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Notre époque est celle des incertitudes sur nombre de sujets et nous sommes de plus en plus à percevoir que nos sociétés progressistes sonnent le glas quant au promesses qui furent les leurs. Nous assistons à une danse macabre en laquelle telles des

Padre Pio

Padre Pio

EXTRAIT BIOGRAPHIQUE

« Mais pour moi, que la croix de notre Seigneur Jésus-Christ reste mon seul orgueil » (Ga 6, 14).

Padre Pio de Pietrelcina, comme l'Apôtre Paul, plaça la Croix de son Seigneur au sommet de sa vie et de son apostolat, comme sa force, sa sagesse et sa gloire. Enflammé d'amour pour Jésus Christ, il se conforma à lui dans l'offrande de lui-même pour le salut du monde. En suivant et en imitant le Crucifié, il fut si généreux et si parfait qu'il aurait pu dire : « Avec le Christ, je suis fixé à la croix: je vis, mais ce n'est plus moi, c'est le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 19-20). Et les trésors de grâce que Dieu lui avait accordés avec une largesse singulière, il les distribua sans répit par son ministère, servant les hommes et les femmes qui accouraient à lui toujours plus nombreux, et engendrant une multitude de fils et de filles spirituels.

                                  
Ce digne disciple de saint François d'Assise naquit le 25 mai 1887 à Pietrelcina, dans l'archidiocèse de Bénévent, de Grazio Forgione et de Maria Giuseppa De Nunzio. Il fut baptisé le lendemain et reçut le nom de François. À 12 ans, il fit sa Confirmation et sa première communion.

À 16 ans, le 6 janvier 1903, il entra au noviciat de l'Ordre des Frères Mineurs Capucins à Morcone, où, le 22 du même mois, il revêtit l'habit franciscain et prit le nom de Frère Pio. Une fois achevée l'année du noviciat, il fit profession en émettant les vœux simples et, le 27 janvier 1907, les vœux solennels.

Après l'ordination sacerdotale, qu'il reçut le 10 août 1910 à Bénévent, il resta dans sa famille jusqu'en 1916, pour des raisons de santé. En septembre de la même année, il fut envoyé au couvent de San Giovanni Rotondo et il y demeura jusqu'à sa mort.

Enflammé de l'amour de Dieu et de l'amour du prochain, Padre Pio vécut pleinement sa vocation qui consistait à participer à la rédemption de l'homme, selon la mission spéciale qui caractérisa toute sa vie et qu'il réalisa par la direction spirituelle des fidèles, la réconciliation sacramentelle des pénitents et la célébration de l'Eucharistie. Le moment le plus éminent de son activité apostolique était celui où il célébrait la messe. Les fidèles qui y participaient y percevaient le sommet et la plénitude de sa spiritualité.

Dans le domaine de la charité sociale, il s'appliqua à soulager les souffrances et les misères de nombreuses familles, principalement par la fondation de la « Casa Sollievo della Sofferenza », inaugurée le 5 mai 1956.

Pour Padre Pio la foi était la vie : il voulait tout et faisait tout à la lumière de la foi. Il s'investissait continuellement dans la prière. Il passait la journée et une grande partie de la nuit en dialogue avec Dieu. Il disait : « Dans les livres nous cherchons Dieu, dans la prière nous le trouvons. La prière est la clé qui ouvre le cœur de Dieu ». Sa foi le porta constamment à accepter la volonté mystérieuse de Dieu.

Il était en permanence immergé dans les réalités surnaturelles. Non seulement il était l'homme de l'espérance et de la confiance totale en Dieu, mais, par la parole et par l'exemple, il inspirait ces vertus à tous ceux qui l'approchaient.

L'amour de Dieu le remplissait, répondant à toutes ses attentes ; la charité était le principe qui dirigeait ses journées: aimer Dieu et le faire aimer. Sa préoccupation particulière: grandir et faire grandir dans la charité.

Il manifesta le maximum de sa charité envers le prochain en accueillant, pendant plus de 50 ans, de très nombreuses personnes, qui accouraient à son ministère et à son confessionnal, à son conseil et à son réconfort. Il était comme assiégé : on le cherchait à l'église, à la sacristie, au couvent. Et il se donnait à tous, faisant revivre la foi, distribuant la grâce, portant la lumière. Mais il voyait l'image du Christ particulièrement dans les pauvres, en ceux qui souffrent ou qui sont malades, et il se donnait spécialement à eux.

Il a exercé de manière exemplaire la vertu de prudence, il agissait et conseillait à la lumière de Dieu.

Son intérêt était la gloire de Dieu et le bien des âmes. Il a traité toutes les personnes avec justice, loyauté et grand respect.

La vertu de force a brillé en lui. Il ne tarda pas à comprendre que son chemin serait celui de la croix, et il l'accepta aussitôt avec courage et par amour. Il fit l'expérience pendant de nombreuses années des souffrances de l'âme. Pendant des années, il supporta les souffrances de ses plaies avec une admirable sérénité.

Quand il fut objet d'enquêtes et que l'on restreignit son ministère sacerdotal, il accepta tout avec résignation et profonde humilité. Devant des accusations injustes et des calomnies, il sut toujours se taire, faisant confiance au jugement de Dieu, de ses supérieurs et de sa propre conscience.

Il employait habituellement la mortification pour obtenir la vertu de tempérance, conformément au style franciscain. Dans sa mentalité et dans son mode de vie, il était tempérant.

Conscient des engagements pris dans la vie consacrée, il observait avec générosité les vœux professés. Il a été obéissant en tout aux ordres de ses supérieurs, même lorsqu'ils étaient difficiles. Son obéissance était surnaturelle dans l'intention, universelle dans son étendue et intégrale dans son exécution. Il pratiqua l'esprit de pauvreté avec un total détachement de lui-même, des biens terrestres, des commodités et des honneurs. Il a toujours eu une grande prédilection pour la vertu de chasteté. Son comportement était modeste partout et avec tous.

Il s'estimait sincèrement inutile, indigne des dons de Dieu, rempli à la fois de misères et de faveurs divines. Face à l'admiration que lui portait beaucoup de monde, il répétait : « Je veux être seulement un pauvre frère qui prie ».

Sa santé, depuis sa jeunesse, ne fut pas très florissante et, surtout au cours des dernières années de sa vie, elle déclina rapidement. « Sœur la mort » le frappa, alors qu'il était préparé et serein, le 23 septembre 1968, à l'âge de 81 ans. Ses obsèques furent célébrées en présence d'une foule tout à fait extraordinaire.

 



Le 20 février 1971, à peine trois ans après sa mort, parlant aux supérieurs de l'Ordre des Capucins, Paul VI disait de lui : « Regardez quelle renommée il a eue, quelle audience mondiale il a rassemblée autour de lui ! Mais pourquoi ? Peut-être parce qu'il était un philosophe ? Parce qu'il était un sage ? Parce qu'il avait des moyens à sa disposition ? Parce qu'il célébrait la Messe avec humilité, confessait du matin au soir, et était, c'est difficile à dire, un représentant de notre Seigneur marqué de ses stigmates. C'était un homme de prière et de souffrance ».

Déjà durant sa vie il jouissait d'une grande renommée de sainteté, due à ses vertus, à son esprit de prière, de sacrifice et de consécration totale au bien des âmes. Au cours des années qui ont suivi sa mort, la renommée de sa sainteté et de ses miracles est allée en se développant, devenant un phénomène ecclésial, répandu dans le monde entier, auprès de toutes les catégories de personnes.

Ainsi Dieu manifestait à l'Église sa volonté de glorifier sur terre son fidèle serviteur. Il ne se passa pas beaucoup de temps avant que l'Ordre des Frères Mineurs Capucins n'accomplît les étapes prévues par la loi canonique pour mettre en route la Cause de béatification et de canonisation. Toute chose examinée, le Saint-Siège, selon les normes du Motu proprio « Sanctitas clarior », concéda le Nihil obstat le 29 novembre 1982. L'Archevêque de Manfredonia put ainsi procéder à l'introduction de la Cause et à la réalisation du procès de reconnaissance (1983-1990). Le 7 décembre 1990, la Congrégation pour les Causes des Saints en reconnut la validité juridique. Une fois achevée la Positio, on discuta, comme d'habitude, pour savoir si Padre Pio avait pratiqué les vertus à un degré héroïque. Le 13 juin 1997, se tint l'assemblée spéciale des Consulteurs théologiens qui eut un résultat positif. Dans la session ordinaire du 21 octobre suivant, Mgr Andrea Maria Erba, Évêque de Velletri-Segni, étant chargé de la cause, les Cardinaux et les Évêques ont reconnu que Padre Pio de Pietrelcina a pratiqué à un degré héroïque les vertus théologales, cardinales et les autres.

Le 18 décembre 1997, en présence de Jean-Paul II, fut promulgué le décret sur l'héroïcité des vertus.

Pour la béatification de Padre Pio, la postulation a présenté au dicastère compétent la guérison de Madame Consiglia De Martino, de Salerne. À propos de ce cas, se déroula le Procès canonique régulier auprès du tribunal ecclésiastique de l'archidiocèse de Salerno-Campagna-Acerno, de juillet 1996 à juin 1997. Le 30 avril 1998, se tint, au siège de la Congrégation pour les Causes des Saints, l'examen du Conseil médical et, le 22 juin de la même année, l'assemblée spéciale des Consulteurs théologiens. Le 20 octobre suivant, au Vatican, se réunit la Congrégation ordinaire des Cardinaux et des Évêques membres du Dicastère. Le 21 décembre 1998, en présence de Jean-Paul II, fut promulgué le décret sur le miracle.


Padre Pio préside l'eucharistie
Le 2 mai 1999, place Saint-Pierre, au cours d'une célébration eucharistique solennelle, Sa Sainteté Jean-Paul II, de par son autorité apostolique, déclara Bienheureux le Vénérable Serviteur de Dieu Pio de Pietrelcina et établit la date du 23 septembre pour sa commémoration liturgique.

Pour la canonisation du Bienheureux Padre Pio, la postulation a présenté au dicastère compétent la guérison du petit Matteo Pio Colella de San Giovanni Rotondo. Le cas a été soumis à un procès canonique régulier devant le tribunal ecclésiastique de l'archidiocèse de Manfredonia-Vieste, du 11 juin au 17 octobre 2000. Le 23 octobre suivant, la documentation fut transmise à la Congrégation pour les causes des saints. Le 22 novembre 2001, à la Congrégation pour les causes des saints, on a procédé à l'étude de la consultation médicale. L'assemblée spéciale des théologiens consulteurs s'est tenue le 11 décembre et, le 18 du même mois, la session ordinaire des cardinaux et évêques. Le 20 décembre, en présence de Jean-Paul II, on a promulgué le décret sur le miracle. Le décret de canonisation a été promulgué le 26 février 2001.

Il fut canonisé à Rome le 16 juin 2002.

 

Disons-nous en toute vérité :

« Mon âme, tu n'as rien fait jusqu'à ce jour. Commence, aujourd'hui même, à faire le bien. »

Vivons à tout moment en présence de Dieu.

« Dieu me voit. » Il faut se le répéter à longueur de journée.

Le Seigneur est aussi mon juge. Il me voit et il me juge.

Plaise à Dieu qu'à la fin de ta journée ta conscience n'ait rien à te reprocher.

Ne perdons pas notre temps. Il ne faut pas remettre au lendemain ce que l'on peut faire aujourd'hui …les tombeaux débordent de bonnes intentions... et d'ailleurs, qui pourrait dire si nous serons encore en vie demain ?

Oh ! Comme notre temps est précieux !

Heureux ceux qui savent en profiter, car, au jour du jugement, nous devrons tous en rendre compte au Juge suprême.

Si nous arrivions à comprendre la valeur du temps, chacun de nous s'efforcerait d'en tirer le maximum de profit (CS, 169).

Écoutons la voix de notre conscience ; c'est la voix du prophète : Aujourd'hui écouterez-vous la parole du Seigneur ? Ne fermez pas votre cœur...

Nous ne possédons que l'instant présent : veillons donc, et vivons-le comme un trésor qui nous est donné. Le temps ne nous appartient pas, ne le gaspillons pas.

« Mes frères, nous n'avons encore rien fait jusqu'à maintenant : commençons donc dès aujourd'hui. »

C'est vrai, nous n'avons encore rien fait, ou si peu ! Les années se sont succédé sans que nous ne nous soyons demandé ce que nous avons bien pu en faire ; n'y avait-il donc rien à modifier, à ajouter ou à retrancher dans notre conduite ?

Nous avons vécu avec insouciance, comme si le jour ne devait jamais venir où le Juge éternel nous rappellera à lui, et où nous devrons rendre compte de nos actions et de ce que nous aurons fait de notre temps.

Et pourtant, c'est de chaque minute qu'il nous faudra très précisément rendre compte, de chaque grâce, de chaque inspiration de l'Esprit, de chaque occasion de faire le bien qui se sera présentée. La plus légère transgression de la Loi divine sera prise en considération.

 

Cherchons à acquérir toujours davantage ces deux vertus :

Dieu nous laisse dans nos ténèbres en vue de sa gloire et pour notre plus grand profit spirituel.

Il veut que nos misères constituent le trône de sa miséricorde et notre impuissance le siège de sa toute ­puissance !

N'ayez pas peur de toutes les embûches que vous tend le démon : le Seigneur est toujours avec vous. Il combattra avec vous et pour vous. Jamais il ne permettra que vous soyez trompés ou vaincus.

La tentation est un signe de bienveillance de la part du Seigneur.

Ne te laisse jamais aller.

Mets toute ta confiance en Dieu seul. Je ressens toujours plus le besoin de m'abandonner à la miséricorde de Dieu. Et c'est en lui seul que je mets tout mon espoir.

Quand l'âme gémit et craint d'offenser Dieu, elle ne l'offense pas et elle est bien loin de pécher.

La justice de Dieu est terrible. Mais, ne l'oublions pas, sa miséricorde est infinie.

Cherchons à servir le Seigneur de tout notre cœur. Il nous rendra toujours beaucoup plus que ce que nous méritons. C'est à Dieu seul que revient la louange, et non pas aux hommes. C'est le Créateur qu'il faut honorer, et non pas la créature.

Puisses-tu savoir faire face aux amertumes de la vie pour mieux partager les souffrances du Christ...

Seul un général sait quand et comment se servir de ses soldats : attends donc, ton tour viendra aussi .Vois : l'un se noie en haute mer, l'autre dans un verre d'eau. Où est la différence ? Ne sont-ils pas morts tous les deux ?

Dieu voit tout : garde toujours cela à l'esprit.

Dans la vie spirituelle, plus l'on court et moins on se fatigue. Plus nous ferons vivre le Christ en nous par des mortifications, et plus nous serons en paix, heureux et forts. Cette paix prélude à la joie éternelle.

La Providence fait alterner joies et larmes dans l'existence des individus et des nations, pour les conduire à leur fin ultime.

Ne trahissons pas ses desseins. Il faut savoir reconnaître la main de Dieu qui se cache derrière la main de l'homme .

Si l'on veut faire une bonne récolte, il est moins important de semer que d'ensemencer une bonne terre ; et quand la plante apparaîtra, il faudra avoir à cœur de veiller à ce que l'ivraie n'étouffe pas les jeunes pousses .En chaque événement humain, apprenez à reconnaître et à adorer la volonté de Dieu.

Dans la vie spirituelle, il faut toujours aller de l'avant. Ne reculons jamais ; sinon, il en serait comme d'une barque : si elle s'arrête au lieu d'avancer, aussitôt le vent la fait repartir en arrière.

Une mère qui apprend à marcher à son enfant commence par le soutenir, mais ensuite il faut que celui-ci marche tout seul. Toi aussi, apprends désormais à penser et à agir en personne responsable.

« — Tant que tu craindras, tu ne pécheras pas.

‑ Oui, père, mais je souffre tellement.

‑ On souffre, c'est certain, mais il te faut faire confiance ; il y a la crainte de Dieu et la crainte de Judas. »

Une crainte excessive fait agir sans amour. Et une confiance excessive empêche de bien mesurer et de redouter le danger qu'il faut surmonter.

Les deux doivent aller de pair comme deux sœurs. C'est nécessaire. Quand on se rend compte que l'on a trop de peur, il nous faut augmenter notre confiance. Mais il est utile, aussi, d'avoir quelque crainte : car lorsque l'amour désire l'objet aimé, il est aveugle, il ne voit pas et c'est la crainte de Dieu qui l'éclaire.

Nul ne parvient au salut sans traverser une mer de tempêtes, sous la perpétuelle menace d'un naufrage.

Mourir ou aimer Dieu : je n'ai pas d'autre désir. La mort ou l'amour : car vivre sans aimer est pire que la mort : cela me serait plus insupportable que la vie présente.

La prière, c'est un cœur à cœur avec Dieu...

L'oraison bien faite touche le cœur de Dieu et l'incite à nous exaucer.

Quand nous prions, que ce soit notre être tout entier qui se tourne vers Dieu : nos pensées, notre cœur...

Le Seigneur se laissera fléchir et nous viendra en aide.

La prière est notre meilleure arme : c'est la clé qui ouvre le cœur de Dieu.

Il te faut t'adresser à Jésus moins avec les lèvres qu'avec le cœur ; il y a d'ailleurs certaines circonstances où tu ne dois lui parler qu'avec le cœur.

Si tu le peux, parle au Seigneur dans l'oraison, loue-le.

Si tu n'y parviens pas parce que tu n'es pas encore bien avancé dans la vie spirituelle, ne t'inquiète pas : enferme-toi dans ta chambre et mets-toi en présence de Dieu. Il te verra et appréciera ta présence et ton silence. Ensuite, il te prendra par la main, te parlera, fera les cent pas dans les allées de ce jardin qu'est l'oraison, et tu y trouveras ta consolation.

Lorsque tu es uni à Dieu par la prière, examine qui tu es, en vérité ; parle-lui si tu le peux, et si cela t'est impossible, arrête-toi, reste devant lui. Ne te donne pas d'autre peine.

Prier sans cesse pour sauver des âmes.

Il arrive que les abeilles traversent de grandes distances dans les prés avant de parvenir aux fleurs qu'elles ont choisies ; ensuite, fatiguées mais satisfaites et chargées de pollen, elles rentrent à la ruche pour y accomplir la transformation silencieuse, mais féconde, du nectar des fleurs en nectar de vie.

Faites de même : après avoir écouté la Parole, méditez-la attentivement, examinez ses divers éléments, cherchez sa signification profonde.

Alors elle vous deviendra claire et lumineuse elle aura le pouvoir de transformer vos inclinations naturelles en une pure élévation de l'esprit ; et votre cœur sera toujours plus étroitement uni au Cœur du Christ.

Il faut imiter le Christ. Pour y parvenir, il est nécessaire de méditer chaque jour et avec persévérance l’Évangile. De cette méditation jaillit l'amour de Jésus et le profond désir d'imiter ses actes .

La véritable raison pour laquelle tu ne réussis pas toujours ta méditation, la voici ‑ et je ne me trompe pas !

Tu commences ta méditation dans l'agitation et l'anxiété. Cela suffit pour que tu n'obtiennes jamais ce que tu recherches, car ton esprit n'est pas concentré sur la vérité que tu médites et il n'y a pas d'amour dans ton cœur.

Cette anxiété est vaine. Tu n'en retireras qu'une grande fatigue spirituelle et une certaine froideur de l'âme, surtout au niveau affectif.

Je ne connais à cela nul autre remède que celui-ci : sortir de cette anxiété. C'est en effet un des obstacles majeurs à la pratique religieuse et à la vie de prière. Elle nous fait courir pour nous faire trébucher.

Nous ne voulons pas admettre que la souffrance est nécessaire à notre âme ; que la croix doit être notre pain quotidien.

La croix est nécessaire à l'âme comme la nourriture au corps, jour après jour ; c'est elle qui la purifie et la libère de son attachement aux créatures.

Nous avons du mal à comprendre que Dieu ne veut pas, ne peut pas nous sauver sans la croix ; et plus il attire une âme à lui, Plus il la purifie par la croix.

Ne redoutez pas les adversités : elles conduisent l'âme au pied de la Croix, et la Croix nous amène aux portes du Ciel : là, se tient Celui qui a triomphé de la mort, et il nous introduira aux joies éternelles.

Le Dieu des chrétiens est le Dieu de la métamorphose. Offrez-lui vos peines, et vous en retirerez la paix. Abandonnez-lui vos désespoirs, il vous restera l'espérance.

Il y a une chose que les anges eux-mêmes nous envient : ils ne peuvent pas souffrir pour Dieu.

Or seule la souffrance permet à une âme de dire en toute vérité : « Mon Dieu, vous voyez bien que je vous aime ! »

L'Esprit-Saint ne nous dit-il pas qu'au fur et à mesure que l'âme devient proche de Dieu, elle doit se préparer à être tentée ? Courage, donc.

Sois fort dans le combat et tu recevras la récompense promise aux âmes vaillantes.

Les tentations ne doivent pas t'effrayer ; par elles Dieu veut éprouver et fortifier ton âme, et il te donne en même temps la force de les vaincre.

Jusqu'ici, ta vie a été celle d'un enfant ; désormais, le Seigneur veut te traiter en adulte. Or les épreuves de l'adulte sont bien supérieures à celles de l'enfant, et cela explique pourquoi tu es, au début, toute troublée.

Mais la vie de ton âme retrouvera vite son calme, cela ne tardera pas. Aie encore un peu de patience, et tout ira pour le mieux.

Les tentations contre la foi et la pureté proviennent de l'ennemi : mais il n'y a pas lieu de les craindre si tu les traites par le mépris.

Si le démon fait du tapage, c'est signe qu'il n'a pas encore réussi à prendre possession de ta volonté.

Ne te laisse donc pas troubler par tout ce que cet ange rebelle essaie de faire contre toi ; oppose toujours ta volonté à ses suggestions et reste sereine. Car non seulement il n'y a pas là de faute de ta part, mais Dieu te manifeste sa bienveillance, et c'est tout au profit de ton âme.

C'est au Seigneur que tu dois recourir face aux assauts du démon, c'est en lui que tu dois espérer et de lui qu'il te faut tout attendre.

Ne t'arrête pas sur ce que le démon te présente. Souviens-toi que le vainqueur est souvent celui qui sait fuir à temps.

Et dès que tu ressens les tout premiers mouvements d'aversion envers les personnes dont tu me parles, tâche de penser à autre chose et demande de l'aide au Seigneur. Plie le genou devant lui et, en toute humilité, répète cette courte prière : « Aie pitié de moi, car je suis si faible ! »

Puis relève-toi et reprends avec une sainte indifférence ce que tu étais en train de faire.

Je comprends bien que les tentations puissent donner l'impression plutôt de troubler l'esprit que de le purifier.

Écoutons Saint François de Sales : il soutenait que les tentations ‑ pour les âmes vertueuses — ont le même effet que le savon sur le linge : il semble tout barbouiller, mais en réalité il nettoie.

Je vous le répète : ayez confiance ! Une âme qui met son espoir en Dieu n'a rien à craindre.

L'ennemi rôde sans cesse autour de nous pour arracher de notre cœur la confiance en Dieu notre Père. Mais soyons forts ! Ne permettons pas que le démon nous dépouille de cette planche de salut.

Veille à ne jamais perdre courage quand tu te vois accablée de faiblesses d'ordre spirituel.

Si Dieu permet que tu fasses quelque chute, ce n'est pas qu'il t'abandonne, mais c'est pour t'apprendre l'humilité et te rendre vigilant à l'avenir.

La confession est un moyen privilégié pour purifier notre âme. Il faut la faire fréquemment. J'ai l'impression que les âmes qui la négligent sont moins délicates.

Il n'y a qu'une porte par laquelle le démon puisse pénétrer dans notre âme : c'est la volonté. Il n'y a pas de portes secrètes. Rien n'est péché si la volonté n'y a pas coopéré. Car il ne s'agit plus dans ce cas de péché, mais de simple faiblesse humaine.

Le démon ressemble à un chien enragé tenu en laisse. Au-delà de cette limite, il ne peut mordre personne. Il te suffit donc de t'en tenir éloigné ; mais si tu t'approches trop, il t'attrapera.

L'espérance en la miséricorde inépuisable de Dieu nous soutient dans le tumulte des passions et le flot des contrariétés : c'est avec confiance que nous accourons au sacrement de pénitence où le Seigneur nous attend à tout moment comme un Père de miséricorde.

Certes, nous sommes bien conscients, devant lui, de ne pas mériter son pardon ; mais nous ne doutons pas de sa miséricorde infinie.

      Oublions donc nos péchés, comme Dieu l'a fait avant nous.

      Quand vous passez devant une image de la Vierge Marie, dites :

      « Je vous salue, Marie.

      Saluez Jésus de ma part ».

Les gens du monde qui ne sont plongés que dans leurs problèmes matériels vivent dans l'obscurité et dans l'erreur ; ils ne se soucient pas des réalités spirituelles, ne pensent guère à leur salut éternel et n'ont aucune hâte de connaître ce Messie dont la venue est attendue par toutes les nations.

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St Pio le stigmatisé
Quand notre dernière heure aura sonné, quand les battements de notre cœur se seront tus, tout sera fini pour nous, le temps de mériter et le temps de démériter.

Nous nous présenterons au Christ-Juge tels que la mort nous trouvera. Nos cris de supplication, nos larmes, nos remords, qui sur la terre encore, auraient touché le cœur de Dieu et auraient pu, grâce aux sacrements, nous faire passer de l'état de pécheurs à celui de saints, n'auront alors plus aucune valeur ; le temps de la miséricorde sera terminé, celui de la justice commencera.

C'est par les épreuves que Dieu attire les âmes qui lui sont chères.

Celui qui s'attache à la terre y reste accroché.

Il vaut mieux s'en détacher petit à petit qu'en une seule fois. Pensons sans cesse au ciel.

Tu as peur même dans les bras du Bon Dieu ?

Autant que possible, vis dans le recueillement, car le Seigneur parle alors librement à l'âme, et celle-ci est plus disposée à écouter sa voix.

Non, Dieu ne saurait nous abandonner alors même que nous persévérons dans nos résolutions de ne pas l'abandonner.

Le monde pourrait bien chavirer et tomber dans les ténèbres, s'en aller en fumée... Mais Dieu est avec nous. De quoi aurions-nous donc peur ?

Si Dieu demeure même dans les ténèbres, au milieu des éclairs et des grondements du tonnerre, ne devons-nous pas nous réjouir de nous savoir proches de lui ?

Dieu est si bon que non seulement il ne rejette pas les âmes qui se convertissent, mais il part même à la recherche des obstinées.

Souvenez-vous que nous sommes avec Dieu quand notre âme est en état de grâce, et loin de lui quand nous sommes en état de péché grave ; mais son ange notre ange gardien ne nous abandonne jamais...

C'est notre ami le plus sûr et le plus sincère quand nous n'avons pas le tort de l'attrister par notre mauvaise conduite.

Il y a des joies si sublimes et des souffrances si profondes que les mots ne sauraient les rendre.

Face au bonheur inexprimable comme aux moments d'accablement extrême, le silence est le dernier recours de l'âme.

Il convient de bien accepter les tourments que le Seigneur voudra bien vous envoyer.

Si vous agissez de la sorte, vous vous soucierez moins d'en être délivrés, et Jésus, qui ne supporte pas longtemps de vous voir affligés, viendra bien vite vous réconforter et vous rendre courage.

      Pourquoi le mal dans le monde ?

      Réponse :

‑ Écoute-moi bien : imaginons une mère en train de broder. Son petit enfant assis sur un tabouret bas, la regarde travailler ; mais par-dessous, à l'envers. Il voit les nœuds de la broderie, l'enchevêtrement des fils...

« Et il dit : "Maman, qu'est-ce que tu fais ? Ton travail est tout embrouillé !"

« Alors sa mère abaisse le tissu et lui montre le bon côté de la broderie. Chaque couleur est à sa place et la variété des fils se fond dans l'harmonie du dessin.

« Nous, nous voyons l'envers de la broderie. Nous sommes assis sur le petit tabouret... »

Le Seigneur révèle et appelle ; mais bien souvent nous ne voulons ni voir ni répondre, car nous préférons nos vues personnelles.

Ne te décourage pas s'il t'arrive de beaucoup travailler et de récolter si peu.

Si tu savais combien une seule âme coûte à Jésus, tu ne te plaindrais jamais !

L'Esprit de Dieu est esprit de paix ; même lors de nos manquements les plus graves, il nous fait ressentir une douleur tranquille, humble et confiante, due précisément à sa miséricorde.

Au contraire, l'esprit du mal excite, exaspère, et nous fait éprouver, lors de nos manquements, une sorte de colère contre nous ; et pourtant c'est bien envers nous-mêmes que nous devrions exercer la première des charités.

Donc, quand tu es tourmenté par certaines pensées, cette agitation ne provient jamais de Dieu, mais du démon ; car Dieu étant esprit de paix, c'est la sérénité qu'il te donne.

L'inquiétude est un grand danger pour la pratique des vertus et de la prière. Elle ne nous fait courir que pour nous faire trébucher ; par conséquent il nous faut nous en garder en toute occasion, mais spécialement dans l'oraison.

Et pour mieux y parvenir, il sera bon de se rappeler ceci :

La grâce et le goût de l'oraison ne viennent pas de la terre, mais du ciel ; il s'ensuit que tous nos efforts n'y peuvent rien, même s'il reste nécessaire de s'y disposer avec sérieux, humblement, et paisiblement.

Il suffit de garder son cœur ouvert, tourné vers le ciel, et d'attendre ainsi la rosée céleste.

Pourquoi vous soucier de savoir si le Seigneur veut vous faire arriver à la patrie céleste par la traversée du désert ou par la plaine, quand la même éternité bienheureuse nous attend ?

Repoussez toute inquiétude excessive qui peut naître des épreuves par lesquelles le Seigneur vient vous rendre visite.

Et si cela n'est pas possible, fixez ailleurs vos pensées et vivez à tout moment dans l'obéissance à la volonté de Dieu  

Reste toujours joyeux, en paix avec ta conscience ; pense bien que tu es au service d'un Père infiniment bon ; car c'est uniquement par tendresse qu'il vient rejoindre sa créature, qu'il l'élève et la transforme en lui-même, son créateur.

Et fuis la tristesse, parce qu'elle est l'apanage des cœurs qui sont attachés aux réalités de ce monde

Comme elles sont malheureuses, ces personnes qui se jettent dans le tourbillon des soucis du monde !

Plus elles aiment le monde, plus leurs passions se multiplient, plus leurs désirs s'enflamment, et plus elles sont incapables de progresser dans la vie spirituelle ; c'est alors qu'apparaissent les soucis, les impatiences, et ces terribles conflits qui brisent leurs cœurs où il n'y a pas le Saint amour.

Prions donc pour ces âmes si malheureuses, misérables, afin que le Seigneur leur pardonne et que, dans sa grande miséricorde, il les attire à lui.

Tu t'essouffles à la recherche du Bien suprême. Mais en réalité, il est à l'intérieur de toi !

Il te tient étendue sur la Croix nue et son souffle te communique sa force pour supporter ce martyre insupportable, ou encore pour aimer cet Amour amer...

Autant tu crains de perdre Dieu ou de l'offenser, et autant il est proche de toi.

L'angoisse de , l'avenir est tout aussi vaine, puisque ton état présent est un amour crucifié.

Avancez avec simplicité sur les voies du Seigneur, et ne vous faites pas de souci.

Détestez vos défauts, oui, mais tranquillement, sans agitation, ni inquiétude. Il faut user de patience à leur égard et en tirer profit grâce à une sainte humilité.

Faute de patience, vos imperfections, au lieu de disparaître, ne feront que croître. Car il n'y a rien qui renforce tant nos défauts que l'inquiétude et l'obsession de s'en débarrasser.

Méfie-toi des anxiétés et des soucis ; rien ne fait plus obstacle sur les voies qui mènent à la perfection.

Mets ton cœur sur les plaies du Christ, doucement et en toute confiance. Il te faut avoir une grande foi en sa bonté et sa miséricorde, sachant qu'il ne t'abandonnera jamais. Et ne néglige pas de te tenir bien accrochée à sa Croix.

Cultive ta vigne d'un commun accord avec Jésus.

A toi revient la tâche d'enlever les pierres et d'arracher les ronces. A Jésus, celle de semer, planter, cultiver et arroser.

Mais même dans ton travail, c'est encore lui qui agit. Car sans le Christ, tu ne pourrais rien faire.

Reste humble en toute chose et garde toujours soigneusement ta pureté de cœur et de corps, parce que ce sont là comme deux ailes qui nous élèvent à Dieu et vont presque jusqu'à nous diviniser.

Qu'est-ce que le bonheur sinon la possession de tout bien ?

L'homme pourrait être pleinement heureux dans la fidélité totale à Dieu. Cependant, nous ne sommes jamais vraiment heureux, ici sur terre, parce que notre cœur est plein de méchanceté.

C'est seulement au ciel que nous vivrons le vrai bonheur, pour l'éternité, avec notre Seigneur Jésus Christ.

S'il nous faut de la patience pour supporter les misères d'autrui, il en faut davantage pour apprendre à nous supporter nous-mêmes.

Vous désirez savoir ce qui doit être considéré comme la meilleure façon de parvenir au dépouillement de soi.

C'est préférer ce que nous n'avons pas choisi, ou ce qui nous est le moins agréable ; et pour être tout à fait clair, c'est le dépouillement que nous demande notre vocation.

Qui nous accordera la grâce d'aimer notre dépouillement ? Personne, si ce n'est Celui qui l'aima au point d'en mourir.

L'humilité est vérité, et la vérité, c'est que je ne suis que néant. Par conséquent, tout ce qui est bon en moi vient de Dieu.

Or, il arrive souvent que nous gaspillions ce que Dieu a mis de bon en nous.

Quand je vois les gens me demander quelque chose, je ne pense pas à ce que je pourrais leur donner, mais à ce que je ne suis pas capable de donner ; de la sorte, bien des âmes restent sur leur soif parce que je n'ai pas su leur transmettre le don de Dieu.

L'idée que, chaque jour, le Seigneur vient chez nous et nous donne tout, cela devrait nous rendre

Je ne peux souffrir la médisance, ni ceux qui disent du mal de leurs frères.

Parfois, c'est vrai, je m'amuse à taquiner mon prochain, mais la médisance me révolte. Nous avons déjà la possibilité de corriger tellement de défauts en nous-mêmes, pourquoi donc aller encore en chercher chez les autres ?

Et manquer ainsi à la charité revient à entamer l'arbre de vie à sa racine, au risque de le faire se dessécher.

Il te faut être toujours prudent et plein d'amour, en même temps. La prudence a les yeux, l'amour a les jambes.

L'amour voudrait courir vers Dieu, mais son enthousiasme pour s'élancer vers lui est aveugle.

La simplicité est une vertu, mais jusqu'à un certain point seulement. La prudence ne doit pas lui faire défaut; en revanche, la fourberie comme la duplicité proviennent du démon et font bien du mal !

Manquer de charité, c'est comme atteindre quelqu'un à la prunelle de l’œil : qu'y a-t-il de plus délicat que la prunelle de l’œil ?

Manquer de charité, c'est aussi comme pécher contre nature.

Exerce-toi tout particulièrement à la douceur et à la soumission à la volonté de Dieu, et cela non seulement dans les choses extraordinaires de la vie, mais aussi dans toutes ces petites choses qui forment la trame du quotidien.

Fais-le au matin, pendant la journée, et le soir, en gardant ta paix et ta joie. Et s'il t'arrivait d'être pris en défaut, fais un acte d'humilité, prends une nou­velle résolution, puis relève-toi et continue tout simplement ce que tu étais en train de faire.

C’est un bel acte de foi est celui qui jaillit sur tes lèvres en pleine obscurité, parmi les sacrifices, les souffrances, le suprême effort d'une ferme volonté de faire le bien ; comme la foudre, cet acte de foi déchire les ténèbres de ton âme ; au milieu des éclairs de l'orage, il t'élève et te conduit à Dieu.

A notre triste époque de foi morte et d'impiété triomphante, le meilleur moyen de nous préserver de ce mal, c'est de nous fortifier par la nourriture eucharistique.

En admettant même que tu aies commis tous les péchés du monde, le Seigneur te le répète : « Tes nombreux péchés te sont remis parce que tu as beaucoup aimé ».

Que l'espérance en la miséricorde de Dieu nous soutienne dans la tumulte des passions et des contrariétés. Courons avec confiance vers le sacrement de pénitence, où le Seigneur nous attend à tout moment avec une tendresse infinie.

Et une fois nos péchés pardonnés, oublions-les, car le Seigneur l'a déjà fait avant nous.

Mais même le péché peut devenir un gradin qui nous élève vers Dieu et nous conduit à lui de façon sûre, si nous le faisons suivre de la douleur profonde de l'avoir commis, jointe à la ferme résolution de ne plus recommencer et au vif sentiment du tort que nous avons occasionné à la miséricorde de Dieu.

Il en est de même si nous en avons le cœur déchiré jusque en ses replis les plus durs, au point de faire jaillir de ces larmes des sentiments de remords et d'amour.

Ne t'étonne pas de tes faiblesses. Accepte-toi plutôt comme tu es ; rougis de tes infidélités envers Dieu, mais fais-lui confiance, et abandonne-toi tranquillement à lui, comme un petit enfant dans les bras de sa mère.

Devant les tentations, comporte-toi en  fort et combats avec l'aide du Seigneur.

Si tu tombes dans le péché ne reste pas là, découragée et abattue. Humilie-toi, mais sans perdre courage ; abaisse-toi, mais sans te dégrader ; verse des larmes de contrition sincères pour laver tes imperfections et tes fautes, mais sans perdre confiance en la miséricorde de Dieu, qui sera toujours plus grande que ton ingratitude ; prends la résolution de te corriger, mais sans présumer de toi-même, car c'est en Dieu seul que tu dois mettre ta force ; enfin, reconnais sincèrement que si Dieu n'était pas ton armure et ton bouclier, ton imprudence t'aurait entraînée à commettre toutes sortes de péchés.

Sois toujours fidèle à Dieu et aux promesses que u lui as faites, sans te soucier des railleries des sots. Sache que les saints se sont toujours moqués du monde et de toute mondanité.

Le lieu du combat entre Dieu et Satan, c'est l'âme humaine, à chaque instant de la vie. Il est donc nécessaire que l'âme laisse libre accès au Seigneur pour qu'il la fortifie de tout côté et par toutes sortes d'armes.

Ainsi sa lumière peut venir l'illuminer pour mieux combattre les ténèbres de l'erreur ; revêtue du Christ, de sa vérité et de sa justice, protégée par le bouclier de la foi et par la parole de Dieu, elle vaincra ses ennemis, aussi puissants soient-ils.

Mais pour être revêtu du Christ, encore faut-il mourir à soi-même.

As-tu déjà vu un champ de blé parvenu à maturité ?

Tu auras observé que certains épis sont grands et vigoureux, tandis que d'autres penchent vers la terre.

Regarde les plus grands : tu verras qu'ils sont vides ; en revanche, si tu prends les épis qui penchent vers le sol, ils sont lourds de grains.

Conclusion : la vanité est vide.

 

Choisis comme pénitence de repenser avec contrition aux offenses que tu as faites à Dieu ; ou bien prends la résolution d'être constant dans le bien ou de combattre tes défauts.

Mon enfant, tu ne sais pas ce que l'obéissance est capable de produire : par un oui, par un seul oui, (qu'il me soit fait selon ta parole !) Marie devient la Mère du Très-Haut ; ce faisant elle se déclarait sa servante mais gardait intacte sa virginité qui était si chère à Dieu et à ses propres yeux.

Par ce oui de Marie le monde obtient le salut, l'humanité est rachetée.

Alors, tâchons nous aussi de faire la volonté de Dieu et de toujours dire oui au Seigneur.

Le Christ règne au Ciel avec la nature humaine qu'il tient de Marie. C'est pourquoi il a voulu que sa Mère s'y trouve avec lui et partage pleinement sa gloire, et avec son âme et avec son corps.

Le corps de Marie, pas un instant n'avait été, esclave du démon et du péché ; il était donc normal qu'il ne le soit pas non plus de la corruption.

 

 

 

"Nul n'a plus grand amour que celui-ci:  donner sa vie pour ses amis" (Jn 15, 13). Les amis du Seigneur sont innombrables, il est impossible de compter tous les témoins de l'Évangile qui ont consacré leur vie au Christ.

 

Le Psalmiste rappelle que "Dieu est admirable dans ses saints" (Ps 67, 36); et il est vrai qu'Il continue à "faire" des choses extraordinaires à travers ses serviteurs bons et fidèles. Aujourd'hui notre attention est fixée, de façon tout à fait particulière, sur l'un d'entre eux:  Padre Pio de Pietrelcina, que le Christ a appelé son "ami" et qu'hier le Successeur de Pierre a inscrit dans l'Album des Saints.

Autour de l'autel, le coeur rempli de joie, nous voulons rendre grâce au Seigneur et au Saint-Père Jean-Paul II pour avoir offert l'humble frère capucin comme modèle de sainteté à toute l'Église et comme intercesseur pour nous auprès de Dieu.

Il a été dit, de façon frappante, que Padre Pio est le "saint du peuple". C'est vrai qu'il fut "un humble frère capucin qui a étonné le monde par sa vie entièrement consacrée à la prière et à l'écoute de ses frères", comme l'a rappelé le Pape dans l'homélie lors de sa béatification (cf. ORLF n. 18 du 4 mai 1999). Une multitude de personnes ressent un "appel" spirituel très fort pour lui. Cette attirance peut certainement être comprise comme une réponse au besoin de transcendance, de surnaturel, qui touche l'homme d'aujourd'hui, à travers la singularité d'une phénoménologie mystique indéniable, comme celle du nouveau saint.

1. "Demeurez en mon amour:  aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés" (Jn 15, 9b; 14, 34), dit Jésus à ses disciples. Le saint du Gargano, Padre Pio, a compris et vécu, en profondeur, ce commandement du Maître. En effet, toute sa vie a été une hymne véritable et sublime à l'amour du Christ et de ses frères. L'amour, dans cette double dimension - verticale et horizontale - est l'axe central, le coeur, le centre et le sommet de sa profonde spiritualité.

Le nouveau saint capucin est avant tout, comme saint Paul, un amoureux du Christ. Pour lui, comme pour l'Apôtre, la vie, c'est le Christ, le Christ crucifié, au point de s'identifier avec lui, en reproduisant dans sa propre chair la souffrance de la Croix du Christ. Il pouvait répéter, comme l'auteur de l'Épître aux Galates vient de nous le dire, dans la deuxième lecture:  "Je porte dans mon corps les marques de Jésus" (Ga 6, 17). Mais la croix de Padre Pio, portée par amour pour le Christ, a toujours été illuminée par la splendeur de la Résurrection, qui est donc une source inépuisable d'espérance.

Sans hésiter, il orientait les pénitents qui se confiaient à lui, avec les paroles qu'il avait lui même entendues:  "Sous la croix, on apprend à aimer, et je ne la donne pas à tout le monde, mais seulement aux âmes qui me sont les plus chères" (La Croce sempre pronta, 100 pagine di Padre Pio, Città Nuova 2002, p. 3)

Il exprima cet amour total pour le Christ qui était le sien, en aimant intensément ses frères. Le frère des stigmates donna la preuve de cet amour en particulier dans l'exercice du ministère pénitentiel qu'il pratiqua pendant cinquante ans, inlassablement, du matin au soir. Ceux qui s'adressaient à lui étaient des hommes et des femmes, des malades et des bien portants, des riches et des pauvres, des jeunes et des moins jeunes, des ecclésiastiques et des laïcs, des personnes simples ou cultivées. Et il les accueillait toutes avec zèle, il savait les écouter, il leur adressait des paroles qui étaient celles d'un guide spirituel empli de sagesse, et il mettait dans leur coeur une grande sérénité intérieure. Il était pour tous un père et un frère, un instrument de la grâce divine, et surtout un pont entre l'infinie miséricorde de Dieu et la déconcertante misère humaine.

2. Au discours sur l'amour, Jésus associe le thème de la joie, cette joie d'une communauté qui se sent visitée, aimée, protégée et sanctifiée par son Dieu:  "Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez en mon amour, comme moi j'ai gardé les commandements de mon Père et je demeure en son amour. Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète" (Jn 15, 10-11).

Il s'agit d'une joie complète qui, par de nombreux aspects, semble être en contradiction avec toutes les inquiétudes et les souffrances qui menacent actuellement l'homme. Alors que nous sommes ici à prier et à nous réjouir dans le Seigneur, en de nombreux endroits du monde, règnent la violence, la vexation et la mort. Ces tensions qui nous troublent et la conscience de notre faiblesse pourraient nous inciter à chercher dans l'événement de la canonisation de Padre Pio une sorte de fuite hors de la réalité qui nous entoure.

Aujourd'hui, toutefois, Padre Pio, avec toute la force de son charisme, prononce pour nous tous le ferme refus d'une foi "désincarnée", qui cherche un prétexte pour fuir nos responsabilités. Le témoignage de Padre Pio est en même temps une condamnation de celui qui voudrait éliminer du monde l'image de Dieu comme plénitude de la joie de l'homme. Mais il s'agit également d'un défi pour les croyants, afin qu'ils soient toujours plus conscients que la joie véritable sera certes conquise dans l'éternité, mais que, sur cette terre, il est déjà possible de la vivre à l'avance en restant unis dans le Seigneur. Il n'y a pas de joie durable et véritable sans Dieu. Celui qui cherche Dieu trouve toujours le bonheur, alors que celui qui cherche le bonheur, en revanche, ne trouve pas toujours Dieu.

Padre Pio, dans une lettre à son père spirituel, nous laisse entrevoir un moment de joie complète, celle qu'il goûte après la communion:  "Je voudrais, pour un seul instant, vous montrer ma poitrine, pour vous faire voir la plaie que Jésus, plein de douceur, y a amoureusement ouvert dans mon coeur!... Le nombre de ses miséricordes, dont mon coeur est empli, est infini... Il m'a aimé; parmi tant de créatures, c'est moi qu'il a placé devant" (Au Père Agostino, Pietrelcina, 3 décembre 1912, Epist. I, 105, 316)

3. Pour le saint de Pietrelcina, entre la joie et la paix il existe un lien indéfectible de réciprocité et d'interdépendance, qui permet même de lire les parcours les plus difficiles de l'existence comme des moments de purification visant à une découverte plus profonde de la présence de Dieu dans l'histoire universelle et individuelle.

La joie est, en effet, le fruit de la paix du coeur, mais d'une paix conquise jour après jour par la prière, par le sacrifice personnel, par la disponibilité envers les autres.

Le chrétien ne peut se dispenser de chercher la paix, mais il doit s'appliquer de toutes ses forces à la réaliser d'abord à l'intérieur de lui-même, puis l'étendre à l'environnement dans lequel il vit. Padre Pio apporta la paix à des milliers de consciences troublées par le péché, en donnant sa vie, en participant dans sa propre chair aux souffrances du Christ rédempteur:  "homme des douleurs qui sait ce qu'est la souffrance" comme nous l'a rappelé le Prophète Isaïe dans la première lecture.

Le saint de Pietrelcina sut également semer la paix dans les coeurs à travers les  longues  heures de prière et la célébration du sacrement du pardon qui absorba tout  son temps, ainsi qu'au moyen de différentes oeuvres caritatives:  les maisons de santé qu'il créa à San Giovanni Rotondo, l'Institut de formation des Tertiaires de la Vierge des Douleurs, et bien sûr la "Casa sollievo della sofferanza".

Je voudrais citer un passage d'une de ses lettres à son père spirituel, que l'on pourrait appeler l'Hymne à la paix de Padre Pio:  "La paix est la simplicité de l'esprit, la sérénité de la pensée. La tranquillité de l'âme, l'assurance de l'amour. La paix est l'ordre, l'harmonie en chacun de nous:  elle est une jouissance perpétuelle, qui naît du témoignage de la bonne conscience; c'est la sainte allégresse d'un coeur dans lequel règne Dieu" (Au Père Agostino, Pietrelcina, 10 juillet 1915, Epist. I, 268, 606)

4. Alors que la renommée de Padre Pio était déjà largement répandue et que le stigmatisé de San Giovanni Rotondo était déjà beaucoup sollicité, il arrivait qu'on lui dise en certaines occasions:  "Padre Pio, vous êtes vraiment tout à tous", et il répondait:  "Ce n'est pas exact! Je suis tout à chacun. Chacun peut dire:  Padre Pio est mien" (Santi e Sante nell'Ordine Cappuccino, vol. III et Post. Gen. Cap., 1982, p. 343).

Très chers amis, en retournant dans nos maisons, nos communautés, nos villages ou nos villes, en rentrant dans nos familles, nous emportons avec nous la conviction que saint Pio de Pietrelcina est "tout" à nous, tout à chacun, mais c'est pour nous mener au Christ, car cela a été et continue d'être son premier et son plus grand désir.

Chers frères capucins, à vous qui avez donné à l'Église beaucoup de saints, depuis le début de la fondation de votre Ordre, jusqu'à nos jours, à vous qui êtes présents ainsi qu'à tous vos confrères répartis à travers le monde pour annoncer l'Évangile de l'amour et de la paix, je voudrais adresser une invitation à être des bâtisseurs de paix, dans la simplicité avec laquelle vous êtes des "frères du peuple", à travers votre vie et à travers le témoignage de votre fraternité. Le monde a besoin de votre témoignage de simplicité, de sérénité, de sourire, de votre "Paix et bien" pour continuer à espérer, à croire et à aimer.

Et à vous tous, fidèles et fils spirituels de Padre Pio, je voudrais rappeler, pour conclure, les paroles du Pape Jean-Paul II aux jeunes, lors de son récent voyage en Bulgarie:  "Acceptez... avec un humble courage la proposition que Dieu vous fait. Dans sa toute-puissance et sa tendresse, il vous appelle à être des saints. Ce serait une folie que de se glorifier d'un tel appel, mais ce serait faire preuve d'irresponsabilité que de le repousser. Cela équivaudrait à signer sa propre faillite existentielle. Léon Bloy, écrivain catholique français du XX siècle a écrit:  "Il n'y a qu'une tristesse, [...] celle de n'être pas des saints" (La femme pauvre, II, 27)" (Rencontre avec les jeunes à Plovdiv; cf. ORLF n. 22 du 28 mai 2002).

En réalité, ces paroles valent aussi pour nous tous. En effet, c'est seulement en accueillant l'appel de Dieu à être saints, très chers fidèles, que "nous porterons des fruits et que notre fruit demeurera"; c'est seulement ainsi que nous serons "le sel de la terre et la lumière du monde", "artisans de paix et témoins d'amour" (ibid.). Tout comme notre bien-aimé nouveau saint, Padre Pio de Pietrelcina.

 

 

L'article que vous allez avoir le bonheur de lire est celui qui présente le nouveau livre du Père Jean Derobert — certainement l'un des plus grands spécialistes du Saint Prêtre de Pietrelcina. Il ne s'agit pas de publicité, mais tout simplement d'admiration et de filiale reconnaissance envers ce prêtre savoyard qui sait si bien raconter la vie de saint Padre Pio de Pietrelcina, et pour cause, le Père Jean Derobert fut l'un de ses fils spirituels!

Voici l'hommage que nous souhaitions lui rendre!...

“- Padre, mais je ne crois pas en Dieu.
- Mais Dieu croit en toi !”

SOUS LE SIGNE DE LA CROIX
d'après le père Jean Derobert

La vie de Padre Pio est un très grand mystère. Lui-même l'avouait : “Je suis un mystère pour moi-même !…” C'est un mystère d'amour. Sa vie nous échappe pour mieux nous mener au pied de la croix et nous faire comprendre plus profondément tout ce que cela signifie pour nous. Et ce n'est que dans la prière que nous pouvons rejoindre un homme aussi proche de Dieu que l'était le cher Père. Les faits sont là, certes, comme autant de signes d'une emprise divine sur une créature.
Padre Pio, premier Prêtre stigmatisé, disparaît derrière la Sainte Humanité du Christ.

NAISSANCE

Il était né le 25 Mai 1887 à Pietrelcina, qui pourrait se traduire par “petite pierre”. De fait, ce petit village du Sannio, dans la Province de Bénévent, dans la région de Naples, est littéralement accroché à un rocher. Francesco Forgione (c'était son nom) fut habité dès le sein de sa mère par l'œuvre rédemptrice du Sauveur. Il l'avait confié au Père Agostino, son Père Spirituel : “Je souffrais dès avant ma naissance”. Il vécut quatre vingt un ans sous la motion de cette grâce de “victime” qui lui faisait dire : “Je suis crucifié d'amour” . Il fut baptisé dès le lendemain de sa naissance dans la petite église Sainte Marie des Anges qui se dresse tout près de sa maison natale. Francesco était le deuxième enfant d'une famille de cinq. Deux enfants étaient morts avant sa naissance, un petite sœur deviendra, elle aussi, religieuse Brigittine à Rome. Son père Grazio Forgione devra s'expatrier par deux fois en Amérique, à Buenos Aires, tout d'abord, puis à New York et dans la baie de la Jamaïque, pour payer les études de son fils et, plus tard, les dépenses médicales occasionnées par la piètre santé du jeune religieux. Il devra, en effet, passer sept longues années hors du couvent, dans sa famille, tant sa santé était délabrée. Quant à la mère, Maria-Giuseppa di Nunzio, c'était une femme pieuse, douce et ferme tout à la fois, très travailleuse car elle devait remplacer son époux dans le travail des champs. Elle était pleine d'attention pour son fils Francesco.

OFFRANDE

Dès l'âge de cinq ans, l'enfant jouissait de la vision de la Vierge Marie qu'il priait deux fois par jour à l'église. C'était un garçon silencieux, tranquille et très obéissant. Il disait lui même qu'il ne valait rien mais qu'il était un “maccherone senza sale”, un nouille insipide… Mais le confrère auquel il avait fait cette confidence lui avait répondu : “Vous le dites par sainte humilité !”, ce qui n'était pas faux ! Il jouait rarement avec les enfants de son âge car il ne supportait pas les blasphèmes et les jurons que certains proféraient souvent. Son meilleur compagnon de jeu, il le confiera plus tard, n'était autre que son Ange Gardien. Ses nuits étaient très tourmentées. Sans cesse, il était assailli par le démons de l'enfer et le petit Francesco se battait contre eux, en hurlant dès que sa mère avait soufflé la bougie et qu'il se trouvait dans le noir. Les vexations diaboliques, c'est-à-dire les coups dont les démons frappaient le jeune enfant, commencèrent en fait à peu près à l'âge de quatre ans, selon le Père Benedetto, qui fut longtemps son Provincial. “Le diable, dit-il, se présentait sous des aspects hideux, et souvent menaçants, horribles, épouvantables”. C'était un tourment tel que le pauvre enfant ne pouvait pas dormir, il pleurait, mais il suffisait que “Mamma Peppa” allume à nouveau la lumière pour que, tout aussitôt, disparaisse le Prince des Ténèbres. Le père, Zi'Grazio, lui, n'était au courant de rien et les cris de l'enfant avaient le don de lui taper sur les nerfs. Il poussait des cris si assourdissants qu'il menaça un jour de le jeter par la fenêtre s'il ne se calmait pas et il n'était pas loin de penser que cet enfant venait tout droit de l'enfer ! Sa mère lui avait répondu : “Nous l'élèverons pour expier nos péchés !” Et elle ne croyait pas si bien dire. Elle ne se doutait pas le moins du monde, à cette époque-là, de l'exceptionnelle vocation de son petit garçon. Ces attaques diaboliques ne cesserons pratiquement jamais et affligeront Padre Pio jusqu'à la mort A cinq ans à peine, il caressait déjà l'idée de se donner tout entier à Dieu. Le Père Benedetto da San Marco in Lamis, qui fut son Provincial et l'un de ses directeurs spirituels, écrivait : “A cinq ou six ans, au Maître-Autel, lui apparut le Sacré Cœur de Jésus ; il lui fit signe d'approcher de l'autel et lui mit la main sur la tête, attestant d'accepter et de confirmer l'offrande faite à Lui-même et de se consacrer à son amour”. Et le Père Benedetto conclut : “Il sentit s'affermir sa décision et grandir l'ardeur de L'aimer et de se donner tout entier à Lui”. A cause de ce devoir de consécration, le petit Francesco redoubla d'intensité dans sa prière d'enfant. Il acceptait les souffrances et s'imposait même, lui, si jeune, des pénitences ! Un jour, “Mamma Peppa” le surprit — il n'avait à ce moment que huit ou neuf ans — derrière son lit, qui se frappait avec une chaîne de fer. Elle le supplia de s'arrêter, mais il continuait de plus belle. Elle lui demanda pourquoi il se frappait ainsi. “Je dois me battre comme les juifs ont battu Jésus, répondit l'enfant, et lui ont fait jaillir le sang sur les épaules !” Le 27 Septembre 1899, Padre Pio fut confirmé et fit sa première communion. Il écrira plus tard : “Au souvenir de cette journée, je me sens tout entier dévoré par une flamme très vive qui brûle et ne fait pas mal…” Ce qui laisse entendre qu'il reçut pleinement les Dons du Saint Esprit. Grâce aux visites d'un Frère Capucin, Francesco décida catégoriquement d'être, comme lui, un religieux “avec la barbe”.

CAPUCIN

Le 6 Janvier 1903, Francesco entra au couvent de Morcone, non loin de Pietrelcina.

A l'entrée, un écriteau donnait cet avertissement : “Ou la pénitence, ou l'enfer”. Le message était clair et le jeune Francesco qui avait tout juste seize ans, n'eut pas de peine à choisir et à s'engager résolument dans cette vie qui, à cette époque, était très austère et sévère. Il reçut son nom de religieux : désormais il sera “Fra Pio da Pietrelcina”. Plus que jamais, il devint un homme de prière et d'intercession. Sept années plus tard, en 1910, il confiera à son Provincial sa vocation de victime : “J' en viens à vous demander une permission, celle de m'offrir au Seigneur comme victime pour les pauvres pécheurs et les âmes du purgatoire. Ce désir s'est développé de plus en plus dans mon cœur, au point qu'il est devenu, dirai-je, une forte passion. Il est vrai que cette offrande, je l'ai faite plusieurs fois au Seigneur, le conjurant de bien vouloir déverser sur moi les châtiments qui sont préparés pour les pécheurs et les âmes du purgatoire, même en les multipliant, pourvu qu'il convertisse et qu'il sauve les pécheurs et qu'il admette bien vite au Paradis les âmes du purgatoire. Mais maintenant je voudrais la faire, cette offrande, avec votre permission…” C'est tout simplement héroïque… Il avait reçu également le don des larmes. Lorsqu'il fut envoyé, pour y poursuivre ses études ecclésiastiques au couvent de Sant'Elia a Pianisi, il versait de telles quantités de larmes pendant l'oraison et après la communion que cela “formait un petit ruisseau” diront les témoins. Il avait accepté d'en donner la raison à son Père Spirituel : “Je pleure mes péchés et les péchés de tous les hommes…” Car Frère Pio était bien un vrai disciple du Poverello d'Assise, Saint François, qu'un paysan avait surpris en larmes “L'Amour n'est pas aimé !” s'était-il écrié. Comment ne pas comprendre les attaques dont le démon, qu'il appelait “Barbe-Bleue”, lui infligeait. Combien de fois n'a-t-il pas été battu, jeté à bas de son lit, ligoté par celui auquel il arrachait les âmes ? J'ai été moi-même témoin des coups qu'il avait reçus durant la nuit. Il arrivait le matin, à la sacristie, pour s'y préparer à la Messe, le visage parfois tuméfié. Durant son repos forcé qui dura sept ans, à Pietrelcina, il s'était aménagé une cellule tout en haut d'un escalier de pierre, sur le rocher en face de sa maison natale. Si les murs de cette pièce pouvaient parler ! Ils portent encore les marques des luttes effroyables qui se sont déroulées à cet endroit. Il suivit ses études de Théologie à Serracapriola avec le Père Agostino da San Marco in Lamis, son premier directeur spirituel, ainsi qu'au couvent de Montefusco. Bientôt, il sera atteint par cette mystérieuse maladie, dont nous avons déjà fait mention, qui lui occasionna de très violentes douleurs. Il était à la fois dévoré par la fièvre et par l'amour de Dieu… Une transpiration abondante, une toux qui lui arrachait la poitrine, se joignaient aux tourments d'ordre spirituel : il était assailli de scrupules… “Ce martyre, écrit Padre Pio dans une lettre du 17 Octobre 1915, fut très douloureux pour ma pauvre âme, à la fois par son intensité et par sa durée. Cela débuta, si je me souviens bien, vers l'âge de dix-huit ans et dura jusqu'à vingt et un an bien sonnés. Cependant, dans les deux premières années, ce fut presque insupportable. Lorsque mon âme souffrit cela, je me trouvais à Sant'Elia, puis à San Marco, et aussi ailleurs…” Le 19 Décembre 1908, il reçut les Ordres Mineurs : Portier, Lecteur, Exorciste, Acolyte. Deux jours plus tard, dans la cathédrale de Bénévent, il fut ordonné Sous-Diacre. Mais ses mortifications et ses jeûnes eurent raison de sa santé et il dut interrompre le cours de ses études. C'est à ce moment-là qu'il commença son long “congé de maladie” au cours duquel il sera marqué, bien qu'invisiblement, des stigmates de la Passion du Seigneur. Ce fut, pour le jeune capucin, une période de vie intérieure intense, de continuelle pénitence et l'occasion d'une très rapide progression dans les voies de la sainteté A vingt trois ans, très malade et pensant à une mort prochaine, il demanda la faveur de l'Ordination Sacerdotale. Il fut donc ordonné le 10 Août 1910 dans la Cathédrale de Bénévent. Le voilà Prêtre pour l'éternité : “Comme j'étais heureux, ce jour-là, écrit-il, mon cœur était brûlant d'amour pour Jésus…J'ai commencé à goûter le paradis !” Sur l'image-souvenir de son Ordination Sacerdotale, il avait écrit son programme de vie : “Jésus, mon souffle et ma vie, aujourd'hui que, tremblant, je t'élève dans un mystère d'amour, qu'avec Toi, je sois pour le monde, voie, vérité, vie et pour Toi, Prêtre saint, victime parfaite”. Alors commence cette longue série de Messes impressionnantes qu'il célèbrera jusqu'à sa mort. La dernière fois qu'il montera à l'autel, ce sera le 22 Septembre 1968, il mourra quelques heures plus tard, le 23 Septembre, à 2 heures 30, au cœur de la nuit….

STIGMATES

En cette tragique matinée du 20 Septembre 1918, Padre Pio est marqué des plaies

de la crucifixion… Il les conservera cinquante années… Le 22 Octobre suivant, il doit, “par sainte obéissance”, raconter ce qui s'est passé à son Supérieur Provincial : “… C'était le matin du 20 du mois dernier, écrit-il donc, après la célébration de la sainte Messe, quand je fus surpris par un repos semblable à un doux sommeil. Tous mes sens internes et externes, les facultés de mon esprit également, se trouvaient dans une quiétude indescriptible. Il y avait un silence total autour de moi. Il fut suivi immédiatement d'une grande paix et je m'abandonnais à la complète privation de tout. Il y eut un répit dans la ruine elle-même (Il s'agit, selon toute vraisemblance, de ce qu'il croit être le véritable état de son âme) — Et tout cela se produisit en un éclair. Et tandis que cela était en train de se réaliser, je vis devant moi un mystérieux personnage, semblable à celui que j'avais vu le soir du 5 Août (quand il reçut le ‘trait de feu’) qui se différenciait seulement en ceci : ses mains, ses pieds et son côté ruisselaient de sang. Sa vue m'épouvanta, et ce que je ressentis en cet instant, je ne saurais vous le dire. Je me sentais mourir et je serais mort si le Seigneur n'était intervenu pour soutenir mon cœur que je sentais bondir dans ma poitrine. Ce personnage disparut de ma vue, et je m'aperçus que mes mains, mes pieds et mon côté étaient percés et ruisselaient de sang ! Imaginez la torture que j'éprouvais alors et que j'éprouve continuellement presque tous les jours…” Il faut l'avoir vu à l'autel, les mains sanglantes !… J'ai eu la grâce de lui servir la messe ! Il fallait voir le sang qui coulait de ses mains blessées… un sang parfumé mystérieusement !… Il fallait l'entendre prononcer à mi-voix des paroles à l'adresse de Celui qui était là, sur l'autel, continuant, en son Prêtre, à offrir au Père le Sacrifice rédempteur. Vraiment, là, on comprenait que le Prêtre, à l'autel, ne peut qu'être identifié au Christ souffrant. Il doit lui-même, offrir tout son être à Jésus comme une “humanité de surcroît”. La grâce de Padre Pio était, pour les Prêtres, la prise de conscience de cette identification au Crucifié du Golgotha. Non, après avoir assisté, ou plus exactement, participé à la Messe que célébrait le Père dans le petit matin de San Giovanni Rotondo, les Prêtres ne peuvent plus célébrer la Messe comme avant… Ils sont Jésus-Christ !…

BIEN DES AMES

La célébrité de Padre Pio ne fit que croître ; les âmes affluaient autour de son autel et auprès de son confessionnal. Padre Pio avait, en effet, reçu le don infus de la scrutation des consciences et du discernement des esprits. Il dévoilait les fautes oubliées, et j'ai, à ce sujet, des souvenirs quelque peu “cuisants” !… Il montrait la gravité de certains péchés, considérés par les pénitents comme véniels et secouait les plus tenaces des fidèles. Et ceux-ci n'hésitaient pas à participer à la Messe du saint Prêtre qui, entrecoupée d'extases, durait le plus souvent plus de deux heures.

PERSECUTIONS

A la suite de plusieurs examens des stigmates de Padre Pio, une polémique, puis, une persécution, fut déclenchée. Le Saint Office prit plusieurs mesures restrictives malgré les vives réactions des pèlerins. Du 11 Juin 1931 au 15 Juillet 1933, Padre Pio resta prisonnier dans son couvent. La seule permission qu'il obtint fut celle de pouvoir célébrer la Messe… en privé, dans la chapelle intérieure… deux longues années terribles pour lui ! En 1942, selon la volonté du Pape Pie XII, Padre Pio fut l'initiateur des Groupes de Prière. Cette œuvre allait de pair avec celle de la “Casa Sollievo della Sofferenza” (Maison du Soulagement de la Souffrance) C'était le grandiose hôpital qu'il avait fait construire tout à côté du couvent. Le 5 Mai 1956 fut donc inauguré solennellement ce grand édifice. Mais les importantes sommes d'argent qui seront données à Padre Pio pour ce Centre de soins, et qui provenaient de la foule de ses fils spirituels venant du monde entier, furent la cause d'une deuxième série de persécutions. Padre Pio ne voulait pas que l'on parle de ces persécutions. Elles constituent une page très douloureuse dans la vie du stigmatisé du Gargano. Elles ont cependant existé. Elles sont le fait de personnes ecclésiastiques et non de l'Église elle-même. Elles ont servi à la plus grande Gloire de Dieu puisqu'elles n'ont fait que prouver un peu plus la sainteté du Religieux de San Giovanni Rotondo, par l'obéissance et la patience dont il donna le témoignage.

MIRACLE DE LA DERNIERE MESSE

Lors de la Messe solennelle qu'il célébra pour le cinquantième anniversaire de sa

stigmatisation, les Groupes de Prière avaient entouré Padre Pio de leur vénération et de leur affection. A l'issue de l'Office, il eut un collapsus et s'effondra. On l'emporta dans sa cellule… Il rendit sa belle âme à Dieu au cœur de la nuit suivante. Mais, un certain temps après la mort constatée, les cicatrices même des plaies qui avaient marqué son corps pendant un demi-siècle disparurent d'un coup et la peau redevint comme celle d'un petit enfant.. comme s'il n'y avait jamais eu la moindre blessure. J'ai dit, dans l'ouvrage que j'ai rédigé sur celui qui fit mon Père spirituel tendrement aimé puisque c'est lui-même qui me prit comme fils, le “fils de son cœur” comme il disait : “Padre Pio, Transparent de Dieu”, que le Père avait été ici-bas comme “l'incarnation mystique de Jésus”, le Seigneur ayant pris possession totalement de tout l'être de cet humble religieux. La mission qui était de ramener à Dieu les hommes qui s'étaient éloignés de Lui, était désormais terminée. Padre Pio mourut. Et il ne resta plus ici-bas, que les membres de Francesco Forgione qui n'avaient jamais foulé notre terre… Tel était Padre Pio...

FLASHES SUR PADRE PIO

Je me souviendrai toujours de cette lointaine soirée d'Octobre 1955 où j'ai rencontré pour la première fois Padre Pio… J'avais été conduit à la tribune de la petite église du couvent en longeant des couloirs sombres sur lequel s'ouvraient les portes des cellules. J'avais pris place à côté d'un religieux dont je me souviens qu'il était, ce soir-là, fort enrhumé ! Je fus attiré de suite par l'expression étrange de son visage, tendu vers un au-delà que lui seul voyait. Il passa sa main sur son front dans un geste qui devait lui être familier, cette main portait un gant, ou plus précisément, une mitaine… J'étais à côté de Padre Pio, cet homme que j'avais eu si peur de rencontrer… Car “l'ennemi des âmes”, comme disait le Père lui-même, n'avait évidemment aucun intérêt à ce que nous nous rencontrions ! J'avais surpris Padre Pio dans sa prière. Et j'ai compris alors ce que voulaient dire des mots comme “recueillement”, “concentration d'esprit”, “regards d'amour sur Dieu”. De temps à autre, ses yeux se portaient sur le tabernacle que l'on apercevait à travers la balustrade qui fermait le chœur monastique, ou bien ils s'élevaient vers cet émouvant crucifix qui se dressait au dessus d'elle… celui-là même qui avait été le témoin, sinon l'auteur, de sa stigmatisation au matin du Vendredi 20 Septembre 1918. Padre Pio était vraiment l'homme de la prière. C'était aussi l'homme de la souffrance, l'homme du pardon, l'homme de l'offrande. Voilà les quatre “points cardinaux” de cette attachante personnalité.

HOMME DE LA PRIERE

Chaque soir, Padre Pio présidait la cérémonie qui réunissait les fidèles dans la petite église du couvent avant que ne fut construite la grande basilique. On y récitait le chapelet, on y donnait la Bénédiction Eucharistique. On y récitait également la fameuse “Neuvaine irrésistible” au Sacré Cœur de Jésus et la “Visite à la Madone”. Entendre cette voix était quelque chose d'inoubliable et, dès les premiers jours, j'en fus bouleversé et profondément ému. Il y a, certes, beaucoup de gens qui sont capables de lire un texte intelligemment, et même avec du sentiment, en y mettant le ton ! Mais ces phrases, prononcées par Padre Pio, se revêtaient d'un exceptionnel relief. On y sentait la vibration intense d'une âme remplie de foi. C'était l'effusion la plus suave qui soit d'un cœur plein d'amour. Padre Pio scandait chacune des paroles. Il les prononçait avec un accent tel qu'on ne pouvait pas ne pas en être remué et ému jusqu'aux larmes. Lui-même, d'ailleurs, prononçait certains mots avec des sanglots dans la voix. Tel a été mon premier contact avec lui. Et la simple évocation de ce souvenir me bouleverse encore ! A la Messe, en prononçant les paroles de la Consécration, Padre Pio souffrait atrocement. Il savait bien, lui, ce qu'était la souffrance physique et ce qu'était la souffrance morale ou spirituelle… Et comme il savait aussi que seule la

souffrance est capable de racheter le monde parce qu'elle est porteuse de rédemption, Padre Pio unissait ses propres souffrances à celles du Seigneur en Sa douloureuse Passion. Et cette offrande, il la faisait passer toute entière dans sa prière. Il savait bien aussi ce qu'était cette terrible “nuit de l'esprit” dont parle saint Jean de la Croix et dans laquelle il s'est trouvé plongé dès son plus jeune âge jusqu'au moment de la définitive et irréversible rencontre, dans l'éternel face à face au delà de la mort, lorsque, enfin, ses yeux ont pu contempler Dieu sans voile. Ce qu'il conseillait aux âmes qui s'adressaient à lui et qu'il guidait vers les plus hauts sommets de la vie spirituelle et mystique, il l'a vécu, lui, le premier dans sa piété la plus profonde. Lorsque dans toute sa vie les tempêtes s'étaient abattues plus fortement et plus violemment sur lui, lorsque la Croix, qui avait été plantée au cœur de sa vie, s'était faite plus lourde, lorsqu'il prenait sur lui les innombrables intentions qui, de tous les coins du monde, avaient afflué vers lui, vers ce paratonnerre des hommes, il déposait tout dans le Cœur de Jésus, il mettait en Lui seul toute sa foi et toute son espérance. Il récitait chaque jour cette “Neuvaine irrésistible” dont les mots, pour lui, et sur ses lèvres, revêtaient une tonalité proprement “mantrique” Cette prière s'appelle “irrésistible” parce qu'elle est fondée sur trois affirmations solennelles du Seigneur Lui-même. Nous lisons, dans l'Évangile, ces trois promesses, et, exprimées par Padre Pio, elles ne pouvaient pas laisser le Cœur de Jésus insensible. Voilà cette prière : “O mon Jésus qui avez dit : ‘En vérité, en vérité, je vous le dis, demandez et vous recevrez, cherchez et vous trouverez, frappez et il vous sera répondu’, voilà que je frappe, je cherche et je demande (telle) grâce…” “O mon Jésus qui avez dit : &En vérité, en vérité, je vous le dis, tout ce que vous demanderez à mon Père, en mon nom, Il vous l'accordera’. Voici qu'à Votre Père, en Votre Nom, je demande (telle) grâce… “O mon Jésus qui avez dit : ‘En vérité, en vérité, je vous le dis, le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point !’ Voici que, m'appuyant sur l'infaillibilité de vos saintes paroles, je demande (telle) grâce…” Et chaque parole, chaque formulation de la grâce implorée, était suivie de la récitation d'un “Notre Père”, à cause de la soumission à la Volonté de Dieu, d'un “Je vous salue, Marie”, car Notre Dame était là pour appuyer cette prière, et d'un “Gloire au Père…”, pour exprimer, par avance et dans la confiance, notre remerciement à Dieu. Venait ensuite, à chaque fois, l'invocation : “Cœur Sacré de Jésus, j'ai confiance en Vous !” Ainsi priait Padre Pio…Il priait bien, il priait beaucoup, il priait toujours. Il était, au plein sens du terme, “l'homme fait prière”. Jamais il ne se lassait de prier. Bien plus, on lit dans les lettres qu'il écrivait à ses Directeurs spirituels, qu'il se plaignait de ne jamais avoir assez de temps pour prier. Il avait écrit un jour : “Je voudrais que les journées aient quarante heures !” Il priait partout, à l'autel, au confessionnal, à sa place au matronée de la basilique où on le voyait lever son chapelet comme pour le montrer aux fidèles qui, en bas, le regardaient, priaient avec lui, priaient par lui. Il priait dans les escaliers, dans les couloirs, dans l'ascenseur, dans sa cellule le jour, la nuit, à l'exception des très rares heures de sommeil. Il priait avec des gémissements du cœur, il priait avec des “oraisons jaculatoires”, mais il priait spécialement avec son chapelet. Il s'était promis de ne pas réciter moins de cinq rosaires par jour. Il fut vraiment un “dévoreur” de chapelets. Un jour, son Supérieur lui demanda combien de chapelets il avait récités dans la journée. Et Padre Pio avait répondu : “Bah ! al mio Superiore, devo dire la verità !… J'en ai récité trente quatre !…” Il répétait souvent : “Allez à la Madone, faites-la aimer ! Récitez toujours le Rosaire. Récitez-le bien ! Récitez le plus que vous pourrez !” Il priait pour ceux qui s'étaient recommandés à sa prière et aussi, chose étrange, pour ceux dont le Seigneur lui soufflait l'intention, même s'il ne les connaissait pas. Sa prière ornait et en même temps nourrissait sa constante, profonde et habituelle union à Dieu. Padre Pio nous a laissé ce grand exemple de prière. Il nous a fait comprendre que tout travail spirituel ne peut être accompli et réussi si, à la base, il n'y a pas ce regard d'amour porté sur Dieu dans une intense prière. Et dans sa prière, Padre Pio était arrivé au sommet de l'union transformante de Dieu, aux sphères les plus élevées de l'échelle mystique… Le 18 Avril 1912, il avait raconté à son Père Spirituel une lutte terrible qu'il avait eu à soutenir contre l'enfer qui pratiquement chaque nuit le frappait et le persécutait de toutes les façons possibles, et la consolation du Seigneur lui était venue après la Messe : “A la fin de la Messe, écrit-il donc, je me suis entretenu avec Jésus pour l'action de grâce. O combien fut suave le colloque tenu avec le Paradis ce matin !… Le Cœur de Jésus et le mien se fondirent. Ce n'étaient plus deux cœurs qui battaient, mais un seul. Mon cœur avait disparu comme une goutte d'eau s'évanouit dans la mer…” Padre Pio pleurait de joie et il ajoutait : “Quand le Paradis envahit un cœur, ce cœur affligé, exilé, faible et mortel ne peut le supporter sans pleurer…” Il disait : “Soyez des âmes de prière. Ne vous fatiguez jamais de prier. C'est la chose essentielle. La prière fait violence au Cœur de Dieu, elle obtient les grâces nécessaires !” Padre Pio était un homme de prière. C'était aussi — et par voie de conséquence — un homme de souffrance.

HOMME DE SOUFFRANCE

Si toute la vie terrestre du Seigneur ne fut qu'un continuel martyre qui aboutit au Calvaire, on peut en dire tout autant de la vie de Padre Pio. C'est vraiment l'homme de la souffrance : il souffrait dans son corps et il souffrait dans son âme. Il faut lire et relire toutes les lettres qu'il a échangées avec ses Directeurs Spirituels, le Père Benedetto et le Père Agostino. Cet échange de correspondance débuta dans les tout premiers jours de sa vie religieuse. Ces lettres nous ont révélé quelle fut la souffrance la plus intime et la plus déchirante, quelle fut l'épreuve terrible à laquelle le Seigneur avait soumis son humble serviteur : c'était l'incertitude de son amour pour Dieu, l'incertitude d'accomplir Sa Volonté, l'incertitude de se trouver en état de grâce, l'incertitude de son propre salut éternel. Il ne voyait plus clair. Lors de la dernière rencontre que j'ai eue avec lui, un mois et demi avant sa mort, il me fit cette demande qui étonna beaucoup le jeune Prêtre que j'étais alors : “Mon fils, prie pour que je garde la foi !…” Telle est l'épreuve à laquelle Dieu soumet d'ordinaire les âmes qu'il veut purifier le plus parfaitement possible parce qu'il veut les élever aux plus hauts degrés d'union avec Lui par d'ineffables expériences mystiques. C'est ainsi que lui, qui eut à diriger un nombre incalculable d'âmes dans les voies de la spiritualité la plus exigeante, demeura, quant à lui, dans la “nuit de l'esprit” la plus profonde. Ses Directeurs spirituels lui prodiguaient de sages conseils et, bien souvent, il les “resservait” aux âmes qui s'adressaient à lui, et même, le cas échéant, à ses Directeurs eux-mêmes qui étaient devenus ses “dirigés” ! Mais ces conseils ne l'effleuraient même pas et il s'étonnait de cette insensibilité. Il avait dit : “Je suis un mystère pour moi-même !” Il souffrit aussi, à l'extérieur de son âme, de toutes les calomnies que le Démon avait déchaînées contre lui. On l'avait accusé de violer le Vœu de Pauvreté en manipulant d'importantes sommes d'argent alors qu'il rendait compte scrupuleusement à ses Supérieurs. D'ailleurs, le Pape Pie XII lui-même l'avait expressément autorisé à administrer le grandiose hôpital qu'il avait fait édifier avec les dons de ses fils spirituels. On l'accusa même sur son honnêteté, sur la pureté de ses mœurs à cause du groupe de ses filles spirituelles. Il en a beaucoup souffert. Il souffrit des persécutions auxquelles il fut soumis, de sa ségrégation, de ne pouvoir, pendant de longs mois, administrer le Sacrement de la Réconciliation… Il souffrait de tout ce que l'on publiait sur son compte… Il a souffert du fanatisme de certaines personnes qui vivaient autour du couvent et qui élevaient, entre le monde et lui, une inexplicable barrière. Il demeura dans l'obéissance, offrant à Dieu cette intolérable souffrance morale que Dieu avait permise pour aider à sa propre sanctification. Mais la grande souffrance de Padre Pio dans son corps, ce fut, sans conteste, l'impression dans ses membres des sacrés stigmates de la Passion. Le célèbre savant, le Professeur Enrico Medi, qui était un fils spirituel du Père, avait déclaré un jour : “Il me semble que, dans la vie de l'Église, dans l'Histoire de l'Église, il n'y a pas eu de saint à qui Dieu ait demandé autant de sang qu'à Padre Pio…” Cette souffrance fut la participation de Padre Pio à la Passion rédemptrice de Jésus, ou plutôt il faut dire que Jésus était venu revivre sa vie et Sa Passion en Padre Pio. C'est pour cela qu'il fut, au plein sens du terme, un “Transparent de Dieu”.

HOMME DU PARDON

Padre Pio a été l'homme de Dieu qui absout pour conférer aux pécheurs la grâce sanctifiante et les réconcilier avec Dieu. La Grâce Sanctifiante est un Don surnaturel qui est fait à l'âme et qui nous rend fils de Dieu, frères de Jésus, membres de l'Église et héritiers du Paradis. Telle est la définition du Catéchisme. Ce Don de Dieu, reçu au Baptême, se perd par le péché et se retrouve par l'Absolution On peut regarder Padre Pio comme un puissant intermédiaire entre nous et Dieu pour nous obtenir les grâces qui nous sont nécessaires. Mais il faut surtout le regarder comme un grand distributeur de la Grâce, avec un “G” majuscule, car c'est bien la Grâce Sanctifiante qu'il a distribuée tant et tant de fois pendant plus d'un demi-siècle. Depuis 1918, pas un jour de repos, pas un jour de répit, sauf les jours où la maladie le contraignait à garder le lit, mais ce n'était pas du repos pour lui. Pendant un demi-siècle, il a subi les assauts répétés de ces foules de pénitents de toutes catégories sociales, de toutes les nations, de ces gens qui étaient avides de voir Dieu de tout près. A San Giovanni Rotondo, il y avait un autel et un confessionnal… Padre Pio, par son assiduité au confessionnal, nous a appris la valeur de la Grâce Sanctifiante, la beauté de cette Grâce qui est si riche et qui est, finalement, la condition du salut éternel. Au plus fort de son activité, il passait parfois jusqu'à dix sept heures au confessionnal ! Lorsque, pendant les quelques six mois qu'il passa au couvent Sainte Anne de Foggià avant de monter définitivement à San Giovanni Rotondo, le peuple parlait de lui et disait ; “il Padre che confessa…” ou bien “il confessore…” Il était devenu un martyr du confessionnal, un martyr du Sacrement du Pardon et de la Miséricorde de Dieu. Padre Pio fut donc l'homme qui absout pour redonner aux âmes cette Grâce Sanctifiante, mais il voulait voir, en chacune de ces âmes les dispositions suffisantes. Il n'absolvait pas celui — ou celle — qui ne méritait pas l'absolution. Il avait écrit à un Prêtre ami : “Si l'on savait comme il est terrible de s'asseoir au Tribunal de la Confession ! Nous administrons le Sang du Christ ! Attention à ne pas le répandre avec légèreté !” Il condamnait et haïssait le péché et il employait souvent des paroles fortes et sévères par amour du pécheur, pour sa conversion et pour son salut. Il disait souvent : “Je ne donne pas de gâteau à celui qui a besoin d'une purge !” Il était terrible pour les pénitents superficiels, pour ceux qui n'étaient pas sincères, ceux qui étaient hypocrites. Car il lisait dans les consciences et il lui arrivait de dire au pénitent ses propres péchés avant même que celui-ci ait eu le temps d'ouvrir la bouche. J'en ai fait moi-même la douloureuse expérience !… Mais par contre, avec les vrais repentis, quel accueil ! Quelle douceur ! Qu'il était bon avec les pécheurs qu'il avait une ou plusieurs fois chassés du confessionnal parce qu'il voyait bien que leur repentir n'était pas sincère et qu'ils n'étaient pas prêts à quitter leurs péchés et qui revenaient à lui, humblement, sincèrement repentis et contrits ! Il les aimait tant, ces pécheurs ! Il avait appris à les connaître pendant les trois courts séjours qu'il fut contraint d'effectuer à l'armée pendant la Grande Guerre. La Providence avait permis que cet ange de délicatesse et de pureté puisse approcher ce milieu où parfois règne une certaine grossièreté, pour qu'il apprenne à aimer l'homme pécheur. Il était si heureux de donner l'Absolution, car il disait que, au degré de Grâce Sanctifiante que l'on avait atteint sur la terre correspondait exactement le degré de gloire dans le Paradis pour toute l'éternité. Padre Pio confesseur… Padre Pio directeur d'âmes… Avec quelle sollicitude il suivait et guidait ceux qui s'étaient confiés à ses soins et qui étaient ses enfants spirituels, les “fils de son cœur”, comme il les appelait. Les lettres qu'il avait échangées avec eux lorsqu'il pouvait encore écrire en témoignent abondamment. Il était très exigeant avec ses fils spirituels. Il leur disait : “Je vous accueille bien volontiers comme mes fils spirituels, mais à condition que vous vous comportiez toujours bien et que vous ne me fassiez pas faire mauvaise figure devant Dieu et devant les hommes, que vous soyez des exemples de vie chrétienne. Autrement, je sais aussi employer le bâton !” Il les incitait à accomplir fidèlement leurs devoirs religieux, leurs devoirs de famille, leur devoir professionnel et social. Il les exhortait à être des âmes de prière, fidèles à la méditation quotidienne et à la mortification. Il les poussait à accepter et à reprendre la croix de chaque jour et à marcher dans la joie sur le chemin de la sainteté, attentifs à conserver la paix de l'âme, la tranquillité d'esprit, la sérénité et la bonté dans les rapports avec les autres. C'est ainsi, affirmait-il, que l'on pouvait se constituer cet important capital de Grâce Sanctifiante et se préparer une meilleure place auprès de Dieu Padre Pio nous lance donc un appel pressant à la confession fréquente et à la conversion de chaque jour. Cet appel, Padre Pio l'adressait spécialement au monde d'aujourd'hui si éloigné de la foi et de la pratique religieuse, si enclin au péché et au blasphème, si esclave des passions les plus avilissantes, si attiré par certaines idéologies et par les sectes toujours plus envahissantes. Padre Pio adressait cet appel à ce monde qui viole si facilement les lois du mariage, le respect de la personne humaine depuis sa conception jusqu'à sa mort naturelle. Il l'adressait à ce monde qui, aujourd'hui, joue un jeu très dangereux avec la Génétique et la Bioéthique. Ce monde-là, Padre Pio le rappelait — et le rappelle encore — à revenir vers Dieu. Pour cela, il encourageait beaucoup à prier la Vierge, Notre Dame des Grâces, la Mère de la Divine Grâce, la Porte du Ciel…

HOMME DE L'OFFRANDE

Padre Pio était celui qui offrait la divine Victime à l'autel. Chacun sait à quel point était impressionnante, émouvante, sublime, tragique, la Messe de Padre Pio ! C'était quelque chose d'unique au monde. Pourquoi ?… Peut-être parce que cette Messe durait en général près de deux heures et que, de temps à autre, il était arrivé au Père de rester à l'autel quatre ou cinq heures, comme cela s'était souvent produit lors de sa ségrégation qui dura deux longues années, de 1929 à 1931. Rien que pour cela, elle aurait déjà été extraordinaire. Cela aurait du faire fuir les fidèles qui préfèrent des Messes rapides et bien enlevées ! Au contraire, les foules arrivaient, nombreuses, pour participer à cette Messe hors du commun que Padre Pio célébrait à cinq heures du matin ! Il y faisait passer toute sa personne, toute sa vocation de co-rédempteur à côté de l'Unique Rédempteur, toute sa mission de témoin de Dieu, sa mission de salut et de sanctification qu'il accomplissait au confessionnal, mais plus encore sur cet autel. “Sanctifie-toi et sanctifie !” lui avait dit le Seigneur dès son enfance… A l'autel, le Père était transfiguré. Son visage, très pâle et, en même temps, très ardent, était parfois inondé de larmes. Souvent, je l'ai vu ainsi. L'intensité de sa ferveur, les douloureuses contractions de son corps, la beauté de ses gestes, certains sanglots silencieux, tout montrait qu'il vivait intensément la Passion du Christ. On avait l'impression que toute distance de temps et d'espace entre l'autel et le Calvaire s'était évanouie. On avait l'impression très nette, la certitude même, d'être comme physiquement présents sur ce rocher du Golgotha ou autour de la table de la Cène. Et voir Padre Pio élever l'hostie dans ses mains transverbérées et sanglantes rendait plus sensible encore l'union mystique du Prêtre qui offrait et de la Victime qui offrait son Sacrifice. Padre Pio avait répondu à l'une de ses filles spirituelles qui lui demandait : “Père, pour nous, qui êtes-vous ?” — “Au milieu de vous, je suis le frère, au confessionnal, le juge, à l'autel, la victime !” Chaque jour, à l'autel, le Père revivait cet événement de sa propre crucifixion, le Vendredi 20 Septembre 1918…

PADRE PIO, HOMME DE LA MESSE

C'était le modèle, pourrait-on dire, de chaque Prêtre… On ne pouvait pas “assister”

à sa Messe, on devenait, presque malgré soi, “participant” de ce drame qui se jouait chaque matin sur l'autel. Crucifié avec le Crucifié, le Père revivait la Passion de Jésus avec une douleur dont j'ai été le témoin ému et bouleversé. J'étais le privilégié, car je lui servais la Messe. Le Père nous apprenait par là que notre salut ne pourrait s'obtenir que si, d'abord, la Croix était plantée dans notre vie. Il disait “Je crois que la très Sainte Eucharistie est le grand moyen pour aspirer à la sainte Perfection, mais il faut la recevoir avec le désir et l'engagement d'ôter de son cœur tout ce qui déplaît à Celui que nous voulons avoir en nous”. (27 Juillet 1917) Il m'avait expliqué, peu après mon Ordination Sacerdotale, qu'il fallait, en célébrant l'Eucharistie, mettre en parallèle la chronologie de la Messe et celle de la Passion de Jésus. Il s'agissait de comprendre et de réaliser, tout d'abord, que le Prêtre à l'autel EST Jésus Christ, et qu'il ne Le représente pas seulement. Dès lors, Jésus, en son Prêtre, revit indéfiniment la même Passion :

Du signe de la croix initial jusqu'à l'Offertoire, il faut rejoindre Jésus à Gethsémani, il faut le suivre dans son agonie, souffrant devant cet océan de péché, cette “marée noire” de refus de Dieu. Il faut le rejoindre dans sa douleur de voir que la Parole du Père, qu'il était venu nous apporter, ne serait pas reçue, ou si mal, par les hommes. Et c'est dans cette optique qu'il faut écouter les Lectures de la Messe comme si elles nous étaient personnellement adressées.
L'Offertoire, c'est l'arrestation. L'Heure est venue…
La Préface, c'est le chant de louange et de remerciement que Jésus adresse au Père car Il lui a permis de parvenir enfin à cette Heure.
Depuis le début de la Prière Eucharistique jusqu'à la Consécration, on rejoint (rapidement !…) Jésus dans son emprisonnement, dans son atroce flagellation, son couronnement d'épines et son chemin de croix dans les ruelles de Jérusalem, regardant, au “Memento”, tous ceux qui sont là et pour lesquels nous prions spécialement.
La Consécration nous donne le Corps livré… maintenant, le Sang versé… maintenant. C'est — mystiquement — le moment de la crucifixion du Seigneur dans la méditation que nous faisons à mesure que la liturgie se déroule. A ce moment de la Messe, Padre Pio souffrait atrocement… il ressentait à ce moment, les clous qui fixaient Jésus à la Croix.
On rejoignait ensuite Jésus en croix et offrant, en cet instant, au Père, son Sacrifice rédempteur. C'est le sens de la prière liturgique qui suit immédiatement la Consécration. Le “Par Lui, avec Lui et en Lui” correspond au cri de Jésus : “Père, je remets mon âme entre Tes mains !” Dès lors, le Sacrifice est consommé et accepté par le Père.
Les hommes, désormais, ne sont plus séparés de Dieu et ils se retrouvent unis. C'est la raison pour laquelle, à cet instant, on récite la prière de tous les enfants de Dieu, le “Notre Père…”
La fraction de l'hostie marque la mort de Jésus…
L'intinction, le moment où le Prêtre laisse tomber une parcelle du Corps du Christ dans le calice du Précieux Sang, marque le moment de la résurrection, car le Corps et le Sang sont à nouveau réunis et c'est au Christ vivant que nous allons communier.
La bénédiction du Prêtre marque les fidèles de la croix comme d'un signe distinctif et comme un bouclier protecteur contre les assauts du Malin…

On comprendra qu'après avoir entendu de la bouche même du cher Père une telle explication, sachant bien que, lui, vivait douloureusement cela, il m'ait demandé de le suivre sur ce chemin… ce que je fais chaque jour… et avec quelle joie ! Et lorsque que le Lundi 23 Septembre 1968, à deux heures du matin, il se trouvait sur le fauteuil de sa cellule, revêtu de son habit de capucin, serrant entre ses doigts son chapelet et qu'il expira doucement en murmurant les noms de Jésus et de Marie, il pouvait ajouter, comme on le dit en Italie : “La Messa è finita, andate in pace !…” La Messe est finie, allez dans la paix ! C'était la Messe de l'homme de Dieu qui s'offrait lui-même comme victime. Padre Pio nous invite à mettre vraiment la Messe au centre de notre vie, nous unissant nous-mêmes à la divine Victime par la foi et l'amour, réalisant le plus parfaitement possible cette fusion par la communion. Toute la personnalité de Padre Pio, sa grande figure mystique, se résume dans ces quatre points que nous venons de voir : 1° – Padre Pio, c'est l'homme de Dieu qui prie et qui nous laisse comme message : “Soyez,, vous aussi, des âmes de prière. Priez,, unis à vos frères, dans les Groupes de Prière !” 2° – Padre Pio, c'est l'homme de Dieu qui souffre et qui nous laisse comme message : “Acceptez et vivez le Christianisme authentique et intégral, c'est-à-dire, le Christianisme avec la Croix !” 3° – Padre Pio, c'est l'homme de Dieu qui absout et qui pardonne et qui nous laisse comme message : “Avec le Sacrement de Réconciliation, fréquemment reçu, vivez et grandissez dans la Grâce Sanctifiante !” 4° – Padre Pio, c'est l'homme de Dieu qui s'offre avec Jésus et qui nous laisse comme message : “A la Messe, offrez Jésus crucifié et offrez-vous, vous-mêmes, avec Lui !” Padre Pio est maintenant dans la Gloire du Ciel… ainsi va le déclarer le Successeur de Pierre, parlant au nom de l'Église toute entière. Nous savons bien que, de là-haut, il nous regarde, il bénit et protège tous ceux qui, dans le monde entier, qu'il avait, ici-bas, accueillis comme “fils et filles de son cœur”. Il ne pourra oublier tous ceux qui, de plus en plus nombreux, écoutent sa parole, méditent ses écrits, accueillent son message, son invitation à la sainteté. Car la mission du Père était bien celle-ci : nous entraîner à sa suite afin d'entrer avec lui dans le Cœur du Christ.

SPIRITUALITE DE PADRE PIO

Padre Pio était de ces êtres dont la présence, comme celle du feu, crée une certaine fascination, presque un envoûtement… parfois même une certaine gêne, tant ceux qui les entourent se sentent différents, inférieurs et lointains. Il semble que ces êtres-là soient des exilés d'une autre terre, d'un autre monde, et qu'ils passent au milieu de nous à la manière des météores. De temps à autre, c'est vrai, le Seigneur envoie sur cette terre, dans ce monde pécheur qui est le nôtre, des “âmes solaires” dont la mission est de ramener l'humanité vers l'Amour de son Dieu. Padre Pio était de celles-là… A l'approcher, il devenait évident que, de sa personne tout entière, émanait une “aura” étonnante, une irradiation de sainteté. Le Seigneur avait pris totalement possession de son être au point même de lui être configuré par les plaies de la crucifixion dont, pendant cinquante années, son corps fut marqué… Il était comme “l'incarnation mystique” de Jésus, car Padre Pio s'était ouvert à la demande de Dieu et Jésus était venu revivre en lui son mystère de la Croix. Il apportait ainsi, dans notre monde, en réalité, la présence substantielle de Jésus et de Marie, car on ne peut jamais séparer le Rédempteur de celle qui fut sa “généreuse collaboratrice dans son Œuvre de Rédemption”, pour reprendre la belle expression du Pape Pie XII dans le discours qu'il tint le 1er Novembre 1950 lors de la proclamation du Dogme de l'Assomption. Quand Padre Pio était là, on pouvait dire que Jésus et Marie étaient présents, eux aussi, par lui. Et parce qu'il était l'instrument d'une Présence qui le dépassait humainement, puisqu'il s'agissait de celle du Seigneur et de Sa Mère, Padre Pio avait atteint la perfection de sa vocation sacerdotale : il était à la fois le Prêtre et la Victime. Cette présence de Jésus et de Marie, Padre Pio la faisait donc ressentir à ceux qui l'approchaient parce qu'il vivait lui-même de cette présence mystérieuse et réelle. Il nous enseignait, par là, à être tout à Dieu par Marie, dans le temps, afin d'être, pour l'éternité, tout à Dieu avec Marie. Le Père connaissait cette mission grandiose qui était la sienne. Tout jeune, il avait entendu Jésus lui dire : “Sanctifie-toi… et sanctifie !” Cette mission, il l'a remplie. Il a porté la Croix dans sa chair pour la planter dans notre cœur… A nous de capter le message de cette “âme d'exception”. Les hommes, hélas, ont un cœur, mais ils ne savent pas aimer ! A la demande de son Père Spirituel ,Padre Pio avait rédigé un “Programme de vie spirituelle” qui est très intéressant pour nous et qu'il a suivi, sans doute, jusqu'à sa mort. En voici le texte : “Au Nom de Notre Seigneur Jésus-Christ ! Amen ! Dévotions particulières quotidiennes : pas moins de quatre heures de méditation — et celles-ci, d'ordinaire, sur la vie de Notre Seigneur , naissance, Passion et mort. Neuvaines : à la Vierge de Pompéi, à Saint Joseph, à Saint Michel Archange, à Saint Antoine, au Père Saint François, au Sacré Cœur de Jésus, à Sainte Rita, à Sainte Thérèse de Jésus. Chaque jour, pas moins de cinq rosaires en entier”. Un Maître Spirituel. Padre Pio était un grand confesseur. Au plus fort de son activité, il lui est arrivé de rester rivé à son confessionnal jusqu'à dix sept heures par jour. C'était de l'héroïsme, surtout quand on connaît son extraordinaire délicatesse d'âme et l'intensité de son union à Dieu. Devant le péché qui était déversé dans son âme sacerdotale, il ne pouvait, en effet, que souffrir le martyre… ou plutôt, le Christ souffrait en lui. Mais c'était aussi un grand Directeur Spirituel. Il a dirigé plusieurs âmes d'élite dont certaines sont mortes “en odeur de sainteté” comme Lucia Fiorentino dont le procès en Béatification est en cours. En outre, le Père donnait souvent, au confessionnal, de sages directives avec un bon sens tout surnaturel. En Mars 1956, il m'avait donné, au cours d'une confession, ce programme de vie qui pourrait être d'une grande utilité pour les lecteurs : “Vivre en présence de Dieu… toujours ! Puis, faire de ta prière une conversation avec Dieu : il deviendra quelqu'un de vivant pour toi… toujours ! Faire absolue confiance en Dieu, interpréter les événements comme venant de Sa Main… toujours ! Et enfin, malgré tout ce qui peut t'arriver de mal, tous les ennuis, fais confiance à Dieu parce que c'est Lui qui tient les ‘cordicelle’ (ce terme désigne les ficelles dont on se sert pour mouvoir les marionnettes)… Sempre e basta ! Toujours et cela suffit !” J'étais un peu interloqué par l'apparente simplicité de ce programme de vie spirituelle. “Mais enfin, Père, répondis-je, ce n'est tout de même pas en ne pratiquant que ces points-là que vous êtes arrivé où vous êtes… Je ne parle pas de vos stigmates, ce doit être pour vous une grande épreuve…” “Si !” “Et pour le reste ?” “Figliolo ! (petit enfant), crois-tu que l'Évangile ait été écrit pour les gens compliqués ?” Cette réponse m'avait bouleversé, venant de la part de quelqu'un qui vivait en Dieu, qui souffrait le martyre devant les indifférents, et qui s'adressait au jeune séminariste que j'étais alors et qui ne demandait qu'à le rejoindre. Cela m'a laissé une impression extraordinaire. A la Lumière de l'Esprit-Saint. Il enseignait la dévotion à l'Esprit-Saint. La connaissance de la théologie de l'Esprit-Saint est, en effet, indispensable pour un directeur d'âmes. Il doit conduire ces âmes à la vertu, il doit les diriger vers le but, vers l'intimité divine dans la perfection de l'Amour de Dieu. On trouve donc, dans les lettres de direction qu'il adressait à ceux et à celles qu'il accompagnait, des enseignements sur l'activité de l'Esprit-Saint dans l'organisme spirituel. Padre Pio rendait les âmes conscientes de ce qu'était, pour elles, cette intimité divine et ce qu'elle exigeait en échange. Sans cesse il rappelait la dignité qui est la nôtre : celle d'être des Temples de l'Esprit-Saint : “Que votre âme soit toujours le temple de l'Esprit-Saint !” écrivait-il le 30 Janvier 1915. Il fallait veiller à ce que rien ne vienne troubler ni profaner ce Temple. Il y avait donc, dès le début, un appel à la pureté d'âme : “Soyons vigilants et ne laissons pas l'ennemi se frayer un chemin pour pénétrer dans notre âme et contaminer le Temple de l'Esprit-Saint… Souvenons-nous toujours que, par le Baptême, nous sommes devenus le Temple de Dieu vivant et que chaque fois que nous tournons notre âme vers le monde, le démon et la chair, auxquels nous avons renoncé par le Baptême, nous profanons ce Saint Temple”. (3 Mai 1915) On comprend alors pourquoi Padre Pio était le premier à reconnaître l'Esprit-Saint comme source de lumière et cause efficiente de notre sanctification. Il invitait donc à l'invoquer souvent et à demeurer en contact avec Lui : “Que l'Esprit-Saint vous comble de ses très Saints Dons, qu'il vous sanctifie, vous guide dans les voies du Salut éternel et qu'il vous réconforte dans vos innombrables afflictions !” (31 Mai 1915) Padre Pio rappelait souvent aussi la force transformatrice de l'Esprit-Saint qui sanctifie et soutient les âmes en marche vers la sainteté : “Que l'Esprit-Saint vous sanctifie toujours plus !” ( 4 Mars 1915 ) Le 12 Mai 1914, l'Archevêque de Bénévent était venu à Pietrelcina pour conférer la Confirmation “à quatre cent cinquante grands et petits”, raconte Padre Pio lui-même. “Je n'avais jamais assisté à une si sainte cérémonie depuis le jour où je fus confirmé. Je versais des larmes de consolation dans mon cœur à cette sainte cérémonie, parce qu'elle me rappelait ce que me fit ressentir le Très Saint Esprit Paraclet ce jour où je reçus le Sacrement de la Confirmation, jours très particulier et inoubliable pour toute la vie. Combien de doux mouvements cet Esprit Consolateur ne me fit-il pas ressentir en ce jour ? A la pensée de ce jour, je me sens tout entier brûlé d'une très vive flamme qui brûle, dévore et ne fait pas mal !”

Les Charismes

Cette sanctification, dont parlait Padre Pio, s'opère dans l'exercice du devoir d'état. L'Esprit-Saint donne, pour cela , des grâces particulières que les maîtres spirituels désignent sous le nom de “charismes”. Padre Pio conseillait vivement d'implorer de Dieu ces charismes : “Abandonnez-vous dans les bras du Divin Père avec une filiale confiance et ouvrez votre cœur aux charismes de l'Esprit-Saint qui n'attend qu'un signe de votre part pour vous en enrichir…” (10 Décembre 1914) Si l'Esprit-Saint est en nous, s'il transforme notre âme, s'il l'enrichit de charismes pour la conduire à la sainteté, il reste qu'il faut collaborer avec Lui, écarter tout d'abord les obstacles, s'abandonner entièrement à son action et se laisser enfin conduire par Lui en toute docilité : “Ne vous abandonnez jamais à vous-mêmes, n'ayez confiance qu'en Dieu seul, attendez de Lui toute la force… Laissez l'Esprit-Saint opérer en vous, abandonnez-vous à ses transports et ne craignez point”. (29 Mars 1914) La mortification - Et quelle est la condition incontournable pour que l'Esprit-Saint agisse en nous ?… Padre Pio le déclare très nettement : “Considérons à présent ce que l'âme doit pratiquer pour que l'Esprit-Saint puisse sûrement vivre en elle. Tout se réduit à la mortification de la chair avec les vices et la concupiscence , et à se garder de son propre esprit… Veillons à mortifier notre esprit propre qui enfle d'orgueil, nous rend impulsif, nous dessèche ; veillons, en somme, à réprimer la vaine gloire, la colère, l'envie, trois esprits mauvais qui rendent esclaves la plupart des hommes. Ces trois esprits mauvais sont extrêmement opposés à l'Esprit du Seigneur…” (23 Octobre 1914 ) Foi – Espérance – Charité – Padre Pio était convaincu que la présence des trois vertus théologales : la Foi, l'Espérance et la Charité, planait sur tout son propre comportement spirituel. Sa mission était de proposer aux âmes les chemins par lesquels elles devaient atteindre leur but surnaturel qui est la vision béatifique. Or, il expliquait que le désir du but exigeait deux choses : la confiance de pouvoir l'atteindre, et l'amour ardent qui conduisait à désirer ce but. Il faisait donc comprendre qu'il fallait, à toutes forces, développer en nous ces trois vertus théologales : la FOI par laquelle nous connaissons Dieu comme notre fin dernière, l'ESPERANCE qui nous fait espérer l'atteindre, la posséder… ou plutôt, nous laisser envahir et posséder par Lui, et la CHARITE qui nous pousse vers Lui. Il exhortait souvent les âmes à se servir de ces facultés surnaturelles pour l'union directe avec Dieu. Ces vertus ont pour but, en effet, de détacher l'âme de tout ce qui est inférieur à Dieu. Elles ont, par conséquent, aussi celui de l'unir à Lui : “Dans le très doux Jésus, je voudrais vous prier de chasser toute crainte, autant qu'il est possible et d'avoir toujours confiance, foi et amour…” (30 Octobre 1915) “…Avec la foi et l'espérance, ne te manquera pas le doux nectar de l'amour qui t'unit toujours davantage au Bien Suprême…” (13 Juin 1918) La Foi – Plusieurs fois, on trouve, dans les lettres de direction qu'il écrit, la mention de l'excellence de la Foi qui unit à Dieu : “Dieu veut s'unir à l'âme dans la Foi, et l'âme, qui doit célébrer cette céleste union en pure foi, doit avancer, car elle est le seul et unique moyen d'arriver à cette union d'Amour”. (19 Décembre 1913) Par nature, la foi est obscure, aussi l'intelligence doit-elle se soumettre à la décision de la volonté. Il faut vouloir croire… Mais la foi est un don que Dieu ne refuse jamais de verser dans l'âme qui l'en supplie : “Une foi vive, une croyance aveugle et une adhésion totale à l'autorité constituée par Dieu sur toi, voilà la lumière qui éclaira les pas du peuple de Dieu dans le désert…” (22 Octobre 1916). Mais, nous le savons, “Foi” veut dire “confiance”… “Notre Dieu n'est-il pas fidèle plus que tout ce que nous pouvons humainement concevoir Il ne permettra pas que nous soyons tentés au-delà de nos forces”. (6 Août 1915) Marcher dans la foi veut dire aussi marcher dans l'obscurité, autrement — on le comprend aisément — l'amour n'aurait aucune valeur. Padre Pio insistait beaucoup sur cette foi et sur cet abandon, peut-être parce qu'il savait par expérience que l'ennemi attaque plus facilement sur ce point-là et que c'est justement là qu'il est le plus facilement victorieux. Il disait que cette foi et cette confiance devaient être la base sans laquelle nous ne pourrions jamais rien construire de solide. Il faut être persuadé que Dieu dirige vraiment notre vie, qu'il la voit et qu'il l'aime… “C'est Lui qui tient les ficelles !” m'avait-il dit à moi-même. Il fallait être sûrs de la Providence de Dieu sur nous et sur le monde et sentir sur nous ce regard d'Amour du Père. Il engageait ses " enfants spirituels “à suivre les inspirations de la grâce quand elles sont garanties par le Directeur responsable de leur âme… Il ne doit pas vous importer d'y voir clair vous-mêmes ; cela n'est pas nécessaire. Il suffit qu'y voit clair celui qui vous dirige et a soin de vos âmes… Le plus beau ‘Credo’ est celui que l'on prononce dans la nuit, dans le sacrifice et en se faisant violence”. (7 Décembre 1916). Est-ce à dire que, pour lui-même, Padre Pio y voyait clair ? Non ! “Dire seulement ‘Credo’ est pour moi un martyre atroce” écrivait-il le 13 Novembre 1918, deux mois à peine après avoir été marqué visiblement des plaies de la crucifixion. Par expérience personnelle, il savait ce que l'acte de foi comportait d'ardu pour l'âme. Il me revient en mémoire cette confidence qu'il me fit peu avant sa mort : “Mon fils, prie pour que je garde la foi !…” De toutes façons, Padre Pio le savait bien : la Foi nous apprend à tout voir avec le regard de Dieu. “Soyons toujours bien disposés à reconnaître dans tous les événements de la vie l'ordre très sage de la divine Providence…” écrivait-il le 22 Février 1915. L'Espérance – Padre Pio enseignait à vivre toujours joyeux dans l'espérance, reprenant le mot de l'Apôtre Paul (Romains 12 / 12 ) Sans jamais se lasser, il répétait à ceux qui bénéficiaient de son ministère que l'espérance nous fait nous confier à Dieu tout en nous méfiant de nous-mêmes. La vocation du chrétien, disait-il, “lui demande de toujours aspirer à la patrie des bienheureux, de se considérer comme pèlerin sur une terre d'exil… de ne pas s'attacher aux choses de ce monde”. (16 Novembre 1914 ) “Ne vous abandonnez jamais à vous-même, ne mettez qu'en Dieu seul toute votre confiance”. (29 Mars 1914) Et le Père nous faisait comprendre que, puisque Dieu est infiniment bon, il ne peut refuser ce qui nous convient ; et puisqu'il est Tout-Puissant, il trouvera toujours le moyen de surmonter toutes les difficultés et de supprimer tous les obstacles : “Ne vous abandonnez jamais à vous-même lorsque la tempête fait rage ; mettez toute votre confiance dans le Cœur du très doux Jésus” (28 Février 1915). L'Espérance, en effet, est une vertu dynamique. Elle porte en elle une féconde activité sanctificatrice. Elle pousse à avoir toujours confiance en l'aide de Dieu, mais sans nier, ou sous-estimer pour autant, l'apport humain : “Ne te lasse donc pas de travailler avec constance, confiance et résignation à ton amendement”. (11 Juin 1918) Combien de fois Padre Pio n'a-t-il pas insisté sur l'immense bonté de Dieu envers les hommes, sur sa miséricorde envers les pécheurs et sur sa fidélité à tenir ses promesses. “Consolez-vous donc dans le Seigneur, puisque votre âme a choisi Dieu pour sa part, Jésus est avec vous. Il vous a aidée jusqu'à présent, il ne peut, ni ne veut, vous abandonner. Il perfectionnera son œuvre…” (19 Mai 1915) Souvent, Padre Pio prêchait l'abandon des biens terrestres et contingents justement à cause de leur caractère transitoire. C'est une raison suffisante qui pousse et oriente vers l'exercice de la vertu d'espérance. Tout ce qui est contingent et passager, pour agréable que cela puisse être, est changeant, sera détruit et ne pourra jamais satisfaire les aspirations au bonheur du cœur humain : “Comme elle est douce, l'éternité du Ciel — écrit-il le 28 Décembre 1917 — et combien misérables sont les moments de la terre ! Aspire sans cesse à la première et méprise hardiment les aises et les moments de cette vie mortelle”. Et enfin : “Que le fondement de notre espérance soit toujours en haut et au Paradis !” (2 Mai 1917) La Charité – amour de Dieu – Pour Padre Pio, parler et écrire sur la charité était comme un besoin. Celui qui porte, chevillé au cœur, cet Amour de Dieu ne sait pas comment s'y prendre pour le faire aimer davantage. Le Père était convaincu que, dans la voie de la sainteté, ce qui n'est pas amour et qui ne conduit pas à l'amour est une perte de temps. C'est même une illusion. La grâce va donc nous pousser à aimer Dieu et à aimer nos frères. Il ne faut jamais séparer ces deux directions : “Dans toutes les choses naturelles — écrit-il le 23 Octobre 1914 — le premier mouvement, le premier penchant, le premier élan est de tendre vers un but et de vouloir l'atteindre : c'est une loi physique ; il en est de même pour les choses surnaturelles : le premier mouvement de notre cœur est celui d'aller vers Dieu ; ce qui n'est autre que d'aimer son vrai bien. C'est avec raison que la Sainte Écriture l'appelle le lien de la perfection”. L'objet premier de l'amour surnaturel ne pourra jamais être atteint en ce monde. L'âme vraiment aimante ne s'apaisera totalement que par la vision béatifique. Padre Pio le dit très clairement : “Vous aimez ce très tendre Époux, mais cela vous semble bien peu de chose, car vous désireriez l'aimer d'un amour parfait et dévorant, mais à nous, misérables et infortunés mortels, cet amour, du moins dans toute sa plénitude, ne nous est accordé que dans l'autre vie. Oh ! misérable condition de notre nature humaine !” (19 Mai 1914) La Charité – Amour du prochain – Padre Pio avait soin d'engager les âmes qu'il dirigeait dans l'amour du prochain. Cette charité théologale doit également rayonner sur lui ,c'est-à-dire : sur le prochain. L'Amour de Dieu et l'amour des “frères d'exil”, comme il disait, sont, en effet, les deux composantes de la même vertu : “Aucune âme qui a choisi pour elle ou pour les autres le Divin Amour, comme cela est ton cas, et lui a tout sacrifié, ne peut ou ne doit être égoïste dans le Cœur de Jésus, mais elle doit nécessairement se sentir enflammée aussi de cette charité envers les frères !…” (30 Mai 1918) La charité est l'essence de la perfection. C'est pourquoi Padre Pio la proposait aux âmes avec une conviction toute particulière : “La charité est la première vertu dont a besoin l'âme qui tend à la perfection…” (13 Octobre 1918) “Sois autant qu'il te sera possible d'une humeur toujours égale, et que, dans toutes tes actions, apparaisse la résolution que tu as prise de toujours aimer l'Amour de Dieu !” (20 Juillet 1918) Il ne faudra cependant jamais oublier que, tant que l'on est encore “en exil”, l'Amour que nous aurons pour Dieu sera toujours mêlé à la souffrance et à l'effort. On ne peut concevoir l'Amour de Dieu sans la Croix : “Plus nombreuses sont vos peines, et plus grand est l'Amour de Dieu pour vous… Vous connaissez l'Amour de Dieu pour vous aux peines qu'il vous envoie …” (19 Septembre 1914) La grande preuve de l'Amour du Christ pour nous est, en effet, sa Croix. Comment, dès lors, ne pas comprendre que Jésus y fasse participer ceux qu'il aime ? Enfin, dernière précision : on ne peut aimer Dieu par volonté, avec les seules énergies humaines, en employant les facultés intellectuelles et volitives. C'est, au contraire, une action de la grâce, c'est l'œuvre de l'Esprit-Saint : “Oh ! combien sublime est la belle vertu de charité que le Fils de Dieu nous a apportée !”, écrivait-il le 22 Décembre 1914. Vivre l'aujourd'hui de Dieu – Foi, Espérance, Charité… voilà trois pôles de la spiritualité que Padre Pio enseignait à ses fils spirituels… Mais à côté de ces grands axes, le Père leur donnait souvent de judicieux conseils avec un bon sens naturel et surnaturel. Il voulait, tout d'abord, que l'on rejoigne la volonté de Dieu telle qu'elle se manifestait clairement “aujourd'hui”. Pour lui, il ne fallait jamais s'évader dans “l'ailleurs”, c'était une utopie. Padre Pio insistait toujours sur le Christ d'aujourd'hui, il insistait sur le présent : “la volonté de Dieu, répétait-il, se trouve ici !…” En conséquence, il ne fallait jamais nous évader de nos devoirs quotidiens, car c'est là que le Seigneur nous attendait, c'est là qu'il nous rejoignait. Il ne fallait surtout pas croire, et jamais, que nous ferions mieux “ailleurs”, car c'était justement dans cet “ailleurs” que nous attendait le Démon . Il disait souvent : “Le Démon est toujours dans ‘l'ailleurs’ !” Et c'est tellement vrai ! La Patience – Lorsqu'il était difficile de discerner la volonté de Dieu, Padre Pio conseillait toujours d'attendre et de se mettre, par la prière, dans une attitude d'accueil : “Dieu n'est pas pressé !” disait-il souvent. L'Obéissance – Elle est un acte religieux… Elle a donc un caractère sacré, spécialement dans la famille… Il insistait toujours sur ce point lorsqu'il parlait de l'éducation des enfants. Il exigeait que l'on développe le respect mutuel. Il semble bien qu'il aurait fort à faire aujourd'hui, le cher Père, dans notre civilisation où l'obéissance est devenue synonyme d'esclavage et d'emprise sur la liberté !… Avancer régulièrement — Padre Pio avait une sainte horreur de tous ceux qui passaient leur temps à s'examiner et à faire le point. Il détestait souverainement tous ceux qui se remettaient sans cesse en question et qui s'adonnaient à de perpétuelles révisions de vie… Il ne fallait pas nous attarder à réfléchir sur les obstacles et les difficultés que l'on aurait pu rencontrer, car, expliquait-il, cela aurait été le meilleur moyen de piétiner et de mourir avant d'arriver. Il fallait toujours avancer, car la vie est mouvement en avant et ceci quelles que soient les épreuves et les joies sur la route que le Seigneur nous indiquait “pour aujourd'hui”, sans se tracasser inutilement, mais en nous attachant simplement à ce que l'on devait faire “maintenant”, “aujourd'hui”. Revenir sans cesse à l'actuel et au présent, voilà qui était un point constant dans la spiritualité de Padre Pio et c'était, à l'évidence, la marque d'une spiritualité très équilibrée et, en même temps, très sereine.

Sous le regard du Seigneur

Toute notre vie, dans ses moindres détails, devait toujours se dérouler sous le regard de Dieu. Padre Pio insistait beaucoup sur cette présence de Jésus et sur son action salutaire dans les âmes. C'était, pour lui, la garantie la plus sûre de la victoire et du progrès dans les voies de l'Esprit-Saint… Il avait tellement confiance en Dieu ! Il inculquait avec tellement de force, dans l'âme de ses “fils” cette certitude de l'assistance permanente du Seigneur ! “Combattez intensément le bon combat — écrivait-il le 4 Mars 1914 — Jésus vous en donnera la force, ou plutôt, il est avec vous et il combattra aussi pour vous afin que vous puissiez tout surmonter”. C'est pourquoi, il recommandait par dessus tout une confiance filiale et illimitée en l'Amour de Jésus qu'il vénérait sous le symbole de son Cœur… signe de son Amour : “Mais ne perdez pas courage, écrivait-il, Jésus est toujours près de vous. Il combattra toujours avec vous et pour vous , et l'ennemi sera parfaitement battu. Comme toujours. Abandonnez-vous totalement sur le Divin Cœur de Jésus de même qu'un nouveau-né dans les bras de sa mère”. (6 Février 1915) Dévotion Mariale - Padre Pio avait une intime et vitale dévotion envers la Vierge Marie. Toutes les lettres qu'il avait adressées soit à son Père Spirituel, soit à son Supérieur Provincial, soit encore à ses enfants spirituels, les “fils de son cœur”, montrent l'amour qu'il vouait à Notre Dame. Il voulait que ses enfants aient, pour la Vierge Marie, le même amour filial que lui. Nous le savons, Notre Dame accompagnait toujours le Père à l'autel… comme Elle accompagne, d'ailleurs, chaque Prêtre… mais bien peu, hélas, s'en rendent compte ! “Transparent de Dieu” — Tel était Padre Pio que j'ai bien connu et aimé avec tendresse. Ce “Transparent de Dieu” avait eu la mission de rappeler au monde la nécessité de la prière, de la pénitence, de la conversion. Jésus était venu en cet humble religieux revivre sa douloureuse Passion. Saurons-nous capter avec vérité le grand Message qu'il nous a laissé de la part du Seigneur ? Peu importent, finalement, les anecdotes dont certaines biographies qui lui sont consacrées, sont remplies. Là n'est pas l'essentiel. A travers son Prêtre qu'il avait marqué des plaies de sa crucifixion, Jésus était venu appeler le monde à la conversion… Il s'agit de prendre cela très au sérieux…

Père DEROBERT

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