Notre époque est celle des incertitudes sur nombre de sujets et nous sommes de plus en plus à percevoir que nos sociétés progressistes sonnent le glas quant au promesses qui furent les leurs. Nous assistons à une danse macabre en laquelle telles des
Dans la tradition chinoise, le Principe, à l'origine de toute manifestation cosmique, se polarise selon la complémentarité fondamentale du Ciel et de la Terre. Le Ciel associé au côté lumineux, à la clarté, est yang comparativement à la Terre assimilée au côté sombre, à l'obscurité, au yin.
Selon les mêmes principes appliqués aux points cardinaux, le Sud et l'Est sont relativement yang par rapport au Nord et à l'Ouest considérés comme yin.
En tant que fils du Ciel et de la Terre, l'Être Primordial possédait la plénitude de la nature humaine dont il avait développé toutes les possibilités. Il était parfaitement équilibré au regard du yin et du yang: yin par rapport au Principe générateur de toute manifestation et yang vis-à-vis du Cosmos. En se tournant en direction de son complément, le yin ou le Nord, il amorçait alors la voie descendante du yang vers le yin, du Ciel vers la Terre.
Dans l'hémisphère Nord, cette orientation est qualifiée de polaire. En effet, en se tournant vers le nord, projection du Pôle Nord céleste sur l'horizon le long du méridien, l'observateur regardait aussi en direction de l'étoile polaire, l'apogée du Ciel. La fixité apparente de l'étoile symbolisait l'être parfaitement centré. Une modalité qui se rencontre notamment dans la tradition islamique.
Davantage fils de la Terre que du Ciel, l'être des époques ultérieures a vu ses possibilités rester potentialisées. Devenu yin par rapport au Cosmos, il se tournait vers le complément qui lui faisait défaut, le yang, afin de remonter la voie ascendante du yin vers le yang, de la Terre vers le Ciel. Aussi l'individu, à la recherche de l'équilibre perdu, regardait-il en direction du Sud ou du soleil au méridien, c'est-à-dire au plus haut dans le Ciel. Une telle orientation est naturellement qualifiée de solaire et se retrouve, en particulier, dans la tradition chinoise.
L'être adoptant la modalité polaire et regardant en direction du Nord (yin), montrait généralement (mais pas toujours) une préférence pour la droite ou l'Est (yang) de manière à maintenir l'équilibre qui lui était propre.
L'homme ordinaire suivant la modalité solaire se tournait vers le Sud (yang) et affichait généralement (mais pas toujours) une préférence pour la gauche ou l'Est (yang) en vue de restaurer l'équilibre perdu.
Privilégier la droite ou la gauche, dans chacune des deux modalités, revenait à accorder la prééminence à l'Est, considéré comme le côté lumineux, par opposition à l'Ouest, assimilé au côté sombre. Cela est en plein accord avec l'analogie générale qui veut que la Terre soit une image inversée du Ciel, vue dans un miroir. En conséquence, la gauche pour la modalité solaire correspond à la droite pour la modalité polaire.
Orientations solaire et polaire
Pour davantage de détails sur les modalités polaire et solaire, consulter les articles consacrés respectivement aux traditions islamique et chinoise sur le même site.
La porte indique l'accès à un domaine différent, à un autre monde, même si elle reste close. Dans la modalité polaire, l'être humain aura accès à la voie ascendante directe en direction du Pôle Nord céleste par une unique porte tandis que, dans la modalité solaire, il devra généralement franchir deux portes pour atteindre ce même pôle.
En effet, l'être ordinaire, sur la voie ascendante de la Terre au Ciel, regarde vers le Sud et découvre que l'orbite apparente du soleil ou écliptique se déplace vers le Pôle Nord céleste entre les solstices d'hiver et d'été et vers le Pôle Sud céleste entre les solstices d'été et d'hiver. Il peut en conséquence soit poursuivre son chemin sur la voie ascendante vers le Nord soit régresser le long de la voie descendante en direction du Sud (voir l'illustration ci-dessus).
Dans la tradition hindoue, autre exemple de modalité solaire, la phase ascendante est associée au dêva-yâna, la voie des dieux, et la phase descendante au pitri-yâna, la voie des ancêtres ou des êtres d'un cycle précédent. Cela est en plein accord avec la Bhagavad-Gitä qui dit: feu, lumière, jour, lune croissante, semestre ascendant du soleil vers le nord sont les signes lumineux qui mènent à Brahma; fumée, nuit, lune décroissante, semestre descendant du soleil vers le sud sont les sombres signes de la voie du retour au monde manifesté. L'accès au dêva-yâna s'effectue par la porte des dieux naturellement identifiée au début de la phase ascendante ou au solstice d'hiver. L'entrée dans le pitri-yâna s'opère par la porte des hommes associée au commencement de la phase descendante ou au solstice d'été.
L'être qui n'a pas atteint la plénitude des possibilités humaines ne poursuivra pas en direction des états supra-humains. Il devra passer par d'autres états de la manifestation humaine et emprunter la voie descendante ou la porte des hommes ouverte sur ces états et fermée aux états supérieurs. Parvenu à la plénitude humaine, il passera par la porte des dieux et suivra la voie ascendante pour quitter définitivement le monde de la manifestation humaine et parvenir aux états supra-humains ou spirituels.
Dans les traditions indienne, biblique et celtique, l'orientation est prise en regardant le soleil levant, c'est-à-dire en se tournant vers l'Est. Comme mentionné plus haut, l'orbite du mouvement apparent du soleil sur la sphère céleste se déplace quotidiennement vers le Nord entre les solstices d'hiver et d'été et vers le Sud entre les solstices d'été et d'hiver. En conséquence, l'écliptique coupe l'horizon en deux points correspondant au lever et au coucher du soleil qui eux-mêmes se déplacent le long de l'horizon.
Or, le soleil se lève en direction du Sud-est et se couche au Sud-ouest au solstice d'hiver; il se lève vers le Nord-est et se couche au Nord-ouest au solstice d'été. Aussi, durant sa phase ascendante, le soleil levant se déplace entre le Sud-est et le Nord-est. À l'inverse, au cours de sa phase descendante, il se meut entre le Nord-est et le Sud-est. Il s'ensuit que la porte des dieux peut être associée au soleil levant au solstice d'hiver et la porte des hommes au soleil levant au solstice d'été
Tout en se tournant vers l'Est, l'être peut donner la préférence au Nord ou au Sud, au côté sombre ou lumineux, à la gauche ou à la droite. Privilégier la gauche ou le côté sombre revient à observer le mouvement apparent du soleil levant entre le solstice d'hiver et le solstice d'été dans sa marche ascendante vers le Nord ou à suivre la voie du dêva-yâna. Donner la prééminence à la droite consiste à regarder le mouvement du soleil levant entre les solstices d'été et d'hiver, en direction du Sud, ou à reprendre la voie descendante du pitri-yâna.
Des illustrations de la modalité orientée vers le levant sont fournies dans les articles dévolus aux traditions celtique, biblique et romaine et chrétienne.
Une question relative à l'orientation concerne la circumambulation rituelle ou la façon de parcourir un cercle:
L'observateur se tournant en direction du Sud voit le soleil se mouvoir de l'Est vers l'Ouest ou de gauche à droite. Lorsqu'il fait face au Nord et regarde l'étoile polaire, les autres étoiles tournent apparemment autour du Pôle Nord céleste dans le sens rétrograde ou de droite à gauche. Autrement dit, se déplacer le long d'un cercle comme dans le diagramme ci-dessous signifiait avoir le centre à sa gauche dans la modalité polaire et à sa droite dans la modalité solaire.
La marche rituelle devait également partir du pied gauche dans la modalité solaire et du pied droit dans la modalité polaire. Cet ordre de marche était aussi généralement observé au-delà de la seule circumambulation pour marquer la prééminence du point de vue polaire ou solaire adopté soit dans diverses traditions soit à différentes époques au sein d'une même tradition.
Circumambulations solaire et polaire
L'adoption d'un sens de circumambulation garantissait l'harmonie du monde en s'assurant que le microcosme se mouvait en accord avec le macrocosme.