'Equerre. » J.Doinel
L’usage de symboles chrétiens par des Rosicruciens induit les catholiques naïfs
ou confiants en erreur, là où ils voient un symbole sacré exprimé par un initié du
grade de chevalier Rose+Croix, ils sont bien loin de se douter qu’au même symbole
puisse être donné un sens inversé par le fourbe.
2.2.2 Le mystère luciférien de la Rose+Croix
La symbolique de la rose et de la croix devient négatrice de la Rédemption accomplie
par l’adorable sacrifice de Notre Seigneur Jésus-Christ, elle se veut le cachet du silence
apposée sur cette Rédemption efficace, elle vise à obstruer l’écoulement des grâces
sacramentelles que les rosicruciens tiennent en abomination.
« Que signifie donc la Rose du silence apposée sur la Croix et sur celle place de la Croix où
reposait la tête couronnée d'épines du Seigneur ? Elle signifie le cachet de l'annulation mais sur la
Rédemption. La Rose plaquée à la croix n'est autre chose que l'annulation de l'oeuvre de la Croix.
Et seul, Lucifer a pu avoir cette pensée. Seul il a pu concevoir cette théorie monstrueuse. » J.Doinel
Et Jules Doinel cite un discours prononcé dans une arrière-loge :
« Ce moyen sera donc de cacheter (sic) la Croix, comme on cachète un testament précieux qu'on
veut rendre inutile. Nous mettrons donc sur la Croix, le cachet de la Rose. NOUS IMPOSERONS
SILENCE A LA CROIX. Et la croix silencieuse ne parlera plus aux hommes d'un salut et d'un devoir,
qui ne sont ni le devoir qui nous incombe, ni le salut que nous attendons. D'un autre côté, le
catholicisme privé de la Croix et des fruits de la Croix, qui sont la charité, l'abnégation, la patience, le
pardon des injures et la réforme de la vie individuelle comme de la vie sociale. Le catholicisme perdra
son prestige et son action sur les esprits cultivés, d'abord; sur les masses, ensuite. Cachetons la
Croix. » J.Doinel
Lorsque les rosicruciens parsèment leurs oeuvres de rose et de croix, n’y voyons nul
acte de piété, mais bien plutôt ce « cachet » par lequel ils signent leur oeuvre d’extinction des
grâces qui coulent du Sacrifice de la Croix, par lequel ils entendent empêcher que l’eau et le
sang ne coulent du côté du Corps de Notre Seigneur Jésus-Christ, sous la déchirure de la
lance.
2.2.3 Le mystère luciférien du Bon Pasteur
Troisième mystère luciférien, celui du Bon Pasteur qui désigne Lucifer dans les loges
illuministes et qui est manifesté par un signe, une salutation dont toute la symbolique est
blasphématoire :
« Lucifer, à son tour se manifeste dans les loges rouges et dit : «Je suis le bon Pasteur !» Et il donne
à ses brebis, le signe de ce pasteur. Ce signe : le voici :
«Vous croiserez vos deux bras sur votre poitrine, votre bras gauche sur votre bras droit, vos deux
mains étendues et vos deux yeux levés vers le ciel ; puis vous lèverez votre main droite en l'air, et
avec votre index droit, séparé, vous montrerez le ciel. Celui qui vous tuilera, montrera, lui, la terre,
avec son index droit en réponse à votre signe. Et ce sera le contre-signe. Vous croiserez alors votre
jambe droite derrière votre jambe gauche. Votre frère croisera, à son tour, sa jambe gauche derrière
sa jambe droite. Cela fait, votre frère et vous, vous croiserez vos deux bras chacun sur votre poitrine,
vos deux mains bien étendues, en vous plaçant vis-à-vis l'un de l'autre : vous vous saluerez ; vous
vous mettrez réciproquement les deux mains de l'un sur la poitrine de l'autre, sans décroiser vos bras.
L'un dira EM, l'autre répondra MAN, l'un dira NUEL, l'autre répondra PAX VOBIS. Vous vous
donnerez ensuite le baiser fraternel, chacun sur la joue droite de l'autre. Le Tuileur vous dira alors :
Avez-vous retenu la parole ? Vous répondrez : oui, Très Puissant Chevalier ! Il vous demandera :
Donnez-la moi ; Vous direz : I ; il dira : N ; vous répondrez : R ; il dira : I. Enfin, il vous demandera
votre âge. Vous répondrez : TRENTE TROIS ANS !» J.Doinel
Et Doinel décompose avec précision cette salutation dite du « Bon Pasteur » et détaille
avec précision la signification de chaque élément de cette symbolique :
« Les deux bras croisés sur la poitrine, c'est la moquerie de la Croix, déjà annihilée par la Rose
du silence. Les mains étendues, c'est la dérision de la prière. Les yeux levés au ciel, c'est l'insulte
ironique à l'extase et au ravissement des saints. Le geste du signe et du contre-signe, c'est le geste
hiératique du Baphomet qu'adoraient les Templiers. C'est en gnose, l'anabase et la catabase ;
l'évolution et l'involution. En maçonnerie rouge, c'est la menace jetée au ciel et le salut donné à
Lucifer. C'est aussi l'interversion du dogme catholique, en ce sens que l'enfer devient le ciel du
luciférien. Le croisement des jambes c'est le redoublement du mépris de la croix. On la rejette en
arrière et on la foule en simulant sa forme. Le mot Emmanuel qui signifie Prince de la paix, est le mot
qui dans Isaïe et dans l'Evangile désigne le Seigneur. Le rose-croix l'attribue à Satan, son Emmanuel.
L'INRI est décomposé. On connaît son triple sens. » J.Doinel
Et le sacrilège ira plus loin par la célébration d’une Cène qui devient une anti-messe.
« J'ajoute que la cène du 18e degré est, dans la pensée de Satan, I'ANTI-MESSE. Il n'est pas
nécessaire de développer l'odieuse significations de ce dernier symbole : la cène.
La haine de l'Eucharistie est de tradition dans les loges rouges. On m'a dit que dans certaines de
ces loges (…), surtout en Orient, on souillait des hosties consacrées. » J.Doinel
Ainsi pour Doinel, « le 18e degré renferme la quintessence maçonnique ».
Voilà pour l’exposé d’un ancien initié, la signification des mystères lucifériens des
chevaliers maçonniques de la Rose+Croix.
De tels personnages, mus par leur haine du Sacrifice de la Croix et de l’Incarnation de
Notre Seigneur Jésus-Christ, poursuivent depuis des siècles à détruire l’Eglise catholique, à
détruire la validité sacramentelle de ses Ordres, canal nécessaire à la transmission des
grâces sacramentelles d’une génération de chrétiens à une autre, par le ministère des
évêques et des prêtres véritablement catholiques.
Dans ce paroxysme du combat des hautes loges lucifériennes contre le Sacerdoce
catholique, dont nous sommes témoins depuis quelques années, l’église conciliaire est
devenu le véhicule de ces influences infernales. Déjà sous Léon XIII, le cardinal-secrétaire
d’Etat, Rampolla del Tindaro, membre de la secte luciférienne de l’OTO, était initié dans le
grade de chevalier de la Rose+Croix. Que dire en 2008, alors que nous savons que pas
moins de quatre Loges de rite écossais (réservées aux clercs) sont en activité au sein
du Vatican ? Et ceci aux dires des conférences publiques données à l’Institut Universitaire
Saint Pie X à Paris, par Monsieur Arnaud de Lassus. Propos identiquement tenus par Mgr
Fellay lui-même en 1999, mais qu’il a visiblement oublié pour pouvoir courtiser (à quelles
fins ?) ces mêmes autorités du Vatican. Il devient évident que cette structure conciliaire,
q ui ne possède plus de Sacerdoce valide, e st devenu l’instrument de ces attaques
contre l’Eglise catholique qui subsiste encore de façon éparse et ultra-minoritaire
dans le monde.
La FSSPX représente le dernier bastion de la seule société sacerdotale
internationale jouissant encore du Sacerdoce authentique de Melchisedech
sacramentellement valide et dont les Rose+Croix souhaitent s’assurer un
contrôle total. Pour cela la bataille du ralliement qui se joue actuellement doit
être analysée méticuleusement à la lumière des principes et de la symbolique
des Rose+Croix.
3- LE « BOUQUET » SPIRITUEL INITIE PAR MGR FELLAY EST DEVENU UNE
« GERBE MAGNIFIQUE » DE ROSES… DE ROSE+CROIX ?
La manoeuvre du ralliement de la FSSPX a connu une accélération, dès la réélection de
Mgr Fellay le 12 juillet 2006, par le lancement de l’imposture sacrilège du « bouquet »
spirituel, par lequel il a été demandé aux clercs et aux fidèles de prier un million de chapelets
pour que la Très Sainte Vierge Marie accorde à Ratzinger la « force de libérer le rite de Saint
Pie V ».
En publiant les résultats de ce « bouquet », l’abbé Lorans a affiché sur le site Dici.org le
symbole suivant, en appelant ce « bouquet » une « gerbe magnifique » :
Montage photographique diffusé par Dici.org sensé représenter la symbolique de la « gerbe ». La « gerbe
magnifique » présentée à Notre Dame a été réduite à une seule rose et à une croix, la croix du chapelet
par la récitation duquel on prétendit ensuite avoir obtenu le Motu proprio !!
Mais quel est le sens exact de cet étrange montage photographique du "bouquet
spirituel" ? Que voyons-nous au juste ? Une rose + une croix et puis sur la croix du chapelet,
non pas Notre Seigneur crucifié, mais le PX (raccourci de Pax et Pax Christi) que l'on
retrouve sur le cierge pascal ainsi que sur les nouvelles éditions de missels depuis plusieurs
années. Coïncidence remarquable ce PX est à rapprocher d’un autre, le Pax Vobis de la
salutation des Rosicruciens.
Il est clair, à la lumière du texte de Jules Doinel que nous venons de citer, que ce
symbole affiché sur Dici.org peut souffrir une lecture bien différente, et à son insu, de celle
que prétend lui donner l’abbé Lorans, comme cela est le cas pour les symboles que les
rosicruciens se sont appropriés.
Que donnerait une telle lecture rosicrucienne ?
S’il devait être avéré que cette image manifeste un symbole rosicrucien (la rose du
silence scellée sur la croix), cette symbolique exprimerait que la finalité réelle du « bouquet »
serait de parvenir ultimement à nier les effets salvateurs de la Rédemption en coupant les
fruits du Sacrifice, car la capture de la FSSPX à laquelle doit mener le Motu Proprio
(fruit demandé par la prière du « bouquet ») permettrait aux « antichrists » (selon le
mot de Mgr Lefebvre) de la Rome moderniste de prendre le contrôle de la FSSPX et de
mettre ainsi un terme à la transmission du Sacerdoce valide. Ce qui réaliserait ainsi la
devise INRI : I(esus) N(azarenus) R(esurrexit) I (ncassum) : C’est vainement que Jésus
le Nazaréen est ressuscité.
Les Roses+Croix qui poursuivent de leur haine la messe et le Saint Sacrifice des autels
auraient ainsi, par un mouvement qui aurait pris l’apparence de la piété (chapelet),
réussi à détruire la transmission du Sacerdoce perpétuée le 30 juin 1988 par les
sacres opérés par Mgr Lefebvre et à interrompre le sacrifice de la Croix qui se
renouvelle sur nos autels. De plus, les Rose+Croix qui auraient inspiré le « bouquet »,
seraient alors parvenu à enclencher ainsi un processus de destruction du Sacerdoce,
tout en se moquant de la Très Sainte Vierge Marie, Mère du Sacerdoce et en feignant
de lui attribuer le « miracle » du Motu Proprio Tridentin.
Alors, qui, à Rome ou à Menzingen, a inspiré cette imposture du « bouquet » ? Qui
a influencé la symbolique choisie pour communiquer sur le résultat de ce « bouquet » ? Car
un montage photographique plus adéquat eut été facile à réaliser. Il y a sans doute
une influence occulte derrière tout cela, et il importe de savoir laquelle précisément ainsi
que de découvrir ses relais.
4- LE TERME « BON PASTEUR » - LA NAÏVETÉ ET L’ABSENCE DE FORMATION
DES CLERCS D’AUJOURD’HUI AU SUJET DE LA CONTRE-EGLISE ET DES HAUTES
LOGES ILLUMINISTES
Autre application d’une symbolique ambiguë, le cas de l’Institut du Bon Pasteur. L’IBP
a été érigé le 8 septembre 2006 par le « cardinal » Castrillon Hoyos, en présence des abbés
Laguérie, Héry, Aulagnier, de Tanoüarn, etc. Qui a donc eu cette idée de choisir le terme de
« Bon Pasteur » ? L’idée a-t-elle été soufflée directement par Ratzinger ? Un tel choix est-il
un pur hasard, ou alors relève-t-il de cette symbolique rosicrucienne ? Connaissant le degré
d’influence des loges maçonniques au sein de l’actuel Vatican, il doit être sérieusement
envisagé que ce choix symbolique recouvre une intention occulte parfaitement déterminée
de la part d’un hiérarque romain. Il appartenait à l’abbé Laguérie d’être plus vigilant et de se
méfier des autorités vaticanes. Mais a-t-il pensé à cette possible signification ? Savait-il que
le terme « Bon Pasteur » possède, dans le 18e degré de chevalier Rose+Croix, une
signification luciférienne ? Pour cela, il eût fallu qu’il ait étudié un peu plus les travaux des
ecclésiastiques solides qui ont creusé cette grave question des infiltrations maçonniques
dans l’Eglise, comme l’abbé Barbier, Mgr Jouin, ou Mgr Delassus, au lieu de s’en moquer.
Mais, plus affairé à promouvoir La Paille et le Sycomore de l’abbé Celier-Sernine qu’à
travailler à perfectionner sa propre connaissance des ennemis les plus redoutables de
l’Eglise, il devait fatalement se retrouver un jour placé devant de telles interprétations à tiroir.
On ne discute pas impunément avec des autorités conciliaires dont il est évident
qu’elles agissent sous l’influence des doctrines maçonniques illuministes.
5- LE BLASON ROSE-CROIX DE MGR WILLIAMSON (RETOUR SUR UN
PRECEDENT MESSAGE)
Le blason de Mgr Williamson comporte une rose placée au centre d’une croix « fleurie ». Pourquoi
cette symbolique ?
Comment ignorer son étrange similitude avec les blasons Rose+Croix ?
Mgr Williamson a même accentué cette symbolique de la rose au milieu d’une croix et a même
rajouté un pentagone dont la symbolique est bien connue dans ces milieux !!
Blason des sacres de 1988,
connu et approuvé par Mgr Lefebvre
Blason modifié de 1990
(Fideliter n° 78, décembre 1990)
V oici la description donnée par F ideliter du blason de 1990 :
« LE BLASON ET LA DEVISE DE S. EXC. MGR WILLIAMSON
« DESCRIPTION HERALDIQUE : d'azur au lion passant gardant brandissant dans la griffe
droite un glaive horizontalement, la lame est d'argent, la griffe et le pommeau du glaive d'or.
A la pointe une croix fleurie d'argent, en son centre une rose gueule à barbes sinoples.
L'idée du lion brandissant une épée est empruntée au blason pontifical de saint Pie X. La
croix fleurie et le fond bleu honorent la Très Sainte Vierge. La rose rouge représente
l'Angleterre, patrie de Mgr Williamson.
LA DEVISE : Fidelis inveniatur : «Qu'il soit trouvé fidèle». » Fideliter n°78
U n article de Wikipedia consacré à la symbolique Rose+Croix nous apprend ceci :
« Le symbolisme de la rose et de la croix
Rose-Croix brodée sur une nappe d'autel
Ce symbole classique au 17ème siècle a été repris par l'AMORC sous forme d'une croix en
or ayant en son centre une seule rose rouge. La croix représentant le corps physique, et la
rose l’âme en voie d'évolution, comme la fleur s'ouvre lentement à la lumière. Il désigne, sur
le plan symbolique , un état spirituel à atteindre, et l'aboutissement de la quête d'une
connaissance d'ordre cosmologique en rapport avec l'hermétisme chrétien. Cette
vision toute moderne du symbole de l'ordre ne saurait en limiter la signification. A ce titre il
serait intéressant de rappeler que d'après Robert Fludd, le symbole de l’ordre serait rose
rouge sur une croix rouge (Summum Bonum, 1629). S’inscrivant dans la lignée des
Manifestes rosicruciens du XVIIe siècle, Robert Fludd situe cette symbolique dans le
christianisme en ajoutant que « les Rose-Croix s’appellent frères parce qu’ils sont tous fils de
Dieu et que la rose est le sang du Christ, que, sans la croix interne et mystique, il n’y a ni
abnégation, ni illumination ».
Les sociétés rosicruciennes passées et présentes ont décliné le symbolisme de la rose et de
la croix de diverses manières : l'Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix de Stanislas de
Guaita et Joséphin Péladan avait pour symbole une croix inspirée de la Croix de Malte
ornée d'un pentagramme et de quatre roses, la Rosicrucian Fellowship a pour symbole
une croix ornée d'une couronne de roses, etc.
La Rose-Croix d'Or désigne la rose épanouie comme étant le symbole de la perfection divine
de l'âme, matérialisée par l'or. La croix d'or représente le corps de l'homme transfiguré.
Cette école évoque un chemin, vécu à travers trois roses, trois phases de transformation :
La rose blanche représente la purification.
La rose rouge évoque le sang de l'Amour répandu pour tous, par le Service à autrui.
La rose d'or est l'accomplissement, la réintégration du Corps, de l'étincelle divine
(l'Âme) et de l'Esprit dans l'harmonie originelle divine. »
Voici un exemple de blason d’un initié Rose+Croix :
Soit une rose rouge au centre d’une croix d’or « fleurie ou tréflée »
Après avoir été le disciple fervent d’un certain Malcolm Muggeridge, lui-même et ses
d eux fils fortement liés aux milieux F abiens , Anglicans et à la H igh Chirch (étroitement
u nie aux loges illuministes britanniques), l’un de ses fils appartenant même à la s ecte
i lluministe darbyste des F rères de Plymouth, nous nous interrogeons maintenant face au
choix de blason effectué par Mgr Williamson, ancien anglican, pour son sacre épiscopal.
· Pourquoi une rose rouge ?
· Pourquoi au centre d’une croix « fleurie » ?
· Pourquoi dans un pentagone ?
· Pourquoi ce pentagone a-t-il une pointe en bas ? (négation connue de la Très
Sainte Vierge Marie – Stella Maris dans les milieux évoqués)
Et que signifie sa devise ‘qu’il soit trouvé fidèle’ ?
Fidèle à qui, à quoi ?
A la Rose+Croix ?
Une telle devise est ambiguë, elle permet une double interprétation.
CE QUI EST AMBIGUË N’EST PAS CATHOLIQUE.
Et ces choses très curieuses ne s’arrêtent pas là.
Lors de l’anniversaire des 10 ans des sacres, la revue Fideliter, publie en mai-juin 1998,
dans son n°123, les blasons originels des quatre évêques tels que Mgr Lefebvre les
approuva avant les sacres.
Ces quatre blasons possèdent une unité de présentation, de police de caractères pour la
devise : ils sont ceux qui ont été contrôlés au moment des sacres par Mgr Lefebvre.
Et, à notre grand étonnement, nous constatons que le blason de Mgr Williamson de
1988 n’est pas celui de 1990. En effet, afin de mieux tromper Mgr Lefebvre, le blason
de 1988 affichait de façon bien plus discrète, plus « subliminale », la symbolique de la
Rose et de la Croix. Le pentagone est moins marqué. Il fallait éviter d’éveiller les soupçons
de Mgr Lefebvre…
Nous constatons également que la police de caractères de 1990 est différente de celle de
1988. En 1988, elle est banale. En 1990, il s’agit d’une police de caractères gothique,
dont nous savons qu’elle est très prisée dans les milieux Rose-Croix anglo-saxons.
6- CONCLUSION
Notre Seigneur nous a prévenu que dans les derniers temps viendront des faux
prophètes qui égareront les fidèles. L’étude des doctrines et de la symbolique des loges
illuministes, et en particulier des Rose+Croix, devient aujourd’hui une obligation afin de se
préserver de toute manipulation, et alors que nous sommes témoin d’un Coagula insidieux,
préparé de longue date, et dont l’objectif consiste à mettre en place une Eglise conciliaire
néo-anglicane au clergé invalide, après que la FSSPX ait été neutralisée en étant réunie à
cette structure apostate. Pour ne pas l’avoir compris, des clercs bien imprudents, se trouvent
aujourd’hui exposé à des interprétations ambiguës. Mgr Lefebvre avait préféré couper les
ponts en effectuant, après avoir déclaré : « nous ne pouvons pas collaborer », le 30 juin
1988 son « opération survie » et non pas l’ « opération suicide ». Il était loin de deviner
que moins de vingt ans plus tard, l’un des évêques qu’il venait de consacrer, allait prendre
l’initiative d’engager l’ « opération suicide » de la FSSPX par sa collaboration avec
Ratzinger à laquelle lui-même, Mgr Lefebvre, se refusait énergiquement.
Police gothique
(très courante dans les milieux
Rose-Croix)
Forme moins précise de rose
au milieu d’une croix
Police romane
(normalisée pour les blasons respectifs des
quatre évêques)
Forme très nette de rose en
forme exacte de pentagone au
milieu d’une croix
ANNEXE
LES INFILTRATIONS MAÇONNIQUES DANS L’EGLISE
PAR L’ABBÉ EMMANUEL BARBIER
L'abbé Emmanuel Barbier, Les infiltrations maçonniques dans l'Eglise, Desclée de Brouwer, 1910, extrait de
la Critique du libéralisme, n° des 1er mai, 1er août, 15 août, 1er septembre, 15 septembre 1910, avec
plusieurs approbations épiscopales.
p. 79 LA RESTAURATION DE LA GNOSE. - Un grand effort a été tenté en France dans ces vingt
dernières années pour restaurer cette tradition et réorganiser la Gnose. Les diverses sectes qu'on a
vu surgir depuis la même époque s'inspirent, nous l'avons déjà constaté, à cette source commune.
Mais cet effort demande une constatation particulière.
La Gnose a été rénovée en 1888 par Jules Doinel, archiviste départemental du Loiret et membre du
Conseil de l'Ordre du Grand-Orient de France. Une charte de 1022, écrite de la main du chancelier
épiscopal, Etienne, avait ramené son attention sur ce personnage, l'un des quatorze hérésiarques
brûlés, le 28 décembre 1022, à Orléans, pour avoir pratiqué et professé la doctrine gnostique.
Doinel se sentit soudain possédé d'un ardent amour pour la Gnose et se donna la mission d'en
recueillir les débris épars ou plutôt d'en renouer et rajeunir l'antique tradition. Il ressuscita l'Eglise
gnostique dont il se fit le premier Patriarche sous le nom de Valentin II. Fort du principe cher à toutes
les confessions gnostiques, dit son successeur, le Patriarche Synésius (Dr Fabre des Essarts) : «le
sacerdoce peut être conféré dans toute sa plénitude par simple influx divin, sans l'action d'un signe
initiatique», il n'alla demander ses pouvoirs à aucun centre d'initiation. «Il était prêtre de par l'action de
ce mystérieux influx et crut pouvoir légitimement s'écrier : «C'est l'Éon Jésus lui-même qui m'imposa
les mains et me sacra évêque de Monségur». Le F. Doinel groupa de hautes intellectualités. Un
synode ne tarda pas à être constitué et, en 1893, consacra son titre d'évêque de Monségur dont il
avait déjà été investi par voie intuitive. Une hiérarchie s'établit. Plusieurs évêques furent créés.
Ecoutons Synésius raconter sa propre élection:
«Plusieurs ordinations eurent lieu dans les formes déterminées par le Rituel, en un modeste
sanctuaire situé rue de Trévise, que la librairie Chamuel avait bien voulu mettre à la disposition des
néo-gnostiques.
C'est là que celui qui écrit ces lignes fut consacré évêque de Bordeaux par S. G. Valentin, avec les
évêques de Toulouse et de Concorezzo comme assesseurs.
Le cérémonial et les costumes sacrés étaient alors réduits à leur strict minimum. Le consécrateur avait
pour unique ornement une large écharpe de soie violette, bordée de galons d'or, avec une colombe
d'argent entourée de rayons, brodée sur la partie qui recouvrait les épaules.
.Les trois évêques imposèrent les mains au récipiendaire, puis pratiquèrent les symboliques
apolytroses et lui firent prêter serinent de fidélité à l’Eglise gnostique, serment qu'il a rigoureusement
observé jusqu'à présent, et qu'il espère observer toujours, avec l'aide des T. S. (Très Saints) Eons».
La grâce divine a des desseins et des ressources insondables. L'initiateur de ce mouvement
satanique, J. Doinel, le Patriarche Valentin II, détesta ses erreurs et revint au catholicisme. En
décembre 1895, la nouvelle suivante fut communiquée aux évêques gnostiques : «Doinel a abjuré la
foi gnostique entre les mains de l'évêque catholique d'Orléans. Il lui a remis ses insignes patriarcaux,
s'est confessé et a communié solennellement dans la cathédrale».
Dans un livre écrit après sa conversion, dont nous allons parler, Doinel dit que son pallium a été offert
en ex-voto à Ars, pour être placé sur l'autel de sainte Philomène. M. le chanoine Convers, curé d'Ars,
a certifié par une lettre du 29 avril 1910, avoir reçu en effet un pallium qui lui fut envoyé par
l'archevêché de Lyon, et qu'il crut être celui d'un schismatique oriental. Il le fit défaire et s'en servit
pour couvrir l'autel de la sainte Vierge dans la vieille église d'Ars, où il est encore. Les restes de ce
pallium répondent bien à la description que Doinel en fait dans son livre.
L'hérésiarque converti se sentit pressé du besoin de réparer autant qu'il était possible le mal
dont il avait été l'auteur. Sous le pseudonyme de J. Kostka (il attribuait en partie à saint Stanislas la
grâce de son retour), il écrivit dans la Vérité française une série d'articles alors fort remarqués, où se
trouvent les détails les plus singuliers sur les sectes: occultes et en particulier celle des gnostiques, et
un aperçu du rituel liturgique ainsi que des mystères sataniques qu'elles célèbrent et de ceux de la
Franc-Maçonnerie. Ces articles furent plus tard réunis en volume sous le titre de Lucifer démasqué.
Il y règne un ton de foi et de repentir d'une note si juste, à la fois si profonde et si mesurée, une
réserve si sincèrement chrétienne au milieu de descriptions abominables et de révélations où
rien n'est écrit pour satisfaire la curiosité, qu'il est impossible de ne pas accorder une grandvaleur
à ce témoignage. Le livre de M. Doinel ne saurait être comparé à certains ouvragea d'autres
pénitents, d'un style tout différent.
Les Gnostiques ont prétendu que Doinel était revenu à eux. Lors même que, sous le coup des
persécutions auxquelles le converti fut en butte, il serait vrai qu'il ait fait retour au gnosticisme, ses
révélations sont trop conformes aux faits et aux documents qu'on a pu recueillir par ailleurs, pour que
ce changement autorise à n'en pas tenir compte. Mais ce sont les assertions intéressées des
Gnostiques qui doivent être écartées. Non seulement elles sont suspectes, mais on leur a opposé le
témoignage le plus digne de foi. Doinel, en revenant au gnosticisme, aurait humblement accepté un
poste secondaire dans la hiérarchie et changé son nom de Valentin en celui de Simon. Synésius a
adressé à M. de La Rive, directeur de la France chrétienne (N° du 20 mai 1910), la copie de deux
lettres du primat Simon où celui-ci aurait démenti le fait de son abjuration de la foi gnostique et
expliqué qu'il avait feint une conversion dans l'espoir sincère de réconcilier l'Eglise avec la Gnose.
Cette explication est malheureusement impossible à concilier avec l'état d'esprit que dénotent les
articles de J. Kostka, qui ne peut faire aucun doute pour l'interprète attentif d'un document humain,
et avec les révélations redoutables que ces articles contiennent sur les mystères gnostiques et
maçonniques. Celles-ci ne sont pas créées de toute pièce, mais consistent en grande partie dans le
commentaire de textes et de faits dont la réalité est parfaitement établie. Mais, en outre, à ces
assertions, un écrivain catholique bien connu, M. Georges Bois, avocat à la cour d'appel de Paris, très
instruit des sciences occultes, oppose le récit suivant qui a été publié par le journal le Lorrain de Metz,
et reproduit par l'Univers du 18 avril 1908.
«M. Doinel, homme d'une intelligence étendue, et d'une culture littéraire distinguée, mais aussi d'un
tempérament ardent, avait commis l’erreur, après une éducation chrétienne, de faire quelques pas
imprudents dans une voie mauvaise : le spiritisme, l'occultisme, les initiations maçonniques et
gnostiques. Là, il avait trouvé des complices, des amis et des chefs qui étaient charmés du parti qu'on
pouvait tirer de lui. Emporté de son côté par la fougue qui lui était naturelle, il avait marché à pas de
géant dans les sentiers défendus, y avait usé sa jeunesse et son âge mûr.
Il sortit de ce mauvais pas au déclin de la maturité. Il fut dans son repentir aussi résolu qu'il l'avait été
dans l'erreur.
C'est lui qui signait du pseudonyme de Jean Kotska, dans la Vérité, une série d'articles très
remarqués, il y a près d'une dizaine d'années. Il s'appelait de son vrai nom Jules Doinel du Val Michel.
Il était archiviste départemental, fondateur d'une loge d'Orléans, haut dignitaire de la franc-maçonnerie
et de la gnose... Je n'ose me flatter d'avoir été l'instrument de la conversion de Doinel, mais il me sut
gré d'avoir tendu vers lui une main cordiale. Sa sincérité n'était pas douteuse...
On mit en doute sa persévérance.
Ses anciens amis, d'ailleurs, n'auraient pas demandé mieux que de le reconquérir. Ils avaient besoin
de lui, ils n'avaient pas su le remplacer. Ils suivaient avec une certaine inquiétude son oeuvre de retour
chez les catholiques et remarquaient avec joie le peu de profit qu'il en avait retiré. Il était pauvre et sa
conversion lui avait fait perdre des emplois dont il avait besoin pour faire vivre sa famille. Bientôt le
bruit courut que Doinel était redevenu gnostique.
Il en fut sans doute impressionné péniblement, mais pas découragé. Un malheur posthume
l'attendait...
Dans une revue, je retrouve tout récemment ce mensonge affirmé: Doinel est redevenu gnostique
vers la fin de sa vie découragée.
M. Doinel avait demandé en vain aux gnostiques de lui rendre certains de ses anciens écrits qui
étaient restés entre leurs mains. On a refusé de les lui restituer et même on les a publiés comme
ayant été composés par lui après l'époque de sa conversion, pour faire accroire qu'il était vraiment
retourné au gnosticisme.
Je tiens à dire, pour l'honneur d'un homme qui a été mon ami, qu'il n'a pas été, même un instant,
découragé. Et il y avait du mérite, car son épreuve a été dure. Elle a été acceptée jusqu'à son terme
dans un esprit de résignation et d'expiation. Il n'eut pas même un mot d'amertume pour ceux qui
croyaient à son apostasie.
Doinel est mort d'une crise d'emphysème cardiaque pulmonaire dans la nuit du 16 au 17 mars 1902. Il
était seul dans une chambre d'hôtel à Carcassonne. Son agonie dans l'abandon a dû être affreuse;
mais le matin, sa logeuse le trouva mort à genoux sur son lit, son chapelet passé autour du cou.
Il avait l'habitude de m'écrire. Je ne puis citer que des extraits:
22 janvier 1902 : «Cher monsieur et ami, merci de votre lettre. Elle m'apporte un vrai parfum d'amitié
chrétienne... Je suis comme tout le monde entre les mains de Dieu. Une bonne confession générale
m'y a mis plus que jamais. Je me suis rappelé votre parole : il est bon d'être toujours prêt. Vous
rappelez-vous ? C'est ainsi qu'il est bon d'être aimé par des amis chrétiens.
Le 26 février, à propos de la mort d'une femme de lettres qui avait grand peur de l'enfer tout en vivant
dans un milieu incrédule où elle mourut sans sacrements : «L'exemple que vous me citez m'a fait
mieux encore apprécier les bontés de Dieu pour nous. Vous d'ailleurs, vous n'avez pas à expier de
longues années de péché, d'occultisme et de révolte... Quant au bonheur que vous me souhaitez, il
ne repose que sur Celui qui nous a aimés et qui a versé Son sang pour nous. Le reste est sacrifié
depuis longtemps».
Encore une citation. Celle-ci du 3 mars 1902. Malgré son état de santé il se déplace de Carcassonne
à Toulouse pour assister à une fête. C'est quinze jours avant sa mort : «Je vais assister le 7 à la fête
de saint Thomas d'Aquin chez les Dominicains. Je descends... Si vous avez quelque chose à me dire
écrivez-moi là».
Ce que j'avais à lui dire fut lu par une personne amie, pendant la veillée mortuaire. Sa persévérance
dans la conversion me semble prouvée.
La retraite de Doinel eut pour conséquence une division au sein de l'Eglise gnostique. Il arriva même
que, tandis que Synésius niait la conversion de Doinel au catholicisme, M. Bricaud, qui avait pris le
nom de S. B. le Patriarche Jean II, en soutint la sincérité en le déclarant incapable de supercherie.
[1] Disponible aux Editions Barruel : http://www.barruel.com/livres.html
[2] Ce détail est donné par La Gnose, mars 1910, p. 84.
[3] Le titre d'évêque de Monségur est un souvenir des Albigeois auxquels les gnostiques affirment se rattacher.