Notre époque est celle des incertitudes sur nombre de sujets et nous sommes de plus en plus à percevoir que nos sociétés progressistes sonnent le glas quant au promesses qui furent les leurs. Nous assistons à une danse macabre en laquelle telles des
DIEU EST-IL MORT ?
Le grand périodique américain « LIFE », tirant à quatre millions d’exemplaires, a posé cet été
une question importante : « Dieu est-il mort ? », sujet qui a suscité de nombreuses réactions
dans les revues philosophiques, religieuses, littéraires, même jusqu’en Europe.
A la suite d’une longue enquête faite par « LIFE » auprès de toutes les religions (catholique,
protestante, juive, islamique, etc.) la conclusion est, même chez les prêtres fervents, une
réponse affirmative: « Oui, Dieu est mort ». Il est mort sous l’aspect où on le représente
comme un vieillard, portant le plus souvent une barbe abondante, assis sur un trône et rendant
la justice, entouré d’Anges, de patriarches, etc. C’est la représentation figurant sur le fronton
de nombreuses cathédrales, avec quelques fois un triangle ou un oeil ou les deux, au-dessus
de l’auréole nimbant sa tête.
Par suite des progrès de la science, il est bien certain que ce Dieu est mort. Depuis une
trentaine d’années, suite aux découvertes faites par les savants : spoutniks, voyage vers la
Lune, énergie atomique, sans parler de tout ce que la science est en train de découvrir, il est
incontestable que pour les savants et l’homme intellectuel, ces religions bien souvent
enfantines, ne satisfont plus leur raison. Le scientifique ne comprenant que ce qu’il constate
avec des appareils perfectionnés, il ne découvre ni l’âme ni l’esprit et, s’il ne garde pas en lui
un restant de fond mystique, il rejette les religions comme étant des données enfantines.
Ces hommes de science ne connaissent pas le double éthérique, encore moins le corps
émotionnel ; ils ne résonnent que sur le corps matériel ; ils ne voient que le plan physique.
Cependant, des esprits très équilibrés commencent à se poser cette question : « Comment se
fait-il que dans notre système solaire, il existe des rythmes évidents, une apparence de finalité,
comment cette vie peut-elle être si bien ordonnée s’il n’y a pas une intelligence derrière ? ».
D’autres, moins esclaves de la matière, reconnaissent qu’au sein de la galaxie, la Terre n’est
qu’une planète, notre système solaire une petite étoile, et que nous, êtres humains vaniteux,
nous ne sommes que des infiniment petits. Ils se demandent alors s’il ne faut pas imaginer une
Intelligence supervisant le Cosmos avec une fonction active. Mais avant qu’ils arrivent à
concevoir correctement ce qu’est cette Intelligence, il faudra attendre.
C’est en ce sens que Dieu est mort, le Dieu des religions exigeant l’observance des dogmes
établis dans les premières années du christianisme, complètement cristallisés aujourd’hui.
Nous sommes dans une période de transition en attendant de connaître un nouvel
enseignement plus acceptable pour des scientifiques.
Les progrès en ce sens sont réels. Depuis une cinquantaine d’années de nouvelles notions ont
été admises. Freud fut le premier à explorer ce qui n’est pas essentiellement matériel, le
monde émotionnel, mais il s’est trop arrêté sur la sexualité. Après lui, Jung a fait un pas en
avant, ce qui a permis de créer une nouvelle méthode d’investigation : la psychanalyse. A côté
du corps physique, on admet l’existence d’une âme, dont les manifestations sont surtout
évidentes la nuit grâce aux rêves et aux enseignements de l’étude de ces rêves. Si, la nuit,
l’émotivité dans le rêve est libre et permet d’analyser un sujet, le jour, cette émotivité est
contrôlée par la volonté et plus difficile à examiner.
Il y a lieu aussi de signaler certaines expériences faites par des jeunes gens et même des
professeurs qui utilisent les propriétés d’euphorisants provoquant des états hallucinatoires.
L’étude de certains champignons originaires du Mexique a conduit à découvrir des substances
donnant les mêmes phénomènes. L’utilisation du L.S.D., surtout en Amérique, a été la cause
de troubles mentaux. En tout cas, cela permet de constater qu’il existe une âme et que les
rêves varient suivant l’état émotionnel du sujet.
Durant ces rêves, on rencontre souvent le Gardien du Seuil qui n’est ni un monstre, ni un
démon, mais la concrétisation des mauvais aspects du thème astrologique, images
correspondant aux erreurs des vies passées. Max Heindel déconseille de développer cette
médiumnité négative qui est une entrave au développement spirituel. Elle ne permet l’accès
qu’aux mondes inférieurs où l’on ne rencontre que des êtres dégénérés et où on assiste à des
scènes effrayantes, horribles et où, enfin, on risque des dangers réels comme l’obsession et la
folie.
Pourtant, grâce à ces expériences, on peut acquérir la certitude qu’il existe d’autres mondes
que le nôtre, et les milieux scientifiques s’y intéressent : ils arriveront peut-être à en définir la
nature. La science devra devenir religieuse et admettre l’existence d’autres mondes. Elle
obtiendra un jour, la révélation qu’il existe des Entités lumineuses, une hiérarchie dans cellesci,
avec, au plus haut point de la spiritualité, un être que l’on pourra appeler Dieu.
Que sont les religions ? Etymologiquement, une religion est un moyen de relier l’humanité
avec les plans mystiques. Chaque religion est adaptée au degré d’évolution des êtres qui la
pratiquent, au degré de conscience de chaque groupement humain. Le sauvage ne connaît
aucun culte mais une magie simple, enfantine, lui permettant d’entrer en communication avec
les forces de la nature, et le prêtre est souvent un magicien. Ce n’est qu’au fur et à mesure de
l’évolution de l’humanité que la religion se purifie, se débarrasse des données matérielles. Un
jour, un prophète, doué d’une intuition plus grande, sous l’emprise d’une inspiration, fonde
une religion accessible à ceux qui sont prêts à la recevoir. Il y eut une époque où les
initiateurs n’appartenaient pas à notre humanité : c’étaient des Seigneurs de Mercure ou de
Vénus ; ils apparaissaient comme prêtre-rois et dirigeaient l’humanité, tels les prêtre-rois de
l’Atlantide.
Puis, ce furent les patriarches, les prophètes, ensuite Moïse auquel furent donnés les
commandements de Dieu, faisant ressortir déjà un grand progrès de spiritualité rien que par
l’énoncé du premier de ces commandements : « Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma
face ! » (Exode XX-3). C’est la proclamation du monothéisme. Mais ce commandement laisse
encore percer un côté matériel par les sept interdictions qui suivent dans le décalogue. Ainsi :
« Tu ne feras pas d’images taillées » (Exode XX-4). C’est l’interdiction de l’idolâtrie courante
dans tous les pays à cette époque et contre quoi luttera Moïse. Dieu n’est représenté que par
un triangle (Trinité) ou un oeil (symbole de l’intelligence qui voit tout et sait tout). Mais ce
n’est encore que la conception d’un Yahvé en tant que Dieu sévère récompensant le bien et
punissant le mal.
Peu à peu, l’enseignement se spiritualise et nous conduit au fameux Chéma Israël : « Ecoute
Israël ! Le Seigneur, notre Dieu, est le seul Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout
ton coeur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir ». (Deutéronome VI- 45). Les principes
ainsi donnés, inculqués au peuple d’Israël conduisaient celui-ci progressivement vers une
conception morale et spirituelle.
Puis, d’autres religions sont apparues, suivant les besoins de l’humanité : le bouddhisme,
répondant au caractère lymphatique, rêveur des habitants de l’Inde ; Mahomet, pour des êtres
plus violents, les religions devant donner des enseignements adaptés à chaque groupe d’êtres
humains. M. Lachambre attire notre attention sur le fait que le catholicisme n’est pas la vraie
religion chrétienne, car il ne répond pas à toutes les prescriptions du Sermon sur la Montagne.
Le catholicisme est encore fait de foi et de croyances diverses. Dans les siècles passés, il
montra par son intolérance qu’il manquait d’amour, de cette charité que le Christ était venu
nous demander d’observer les uns envers les autres. Ainsi à l’Inquisition, il suffisait de dire
« Je crois », pour que tout soit devenu normal. Mais, si on n’acceptait pas la foi dans les
dogmes de Rome, c’était la persécution, la torture et souvent la mort sur le bûcher.
Si le Christ n’a pas révélé publiquement que l’évolution des hommes devait se faire au cours
de plusieurs vies, c’est qu’Il n'a pas voulu que se réédite le comportement des habitants de
l’Inde, dont le lymphatisme s’est accru par cette conception que ce que l’on ne fait pas
aujourd’hui, on le fera plus tard, dans une autre vie. Et les hindous s’endorment, ne font rien,
il en résulte la famine, la superstition, telle celle de la vache sacrée mangeant une herbe qui se
raréfie du fait qu’il n’y a pas de culture et qui ne donne pas de lait.
On peut se demander pourquoi le Dieu d’amour accepte cette situation lamentable. En les
privant plus souvent de leur corps physique, ils comprendront que ce n’est pas la vie
matérielle qui compte. Ils apprendront aussi que le corps est un instrument précieux qu’il faut
entretenir de la même manière que l’on soigne ses outils. On doit assouplir son corps comme
on entretient ses outils pour en obtenir un meilleur service.
Chaque religion est adaptée au point d’évolution de l’humanité qui la pratique. Le Christ parle
d’un ciel et d’un enfer éternels, selon la conduite des bons et des mauvais. En fait, cet enfer
existe bien, non pas comme le représente la religion officielle, mais comme le degré inférieur
du Monde du Désir, (1ère région : passions et vils désirs), où l’Ego souffre réellement selon
ses fautes. Nous pouvons éviter d’y pénétrer à notre mort, si nous avons fait correctement,
complètement, consciencieusement notre exercice de rétrospection du soir, pendant lequel
nous devons ressentir le feu devant brûler nos actions et pensées mauvaises.
Monsieur Lachambre indique qu’à l’heure actuelle toutes les religions souffrent de difficultés
par suite du développement de la science, aussi font-elles passer un souffle d’oecuménisme
sur l’humanité, s’en rendant compte qu’en s’opposant les unes aux autres, elles se détruisent.
Elles cherchent à se rapprocher et déjà des essais ont été effectués sur le plan politique et
économique. Ce fut d’abord la Société des Nations, puis l’O.N.U.. Mais les représentants des
diverses nations à ces réunions gardent dans le fond de leur coeur le désir de faire triompher
leur point de vue, ils défendent leur petite chapelle et hésitent encore à sacrifier tant soit peu
de leur autorité ou de leurs avantages, ce qui pourtant amènerait à une plus rapide union des
peuples.
Réaliser la fusion de deux religions est difficile. En ce cristallisant, elles peuvent disparaître
toutes les deux pour faire place à une nouvelle renaissance issue des cendres des deux
premières. C’est dans ce sens qu’on peut dire que Dieu est mort, qu’est mort le Dieu imaginé
par les religions. Les philosophes ne peuvent, seuls, offrir à l’humanité la solution à ce
problème, car la philosophie, purement intellectuelle, ne peut aboutir qu’à l’existentialisme.
On créé des idées grâce au raisonnement, mais dans le cadre intellectuel, on repousse la vie
intérieure. On ne pourra jamais prouver l’existence de Dieu : la pensée susceptible d’aider le
penseur doit être le fruit d’une expérience mystique.
L’enseignement rosicrucien est-il une philosophie nouvelle ? Non, il n’est que la continuité
des anciens. Depuis l’Epoque Atlantéenne, il y a toujours eu des enseignements réservés aux
initiés, comme la Vierge Marie, Joseph, etc. Les enfants nés de tels parents étaient surveillés,
même avant leur naissance, car il était nécessaire que le père et la mère offrent un corps pur
au futur enfant pour que les sept chakras puissent fonctionner plus facilement. Ces enfants
étaient élevés dans le Temple et y recevaient un enseignement spécial des prêtres, sous la
haute direction des Seigneurs de Mercure et des Seigneurs de Vénus.
Depuis la venue du Christ, le voile du Temple intérieur ayant été déchiré, l’initiation fut
offerte à tous les êtres humains renonçant aux plaisirs de la chair et se tournant vers l’Esprit.
La révélation commença par le mouvement théosophique pour l’Orient. Pour l’Occident, les
Frères Aînés de la Rose-Croix décidèrent d’agir pour contrebalancer l’insuffisance des
religions et combattre le matérialisme. Les Frères Aînés sont des hommes avancés, ayant reçu
déjà des initiations dans les Temples égyptiens, chaldéens ou autres et qui n’ont plus
d’expérience à faire sur la Terre. Ils auraient pu aller sur d’autres planètes, en particulier sur
Jupiter, pour poursuivre leur évolution, mais ils ont préféré suivre la voie du Service et aider
l’humanité. Ils se présentent quelquefois sous une apparence humaine sans qu’on puisse
deviner qui ils sont. Ils interviennent discrètement dans les milieux politiques, ils facilitent les
découvertes scientifiques.
Ce ne sont que les premiers éléments de leurs connaissances qui ont été donnés à Max
Heindel pour les diffuser, et il écrivit la Cosmogonie qui est l’exposé du Plan Général de
l’Involution et de l’Evolution de l’humanité, de façon à lui faire prendre conscience d’ellemême.
Ce développement se réalise dans les sept Mondes, de telle manière que dans le
Monde de Dieu nous puissions unir notre conscience au Logos de notre système solaire, qui
est la Lumière, qui est notre Dieu. A son tour, ce Logos évolue jusqu'à s’unir à la conscience
du Logos de notre galaxie qui n’est, elle-même, qu’un atome dans l’infini.
Actuellement, ceux qui reçoivent l’enseignement rosicrucien sont une minorité, mais peu à
peu les êtres seront attirés vers cette Lumière. Aussi doit-on comprendre que notre but n’est
pas uniquement la connaissance, mais sa mise en pratique qui, seule, permettra la croissance
spirituelle, afin d’être libéré de la croix de chair et de développer le Corps de l’Ame,
indispensable pour pénétrer sans danger dans le Monde du Désir.
La Cosmogonie nous propose à cet effet deux exercices :
a) la concentration du matin
L’intellect ayant été le dernier corps donné à l’homme n’est pas encore suffisamment
développé, la concentration permettra d’obtenir sa maîtrise et celle du Corps émotionnel.
L’effort devra être persévérant car le développement est lent, très lent.
b) la rétrospection du soir
Grâce à elle l’Ego se libère de la Loi de Cause à Effet. Nous avons tous des défauts nous
empêchant de réaliser le « mieux » que nous voudrions accomplir. Saint Paul, lui-même,
reconnaît qu’il ne fait pas le bien qu’il veut et qu’il fait le mal qu’il ne veut pas (Romains
VII-19). L’homme n’est pas assez fort pour atteindre à la spiritualité. Christ, la Lumière
éclairant toute âme venant en ce monde, peut nous aider : Il est venu nous apporter
l’impulsion nécessaire, mais Il ne peut aider que celui qui désire lui-même être aidé, Il
n’oblige personne. Il ne faut pas oublier que, de la même manière que le corps physique a
besoin d’une nourriture pour s’entretenir, l’âme a aussi besoin d’une nourriture : la prière.
Si la rétrospection efface le mal commis, la prière est le secours indispensable pour
recevoir l’énergie, le courage et la persévérance de ne pas retourner à nos fautes et à nos
erreurs.
Enfin, le service désintéressé nous amènera à l’oubli de nous-mêmes pour songer à aider
autrui. Les Anges de Justice sauront toujours nous offrir des opportunités de service.
S’oublier :
c’est mieux aimer les autres,
c’est n’attendre aucun avantage personnel,
c’est faire le bien pour le bien,
c’est aimer par amour de l’Amour.
Monsieur Lachambre termine son exposé en nous invitant à faire l’effort nécessaire pour
mettre de plus en plus notre enseignement en pratique.
Nous sommes des privilégiés d’avoir cette connaissance, soyons-en dignes en vivant de telle
façon que notre comportement serve d’exemple.
Alors, les Roses fleurirons sur votre Croix.
Nous, députés du Collège principal des Frères de la Rose-Croix,
Faisons séjour visible et invisible en cette ville par la grâce du Très-Haut, vers
lequel se tourne le coeur des Justes.
Nous montrons et enseignons sans livres ni marques, à parler toutes sortes de
langues des pays où nous voulons être pour tirer les hommes, nos semblables,
d’erreur et de mort.
S’il prend envie à quelqu’un de nous voir par curiosité seulement, il ne
communiquera jamais avec nous. Mais si la volonté le porte réellement à
s’inscrire sur le registre de notre Confraternité, nous qui jugeons des pensées, lui
ferons voir la vérité de nos promesses ; tellement que nous ne mettons point le
lieu de notre demeure en cette cité, puisque les pensées jointes à la volonté réelle
du chercheur, seront capables de nous faire connaître à lui, et lui à tous.
Texte que les Rose-Croix placardèrent dans les rues de Paris, en 1623