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Notre époque est celle des incertitudes sur nombre de sujets et nous sommes de plus en plus à percevoir que nos sociétés progressistes sonnent le glas quant au promesses qui furent les leurs. Nous assistons à une danse macabre en laquelle telles des

LE LANGAGE UMMITE

Le langage des Ummites : du chinois ?
Johannes Gehrs, sinologue
Résumé

 


Les lettres des Ummites se présentent elles-mêmes comme étant des messages émanant d’un groupe particulier de visiteurs extraterrestres, ce qui a donné lieu à des controverses. En juin 2000, on a affirmé que ces lettres seraient des faux, parce qu’on aurait « trouvé un lien linguistique tout à fait terrestre aux expressions qui foisonnent dans les documents Ummo ». Ce sont des mots isolés ou petits groupes de mots, sensés être représentatifs du langage des Ummites. Or, Mme Godelieve Van Overmeire pense avoir pu démontrer, au moyen d’un dictionnaire à transcription phonétique, que ces mots dérivent du chinois. Avec Jacques Bonabot, elle a même suggéré que le langage ummite fût « construit » par un ufologue éminent : Sir Gordon Creighton, diplomate et orientaliste de formation. La validité de ces affirmations devait donc être vérifiée. Nous l’avons fait, en nous limitant à des critères purement linguistiques : (1) les caractéristiques de la langue chinoise, (2) la méthodologie utilisée, (3) la structure statistique des deux langues et (4) l’examen des correspondances proposées. Le résultat est très clair : la thèse que « le langage des Ummites est du chinois » et l’accusation qui y fut associée sont inacceptables.
Note complémentaire d’Auguste Meessen
Les nombreuses lettres qui ont été envoyées depuis 1965 à différentes personnes et qui semblent avoir été rédigées par un groupe particulier d’extraterrestres posent encore toujours des problèmes. Ils sont même assez fondamentaux, puisqu’ils ne concernent pas seulement l’authenticité, la forme et le contenu de ces documents, mais également la méthodologie à mettre en oeuvre et les intentions des auteurs, quels qu’ils soient. Ce dernier point est singulièrement important, quand on ne peut pas exclure la possibilité d’une origine extraterrestre, puisque ces données pourraient alors fournir des informations sur une psychosociologie que nous ne connaissons pas, mais que nous devrions chercher à cerner.
Je prépare un dossier à cet égard, mais je m’intéresse surtout à l’examen des « preuves » qui ont été avancées jusqu’à présent pour soutenir ou contester la validité des documents disponibles. Cette évaluation a été mise en route en juillet 2000, quand j’ai pris connaissances des propositions de Mme G. Van Overmeire. J’apprécie le fait qu’elle formula une idée originale et qu’elle chercha à la prouver, mais je ne considère pas sa proposition comme une thèse établie. C’est une hypothèse. Elle a l’avantage de pouvoir être testée et il est indispensable de le faire, non seulement pour faire progresser l’ufologie, mais aussi parce qu’on s’est permis d’accuser ou au moins de suspecter une personne bien déterminée d’être un faussaire.
Il était évident pour moi, qu’il fallait faire appel à un sinologue. Une connaissance préalable du phénomène ovni n’était indispensable, mais il faudrait que cet « expert » soit prêt à investir assez de temps pour que ses conclusions soient bien fondées et sans appel. Comment trouver cette perle rare ? Il se fait qu’en septembre 1999, au cours d’une promenade, j’ai rencontré par hasard monsieur Gehrs. Il cherchait un logement,
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parce qu’il voulait continuer ses études à la Katholieke Universiteit Leuven (KUL) et apprendre en même temps plus de français, en prenant domicile à une dizaine de kilomètres de Louvain (l’ancienne), de l’autre côté de la frontière linguistique. M Gehrs est de nationalité allemande, mais il a été en Chine et pendant quatre ans, il y a appris le chinois au niveau universitaire. C’est un homme remarquable et je suis heureux de pouvoir dire que nous sommes devenus des amis. En juillet 2000, j’ai donc pensé à lui et je lui ai demandé s’il pouvait examiner ce problème. En fait, j’hésitais beaucoup, parce que j’avais peur de lui faire perdre du temps. Je suis d’autant plus reconnaissant pour l’énorme travail qu’il a effectué avec une rigueur exemplaire.
J’ai l’honneur de vous présenter le résultat de ce travail et en même temps, une personnalité très attachante. M Gehrs a actuellement 32 ans. Après avoir fait deux années de théologie [catholique] en Allemagne, il est parti en Chine. Il y étudia le chinois dans quatre universités différentes, chaque fois pendant un an. Il apprit d’abord du « cantonais » à Hong Kong et ensuite le « mandarin » à Yunnan et à Jilin, en République populaire de Chine, ainsi qu’à Taiwan. En 1997, il revint en Allemagne, où il étudia encore pendant deux ans la théologie et la sinologie à l’université de Tübingen. De 1999 à 2001, il a poursuivi ses études à la KUL, où il vient d’acquérir le diplôme de « MA in Theology ». Les recherches qu’il mena en Belgique étaient focalisées sur la problématique d’une traduction adéquate de textes européens en langue chinoise. C’est particulièrement difficile et important pour des textes religieux, tels que le nouveau catéchisme de l’Eglise catholique romaine, puisqu’il devrait pouvoir définir une base dogmatique universelle, même pour des traditions culturelles très différentes de la nôtre. Au moment de la parution de cet article, monsieur Gehrs se trouvera déjà en Asie, pour y être au service d’une communauté de croyants chinois, répartis sur un vaste territoire.
Au nom de tous les ufologues, je le remercie très chaleureusement pour l’aide qu’il nous a fournie. Je voudrais aussi attirer l’attention sur le fait qu’un problème qui s’inscrit dans le cadre des sciences humaines a pu être traité, dans ce cas, avec une rigueur comparable à celle des sciences exactes. M Gehrs avait écrit son texte en allemand. Je l’ai traduit et avec son accord, j’y ai ajouté certaines informations, mais avant tout, j’ai eu le plaisir de profiter de cette occasion pour apprendre à mieux connaître l’histoire, la culture et la langue chinoise.
Introduction
En juillet 2000, le professeur A. Meessen m’a apporté un texte de Mme Godelieve Van Overmeire [1] dans lequel elle a formulé deux thèses : (1) Le langage des Ummites serait du chinois un peu modifié et (2) il aurait été fabriqué par un orientaliste distingué, ayant séjournée en Chine au cours de la Seconde guerre mondiale. Monsieur Meessen m’a demandé mon avis et si possible, une prise de position écrite. J’ai étudié ce problème avec beaucoup d’attention et j’explicite ici à la fois ma démarche et mes conclusions.
Je ne savais rien des Ummites qui se seraient manifestés par de nombreuses lettres et quelques coups de téléphone, en se présentant comme étant des extraterrestres, venant de la planète « Ummo ». Ces lettres furent envoyées d’abord à des Espagnols, à partir de 1965, mais par la suite, également à d’autres personnes réparties dans le monde entier. Je ne me sens pas compétant pour juger du contenu de ces textes et des problèmes qu’ils soulèvent, mais on trouve dans ces lettres des mots et bouts de phrases qui appartiendraient au langage des Ummites. D’après le livre de Ribera [2],
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ces mots étaient transcrits en lettres capitales et accompagnés d’une traduction. En voici quelques exemples : OYAA (planète, p.43 et 208), OOYIA (étoile de petite masse, p.45, 47 et 208), OYAGAA (la Terre, p.49 et 209), WAAM (univers, cosmos, p.53, 210), WOA (Dieu, p.56, 211), IGIO (être pensant, p.57), IGIOI (liberté, p.206), YIEE (femme ou femmes p.43, 212) et UEWA (vaisseau, p.127, 209). Peut-on vraiment affirmer que ces termes dérivent du chinois ?
Mme van Overmeire pense avoir pu apporter la preuve de ce qu’elle affirme. Avec M Bonabot, elle va même jusqu’à suspecter une personne très respectable d’avoir « construit » ce langage et donc d’avoir lancé une vaste supercherie. Cette personne n’a pas été désignée nommément, mais ceux qui connaissent la scène ufologique l’ont reconnue facilement. On précisa, en effet, que cet « orientaliste de formation… a été en poste à Pékin de 1940 à 1947 en tant que traducteur officiel de son pays d’origine » et que c’était un des éditeurs « d’une revue ufologique étrangère bien connue et existant depuis 1955. » Il s’agit de la célèbre Flying Saucer Review et de Sir Gordon Creighton qui occupa aussi des fonctions de diplomate. Mme Van Overmeire l’a confirmé dans une correspondance échangée avec A. Meessen. Les implications de ses affirmations sont donc importantes et graves. Si elle avait raison, toutes les lettres ummites seraient des faux et une personne bien déterminée serait le faussaire.
Mme Van Overmeire ne connaît pourtant pas le chinois. Elle a dû se contenter d’un dictionnaire [3] qui fournit une transcription de la prononciation de caractères chinois en « mandarin » et la signification de ces caractères en anglais. Est-il vraiment possible de prouver l’existence d’une similitude entre le chinois et le langage des Ummites, en procédant de cette manière ? Cette question est intéressante en soi et mérite plus qu’une réponse sommaire. Pour être aussi objectif que possible, je me suis imposé une démarche qui examine le problème à partir de quatre points de vue différents : les caractéristiques de la langue chinoise, la méthodologie utilisée, l’analyse statistique des deux langages et l’examen des correspondances proposées.
1. Les caractéristiques de la langue chinoise
La primauté de la langue écrite
Pour mieux nous rendre compte de la difficulté d’une comparaison du langage des Ummites avec le chinois, il est utile de nous familiariser d’abord avec certaines particularités de la langue chinoise. C‘est la langue la plus parlée au monde et un vestige étonnant d’un passé très lointain. En fait, c’est la « langue écrite » qui a façonné la structure du chinois. Elle s’exprime au moyen d’une multitude de caractères différents. Leur forme est tributaire du fait qu’on les dessinait au moyen d’un pinceau et de la fameuse « encre de Chine ». Le chinois classique comportait au moins 49.000 signes différents [4] et le chinois moderne en comprend encore plus de 20.000, bien que certains d’entre eux soient devenus désuets [5]. En fait, on estime qu’environ 13 mille caractères sont encore en usage et un écolier chinois en apprendra 3000 à 4000. Cela suffira pour lire 99% des textes qui se présenteront à lui tout au long de sa vie [6]. L’écriture de certains caractères fut simplifiée au cours des années 50 et les ordinateurs fournissent actuellement des caractères plus ou moins stylisés.
Seulement 3% de l’ensemble des caractères sont vraiment des pictogrammes, c’est-à-dire des images abstraites qui suggèrent assez facilement ce qu’ils représentent. Les 97% restants sont des signes graphiques standardisés qu’il faut apprendre comme tels [4]. Ils contiennent en général une donnée qui concerne le contenu sémantique du mot, mais on y trouve seulement une indication très vague en ce qui concerne la
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prononciation. Un lecteur qui rencontre un caractère de ce genre pour la première fois peut seulement essayer de deviner comment il se prononce. Les langues européennes décomposent par contre les mots en lettres qui sont à la fois des symboles graphiques et phonétiques. Une trentaine suffit pour produire des combinaisons extrêmement variées. Les éléments de base du chinois sont des caractères monosyllabiques, dont l’écriture n’est pas phonétique.
Les étrangers qui veulent apprendre le chinois sont donc confrontés à un obstacle majeur : il y a un très grand nombre de caractères chinois et en général, on ne voit pas comment il faut les prononcer. On doit l’avoir entendu et mémorisé. Pour cette raison, on s’est déjà efforcé depuis plusieurs siècles de construire des systèmes de transcription phonétique, définissant la prononciation exacte des caractères et permettant de l’apprendre au moyen de dictionnaires adéquats. Ils ont été organisés de différentes manières, mais il y a des constantes, puisque chaque caractère correspond à une syllabe unique. Il faut pouvoir retrouver celle-ci et le caractère associé. En Europe, nous connaissons aussi des exemples de signes graphiques, indépendants du signe phonique. Le chiffre 3 et le signe + par exemple, sont identiques pour toutes nos langues, mais ces signes appartiennent au langage écrit et ne se prononcent pas partout de la même manière. En Chine, les gens de Pékin et ceux de Canton, par exemple, ne se comprennent pas quand ils parlent. Il suffit cependant que l’un d’eux mette par écrit ce qu’il veut dire pour qu’ils arrivent à « s’entendre. »
L’invariance des éléments du langage écrit a fortement contribué à la préservation de l’unité culturelle et politique au cours d’une très longue histoire, sur un territoire extrêmement vaste. Pourtant, ce n’était que l’élite des lettrés de la Chine ancienne qui était initiée par une étude très longue et intensive à l’écriture et à la saisie intuitive du sens des nombreux symboles utilisés. Cela a rendu la « littérature classique » très artistique, remarquablement concise et presque sacrée, puisque sa maîtrise était le privilège d’une certaine classe sociale. La concision de la langue écrite était d’ailleurs importante pour rédiger des textes officiels.
Le système des caractères monosyllabiques qui est à la base de la langue chinoise a cependant deux inconvénients majeurs. D’abord, il n’est pas possible de représenter tous les objets, concepts, adjectifs qualificatifs et verbes au moyen de caractères différents. Il en résulte qu’un même caractère peut avoir des significations différentes.
Il a fallu s’y accommoder et apprendre à se servir du contexte, pour déterminer le sens d’un caractère donné. Ensuite, il faut bien se rendre compte du fait que le nombre des syllabes prononçables et reconnaissables est encore plus réduit que le nombre des signes graphiques qu’on peut inventer. Il y a des restrictions neurologiques et de toute manière, on dispose seulement d’une fonction qui est variable dans le temps (à une dimension), tandis que le dessin des caractères est modifiable sur une surface (dans deux dimensions). Il a donc fallu accepter aussi que des caractères différents correspondent à une même syllabe, mais on a différentié des syllabes identiques, en adoptant un « système de tons », strictement codifié. C’est une caractéristique tout à fait essentielle de la langue chinoise.
La règle « un mot = une syllabe » ne pouvait pas être maintenue dans un monde en évolution permanente. On a créé des mots composés, résultant d’une juxtaposition de deux ou plus de deux caractères. La nouvelle entité prend alors un sens spécifique. Cela veut dire que les caractères qui la constituent peuvent avoir un sens altéré. On doit donc apprendre aussi les mots composés et pouvoir les rechercher dans un dictionnaire.
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Les « dialectes » et le « mandarin »
Depuis les temps les plus reculés, la communication verbale a été basée sur l’utilisation de syllabes qui correspondent à des caractères, bien que le peuple n’en reconnût sans doute que quelques-uns. Puisque des barrières naturelles et certains développements historiques ont empêché une homogénéisation de la langue parlée, il y a toute une variété des langues parlées, qu’on appelle des « dialectes ». Notons de suite que pour nous, les dialectes ne sont que des variétés régionales d’une même langue, tandis qu’en Chine, ils désignent des modes de prononciation tellement différents qu’une compréhension mutuelle n’est plus possible. La Chine du Nord et une grande partie de la Chine du Centre forment cependant une aire dialectale relativement homogène. On y parle des variantes du « mandarin ».
Ce terme provient du fait que les fonctionnaires de l’administration s’en servaient jadis pour parler entre eux quand ils étaient en voyage ou devaient occuper des postes en différents endroits du très vaste empire. Jusqu’à l’avènement du régime communiste, on désignait le mandarin en chinois par le terme « guanhua », ce qui veut dire la langue des fonctionnaires. C’est une forme spéciale du « hanyu », la langue du peuple Han, habitant la plus grande région du territoire chinois. La République populaire de Chine a imposé que le mandarin devienne pour tous, le « pu tong hua », c’est-à-dire la langue courante.
Le système des tons
Ce qui importe pour nous, c’est que dans chacun des dialectes, il y a un nombre limité de syllabes prononçables. Pour le mandarin, il n’y en a que 410, mais des syllabes identiques peuvent être différentiées, en leur attribuant une qualité musicale différente. Le système des tons doit évidemment être strictement codifié et ces règles ne sont pas les mêmes pour différents dialectes. Le mandarin comporte quatre tons et un ton neutre. La figure 1 définit les tons du mandrin en fonction des variations de la hauteur musicale quand on prononce une syllabe donnée. L’échelle verticale définit la hauteur du son pour une voyelle donnée. La valeur 1 désigne donc la fréquence dominante la plus basse, normalement accessible et la valeur 5, la fréquence la plus élevée. La valeur 3 correspond à la hauteur moyenne de la voix, ni grave, ni aiguë. 12354(1)(2)(3)(4)
Figure 1 : Le système des tons du mandarin
L’inflexion (ou modulation de la hauteur du son) peut donc être (1) plane, (2) montante, (3) d’abord descendante et puis montante ou (4) simplement descendante. Le ton neutre (0) est prononcé légèrement et n’intervient qu’à la fin de quelques mots composés. Les quatre tons du mandarin sont normalement indiqués dans une transcription phonétique en caractères latins, en plaçant de petits traits au-dessus de la voyelle qui est modulée. Il s’agit d’une barre horizontale, d’un accent montant (comme dans é), d’un accent circonflexe inversé ou d’un accent descendant (comme
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dans è). Puisque les programmes d’ordinateurs en usage en Europe ne disposent pas de tous ces accents, on peut indiquer le ton également au moyen d’un chiffre (1, 2, 3, 4 ou 0), à mettre entre parenthèses ou en exposant. Nous utiliserons la seconde notation. Le ton est indépendant de l’accent d’intensité, exprimant l’étonnement ou l’insistance, par exemple. En résumé, la langue chinoise dispose d’un très grand nombre de signes graphiques différents, dont la prononciation est monosyllabique, mais polytonale. Le langage parlé bénéficie en outre d’une organisation rythmique de la phrase.
Le problème posé
Mme Van Overmeire « revendique l’invention et la priorité intellectuelle » de l’idée d’une correspondance entre le langage des Ummites et le chinois [1]. C’est normal, mais son apparente démonstration a été influencée par l’objectif qu’elle voulait atteindre. Elle a supposé d’office que les termes ummites se décomposent en syllabes, auxquelles on peut attribuer un sens de manière individuelle, comme en chinois. Si un terme ummite contient par exemple la syllabe BO, elle l’a fait correspondre à la syllabe « bo » qui se trouvait dans le dictionnaire à transcription phonétique qu’elle a utilisé. Dans ce Concise Dictionary [3], on trouve 24 caractères différents qui se prononcent de cette manière, en tenant compte du fait que les lettres des Ummites ne précisent pas le ton à utiliser pour prononcer la syllabe correctement. La figure 2 reproduit ces 24 caractères. Les numéros permettent d’y ajouter des commentaires.
1.2.3.4.6.5.7.8.9.15.14.13.12.11.10.24.19.18.16.17.23.22.21.20.
Figure 2 : La syllabe « bo » correspond dans le Concise Dictionary à 24 caractères différents
Il existe des dictionnaires plus complets. Le Far East Cinese-English Dictionary [7] aurait fourni 50 caractères différents par exemple pour la même syllabe « bo ». Chacun des caractères a un sens différent ou plutôt, en général, un sens principal et différents sens secondaires. Les caractères 5, 6 et 7 interviennent uniquement dans des mots composés, dont la première possibilité est seulement reprise dans cette liste. Pour les autres caractères, aucun des mots composés n’est indiqué, bien qu’il y ait 119
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mots composés qui débutent par des syllabes « bo » dans le Concise Dictionary. Voici les significations principales des caractères de la figure 2 :
1. tourner, remuer 13. bras
2. semer, émettre en radio 14. cymbales
3. bol en terre cuite 15. ancrer
4. onde 16. écran
5. épinards 17. soie
6. verre 18. le frère aîné du père
7. priver 19. vaisseau
8. cou 20. réfuter, contredire
9. soudainement 21. boiteux
10. riche, abondant 22. agiter un éventail
11. mince, maigre 23. comme 22
12. lutter 24. pouce
Ces significations sont tellement différentes, que le contexte suffit normalement pour lever toute ambiguïté. Elle est déjà réduite dans une certaine mesure quand on connaît le ton. Les caractères 1 à 7 de la figure 2 se prononcent « bo1 », les caractères 8 à 20, « bo2 », les caractères 21 et 22, « bo3 » et les deux derniers « bo4 ». Pour d’autres syllabes, les quatre tons interviennent en général dans des proportions assez équivalentes. En tout cas, il est évident que Mme Van Overmeire a bien perçu que la langue chinoise offrait beaucoup d’avantages pour atteindre l’objectif qu’elle s’était fixé. Les caractéristiques fondamentales de cette langue ouvrent, en effet, un champ très large de choix possibles et Mme Van Overmeire n’avait qu’à sélectionner le sens qui lui semblait convenir.
La transcription phonétique et la grammaire
Il importe de savoir également qu’il y a beaucoup de systèmes de transcription phonétique de la langue chinoise. Les premiers d’entre eux ont été développés par des missionnaires, mais à cause de la variété des langues d’origine et l’évidente incitation à la créativité, on a inventé progressivement toute une série de systèmes différents. En 1952, le Gouvernement de la République populaire de Chine a voulu balayer tout cela, en chargeant des linguistes chinois d’élaborer un autre système : le pinyin. Le « Comité pour le Développement d’un Alphabet Phonétique » en a défini ses objectifs de la manière suivante [8]: « fournir la prononciation des caractères chinois pour enseigner et apprendre la langue commune, aider les étrangers à apprendre le chinois, permettre une constitution standardisée des index alphabétiques, etc. » Le premier but concernait la Chine, puisqu’on voulait y dépasser les barrières entre dialectes. Cela devait favoriser également une propagation rapide des « enseignements » des leaders politiques. En pratique, les élèves des écoles chinoises doivent apprendre non seulement un grand nombre de caractères chinois, mais également les caractères latins pour la transcription phonétique, ainsi que les règles de prononciation du pinyin.
L’obligation d’utiliser ce mode de prononciation des caractères chinois fut promulguée officiellement le 1er novembre 1957, mais cela ne veut évidemment pas dire que l’usage du pinyin fut réalisé partout du jour au lendemain. A l’étranger, il s’imposa encore plus lentement. On y continua à enseigner et à se servir des systèmes de transcription phonétique qui étaient proches de telle ou telle langue. Il y avait pléthore. Dans son traité en trois volumes, Legeza [8] détaille plus de 50 systèmes majeurs, déjà rien que pour le mandarin. Parmi les 21 qui étaient utilisés le plus
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fréquemment, il y en avait 19 qui faisaient appel aux caractères latins. Puisque les caractères chinois se prononcent autrement dans différents dialectes et puisque même le système des tons utilisés n’était pas le même pour chacun d’eux, il y avait encore d’autres systèmes de transcription phonétique. Il en résulte que si le langage des Ummites avait été créé à partir du chinois, on ne se serait pas nécessairement basé sur le « hanyu pinyin », utilisé dans le Concise Dictionary [3].
Puisque le pinyin joue un rôle fondamental dans le travail que nous avons à examiner, il peut être utile de connaître les règles de prononciation les plus importantes. Les voyelles a, e, i , o se prononcent (en général) comme en français. Le « u » se dit ou, comme en allemand et en espagnol, mais après j, q, x et y, le u se prononce comme le ü allemand ou le u français. C’est le cas pour hanyu, par exemple. En pinyin, le « ou » se prononce o-ou. La lettre « c » se prononce tss, le « sh » du pinyin se lit comme le ch français, tandis que le « ch » devient presque q et le « q » du pinyin se dit tch. Le « r » se prononce jr en début de syllabe, mais simplement r en fin de syllabe. Le « x » devient hss. Le « z » se dit dz et le « zh » se prononce dj. Le « h » est toujours très fortement aspiré.
La grammaire chinoise est très simple, puisqu’on doit se limiter aux caractères établis. Les noms sont invariables, sans pluriel et sans déclinaisons. Les verbes ne se conjuguent pas. Le passé ou l’avenir sont indiqués par des informations complémentaires, telles que hier ou demain. Les phrases ont toujours la même structure : sujet - verbe - complément. Quand un nom est accompagné d’un adjectif qualificatif ou d’un autre déterminant, il doit précéder le nom. En traduction mot à mot, on dira par exemple : « Je être Belgique homme » et « blanc cheval ».
Le choix du dictionnaire
Mme Van Overmeire a expliqué comment elle est arrivée à s’engager dans la recherche qu’elle a effectuée [2]. Etant parfaitement bilingue (français-néerlandais), il lui semblait d’abord qu’en jouant avec certains mots du langage des Ummites, on pouvait y reconnaître des racines familières. Elle se posa dès lors la question suivante : serait-il possible de « remonter à partir des expressions ummites vers une parenté avec une langue connue ? » Deux réponses étaient envisageables : « Si oui, je pouvais alors prouver que l’affaire Ummo avait plutôt ses racines sur notre bonne vielle terre. Si non, la question restait sans réponse. » En 1995, elle commença par faire une comparaison avec le sanscrit, mais ne fut pas satisfaite du résultat. Elle continua à chercher d’autres dictionnaires de langues asiatiques et en décembre 1998, elle trouva le Concise Dictionary [3]. Il permet de passer du chinois à l’anglais, au moyen d’une transcription phonétique dans notre alphabet. « J’ai eu comme un choc… Fébrilement je me suis mise au travail et comme par enchantement, certaines pièces du puzzle se mettaient rapidement en place. Au bout de 4 mois à peine les résultats dépassaient tous mes espoirs. »
Elle se demanda : « à partir de quel volume d’évidences peut-on prétendre qu’il y a un lien entre une langue et une autre ? » Sans dire pourquoi, elle estima qu’il suffit de mettre la barre à 30% et apparemment, elle a eu le sentiment d’avoir atteint ce niveau. En mai 1999, une conversation avec Jacques Bonabot, l’amena même à penser que l’auteur de la falsification pouvait être identifié. C’était un Britannique, connaissant très bien la langue chinoise et l’ufologie : Sir Gordon Creighton. Sa nationalité semblait justifier le choix d’un dictionnaire anglais-chinois pour créer les termes ummites. Mme Van Overmeire précise cependant que cet orientaliste fut en poste à Pékin de 1940 à 1947. Il a donc dû apprendre le chinois avant 1940 et ses professeurs ont alors utilisé un des systèmes de transcription phonétique en vogue à cette époque.
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Le « Wade-Giles » ou le « Yale » sont les plus probables. Le Mathews’ Chinese-English Dictionary, très répandu dans les années 40, était basé sur la transcription Wade-Gilles [10], mais d’autres systèmes ne sont évidemment pas exclus.
En outre, nous savons que les premières lettres des Ummites sont apparues en 1965 et que le pinyin est un système de transcription phonétique qui n’a été introduit en Chine qu’à partir de 1957. Au cours des années 60, il avait déjà beaucoup de succès chez les danois, allemands, italiens, indonésiens et vietnamiens, directement en contact avec la langue chinoise. A cette époque, il était cependant peu utilisé par les anglophones [8], parce qu’ils auraient dû apprendre des règles de prononciation assez éloignées de leurs habitudes. Le système Wade-Giles, élaboré en 1867 et fixé dans un dictionnaire de 1892, était très répandu et fut utilisé jusqu’en 1979. Le choix du Concise Dictionary est donc arbitraire et même assez illogique, pour justifier ce qui a été annoncé, puisque les résultats obtenus au moyen de différents systèmes de transcription phonétique ne seraient pas équivalents, même quand on présuppose qu’il devrait s’agir du « mandarin ». Nous le verrons dans un instant.
Mme Van Overmeire a insisté plus récemment [11] sur le fait que « les expressions ummites ont été orthographiées pour être lues par des Espagnols ». Le mot UMMO, par exemple, ne devrait pas se prononcer comme en français, mais « oummo ». Il convient de s’en tenir aux textes originaux [2] pour éviter toute complication secondaire. Notons qu’aucun des 19 systèmes majeurs de transcription phonétique romanisée du chinois n’était apparenté à l’espagnol !
Examinons maintenant la liste des syllabes ummites que Mme Van Overmeire a mise en avant [1] pour justifier sa proposition. Elle y a associé des syllabes en pinyin, mais les autres systèmes de transcription phonétique ne conduiraient pas aux même résultat [12].
AA : le « a » existe à la fois en pinyin, Wade-Giles et Yale, mais l’auteur de l’article a préféré la prononciation « an » ou « ai », pour aboutir à un sens relativement proche de celui que les Ummites ont indiqué. Si l’on considère les trois systèmes cités, sans préciser le ton, on peut effectuer un choix entre 34 caractères chinois, avec différents sens possibles.
BO ou BOO : le « bo » existe en pinyin (figure 2), mais devient « po » en Wade-Giles (qui ne connaît pas de b) et il se prononce « bwo » en Yale.
BU : le « bu » existe dans les trois systèmes phonétiques, mais dans l’article [1], on a préféré la prononciation « pu » qui existe également dans chacun des trois systèmes. On s’est permis de prendre cette liberté pour trouver le sens (âme, esprit) que les Ummites avaient indiqué.
DA : le « da » existe en pinyin et en Yale, mais devient « ta » en Wade-Giles. On a ajouté « dao », qui deviendrait « tao » en Wade-Giles et « dau » en Yale.
DO : la syllabe « do » est phonétiquement inacceptable, en chinois.
GO ou GOO : phonétiquement traduit par « gou » en pinyin et Yale, mais par « kou » en Wade-Giles, puisque celui-ci ne connaît pas de g au début d’une syllabe.
UU : a été interprété comme « hu » qui existe dans chacun des trois systèmes.
WUA : le sens de « wua » serait « biologique, biologie », mais cette syllabe n’existe dans aucun des trois systèmes. Le mot biologie se traduit d’ailleurs par « sheng1 wu4 xue2 » et il faut y ajouter encore une syllabe pour former l’adjectif.
OGIA : est supposé correspondre à « jiao » en pinyin, mais se traduirait alors par « chiao » en Wades-Giles et « jyau » en Yale. La liste des sens possibles qu’on trouve dans les dictionnaires ne sont pas nécessairement les mêmes.
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La première conclusion
L’affirmation que « le langage des Ummites, c’est du chinois » a été justifiée, en effectuant des choix arbitraires. Ils sont même incohérents avec certaines données ou suppositions. En fait, on a tiré profit des caractéristiques fondamentales de la langue chinoise, pour aboutir à un grand nombre de possibilités, parmi les quelles on choisit à sa convenance. La figure 2 résume la situation, en montrant les correspondances établies entre différents éléments. Les points d’interrogation désignent des incertitudes. En les juxtaposant, on augmente évidemment les ambiguïtés dans le sens d’une multiplication. Finalement, on aboutit à tout un bouquet de possibilités et il suffira de « découvrir » le sens qui se rapproche le plus du sens défini dans les lettres des Ummites.
sens sélectionné sens fourni caractère chinois prononciation terme ummite ???
Figure 3 : Les relations utilisées pour suggérer que le langage des Ummites est du chinois.
Normalement, il aurait fallu montrer qu’il existe une correspondance biunivoque entre les deux langues ou du moins un lien tel qu’on puisse partir de l’une ou l’autre langue pour aboutir à des équivalences avec une incertitude assez réduite. Ce n’est pas ce qui se passe. On n’a pas recherché la traduction chinoise du terme ummite, d’après le sens qui avait été précisé, afin de voir si la transcription phonétique du terme chinois correspondait bien à celle du terme ummite. L’ampleur des choix possibles aurait été fortement limitée, mais les caractéristiques qui sont propres à la langue chinoise pouvaient être mieux exploitées en suivant l’autre voie. Elle offrait le plus de chances d’aboutir à des coïncidences fortuites. Ce qui a été découvert, en fait, c’est l’existence d’une voie qui suggère que la thèse proposée est vraie.
2. La méthodologie utilisée
En examinant la procédure qui fut employée pour comparer le langage des Ummites au chinois, il est apparu qu’elle implique 8 facteurs, dont chacun élargit le champ des choix possibles. J’ai vérifié qu’en appliquant la même méthode à un texte écrit en français, on pourrait suggérer que même celui-ci dérive du chinois.
(1) Quel chinois ?
Un relevé statistique datant de 1953 révèle que le hanyu (la langue du peuple Han) comporte 7 dialectes, avec13 sous-groupes [13]. DeFrancis [14] y distingue 8 grands « régionalectes » et 24 « dialectes », ceux-ci étant maintenant définis de telle manière qu’ils permettent au moins partiellement une compréhension mutuelle. Toutes ces langues parlées sont cependant du chinois ! Une des faiblesses de la procédure employée pour justifier l’affirmation que « le langage des Ummites est du chinois » provient du fait que l’identification du chinois au « mandarin » n’a pas été justifiée.
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On aurait pu choisir tout aussi bien le cantonnais, par exemple, avec une transcription phonétique en pinyin modifié. Une fois que le hanyu pinyin a été sélectionné, il faudrait au moins qu’on l’utilise de manière cohérente. C’est vrai pour la majorité des termes ummites de l’article [1], mais j’y ai trouvé 45 exemples où l’identification proposée ne s’intègre pas au hanyu pinyin. Certains d’entre eux pourraient appartenir au système Wade-Giles, mais d’autres n’appartiennent à aucun des systèmes qui me sont connus.
(2) La décomposition en syllabes
Puisque les termes ummites contiennent 2 à 12 lettres [1], il est généralement nécessaire de les découper en syllabes, supposées être significatives. Cela se fait souvent de manière arbitraire. Puisque les syllabes sont assez courtes en pinyin, on aboutit de toute manière à un grand nombre de choix possibles, surtout quand les indications du Concise Dictionary sont interprétées très librement.
Prenons un exemple. Le premier « dictionnaire Ummo », établi en 1978 par Antonio Moya Cerpa [2] contenait 403 mots, parmi lesquels on trouve BIIEUIGUU (psycholobiologie) et BIEEWIGUU (psychophysiologie). Le petit dictionnaire comparatif de Mme Van Overmeire [1] décompose le second terme de la manière suivante : « bi-è-huî-gui », en retenant les significations suivantes : comparer –vérifier - intelligence - normes, règles, lois, prévisions. En fait, elle avait isolé « bi-è », mais cette combinaison n’existe pas en chinois. On aurait pu considérer par contre la syllabe « bie », avec 4 tons possibles. Il en est de même pour la syllabe « gu », mais aucune de ces possibilités n’a été retenue, puisqu’elles ne fournissaient pas de correspondance jugée adéquate. Pour nous rapprocher le plus possible de ce qui a été proposé, nous pourrions retenir « bi3-e4-hui4-gui1 », mais cela signifieraient alors : comparer - contrôler (au sens de se dominer et non pas de vérifier) - intelligent/malin (et non pas intelligence) - règles/régulations (sans prévision). L’interprétation proposée s’évapore. Notons que le terme chinois pour psychologie est « xin1-li3-xue2 » et que physiologie se dit « sheng1-li3-xue2 », ce qui est vraiment très éloigné de la phonétique proposée dans les textes ummites.
(3) La méconnaissance du ton
Les lettres des Ummites ne fournissent aucun renseignements sur les tons à utiliser pour prononcer les syllabes. Mme Van Overmeire reproduit parfois les indications du Concise Dictionary, en notant pas exemple « ér » ou « dà », ce que nous désignons par « er2 » et « da4 », mais dans la plupart des cas, les tons ne sont pas transcrits, voire erronés. Cela souligne le fait qu’on n’a pas perçu l’importance des tons dans la langue chinoise, pour restreindre l’ampleur des choix possibles.
(4) La structure des phrases
La langue chinoise est soumise à des règles très strictes, en ce qui concerne l’ordre des mots dans une phrase, mais les lettres des Ummites ne fournissent pratiquement que des termes isolés et quelques petits groupes de mots. La traduction syllabe par syllabe ou mot à mot conduit alors à des structures inadéquates en chinois. Par exemple : BAAXIODIXAA (formule du nombre de mutations possibles dans l’équilibre cosmobiologique) a été traduit par « bàxi-dichàng-dui-gou », qu’on fait correspondre à truc (tour de passe passe) compensatoire pour ajuster des structures. En fait, on devrait traduire la même séquence de syllabes par acrobatique/astuce-compenser-ajuster-construire/former/composer, mais en chinois, cette juxtaposition n’a pas de sens.
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(5) Les fonctions des mots
Bien que les caractères chinois puissent avoir différentes fonctions, on ne peut pas leur attribuer le rôle d’un verbe, d’un adjectif ou d’un substantif comme on veut. Cela a été fait plusieurs fois dans l’article [1] pour aboutir au résultat désiré, puisque dans le Concise Dictionary, les indications correspondantes sont fournies en chinois. L’auteur de l’article ne les a pas comprises. Le terme ummite ALADA ou AALAADAA devrait signifier : mélange cristallisé de métaux ou alliage. Le mot chinois pour alliage est « he2-jin1 », combiner-métaux. L’article propose : an et/ou ai (confirmation, réalité, légalité, contrôle, vérification), lào (fer), dâ (solution et/ou ajouter, insérer). D’après Mme Van Overmeire, cela signifierait « en clair : réalité de la solution (du mélange) de fer. » Le Concise Dictionary fournit un « lao4 » qui peut seulement être utilisé comme verbe et qui signifie repasser (to iron, en anglais). Ce n’est pas le fer (iron, utilisé comme substantif), qui se dit « tie3 » en chinois.
(6) Les mots composés
Le chinois connaît beaucoup de mots composés, résultant d’une juxtaposition d’au moins deux caractères chinois, toujours monosyllabiques. Ceux-ci forment alors des entités qu’on ne peut pas toujours séparer. Dans le petit dictionnaire comparatif, AAYA ou AYAA (matière fécale) a été remplacé astucieusement par « yaya » : paquet. IEAAYA (urine) a été transformé en « heiyaya » : masse dense ou sombre. En chinois, il existe un mot composé qui se prononce « hei1-ya1-ya1 », ce qui vient de « hei1 », noir et « ya1 », presser, mais l’ensemble forme une entité qui a un sens particulier : très noir de monde. La répétition indique un renforcement.
DIEWEE (base d’ordinateurs) a été traduit par « dié » et « wéi », en admettant que la première syllabe veut dire : intelligence et la seconde : apparente force ou puissance, pour obtenir « en clair : apparente puissance intelligente ». Il y a un « dié2 » qui signifie espionage (intelligence, en anglais) ou espion (intelligence agent), mais cela n’est pas équivalent à intelligence, en français. « wéi » ou « wei2 » devrait être remplacé par « wei1 » pour aboutir à un caractère qui signifie : force impressionnante (dans le sens d’une armée). Il y a des erreurs impressionnantes, en plus du non-respect des règles qui s’appliquent en chinois aux mots composés.
(7) Les inversions et modifications de syllabes
Puisque Mme Van Overmeire présuppose que les lettres des Ummites sont des faux, elle admet que le faussaire a voulu brouiller les pistes. Elle se donne dès lors la liberté de modifier l’ordre et même la nature des lettres dans les syllabes chinoises, quand cela lui convient. Le dictionnaire initial [2] contenait OGIIA (chef) et OGIAA (grands chefs). Le lien rapide vers le dictionnaire comparatif [11] reprend OGIA, en l’associant à la syllabe « jiao » du pinyin, qui signifierait : maître, chef, docteur ès… (p. 4). Le « dictionnaire éthymologique », incluant différentes phonations du langage ummite [15], cite OGIA, OGIAA et OGGIAA (grands chefs), en renvoyant aussi à ASE OGIA (chef de cité). Pour pouvoir admettre une correspondance avec «jiao », on a placé la lettre initiale à la fin. En outre, le g a été remplacé par j, bien que ceci viole les règles de prononciation du pinyin.
Voyons maintenant ce que la syllabe «jiao » pourrait signifier d’après le Concise Dictionary, quand le ton peut être choisi librement. Il y a un « jiao1 » qui veut dire : enseigner-instruire, un « jiao3 » qui signifie : chanceux et un « jiao4 » qui est : enseigner-éduquer. Ce dernier caractère peut être associé à d’autres caractères chinois, pour former des mots composés, tels que « jiao4-shou4 » : professeur ou
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« jiao4-huang2 » : pape. Je n’ai pas trouvé de « jiao » qui signifierait ce qui a été annoncé (maître, chef, docteur ès…). Le lecteur qui n’a pas la possibilité de le vérifier et qui ne connaît pas l’importance des mots composés, ne peut pas s’en rendre compte. En examinant un assez grand nombre de cas où les données ont été modifiées, y compris par suppressions d’une ou de deux lettres, je n’ai pu reconnaître aucune règle. Les changements sont effectués ad hoc. Il suffit que le résultat ressemble (peut-être) à ce qui est souhaité.
IXOOURRA (acide désoxyribonucléique) [2], avec les prononciations alternatives IXOOURAA ou IXOUURAA [1 et 11], correspondrait apparemment à « ixi–chong-ôuràn » : reproduction – dynamique, dynamisme – contingence En fait, la syllabe « ixi » n’existe pas en chinois. En pinyin, il n’y a même aucune syllabe qui commence par i, mais on peut trouver un « chong4 » qui veut dire vigoureusement et un mot composé « ou3-ran2 » qui signifie accidentel-fortuit. Comment en faire du DNA ?
(8) Le choix du sens des mots
Le Concise Dictionary fournit d’abord la signification principale pour chacun des caractères chinois et ensuite des significations secondaires. Il y en a assez souvent. Mme Van Overmeire n’hésite pas à remplacer le premier choix par le second, sans autre justification que le désir d’aboutir à une ressemblance avec le sens indiqué dans les documents ummites. Le petit dictionnaire comparatif [1] invite même le lecteur, dans plus de 30 cas, à effectuer son propre choix. Pour AAGA, on nous dit : « an-ga » et/ou « ai-ga ». AAR devient « är » et/ou « ér » : indication de coordination et/ou bilatéral. En fait, la syllabe « ar » n’existe pas en chinois, avec aucun ton. Bien qu’il y ait des caractères chinois qui se prononcent « er », aucun d’entre eux ne signifie bilatéral.
Un test de la méthode employée
Il ne s’agit nullement d’attaquer une personne, mais d’examiner la validité d’une hypothèse et donc aussi de la méthode de travail utilisée pour la justifier. Pour évaluer ce qu’on peut en tirer, je l’ai appliquée au début de la première phrase de l’article proposé [1] : « Avant toute chose un grand merci à xy qui me permet dans ce bulletin…». Il s’agit des remerciements que l’auteur adresse à Jacques Bonabot pour la publication de son article dans le bulletin du Gesag. Le siège de cette association ufologique se trouve à Bruges. Pourrait-on retrouver à peu près le même sens, en effectuant une décomposition en syllabes, associables au moyen du Concise Dictionary à une traduction chinoise ? Voici la séparation en syllabes proposée : « a-van-t-tou-te-cho-se-un-g-ran-d-m-er-ci-a-xy-qui-me-p-er-me-t-dan-s-ce-bu-lle-tin ».
Cette liste est reprise dans la première colonne du tableau suivant. La seconde colonne fournit des syllabes en pinyin, en nous permettant éventuellement de modifier une ou deux lettres et en choisissant le ton tout à fait librement. La troisième colonne contient les significations qui peuvent alors être retenues et la quatrième colonne, ce qu’on peut en tirer quand le choix est orienté.
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Syllabe Syllabe Signification choisie Résultat d’une
initiale en pinyin en chinois première interprétation
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a ai1 désaccord = le contraire de
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van wan2 fin pas la fin = au début
t ta1 cela
tou dou1 tout
te te4 spécial = surtout
cho chou2 catégorie
se se4 sorte(s) = toute chose
un hun2 entièrement
g gao1 grand, élevé = très grand
ran ran2 dès lors dès lors
d de0 indicateur génitif = mon, ma
m man3 satisfait
er er2 par conséquent = car satisfait
ci ci2 discours (dire) = remercie
a a1 abrév. monsieur = M
xy nom nom de la personne = xy
qui qi2 son/sa
me mei4 soeur plus jeune sa soeur plus jeune = moi
p pei4 accorder
er er3 cela
me me0 ainsi ainsi accordé cela = permis
t ta1 elle
dan dan3 réservoir interne
s sai1 verser dans = qu’elle mette dans
ce ce4 la reliure (d’un livre)
bu bu4 cahier = ce cahier de la revue
lle lei3 répété = publiée régulièrement
tin ting1 laisser
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Ensuite, nous arrondissons les angles, en exprimant certaines idées un peu autrement. Par exemple, quand une dame veut se désigner elle-même d’une manière humble et polie, elle pourrait utiliser une périphrase, en chinois. Voici le résultat :
Avant toute chose

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