Notre époque est celle des incertitudes sur nombre de sujets et nous sommes de plus en plus à percevoir que nos sociétés progressistes sonnent le glas quant au promesses qui furent les leurs. Nous assistons à une danse macabre en laquelle telles des
Les "additions au Martyrologue" de Fleurus (Lyon) informe, dès le 9ème siècle que "Les os sacrés du bienheureux apôtre St Jacques, transportés en Espagne, sont révérés à l'extrémité du Pays, face à la mer de Bretagne, et sont l'objet d'une vénération extraordinaire des habitants"...
Parmi les grands pèlerinages du Moyen-Age qui alimentèrent la ferveur religieuse du christianisme florissant, il en est au moins un qui puise ses origines dès l'aube de l'humanité: le chemin de Compostelle ou chemin des étoiles. Depuis ces temps, des hommes quittèrent leur foyer pour parcourir les routes, dangereuses à cette époque, pour accomplir le grand voyage dans un but de purification.
A ce pèlerinage, fort en mérite pour l'évolution de l'occident, nous devons aussi l'ouverture de l'Art des bâtisseurs. Ce périple formidable fut, semble t'il, la plus grande université du Moyen-Age. Il a d'attachant qu'il puise son essence dans les grands thèmes des traditions millénaires... et nous ramène, ainsi, à nos origines et à notre finalité en étant une représentation terrestre du parcours céleste de l'accomplissement de l'âme.
La légende de l'apôtre St Jacques semble dater du IXeS. Le pèlerinage, lui-même ne deviendra organisé qu'à partir du XIIeS. Des routes "pèlerines" vont de basiliques en abbayes, de reliques en tombeaux... Apparaissent hospices et refuges. Les ordres se font hospitaliers pour les pèlerins. Enfin c'est entre le XIIe S. et le XIIIe S. que le cheminement pour St Jacques prend toute son ampleur, et certaines chroniques font état de plus de mille pèlerins chaque jour allant à Compostelle.
L'habit traditionnel, à l'origine, est simple et comprend une sorte de cape appelée écharpe ou encore panetière.
Puis des objets indispensables mais aussi symboliques:
- Une gourde, pour emporter une réserve d'eau potable suffisante d'une étape à l'autre. Mais cette gourde avait aussi un usage dans d'autres circonstances. En effet, attachée au bout d'un cordage ou d'une ceinture, si le pèlerin la faisait tournoyer rapidement le flacon émettait une sorte de ronflement tel celui de la "Vrombre" (contre les loups) qui pouvait impressionner des animaux sauvages ou à plus grande vitesse produire une sorte d'aboiement plus sec pour d'autres préventions plus... domestiques. En un mot la gourde est la vie ou la survie pour le Jacquaire.
- Le bâton ou Bourdon. Il est le compagnon de marche sur lequel le pèlerin compte en cas de fatigue, ou pour scander son rythme. Il est aussi l'allier fidèle, et présent, en cas de rixe ou d'attaque de rôdeurs. Il peut être creux aussi pour dissimuler papiers ou petites valeurs... ou encore pour servir d'instrument de musique léger et inattendu. Le Bourdon est le troisième pied qui relie et appuie le pèlerin sur la sphère invisible. On peut schématiser son image comme une antenne allant du sol (tellurique, minéral) au ciel (cosmique, universel) en passant dans les deux sens par la main de celui qui le tient. Il est le haut et le bas pour le plus grand profit de l'être qui en le "média"!
A son retour le pèlerin arbore la coquille St Jacques. Nous reviendrons sur le sujet plus loin.
Si le pèlerinage institué par les pères de l'église avait comme motif la purification et parfois la pénitence. Mais pour le pèlerin la voie à parcourir a la même importance que le but à atteindre. En effet, pour la Tradition, le chemin à accomplir sous-entend efforts, embûches, sortes d'épreuves de passages difficiles, puis progrès qui permettent tous au postulant d'être en harmonie pour percevoir ce que renferme vraiment le lieu saint!
"L'essentiel est la façon dont est affrontée l'épreuve"!!!
Ce que l'on peut retrouver de ce pèlerinage permet d'avoir la certitude qu'il prend ses racines bien au-delà des époques chrétiennes. Le chemin de Compostelle semble être déjà connu par un peuple obéissant à des informations indéterminées pour nous, et entretenues au fil des générations par des légendes et des récits traditionnels. Ce que cette civilisation allait quérir sur ces sites reste pour nous un mystère dont nous pouvons retrouver quelques bribes au début de l'ère chrétienne encore que sous une forme nouvelle et adaptée.
Il est certain que l'Eglise n'a fait que sanctifier à sa religion une pérégrination qui existait de tous temps. La religion a fait sienne la légende puisqu'elle ne pouvait l'éteindre. Elle lui donna alors les teintes bibliques, mais en sauvegardant précieusement l'équilibre avec d'autres faits plus anciens concernant le lieu, la voie des étoiles, la toponymie, les noms, les animaux, la coquille pecten...
Le cheminement utilisé et imposé par le pèlerin est l'extériorisation d'une obligation de "coller une identité céleste aux voies terrestres. Il était nécessaire que se réalise une projection du cosmique sur la terre. Ceux qui eurent la responsabilité, et la mission, de matérialiser cet aspect délicat disposaient d'une maîtrise de la nature suffisante pour pouvoir identifier les endroits les plus favorables aux échanges entre les énergies cosmiques et telluriques.
L'étude des sites les plus antiques atteste que les voies de pèlerinage les plus anciennes étaient parallèles à la chaîne des Pyrénées.
Le chemin des origines est toujours "orienté" en direction de l'ouest et à l'extrême limite de la Galice. Ce site se nommait "Finis Terra" car on supposait que la terre s'arrêtait là. Alors l'Eglise imposera des cheminements Nord-Sud afin de les "désenclaver" et les dissocier des voies païennes. Malgré tout quelques initiés surent toujours que le chemin sacré de St Jacques était bel et bien le chemin des étoiles par la Voie Lactée projetée sur la Terre. Au début, attaché à la tradition d'origine, Compostelle était le "Campus Stellae": le champ des étoiles lieu désigné par le Haut.
Le tombeau de Charlemagne comportait deux traînées d'étoiles... Elles s'étendent, sur Terre, de la Méditerranée à l'Atlantique au travers de mille kilomètres de montagnes souvent impraticables, correspondant respectivement à 42°30 et 42°36 de latitude. Les anciennes "balises" se retrouvent encore dans les noms de lieux utilisés par les Anciens: Estella, Lizana, Lichana, Liciella, les Eteilles...
Le pèlerinage de St Jacques prend toute sa signification cosmique et céleste avec la projection des constellations sur le secteur géographique de Compostelle.
Le Grand Chien se situe au début des Pyrénées dès le port de Cerbère et s'étend jusqu'au Mont Canigou. Le chien est un animal de veille nocturne. Il faut le suivre car le sens physique habituel est dépassé ici par sa sensibilité instinctive et naturelle. Ce Chien que nous retrouverons comme fidèle compagnon de St Roch, image du pèlerin, à la sonorité minérale, faisant route vers un autre univers que le nôtre mais tout de même à la fois géographique et spirituel... qui nous est accessible.
Elle se projette sur la région basque au mont, au ruisseau, à l'hôpital et au bois d'Orion, ce Dieu si précieux aux alchimistes et aux récits des peuples maritimes qu'ils identifièrent à Poséidon, à "la mer des Philosophes", au "Mercure des Sages".
Tout au bout de la Voie Lactée se lève l'étoile de Vénus, Reine des nuits... C'est le nom donné par les Templiers à l'église de Compostelle: Santa Maria La Réal de Sar!!!
Il y a similitude entre pèlerinage et jeu de l'oie. Et cette similitude est amplifiée par le cheminement, ses embûches, ses difficultés, ses récompenses, ses espoirs, l'auberge et... la mort qui nous renvoie à la case "départ"! Mais l'oie est aussi le symbole attaché à de très anciens peuples.
L'oie signifie vigilance, prospérité matérielle, mais aussi pureté et par son "plumage" elle s'attache au subtil et au spirituel. Elle est l'amie d' Aphrodite, blanche comme la Voie Lactée elle conduit également à la mort et, de fait, à la résurrection de l'Esprit.
Son contact avec le sol est marqué de la patte palmée. Ce symbole restera universel. Avant que les "lauriers" n'honorent le vainqueur il y avait analogie avec "avoir la palme" qui marquait une forme de Maîtrise avant que ce ne soit une "victoire". La patte d'oie est le signe distinct des Cagots, là elle est le plus souvent jaune, cousue sur l'épaule... les Nazis ne feront guère mieux plus tard. Le "Pé d'Auque" souvent était associé à luvre de l'architecte, du bâtisseur, du constructeur, du maçon, tous modelant intimement la matière avec l'Esprit.
L'oie s'apparentera, plus tard, à la coquille St Jacques, dite aussi Mérelle. Enfin sur le chemin des Jacquaires nous la rencontrons dans une riche toponymie: Oca, Gansa, Ansa...
Le dieu Lug est, lui aussi, au rendez-vous antique et pré-celtique. Son nom jalonne intimement le chemin d'étoiles depuis Logrone jusqu'à Léon et Lugo... Il est attaché au passage dans l'au-delà et donne son nom, pour les Irlandais, à la Voie Lactée.
C'est une présence qui vient confirmer et amplifier la véracité de ce pèlerinage des premiers âges.
A l'itinéraire relativement droit colle un nombre colossal de mégalithes, pétroglyphes et tumulis que souvent les récits locaux appellent "mamoas": mamelles. Ces derniers renferment souvent un cheminement obscur ou un dessin de labyrinthe. Il est admissible que ces formes de voies soient des sortes de cartes topographiques pour l'ultime pérégrination de l'âme afin qu'elle trouve facilement force et renaissance dans le grand arbre de vie du centre. C'est le labyrinthe que nos cathédrales contiennent dans leurs nefs... qui deviendra parfois un pèlerinage réduit à un périmètre restreint sur le sol mais aussi vaste dans la dimension de l'esprit que pouvait l'être en réel celui des grands pèlerinages religieux.
Toutes ces représentations mythologiques, et symboliques, s'apparentent à ce qui pourrait être la quintessence du Pèlerinage à St Jacques de Compostelle... au périple vers "un" soleil couchant, à la mer des grandes origines et aussi vers l'Eden ou encore... Avallon.
La mort à l'Ouest est une tradition. La fin rejoint enfin le commencement. Le voyage s'arrête là où s'achève, sans rémission, la terre: vers un "Finistère". Et le pays des morts bienheureux est au-delà, toutes les "bonnes" divinités les y conduisent avec bienveillance.
Ce pèlerinage est la concrétisation de la pérennité d'une connaissance véritable et authentique, d'une Tradition qui eut le pouvoir de s'adapter, s'incarner dans une autre apparence afin de poursuivre sa mission de guider le pèlerin dans sa quête du sacré que tout humain se devrait d'Etre... Reste à nous de faire survivre ce formidable message!
C'est ainsi que nous allons nous mettre en route et parcourir, brièvement, les quatre voies du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle...
ASQUINS est en vérité le "pré-départ" de ce chemin St Jacques. De là les pèlerins montaient directement sur Vézelay.
Ce lieu est totalement empreint du souvenir des Jacques. Nous y retrouvons l'église St Jacques (église des pèlerins) consacrée en 1132,avec ses fresques des XVe et XVIe siècles. Les pèlerins y vénéraient un buste reliquaire de leur St Patron (XVIIe). Au pied de l'église: "le pré des pèlerins". Il semblerait qu'à Asquin le moine Aimery Picard aurait écrit aux alentours de 1135 le célèbre "Guide du Pèlerin".
Sans Prosper Mérimée et Viollet le Duc, il est probable que peu de choses auraient survécu du formidable édifice qu'est la basilique de Vézelay...la basilique Ste Madeleine.
Il faudrait un ouvrage entier pour en décrire la richesse. Nous retiendrons que l'édifice voué à Ste Madeleine est orné de peu de représentations de cette sainte: 2 fois : 1/-sur le fronton. 2/-sur le tympan extérieur
Le culte à Madeleine fut choisi par Gérard de Roussillon pour d'étranges raisons sur lesquelles nous reviendrons une autre fois. Les pèlerins devaient y noter avec étonnement et surprise l'étrangeté des sculptures d'une richesse inouïe :des créatures à grandes oreilles, à tête de chien (?) ...et tant d'autres. Remarquons parmi les signes zodiacaux les gémeaux augmentés des Diosaures étoilés. Hermétisme renforcé en ouverture par un Christ en gloire sur le tympan. Sa main droite au-dessus de personnages tenant un livre ouvert. La main gauche s'élève sur d'autres personnes avec des livres fermés...Exo et Eso, la queste de l'absolu !
Peut-être les pèlerins venaient-ils ici puiser l'étrange message de l'énigmatique Gérard de Roussillon dont le pays d'origine n'est autre que la région frontalière avec l'Espagne.
Ici les pèlerins séjournaient à l'ancienne "Jacotière" (XIIIe-XVIe siècles).Plus tard, au 19e siècle, Nevers sera la ville de Bernadette de Lourdes dite sur Marie-Bernard.
Signalons l'étrange livre :"Vert-Vert" écrit par J.B. Gresset qui relate les aventures d'un oiseau fabuleux élevé par des religieuses. Leurs surs de Nantes souhaitant contempler le volatile merveilleux, l'oiseau voyagea par le coche d'eau. Il apprit en cours de route "la langue Gargotte" et aussi la "Verte des Dragons"... Devant ce que les religieuses prirent pour un désastre verbal elles le renvoyèrent à Nevers. Livre insolite déjà par son auteur dont les deux initiales du prénom reprennent deux colonnes, bien connues en Franc-Maçonnerie, J et B ! Puis Gresset et presque Grasset (d'Orcet) ! Ensuite l'analogie se prolonge encore. Il s'agit d'un oiseau parleur: langue des oiseaux! Vert-Vert (intensifiant la couleur) pourrait être la même langue toujours verte des Gouliards... qui se poursuit par celle des Gargots (gargottes) et enfin celle des Dragons!
L'ancienne église St Sauveur s'effondra en 1838... Le musée lapidaire local conserve un des plus étranges bestiaires de pierre que l'on connaisse: une licorne, un basilic, une manticore, un ours, une salamandre... et d'autres plus insolites les uns que les autres.
On dit que sous St Sauveur est un étrange tombeau... dont l'occupant doit se réveiller aux seuls mots de celui qui saura sa langue... La légende assure aussi l'existence d'un chemin parallèle à celui des Jacques... mais sous terre et partant autrefois de St Sauveur.
A St Martin d'Heuille, à 7 kms de Nevers, Notre Dame de Pitié était évoquée pour ses miracles sur des enfants morts sans baptême... qu'elle ramenait à la vie le temps du rituel! Sa fête est toujours le troisième dimanche de septembre.
* Le Christ tenu par la Ste aurait saigné devant une foule nombreuse le jeudi-saint de 1884...
A l'époque des grands pèlerinages, Bourges est riche de plus de 60 églises. Les Jacques se dirigeaient plus particulièrement vers la cathédrale où ils tentaient de se faire expliquer les médaillons du porche central.
Puis ils se rendaient pour prier devant Notre Dame de Sales, dont l'origine semble remonter à St Ursin (St Ours?). On trouve non plus St Ursin mais un ours au pied du gisant de la tombe du Duc de Berry avec la devise "oursine le temps viendra". Il est possible de voir dans cette phrase l'aspect éternel de l'"oursin" Celte.
Les pèlerins remarquaient encore s'il le fallait qu'au portail central de la cathédrale, la vierge est à gauche du Christ. Il semblerait que ce soit l'un des deux cas de cette représentation de la vierge qui est toujours présente à droite. L'autre est à la cathédrale de Strasbourg.
Enfin, pour les "Jacquets", qui eux marchaient aux étoiles, il est notoire de savoir que dans la cathédrale avait lieu la figuration de l'avance de l'étoile devant les mages vers Bethléem. On y voyait "courir l'étoile" représentée par trois luminaires dans un pot de terre suspendu au long d'un cordage tendu dans la longueur du vaisseau de pierre... Il est certain qu'ils y voyaient forcément le symbole de leur propre voyage.
Les pèlerins de St Jacques se mêlaient ici à ceux de l'abbaye de la Bonne Dame de Bourg-Dieu... en mémoire d'une statue de la vierge portant l'enfant.
A la suite d'une rixe, un soldat de Richard Cur de Lion lança une pierre contre la statue et atteignit le bras de l'enfant qui tomba. La pierre se mit à saigner et le soldat rendit l'âme dans d'atroces souffrances. La légende assure que le lendemain la statue de Notre Dame déchirait son voile de pierre en signe de douleur contre la guerre... qui devait cesser peu après.
L'étape de St Léonard était appréciée par les pèlerins de St Jacques.
La tradition veut que St Léonard, d'origine royale, ait obtenu du ciel un accouchement rapide pour la reine, femme de Théodebert. En remerciement, il obtint du roi "l'espace dont il pourrait faire le tour en une nuit sur son âne"...
Puis le terme "délivrance" et son pouvoir s'étendirent jusqu'aux prisonniers qui amenaient en gage de leur vu réalisé chaînes, fers, jougs... et autres attaches de prisonniers. La châsse des reliques du saint est vénérée dans la collégiale royale de St Léonard (XIIe siècle).
On y trouve encore la place St Jacques de Compostelle qui, avec la croix des Carmes sur le pont St Etienne, restent les témoins du pèlerinage... avec la mémoire de nombreux hôpitaux et lieux d'hospitalité.
Le Patron de Limoges est St Martial... saint aux origines aussi mystérieuses que merveilleuses. On dit qu'il aurait connu Jésus. C'est lui qui aurait porté les cinq pains pour leur multiplication... Il aurait encore été témoin de la résurrection de Lazare, de la Passion, du supplice et de la résurrection du Christ. D'autres disent qu'il accompagnait St Pierre à Rome et qu'il fut envoyé par ce dernier pour évangéliser les Gaules.
On dit qu'il meurt à Limoges de sa belle mort dans une lumière sept fois plus forte que celle du soleil.
Ses reliques furent rejointes par celles de St Loup dans l'abbaye de St Martial...où elles sont toujours. La prochaine ostentation des reliques aura lieu en 2002 !
Le Jubé de la cathédrale (1544) figure en son centre les travaux d'Hercule. Il rappelle la mémoire de Jean de Langeac dont le tombeau est orné d'étranges gravures inexpliquées. Pas très loin du portail, St Jean, une reproduction de St Martial pourrait être celle de l'Hercule christianisé sous le patronyme de "Masal"... et ce dernier est bien trop proche du dieu de la guerre, Mars, pour être innocent...
Le chemin St Jacques passait par "la Maison Jacques" où les pèlerins retrouvaient le réconfort dans Brantôme.
Brantôme dont l'église abbatiale a pour voisine une cavité nommée "trou de la statue". On dit qu'ici était une statue de Mercure. St Front aurait fait disparaître la représentation païenne dans un grand fracas.
Pas très loin la "font St Sicaire" possédait un verrou secoué par les femmes en mal de fécondation... et la table du dolmen proche fut déplacée par la force des quenouilles des trois fées: Branicoas, Topaziuis et Menosura...
La cathédrale St Front, que l'on visite, est l'ancienne basilique du XIIe siècle. Dans cette dernière, les pèlerins St Jacques ne manquaient pas de venir adorer St Front.
Ce dernier, lorsque le Christ l'envoie par bilocation sur Tarascon pour ensevelir Ste Marthe, y laisse sa paire de gants... Pour témoigner du fait, un gant restera à Tarascon comme relique.
Autrefois, en cas de sécheresse, une procession était organisée à la Fontaine Ste Sabine. Le pied de la croix processionnelle y était trempé par trois fois..."et le lendemain il pleuvait à verse" ! ...
Enfin, toujours dans le domaine de l'eau, à Marzas, proche de Périgueux, la source flue et reflue vers 18 H...
De Périgueux, la route se poursuivait sur Bergerac avec une étape à l'église St Jacques.
Le délicat franchissement de la Dordogne s'effectuait à Ste Foy la Grande. On y remarque encore une bastide du XIIIe siècle et les restes d'une tour de la Maison de Temple qui assurait l'entretien et la veille de la Halte Notre Dame.
Puis le cheminement se poursuivait par St Ferme, avec son calvaire St Jacques du XIVe (orné d'un St Jacques avec un gros pain). Roquebrune offrait une autre étape dans l'hôpital du Temple (1170?). et c'est à hauteur de St Hilaire de la Noaille que le chemin arrivait sur la Dordogne dont le passage se faisait à la Réole.
La voie St Jacques continuait par Bazas avec sa superbe cathédrale gothique du XIIIe siècle, Captieux, Mont-de-Marsan. De là les pèlerins rejoignaient OSTARAT par ORTHEZ, Sauveterre-de-
Béarn, St Palais...
Cet itinéraire est celui qui recevait les voyageurs des pays du Nord.
Paris en était l'étape principale.
L'hospitalité avait lieu à l'hôpital St Jacques aux Pèlerins puis l'église St Jacques de la boucherie et le périple s'ouvrait sur le passage St Jacques souvent accompagné par la société St Jacques (XIIIe-XVIIIe siècles)
Notre Dame de Paris et St Christophe:
Les pèlerins venaient y contempler une statue de St Christophe qu'il suffisait d'invoquer pour ne pas mourir violemment durant le voyage. La tradition en avait fait un géant terrible souvent à tête de chien. La mythologie en fera un ogre docile suivi de son chien fidèle Patron des gués et des passeurs. On comprend pourquoi les pèlerins ne manquaient pas de venir le prier au départ du voyage.
Visites aux vierges noires de Paris:
Notre Dame des Champs fut ramenée de Palestine par St Denis venu à Lutèce pour évangéliser la région. Il aurait choisi pour refuge une carrière à l'emplacement du futur faubourg St Jacques. L'ermitage de St Denis devint une crypte au VIe siècle avec une chapelle où se déroulèrent régulièrement de nombreux pèlerinages.
La vierge noire de St Germain-des-Prés, connue sous le nom d' "Isis", était ornée d'un chien dans son dos.
Notre Dame de la Paix était la curieuse copie de l'étrange vierge de Joyeuse et la relation est toujours inexpliquée.
La dernière se trouvait à St Etienne des Grès, sous le vocable de Notre Dame de Bonne Délivrance. En 1533, déjà, une confrérie doublait celle des pèlerins et était forte de 1200 membres.
St Jacques, les mammouths et la licorne:
Si des ossements de baleine furent découverts en 1891, au 36 rue Dauphine, des vestiges de mammouths seront retrouvés sous ce qui deviendra la rue St Jacques... ainsi qu'un appendice nasal de narval fossilisé appelé la Licorne St Jacques.
Visite obligée à l'église de St Aignan. Les pèlerins se rendaient dans la crypte pour tenter d'y déchiffrer les chapiteaux... toujours inexpliqués de nos jours.
La vierge noire d'Orléans recevait régulièrement la visite des pèlerins. Elle avait sauvé un archer d'un javelot qui lui était destiné en s'interposant. Le fer de lance se ficha dans le genou de la vierge qui resta depuis lors découvert et blessé... Les pèlerins y imploraient le soin de leurs jambes. Il s'agit de Notre Dame des Miracles de l'église St Paul.
St Marcoule (église St Nicolas) attirait les pèlerins en raison de sa réputation de guérisseur pour les cheminots ainsi que la faculté d'éviter de s'égarer... en l'implorant.
Il était nécessaire aussi d'aller réciter trois Ave Maria à Ste Mechtilde pour s'en assurer les grâces et les intercessions auprès du maire.
La quantité des saints:
A 5 kms: la Charmée St Victor: guérison des fièvres lors d'un pélerinage célèbre à St Victor.
Ste Corneille y guérissait aussi les convulsions et les maux de tête... et puis St Urbain et St Néanmo.
De Blois, deux détours s'imposaient: le premier à St Dye (14 kms) où reposait St Adeodatus, destructeur d'une créature monstrueuse dévorant les pèlerins isolés... le second à St Bohaire (10 kms) où l'on implorait St Blaise pour guérir les maux de gorge.
Tours méritait une étape importante. On y trouvait plusieurs maisons d'hospitalité: "la Coquille", "la Loge", "St Jacques"... L'endroit fut longtemps un lieu de pèlerinage au moins égal sinon plus aux cultes de St Jacques de Compostelle et St Michel. L'intérêt incontesté était dû au culte des reliques de St Martin (317-397) que même les rois mérovingiens venaient implorer pour renforcer leur pouvoir.
La basilique au XIe siècle était aussi grande que Notre Dame de Paris et les pèlerins y venaient prier de jour comme de nuit, au fil des offices ininterrompus. On y visite toujours la crypte avec le tombeau du saint.
Mais il faut croire que les Jacquaires se rendaient surtout à Ste Radegonde, sur l'autre rive de la Loire, où fut retrouvée la grotte de St Martin... et celle de St Gratien, évêque des Gaules. Le "repos de St Martin" est creusé dans le rocher et dépendait de l'abbaye de Marmoutier. C'est en ce lieu qu'apparut à st Martin Ste Thècle, Ste Agnès et surtout la vierge Marie. Cette dernière apporta un baume miraculeux lors d'une chute très grave du saint homme qui restait inanimé, baume qu'elle appliqua elle-même. Les guérisons miraculeuses seront très nombreuses grâce à cette "Sainte Ampoule"... qui servira au sacre des rois de France!
Toujours à Tours... Notre Dame des Miracles rappelle la reine Clotilde et la statue de la vierge qui apporta fut retrouvée bien plus tard dans le tronc d'un noyer ; elle est toujours visible chez les soeurs de la Charité.
Enfin Notre Dame des Eaux (Membrolle) fut invoquée pour combattre les sécheresses. Les pèlerins rapportaient chez eux un caillou béni ici et l'immergeaient dans un peu d'eau pour que la pluie vienne sur leurs vignes...
Notons que St Martin est le Patron des vignerons de Touraine et d'Anjou, qu'il est fêté le 11 novembre et que débute à cette date le "Marinage du vin" qui, jusqu'au 21 novembre, engendre cette étrange mais non moins célèbre maladie qu'est... la xylotome! ...
Entre Tours et Poitiers: Ste Catherine de Fier-Bois, une halte pour les pèlerins (1415), Ste Marie de Touraine avec sa croix "aux coques" et Chatelleraux: église St Jacques.
Là encore les pèlerins prévoyaient une halte conséquente.
C'est ici que fut dressée l'église de Ste Radegonde qui se refusa en 538 à Clotaire. Le monastère qu'il édifia, aux portes de la ville, prit le nom de Ste Croix en raison d'une relique de la "Vraie Croix". On descend toujours dans la crypte sous le chur pour se recueillir devant la sépulture de la sainte... et celles de Ste Agnès et Ste Diciole. Les pèlerins y vénéraient la relique et la châsse où reposaient les restes de Ste Radegonde.
Dans l'église de Ste Radegonde, les Jacquaires, ménageant leurs pieds, s'obligeaient à adorer le rocher sur lequel le Christ laissa l'empreinte de son pied et venaient visiter Ste Radegonde... C'est "le Pas de Dieu" toujours honoré de nos jours.
On dit aussi qu'en 1422, l'évêque Simon de Cramaux fit ouvrir le sarcophage de la sainte par le duc de Berry. Ce dernier s'empara de l'anneau de mariage de Radegonde. Il voulut aussi se saisir de la bague de religieuse... alors la main de la morte se referma afin que le sacrilège n'ait lieu!
Jusqu'au 19e siècle, les enfants malades devaient ramper sous le tombeau de la sainte et circuler trois fois sous les pilastres de repos.
L'église de Notre Dame la Grande contient la statue de Notre Dame des Clefs. C'est celle qui déroba et tint en ses mains les clefs de la ville qui devaient être remises, en 1202, par traîtrise aux anglais. Depuis, la statue porte les clefs de la ville lors d'une procession qui a lieu le lundi de Pâques.
Autour de Poitiers:
Migné: Chaque 17 décembre se célèbre l'apparition, aux troupes de Constantin, d'une croix argentée "élevée au-dessus du niveau de la terre d'environ cent pieds /.http://www.kazeo.com/ qui nous a paru être de quatre-vingts pieds /.http://www.kazeo.com/ elle s'est maintenue sans altération près d'une demi-heure..."
L'abbaye royale est le siège du Centre de Culture européen St Jacques de Compostelle. On y retrouve la rue de l'aumônerie (halte).
C'est à Saintes qu'arrivaient les pèlerins par voie maritime.
Depuis le VIe siècle, St Eutrope est le Patron de la ville qu'il évangélisa au Ier siècle. Après des débuts difficiles, les conversions vont bon train. Mais le légat romain, furieux que sa fille suive le saint, demande aux bouchers locaux d'assassiner St Eutrope à coups de hache.
Les miracles sont nombreux sur le tombeau du martyr. Les pèlerins de St Jacques savent qu'ils honorent ici un saint aux pouvoirs immenses: guérir les malades, ressusciter les morts, chasser les démons et délivrer les prisonniers... On ne sait jamais ce qui peut arriver en chemin!
Le premier couvent date de Clovis. Lors des travaux, on retrouve le tombeau et le culte commence dans l'église St Etienne. Puis on ne sait plus, au fil des travaux, où se trouve la sépulture. Ce n'est que le 19 mai 1843 que le sarcophage est retrouvé dans la crypte de l'église. Dans la tombe marquée EUTROPIUS en lettres carlovingiennes on retrouve des ossements sans la tête ni un bras... La tête est depuis longtemps dans un reliquaire approprié et le bras vénéré à Béziers.
Depuis cette "retrouvaille", la crypte est restaurée et rendue à la visite des pèlerins. Notons que cette crypte est la plus grande après Chartres et quau bout du transept le "puits romain" signale le lieu où vivait St Eutrope.
Le pèlerinage de Saintes à Eutrope et Eustelle a lieu le 30 avril. Il y a une étrange analogie de la crypte et du puits avec les sous-sols de Chartres. (voir "l'inconnu" n° 237)
Il ne reste que peu de choses du sanctuaire qui abritait les tombes de St Romain et de Roland... sur lequel François 1er, ayant fait ouvrir le tombeau, vint méditer. On peut voir quelques restes archéologiques de la crypte près de la Porte Dauphine.
Bordeaux marquait une halte importante pour les pèlerins de St Jacques sur la terre de St Sernin avant la traversée des Landes.
La basilique St Sernin serait construite sur les vestiges de celle de St Martial, elle-même sur un temple dédié à Mars. L'histoire locale raconte que Charlemagne fit fixer l'olifant de Roland au Maître autel de St Sernin... et aussi fit ensevelir vers les chevets les compagnons de son neveu tombés à Roncevaux.
La tombe de St Sernin, vouée au culte pendant des siècles, fut oubliée et déplacée vers 1845. Des historiens la supposent celle dite "de St Font". Dans cette dernière seraient déposées les clefs des océans.
A l'entrée de la ville se trouve l'église Notre Dame de Talence;c'est le lieu du seul pèlerinage à Notre Dame de Bordeaux. L'endroit se nomma durant des siècles "Notre Dame de Rama", en mémoire à Aliénor d'Aquitaine qui, en 1132, y édifia un sanctuaire et y fit don d'une pieta! Aliénor et Louis XII projetaient leur pèlerinage à la ville de Joseph... qui devait ensevelir le Christ: Arimathie ou Rama. D'autres légendes très étranges circulent sur cette histoire. Elles sont liées à un trésor inestimable détenu par les Chartreux de Bordeaux.
Les pèlerins descendaient à "l'hôpital St James" qui les abritèrent du XIIe au XVIIe siècles. Dans les années 30, des recherches et sondages révélèrent des coquilles St Jacques retrouvées sur le site.
De Bordeaux les pèlerins se dirigeaient sur Belin-Béliet.
En route, à Gradignan, le prieuré de Cayac offre toujours le repos aux Jacquaires. C'est ensuite à Belin-Béliet que se situait la prochaine halte. Sur l'ancienne voie des "Romieux", Romiou, se trouve l'église romane de St Pierre de Mons, mais surtout la "font de Ste Claire" réputée pour guérir tous les maux de la vue.
On notera aussi l'étrange étymologie "Belin", qui en vieux français signifiait le "malin". Le site du "Fara" tout proche pourrait bien attester d'un lieu de culte très ancien à quelques divinités minérales et aquatiques...supplantées adroitement par Ste Claire et St Pierre !
Il en sera de même pour l'église de St Michel du Vieux Lugo toujours à Belin-Béliet. Les pèlerins pouvaient y contempler des peintures murales du XVe siècle remises fortuitement à jour vers 1967. Outre les péchés capitaux, y sont visibles des enseignements de miséricorde pour les Jacques... Là encore les vieux récits font état d'étranges habitants "à longues oreilles et de tailles fabuleuses" dont les restes furent retrouvés lors de l'édification de l'église.
Le chemin se poursuit par Labouheyre où il est utile de s'arrêter à l'église St Jacques pour y contempler la succession de "fleurs de lys" et "coquilles st Jacques" qui forment une frise intéressante.
Les haltes se situaient vers Pouymontet et Fasse-Grimbaut (St Paul les Dax)
La ville possédait de nombreux hôpitaux pour les Jacques: St Jacques, St Eutrope, le prieuré du St Esprit (1217), celui de Ste Epine et de Claire Halte...
A 6 kms, retenons St Vincent de Paul, anciennement Pouy, qui prit le nom de son habitant le plus célèbre, né vers 1580...
Les pèlerins se rendaient volontiers vers Notre Dame de Buglose dont le nom veut dire "langue de buf". Ce nom viendrait d'un buf qui s'arrêtait chaque jour au même endroit en meuglant longuement avant de lécher toujours la même chose. Un petit berger s'aperçut que l'animal léchait une statue de la vierge. L'évêque de Dax, prévenu, décida de transporter la statue à Pouy mais les bufs refusèrent obstinément d'avancer. Alors un sanctuaire fut édifié sur place; un pélerinage eut lieu régulièrement ponctué par de nombreux miracles... pélerinage toujours d'actualité le 8 septembre.
Enfin les Jacquets se dirigeaient vers Ostabat par Arancou (1256), Ordios et l'église St Jacques de Vieillenave.
Cette route de St Jacques est sans doute la plus riche en vestiges des voies de Compostelle. Nous ne pourrons que "survoler" un sujet sur lequel il serait utile de revenir plus en détail lors d'un prochain article.
On retrouve dans la vieille ville du Puy bien des vestiges et témoins de cette halte-départ sur le pèlerinage de Compostelle: la "Place du Plot", les rues de St Gilles, de St Jacques et tant d'autres lieux d'hospitalité.
C'est de cette cité que partira (et reviendra) vers 950 l'évêque Gotescals. Il sera, probablement, le premier religieux à faire officiellement le pèlerinage St Jacques. A son retour, il édifiera la Chapelle St Michel d'Aiguille. Le premier pèlerinage au Puy n'était pas religieux, au sens habituel, mais destiné à honorer la table d'un dolmen: "La pierre des Fièvres» C'est ce vestige que l'on peut encore voir au sommet du grand escalier d'accès à la basilique. Il y eut de nombreux miracles et guérisons sur cette pierre païenne... sur les conseils d'une apparition mariale. On notera une tendance orientale dans la construction de la basilique. Il y eut trois vierges au Puy dont une très ancienne déjà en place au XIIeS. , et une vierge noire apportée par St Louis au retour d'une croisade. Celle-ci fut détruite par le feu, à la Révolution, le 8 juin 1794. En brûlant, l'étrange statue apparue emmaillotée comme une momie. Puis une sorte de petite porte s'ouvrit sous l'effet de l'intense chaleur et un rouleau écrit fut éjecté et consumé dans les flammes... La statue emportait son secret avec elle dans la fournaise. Sa copie sera mise en place en 1844 et est toujours vénérée comme l'authentique vierge noire.
Des papes et... neuf rois de France se firent pèlerins pour venir jusqu'au Puy-Notre-Dame qui eut aussi la dévotion de la mère de Jeanne d'Arc.
On peut, avec attention, entendre encore l'écho étrange de l'énigmatique chant des Jacques partant pour le périple saint: "E ul treia! E sus eia! Deus aïa nos!" "Et outre, et sus, Dieu nous aide!".
A St Christophe-Sur- Dolaizon on remarquera l'église romane dont on trouve trace déjà en 1161 et au 13eS dans les archives du Temple de la maison du Puy.
On retiendra sur ce chemin de pèlerins les bâtiments dits "Maisons d'Assemblées". C'était des haltes d'hospitalité réservées au Jacques et dirigées par des serviteurs réformés de l'Ordre du Temple.
Notons l'étape de Monistrol, avec son église de l'ancien prieuré (XIIeS.). Au dos du chevet on observe une croix de pierre ornée d'un St Jacques Pèlerin. Au revers on distingue un bourdon et une coquille.
A Chamaleilles les pèlerins s'arrêtaient à la chapelle St Roch (1300m d'alt.) au col de la Margeride. C'était un ancien hôpital et une chapelle St Jacques de l'Ordre du Temple, puis des hospitaliers.
Plusieurs se rejoignaient ici. On contemplera la croix de L'Oustalet avec un pèlerin armé du bourdon, des coquilles et de son sac. Puis c'est la traversée de l'Aubrac avec l'étape de la Chaye-de-Peyre, la Chapelle St Jacques avec ses anciens mégalithes du "Siège de pierre" aux légendes inquiétantes et très anciennes.
On se souviendra, lors de la traversée de l'Aubrac, de ce qui fut la "Domerie" et dont il ne reste rien. Seule l'église et ses peintures en relate l'existence. Sa construction est due à un vicomte des Flandres, Adalard, qui affronta ici pillards et tempête de neige. Il devina, devant ces épreuves, un signe divin pour construire un hospice réservé aux pèlerins: Notre-Dame-des-Pauvres, en 1120. L'église que l'on visite maintenant, possède encore "Marie", la cloche des perdus qui sonnait pour remettre les égarés sur le chemin du refuge.
A Chely d'Aubrac, on appréciera le pont qui passe la Boralde et sa croix de pierre décorée d'un pèlerin avec son bourdon.
St Côme: la chapelle des pénitents (blancs) se trouvait à côté de l'ancien hospice St Jacques (XIIeS.). Puis c'est Espalion avec son étrange chapelle aménagée en étage d'un clocher gothique. Les Jacques s'y arrêtaient et contemplaient le livre de pierre: des sculptures et gravures de chapiteaux assez bas pour être bien en vue... avant d'arriver à Estaing où l'église St Fleuret s'orne d'autres sculptures dont une assez rare pour être signalée: Marie Magdeleine en compagnie, au pied de la croix, d'un pèlerin.
.. et les pèlerins arrivaient enfin à l'étape majeure de Conques au cur du Rouergue. Pour les pèlerins de St Jacques l'origine du nom de Conques vient forcément de "Concha": coquille en latin. On suppose que la basilique Ste Foy put servir d'avant-projet à St Sernin de Toulouse.
L'abbaye de Conques compte un nombre impressionnant de reliques extraordinaires digne d'un inventaire de Prévert: de la chaire brûlée de St Laurent, les cheveux de la Vierge, des doigts de St Jean Baptiste, des os appartenant aux apôtres André, Pierre, Paul... le bras droit de St Georges, de gros morceaux de la Vraie Croix. Le quatrième dimanche après Pâques tous les reliquaires sont offerts à la dévotion des fidèles. Quant au reliquaire de Ste Foy, il est présenté le jour de sa fête: le 6 octobre. Il s'agit d'une statue datant de 985, de moins d'un mètre de haut, couverte d'or et de pierres précieuses. Dans son dos est une cavité avec le crâne de Ste Foy et des morceaux de tissus tenant de son sang.
Les pèlerins y trouvaient le repos à l'Hospitalet St Jacques (XIeS.).
Cahors est la ville natale de Jacques Duèze (1316-1334), connu sous le nom de pape Jean XXII, dont le suivant chronologique n'est autre que le cardinal Roncalli, le pape Jean XXIII (1958)! La tradition veut que ce pape qui condamna l'alchimie ait utilisé ses arcanes pour se fabriquer "chymiquement" un trésor fabuleux de 17 millions de florins d'or qu'il cacha, peut-être à Avignon... ou dans la tour dite "Jean XXII" accolée au "Palais Dueze" à Cahors?
Le Pont du Diable
C'est une construction exceptionnelle de 140 m. de long qui désespérait son constructeur. Ce dernier dut faire appel au diable pour mener à bien les travaux. Le diable travaillant tellement vite, pour sauver son âme, l'architecte demanda au démon de lui ramener de l'eau dans un crible. Le diable ne pouvait accéder à ce souhait et, de colère, lança une malédiction contre une pierre du sommet de la tour au milieu du pont. Jamais aucune pierre ne tint cette place... Ce n'est qu'en 1878 que Paul Gout, architecte, fixa cette pierre manquante avec dessus la gravure du diable. Depuis elle ne bouge plus!
Outre que cette cité soit une étape importante sur la voie de Compostelle, elle mérite une halte pour contempler l'abbaye et surtout son cloître. Ce dernier est un des plus beaux de France, fort de 76 chapiteaux remarquables dont 36 sont historiés. On soulignera, également, la valeur inestimable de la plaque de consécration de l'église St Pierre qui date de 1063, et donne les noms des évêques rassemblés pour la circonstance.
Les pèlerins suivaient ensuite l'ultime chemin jusqu'à Roncevaux par St Nicolas de la Grave. A Auvillac, ils trouvaient la sécurité grâce aux Hospitaliers. Lectoure, ensuite, avec deux hospices de St Jacques. Puis Condom, St-Jean-Pied-de-Port, et enfin Roncevaux. Nous retrouverons les dernières étapes un peu plus loin.
Cette voie doit son nom, en partie au fait qu'elle suive le territoire de Toulouse du Béarn à la Provence, mais aussi, en raison de l'importance de l'étape de Toulouse - St Sernin pour les pèlerins. Ajoutons que cette voie bien signalée était régulièrement utilisée aussi par les pèlerins du sud se rendant à St Pierre de Rome.
Les Jacques arrivaient nombreux à Arles, départ de cette "Voie de Toulouse". Cette ville servait de point de ralliement à ceux qui arrivaient du centre de la France et descendaient par la vallée du Rhône, et puis aussi ceux qui transitaient du sud-est du pays. L'aspect religieux et spirituel du lieu méritait à lui seul d'être un passage "obligé" pour les pèlerinages.
La cathédrale St Trophime, et son cloître, justifient largement une visite qui se complète judicieusement par le cimetière des Aliscamps.
On retrouve cette d'Alchimie, si importante pour certains pèlerins, tout au long des chapiteaux du cloître de St Trophime dont les aspects symboliques et hermétiques n'ont pas grand chose de religieux... mais bel et bien en accord avec la science d'Hermès!
Arles détenait une vierge noire veillant sur le cimetière des Aliscamps. Elle fut remplacée par une blanche sous les Huguenots. Mais sous les exigences du peuple elle reprit sa place initiale... pour redisparaître à nouveau vers la fin du XIXe S. Elle pourrait bien être celle de Barbegol... très proche d'Arles.
Le cimetière des Aliscamps compte pour tenir les dépouilles des preux chevaliers de Roncevaux dont les corps furent remis en terre ici, dit la légende. Le récit ajoute que St Trophime inaugurait ce cimetière en présence de l'apparition du Christ. En vérité ce cimetière est bien plus ancien que ce bon Trophime. On retiendra que ce serait le seul site funéraire où l'on ait orné les sarcophages de petites cupules... vestiges des croyances mégalithiques lointaines auxquelles on accordait encore bien de mystérieux pouvoirs ou vertus.
Certains récits identifient St Trophime à St Paul, ou encore au cousin de St Etienne. Dans tous les cas, il débarque avec Ste Marie Madeleine, Ste Marthe et St Lazare, et sera le saint patron d'Arles.
Il y a 3000 ans cette cité était au bord de la mer qui se retira peu à peu. Pline situe ici le légendaire combat d'Hercule contre les Ligures. A ce titre le port phénicien s'appela Heraklea. St Gilles, à son époque, s'était retiré en ermite dans ce pays de solitude. C'est alors qu'une biche poursuivie par la chasse des fils de Wambo, roi wisigoth, se réfugia vers le st homme. Les chiens s'arrêtèrent en gémissant. Wambo fit construire, pour commémorer ce miracle, un couvent pour St Gilles. Plus tard le tombeau de l'ermite, en ce lieu, deviendra le but de très nombreux pèlerinages. Le couvent devint une abbaye bénédictine, puis une baylie des Templiers et enfin un grand-Prieuré pour les Hospitaliers de St Jean de Jérusalem.
L'église est visitée régulièrement par les pèlerins et aussi les Compagnons de Tour de France. Tous viennent contempler la célèbre "Vis de St Gilles, oeuvre du frère Matteo de Cluny. Il s'agit d'un escalier à pas tournant à propos duquel aujourd'hui encore, on s'interroge sur la réalisation. Sa légende dit que le diable proposa un tracé parfait pour cette oeuvre. Mais l'architecte refusa net. C'est alors qu'un pèlerin apparut du néant et dessina un ouvrage d'art encore plus merveilleux. Matteo exécuta l'ouvrage... puis se mit en route pour aller édifier le grand portail de St Jacques de Compostelle. Il décéda en Galice et on l'enterra sous son travail. Sa statue fut gravée sur le portail.
Mais, hélas, c'est aussi de St Gilles que fut mise en oeuvre la terrible croisade contre les Albigeois.
De St Gilles, les Jacques se dirigeaient vers Vauvert, l'ancien hôpital de Gallargues-le-Montueux, puis Montpellier.
Si la croisade contre les Albigeois commence à St Gilles, Montpellier s'avéra le premier pèlerinage de pénitence infligé aux Albigeois repentis.
Guilhem Vi revenant de croisade en 1143 avec une vierge noire qu'il légua à Notre-Dame-des-Tables, c'est à cette statue que se rendaient les repentis, les papes et les rois en arrivant dans la cité. Pour conjurer la peste de 1363, en gage de vu, fut brûlé un cierge roulé dont la longueur était égale à celle des remparts de la ville, soit 3000m (à quelques mètres près).
De très anciens sarcophages furent trouvés dans ce qui reste de Notre-Dame-des-Tables, c'est à dire la crypte primitive, à présent sous le square... de la Loge.
Les pèlerins visitaient aussi l'église St Roch, dont la fête est le 16 août car c'est dans cette ville qu'il naquit en 1295 et revint y mourir le 16 août 1327. On l'invoquait contre la peste et les épidémies.
Puis les pèlerins de St Jacques s'en allaient, à quelques kms, visiter l'ancienne cathédrale de Maguelone dont le 1er évêques aurait été Simon le Lépreux (589).
Guilhem d'Aquitaine fut un conseiller écouté, et l'un des chevaliers de Charlemagne. Au décès de sa femme, il décide de se retirer en ermite. Vers 805, il instaure son abbaye de Gellone. A sa mort (812) il est enseveli dans son église. Ce sera vers le XIIe S. que Gellone deviendra St Guilhem-le-Désert. Malgré le peu de facilités d'accès, ce fut très vite un but privilégié sur la route de St Jacques.
Dans l'église, les pèlerins visitaient le tombeau de St Guilhem et la relique de la Vraie Croix, encore protégée par une grille à trois fermetures, qui le 3 mai est l'objet d'un culte processionnaire.
Pour la circonstance sont bénis des petits pains cruciformes qu'il faut conserver toute l'année.
La nuit du Jeudi Saint a lieu la procession des Escargots... faite de centaines de petites lampes à huile improvisées à partir de grosses coquilles d'escargots. Cette cérémonie insolite se déroule en mémoire des pèlerins qui veillaient la nuit du Vendredi Saint. Le lendemain les coquilles sont réputées protéger contre la foudre et servent de talisman, fixées à leurs cornes, aux béliers de tête des transhumances.
Plus haut dans la montagne se trouve la grotte, avec une chapelle au-dessus, de l'ermitage de St Guilhem: Notre-Dame-de-Belle-Grâce.
Il y a encore 2 pèlerinages assez insolites pour être soulignés: Le "pèlerinage des saucisses" le lundi de Pâques, suite à un vu fait en 1628... et le "pèlerinage des noix" datant de 1724 par analogie à une crue meurtrière et phénoménale qui fit de nombreux "noyés".
Le chemin de St Jacques passe ensuite par Lodève où une visite s'impose à la cathédrale St Fulcran. Le 13 février, les reliques du saint sont l'objet d'une procession dans la ville.
Puis, de là les pèlerins se dirigeaient vers Castres trouvant une halte à St Benoit (abbaye) et rejoignaient par le Sidobre, aux si nombreux rochers étranges et légendaires dont le roc de l'Oie, l'étape majeure de Toulouse.
L'origine la plus ancienne de la ville serait liée au troyen Tolus qui simplement, par descendance de Japhet, aurait été l'arrière-petit-fils de Noé! puis au IIIeS. les Patrons de la ville étaient St Martial et St Saturnin. On peut facilement admettre les proches noms de Mars et Saturne qui purent être des divinités païennes et protectrices du lieu. Toujours est-il que le sceau des Comtes de Toulouse comprend un soleil et une lune... images parlantes du "O" et du "C" de l'abréviation OC!
La tradition affirme qu'au VeS. une reine dirigeait Toulouse, elle avait un pied normal et un pied palmé d'oie. Elle était très estimée par les Toulousains, mais finit ses jours ermite dans une grotte, puis fut enterrée sous l'église de "La Dorade".
On retrouve cet étrange personnage sur quelques porches religieux de France: Dijon, St Pouçain et d'autres... Elle tiendrait les secrets du jeu de l'oie, du labyrinthe et aussi celui de l'origine des Cagots ainsi que ceux de la "langue Oiselée" si chère aux Gouliards et à Rabelais.
Il existerait sous l'église St Sernin un lac sacré souterrain où serait englouti le trésor de Delphes. Aujourd'hui il est toujours possible de lire, en latin, sur le porche des pèlerins: "Il n'est pas au monde de lieu plus sacré". Plusieurs témoins prétendirent avoir visité ce lieu souterrain. Le dernier, témoignage incontestable, serait celui d'un haut fonctionnaire qui affirmait en 1910 prouver ce qu'il avançait... pour en posséder des preuves photographiques... mentionnées dans un certain dossier 15-4-20. L'amateur de "chiffres" en comprendra et appréciera le sens.
La basilique de la Dorade se trouve sur l'emplacement d'un temple à Minerve. Le premier lieu de culte date de 399 et serait le "Sanctuaire marial le plus ancien de la Gaule". Le mot "Daurade" viendrait des mosaïques dorées à outrance offertes par les rois wisigoths. L'endroit était le siège d'une vierge noire dont les origines sont peu certaines, mais elle fut sollicitée, avec succès, pour bien des calamités. La dernière, le 15 août 1914, fut la demande de libération de la ville. Quatre jours plus tard c'était chose faite! Les Jacquaires ne pouvaient manquer d'apprécier chacun de ces détails à leurs justes valeurs et reprenaient leur route: l'Isle Jourdain, Gimont... Auch.
On prétend que sept saints sont fondateurs de la ville: St Sernin, St Amand, St Clair, St Taurin, St Orens, St Léothade, St Austin de... que les pèlerins s'empressaient d'aller honorer.
Notre-Dame d'Auch fut très tôt un point de pèlerinage important dans la région. On prétend que St Taurin y aurait déposé une vierge miraculeuse. Pèlerinage les 8 septembre, 31 mai et 15 août.
Les jacquets se rendaient jusqu'à Notre-Dame-du-Cédon, à 5km, pour y admirer une toute petite statuette mariale de 15 cm de haut. Suite à un vu , cette Notre-Dame libéra le pays de la peste en échange de: 2 livres de cire, 1 livre d'huile... le tout offert par un petit enfant innocent. Le pèlerinage est toujours en vigueur le 25 mars.
Le périple se déroulait ensuite par Montesquiou, Marciac, Marlaàs, Lescar, Oloron-Ste-Marie.
L'axe principal de la ville est la cathédrale Ste Marie du XIIeS.
Le passé de la région est émaillé de pèlerinages conséquents. Son emplacement, sur le chemin St Jacques, de Toulouse au Somport servait d'étape tant aux pèlerins... qu'aux expéditions guerrières contre les Maures. L'église Ste Croix et l'hôpital St Blaise hébergeaient les Jacques.
L'étape était appréciée également par les amateurs de curiosités compagnoniques et hermétiques. Dans l'hospice de St Balise la tour octogonale du clocher possèderait la connaissance totale de la science des nombres mises en pierres par les Maîtres Maçons du Moyen-Age sous la forme du symbolisme ésotérique. Un pèlerinage y a toujours lieu le 3 février.
L'église Ste Croix (1070) est le plus ancien édifice religieux d'Oloron dont on remarquera des particularités architecturales insolites et très rares se rapportant, sans doute, aux constructions chrétiennes primitives. Il ne faut pas manquer de visiter l'étrange crèche béarnaise de Mgr de Revol qui était autrefois dans la sacristie de l'église cathédrale Ste Marie.
Le chemin se poursuivait ensuite par la vallée d' Aspe: Sarrance et sa vierge noire marquaient un autre arrêt notoire... même pour le roi Louis XI. Bétharam offrait aux pèlerins la halte et le repos dans les murs du monastère, avant Borce et le Col du Somport...
Trois des grandes voies: Puy-en-Velay, Vézelay et Tours se rejoignaient à Ostabat pour rejoindre enfin à Roncevaux la quatrième voie, celle de Toulouse.
Nous sommes, à présent, en pays de Basse-Navarre et les trois grands chemins font leur jonction sur le Mont St Sauveur.
La vocation de cette ville était liée étroitement aux pèlerinages. D'ailleurs Ostabat signifiait déjà sur de très anciens documents "vallée de l'hospitalité". Alentour on trouve encore le village d'Hosta et un lieu Hostateguy pour le passage d'un mont.
L'évêque Turpin, si cher aux Gouliards et à Grasset d'Orcet, mentionne qu'ici se sépara l'armée de Charlemagne après le drame de Roncevaux. Dans cette ville le pèlerin n'avait, pour sa halte et son repos, que l'embarras du choix qui devait être fort grand.
Ils visitaient la chapelle d'Harambels. Elle avait une particularité remarquable. Sur son porche était un étage accessible par trappe et échelle. Les pèlerins attardés y trouvaient repos et sécurité pour la nuit. Un chrisme très ancien orne le porche, ainsi qu'un visage énigmatique et une étoile. A l'intérieur un St Roch nous rappelle le pèlerinage. Le cimetière attenant était riche d'une collection rare de pierres tombales à forme discoïdale dont certaines, très rares, frappées du chiffre de Marie.
Les pèlerins y entraient par la porte St Jacques (XIIIeS.).
Il est dit que "la prison des évêques" était autrefois un hébergement pour les Jacques. On accédait à cette grande pièce gothique souterraine par une volée de 21 marches. Les murs sont garnis de fines sculptures inexpliquées représentant des "A" barrés en forme de compas, des arbalètes, des lis, des étoiles et des triangles. Des orifices murés, des sons creux, des bruits d'eau, des légendes font de ce lieu un endroit qui aurait fermement intéressé Pedro de Luna (Benoit XIII) pour des raisons restées énigmatiques... car comment expliquer les travaux de terrassement entrepris, puis vite arrêtés, à son époque, dans ce secteur de la ville?
A la sortie d'Ispoure se voit toujours la forme massive d'une ancienne maison forte à l'aspect étrange et très impressionnant. La tradition assure que ce "Palacio" fut édifié par les géants basques "Mairiak". Le blason de la famille LARREA, seigneur du lieu, s'ornait d'un insolite chaudron aux accents aussi hermétiques que certains récits et documents concernant ce site parsemé de cavités profondes. Près du manoir on trouve d'étranges mares, ou sortes d'entonnoirs. Les légendes racontent qu'au fond de l'un d'eux se trouve enseveli un carrosse avec son équipage ayant blasphème... dans un autre se trouverait la tombe d'un être gigantesque et dans une dernière, une femme à tête d'oie mangeuse d'enfants.
A ce propos notons, entre St Jean et St Michel-le-Vieux, le vieux château ruiné d'Olhonce ayant appartenu à une famille de Logras!
Signalons aussi l'énigmatique "Tour d'Urculu". Elle est en limite de frontière et à 1400m d'altitude. Ce sont les restes circulaires d'une construction de 20 m. de diamètre et de plus de 2 m. d'épaisseur Certaines de ses pierres sont très longues: 1,80m. La finition est encore remarquable de précision et de finesse. Le site est entouré de vestiges mégalithiques qui accréditent la thèse d'un lieu de culte très ancien. Mais l'origine la plus étrange serait celle d'un plateau de dépôt où les défunts auraient été exposés aux intempéries et aux oiseaux de montagne... comme dans certaines régions orientales ou indoues. Cette "tour du silence", dite construite par Hercule, serait alors la seule du genre pour l'Europe.
De St-Jean-Pied-de-Port le chemin St Jacques atteint Roncevaux, ultime étape pour le territoire Français... avant les 800km, environ, qui séparent encore le pèlerin de son but final: St Jacques de Compostelle.
Le "Guide du Pèlerin" précise qu'ici Charlemagne a taillé le roc avec "haches, pics, des pioches et d'autres outils" pour passer avec ses troupes. Mais il devait dresser, avant tout, une croix en l'honneur du Christ, puis s'agenouiller en direction de la Galice.
Il ne reste rien de cette croix. Pourtant chaque pèlerin se fait un devoir de poser une croix de branchage, ou autre, en ce lieu de mémoire.
Les Jacques s'arrêtaient, comme nous, dans l'église de Notre Dame où il pouvaient vénérer le rocher fendu trois fois par Roland à l'aide de son épée Durandale. Les Pèlerins trouvaient asile dans l'hospice du même lieu où tout leur était dispensé tant aux bien portant qu'à ceux qui n'iraient jamais plus loin sur ce chemin de l'espoir et de la foi. Est-il utile de rappeler, à propos de Roncevaux, que l'origine de l'évènement historique ou légendaire qui lui est lié ne fut, peut-être, pas aussi glorieux que nos manuels d'histoire nous le disent. En effet, qui nous parlera des faits historiques, réels et bien moins chevaleresques dont Charlemagne se rendit coupable? .. Car, comme l'écrit fort justement Michel Lamy: "Mais la félonie de Charlemagne et la juste vengeance des Vascons, les rois Francs allaient les faire oublier en faisant de Roland un martyr et en créant la légende de Roncevaux"...
Le champ d'investigation concerné par le pèlerinage de Compostelle est bien trop vaste pour que nous ayons la prétention d'avoir tout décrit ou abordé, même sommairement, ici. Nous n'avons présenté, arbitrairement, que des curiosités insolites à propos des lieux d'étapes concernant les chemins du grand pèlerinage. Il est certain que nous n'avons pas pu explorer toutes les régions de France... ni même les chemins en Espagne. Nous reprendrons probablement d'autres aspects du pèlerinage de St Jacques ainsi que d'autres sites ou régions telles que: la Bretagne, l'Auvergne, les Cévennes, les Alpes et des régions plus au nord. Pour toutes ces dernières il ne s'agit ni d'oubli, mépris ou méconnaissance mais d'une volonté de ne pas tronquer des informations capitales, et indispensables à la connaissance d'un sujet aussi riche, au seul profit d'un simple survol insipide ou incomplet.
On considère, dans l'ensemble, que le pèlerin arbore la coquille St Jacques à son retour de Compostelle pour preuve du périple exécuté à terme...
Mais on peut se demander si, d'une part, ce symbole était l'unique apanage de l'accomplissement du voyage, et, d'autre part, s'il le restait en toute pureté primitive.
Il est notoire que le pèlerinage au Mont St Michel se sanctionnait aussi par des coquilles de ce type... Ensuite, sur un bas-relief de St Domingo (et d'autres) les pèlerins d'Emmaüs abordent un Christ ressuscité paré de la coquille au 12eS. Si la coquille prouve un périple long, pénible et parfois dangereux il est alors compréhensible que le Christ soit orné de la coquille après être ressuscité!
Ensuite la coque St Jacques servira à une horde de faux pèlerins, voleurs, escrocs à abuser au nom d'un soi-disant pèlerinage accompli. Ces malandrins portaient le nom de "coquillards".
Alors il est certain que les pèlerins reviendront toujours avec la coquille St Jacques pour ornement.
On peut dire qu'il s'agit d'un premier degré, et ensuite se demander si d'autres degrés existent.
Certes, St Jacques de Compostelle est proche de l'océan et les coques St Jacques ne devaient pas manquer. Assez abondantes, elles servaient de "souvenirs" qui très vite devinrent un profit local juteux et non négligeable. La tradition rappelle, aussi, qu'un chevalier fut sauvé des eaux tumultueuses par l'intervention de St Jacques. Le cheval devait ressortir des flots couvert des fameux coquillages.
Mais au second degré soulignons que l'usage de la coque marine remonte aux plus vieux temps de l'humanité. Elle fut l'ultime compagne du défunt pour, là encore, l'accompagner dans son voyage dans les ténèbres jusqu'aux termes d'éternelles félicités. Vénus s'éveille souvent (Botticelli) dans une coquille "St Jacques". Elle est aussi symbole féminin incontesté.
Il nous reste encore le troisième degré à parcourir brièvement. Il nous ouvrira, sans doute, bien d'autres perspectives.
Sur le plan scientifique ce coquillage à pour nom PECTEN MAXIMUS. IL est étrange qu'il ne s'agisse pas du PECTEN JACOBEUS... qui aurait bien arrangé le légendaire religieux.
On peut exclure radicalement l'hypothèse de la coquille pour représenter Jacques, qui fut pêcheur et St Jean le Baptiste... car ces deux arguments ne sont que "d'eaux douces"!!!
Alors il reste à observer un détail linguistique intéressant: il s'agit du mot PECTEN. Si ce mot est celui des mollusques lamellibranches, il signifie surtout "peigne". Et c'est, peut-être, dans ce mot que se cache une grande partie du symbole.
Initialement on remarque, grâce aux gravures anciennes, que la coquille est souvent cousue sur le chapeau du pèlerin, donc on ne peut pas plus près des cheveux... comme un "peigne" que les Andalouses fixaient dans leur chevelure! On sait que dans la liturgie le peigne a une importance notoire dans l'ordination de certains religieux et à des moments précis du rituel régulier catholique ou grec. Le peigne prend allure de nettoyeur aux deux sens du terme: faire propre et faire net! Il enlève l'impur et "range".
Mais voyons une autre voie d'exploration de ce mot. Le peigne, quand il s'agit de la laine, est une carde, et la carde, primitivement
était un "chardon-coque". Nous n'irons pas plus loin que cette dernière remarque qui peut sembler aussi éloigner qu'évidente pour celui, ou celle, qui sait "entendre", donc pratique "l'entendement": "Magdeleine "cardait" ses très longs cheveux avec un chardon!!!" C'est avec ses longs et même cheveux qu'elle aurait essuyé les pieds du Christ... en dire plus reviendrait à en dire trop!
Puis nous rappellerons que la coquille avait aussi pour nom MERELLE. Que cette Mérelle est encore l'oie et que l'oie nous ramène à la tradition ancienne mais, donc, uniquement orale, et de fait, phonétique... si chère aux Gouliards, à Grasset d'Orcet, à la langue des "OI"seaux, et aux Cagots dont l'emblème est la patte d'oie. Patte d'oie dont le symbole "rayonnant" nous ramène à celui de la coquille St Jacques avec un point focal d'où tout émane et où tout converge. Autrement dit: ce qui est en haut est en bas! Puis quelle magie du mot lorsque seul le souffle et la voix (voie) peuvent transmettre l'initiation par une mérelle qui ne peut venir que de la mer... elle! Ou être de tout, et de tous la mère... elle!
Alors si, en plus, on "puise" dans les vieux ouvrages de Chymie le nom de ce que l'on obtenait avec, pour base, Pecten Maximus broyé, il n'y a plus rien "d'étonnant" à ce détour amusant obtenu par le seul verbe... mais seulement "détonnant" que le Pellerin, qu'il en soit conscient ou non, revienne de son long périple avec une coquille St Jacques fixée à son chapeau pour tout témoignage de son "Pèlerinage vers la mort»
"Il n'était point en papier ou en parchemin, comme sont les autres,
mais seulement fait de déliés écorces, de tendres arbrisseaux"...
Le livre d'Abraham
Depuis près de 20 ans Nicolas Flamel cherche à déchiffrer cet ouvrage manuscrit "fort vieux" qu'est ce "Livre d'Abraham le Juif" acheté étrangement à un personnage inconnu: "il me tomba entre les mains pour la somme de 2 florins un livre doré fort vieux et beaucoup large..."
Flamel est connu pour sa passion de l'alchimie. Sa profession lui confère des connaissances certaines, et une culture d'exception, pour l'époque. Il écrit, fabrique et vend des manuscrits religieux à l'enseigne de "La Fleur de Lys". Il maîtrise, sans doute, plusieurs langues et les vieilles écritures. Ce dernier détail étonne lorsqu'il prétend ne pouvoir déchiffrer ce texte hermétique expliquant les étapes du Grand Oeuvre débouchant sur le travail transmutatoire. Si tout semble y être minutieusement décrit, bien qu'occulté, un détail majeur fait cruellement défaut et interdit simplement le début des travaux chimiques. L'ouvrage de 21 pages, pourtant prolixe en explications, s'ouvre directement sur la matière première dont il ne livre pas le nom: "prend, mon fils, l'élément que tu sais..." et Flamel, durant "20 ans pleins" ne peut entreprendre sa merveilleuse expérience.
Notons, tout de suite le rapport curieux entre le nombre de pages (21) et celui de la durée au bout de laquelle il se décide au pèlerinage: "20 ans pleins" d'attente, il part donc la 21ème année. Flamel suppose que "là-bas" il rencontrera immanquablement d'autres alchimistes ayant la maîtrise du fameux texte hermétique, car il est notoire que cette région est un point de concentration d'alchimistes venus de toutes parts. Cette réputation régionale soulève d'emblée une autre question: que pouvait bien venir chercher, dans ce secteur toute cette masse de chercheurs? En effet, il y a bien d'autres capitales de l'alchimie en Asie, en Palestine et en Europe. Et ces dernières sont réputées autant sinon plus que St Jacques de Compostelle. Alors il doit y avoir une raison impérative.
Certes il y a, pour ces curieux de Nature, tout d'abord le pèlerinage à St Jacques pris généralement pour le St Patron des Alchimistes. Ensuite, il s'agit de St Jacques le Majeur. Les Gouliards, à propos de ce St Jacques, faisaient état de "MAGE-OR" avec toute la nouvelle valeur de ce jeu de mots de la Langue oiselée. Les alchimistes ne pouvaient manquer de retenir cet aspect.
Et cet aspect se double d'une autre tradition "verbale" qui ne peut que déboucher sur le patronage de St Jacques le Majeur sur les amateurs, au sens noble, de "Chymie": St Jacques eut la tête tranchée en l'an 42. L'alchimie tient en haute estime le symbolisme de la tête (Caput mortem, etc...) qu'elle soit détachée, séparée ou tout autre "avancée" du lieu de l'âme et de l'esprit...
Ensuite il y a l'abandon du corps de St Jacques, et de sa tête sur un rivage. Nous retrouvons souvent le repos du corps métallique après la mort "chimique sur le sable (feu de...) d'une plage (vaisseau de...) ou l'écume (sulfure) de la mer (mère-matrice) vient battre (séparation sèche.
Arrive un vaisseau (creuset) sur (dans) lequel embarquent (se mêlent) ses disciples (dérivés directs: bases et sels). Le voyage (Gd Oeuvre) s'opère sans équipage (creuset clos) toutes voiles dehors (à grand feu athanor fermé). Et la durée y est capitale puisqu'elle est de 7 jours (cycle des 7 planètes).
Les passagers et leur précieux fardeau débarquent (ouverture du vaisseau) pour ensevelir la dépouille du St (mélange à la terre chimique). Puis repos dans l'obscurité (mélange à la matière fécondable). Intervient alors une Reine-Louve qui fait translater le corps et la tête (St Jacques célébré le 25 juillet, même jour que St Christophe: St à la tête de loup dont les parents, dans l'église d'orient, avaient une tête de chien: tous deux sont fêtés à l'ouverture du signe du lion donc tous deux sont des saints "caniculaires", donc des saints voués au culte du Loup et du Chien...). Voici donc ce que venait chercher ici Nicolas Flamel par le biais de la légende de St Jacques: l'information manquante au livre du Juif Abraham: Le "Loup" et le "Chien" sont la matière du Grand Oeuvre. Mais son origine est orientale pour le Loup (le fixe) et occidentale pour le Chien (le volatile)... Il suffit de comprendre ce qui est "entre chien et loup"... et d'en extraire la base. Mais ceci est une autre histoire!
Puis le temps s'écoule. Deux versions (sèche et humide) s'opposent pour la découverte du lieu sacré (matière oeuvrée et ouvragée).
La plus religieuse: un ermite, et l'évêque Théodomir (magistère) guidés par une étoile jusqu'à un champ (étoile apparaissant sur luvre au noir) où ils découvrent 3 tombeaux (ouverture de la matière et ces 2 dérivés directement potables et médicamenteux: miraculeux) dont celui de St Jacques.
La version populaire. Elle fait intervenir un laboureur (tourne et retourne la terre pour en extraire le fruit) dont les bufs (soleil et lune) refusent le labeur dans ce champ. A la lueur d'une étoile (idem 1ère version) l'homme prétend que s'épanouissent des végétaux aux vertus médicales (retour aux matière végétative: potables et curatives issues de l'étoile dans la matière oeuvrée).
Toutes ces valeurs symboliques n'échappent pas aux alchimistes de l'époque qui interprètent là l'ultime étape du Grand Magistère Chimique et Métallique. Tous savent que surgit l'étoile brillante (mercure philosophique) en surface de la matière à sa dernière phase (le compost). Les végétaux curatifs sont l'état végétatif, donc final, de la panacée universelle qui débouche enfin sur la pierre philosophale. La boucle est bouclée en résumant "Compost-Stella"!!! On peut encore ajouter l'aspect indéniable du traité d'Hermés, profane, adapté au sacré par le concept: ce qui est en haut est en bas. Haut=l'Etoile - Bas=le Compost.
Flamel ne pouvait que suivre le cheminement de St Jacques. Il accomplira son périple de pèlerin... Sur le chemin du retour, à hauteur de Léon (lion=juillet=canicule=chien et loup) il rencontre enfin un savant juif: Maître Canches. Qui remarquera que CANCHES est l'anagramme parfait de CHANCES donc: providences positives de réussir!
Le Maître lui ouvrira le dernier chemin vers la vérité. Puis, âgé (le vieillard) et malade (ouverture à l'initié) il décèdera (s'effacera) laissant le nouveau (initié) connaisseur aller son chemin de luvre.
Flamel de retour à Paris réussira luvre... et en usera avec humanité (humanisme) et générosité (fraternité)... Et peu importe de savoir si, vraiment, Flamel effectua ou non son long pèlerinage. Dans l'aspect Noble de l'Alchimie il réalisa justement, et avec succès, le très beau voyage symbolique décrit par Fulcanelli dans " Les Demeures Philosophales":
"Ce pèlerinage, tous les Alchimistes sont obligés de l'entreprendre. Au figuré au moins, car c'est là un voyage symbolique..." .
Dès le Xe S. et plus tard, trois pèlerinages priment pour l'Occident chrétien: ROME, JERUSALEM et St JACQUES. Dans cette triade prestigieuse, chacun a sa place: si Rome est le centre du monde occidental pour l'autorité spirituelle symbolisée par St Pierre, Jérusalem, lieu du tombeau du Christ, est le point de rédemption pour tous les chrétiens. Au XIIIe S., les confréries d'orfèvres et d'horlogers vont en terre sainte pour ramener l'initiation et les connaissances consacrantes de leur art: les secrets de maîtrise du métal précieux.
St Jacques quant à lui, était le pèlerinage d'une confrérie, celle des bâtisseurs.
Pour comprendre l'importance du pèlerinage de St Jacques pour ces bâtisseurs du Moyen-Age, et surtout ce qu'ils y cherchaient, il faut d'abord regarder la carte: quasi parallèlement à la façade côtière, mais plus au nord que le pèlerinage chrétien, se situe le pèlerinage antique.
Pour eux, c'était celui-là, le pèlerinage initiatique, celui qui jalonné de mégalithes, devait leur inculquer les arcannes d'une technique de construction cyclopéenne, mais aussi et surtout, la sacralisation de l'espace par la construction et la mise en oeuvre d'édifices résumant et incorporant les connaissances du règne minéral et chtonien.
Dans cette perspective ils furent épaulés. L'un des premiers à avoir pris conscience de l'importance de cette entreprise par le biais du pèlerinage St Jacques ne fut autre que WITIZZA (750-821) abbé Wisigoth d'Aniane (Hérault) connu sous le nom de St Benoit d'Aniane. C'est donc lui qui assura la jonction de l'ordre bénédiction avec les moines de St Colomban en Irlande. Il y eut donc par ce lien judicieux fusion entre tradition celtique et chrétienne... entre bâtisseurs et cultivateurs!
Compostelle, chemin où s'interpénètrent plusieurs traditions? Il ne faut pas en douter.
Le monastère de Leyre en pleine Galice, qui est du plus pur style irlandais, ou encore les styles Mozarabe et Wisigothique si présents dans les Pyrénées, nous le rappellent.
Il est probable que la plupart des maîtres duvre d'Occident ont parcouru, au Moyen-Age, ce chemin. Qu'ils aient été moines ou laïques.
il semble que le "roman" ne soit venu lui-même qu'après l'ouverture chrétienne de ce chemin. Ce sont les ouvriers qui passèrent par-là qui furent à même de réaliser en France les grandes basiliques. S'ils n'y trouvèrent point le gothique, ils y avaient gagné d'être capables de le réaliser.
"Pour tous St Jacques fut le livre ouvert du savoir de la pierre"
Qui est St Jacques? Plusieurs versions veulent illustrer la vie de St Jacques... La plus courante indique que Jacques est le fils de Marie Salomé et de Zébédée. Dans ce cas il est le frère de St Jean l'Evangéliste. Il est pêcheur lorsque Jésus lui demande de le suivre. Puis Jacques reçoit la mission d'évangéliser les celtibères. La tradition décrit cette tentative comme un véritable échec: neuf conversions selon les uns, deux selon d'autres et aucune dans d'autres récits... Dépité Jacques repart pour la Palestine et se sent beaucoup plus à l'aise pour y réaliser ses prédications. Il parvient même à convertir le célèbre magicien Hermogène... et bien d'autres. Tant d'autres que les juifs s'en inquiètent, puis finissent par l'intercepter et le faire comparaître devant Hérode Agrippa. Jacques est condamné à mort.
Se rendant entravé sur le lieu de son supplice, Jacques redonne la vue à un aveugle... voyant ce miracle, Josias, scribe juif qui avait fait juger l'apôtre, se convertit aussitôt et se jette au pieds de Jacques en implorant le pardon... qui lui fut accordé mais qui lui coûta de subir la même mort que St Jacques: le décollement. Le corps du Saint jeté aux animaux fut récupéré par ses disciples. Ils seront sept à embarquer avec la dépouille sur une embarcation seulement guidée par le souffle divin. Le voyage durera 7 jours... et L'aréopage échoue justement sur les lieux où St Jacques ne put évangéliser les foules.
Un chevalier venu voir l'embarcation miraculeuse tombe dans les eaux avec son cheval. Il va se noyer. Soudain les eaux s'apaisent, et le cavalier et sa monture sortent sans mal des flots. Le harnais du cheval est alors recouvert de Coquilles St Jacques... C'est un miracle!!!
Le bateau remonte alors, toujours sous la volonté divine, les fleuves Ulla et Sar pour enfin accoster à Iria. Les amis du Saint voulant déposer le corps à terre sur un rocher, ce dernier se mit à fondre pour épouser parfaitement le corps de St Jacques et à se refermer sur lui pour mieux le protéger... C'est un autre miracle... qui sera reconnu, par plusieurs papes, comme authentique.
Translation du corps de St Jacques. fresques de l'église de St Rabasten
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Décapitation de St Jacques. Eglise de Rabasten
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Puis deux légendes se partagent la découverte du tombeau de St Jacques. Pour l'une, c'est un ermite, Pelagius, qui voit en songe le lieu de la tombe. Il se confie à l'évêque Théodomir, et les deux hommes guidés par une merveilleuse étoile arrivent dans un champ, donc "Campus Stellae" où ils découvrent les caveaux de St Jacques, de St Athenase et St Théodore.
Pour l'autre récit c'est un laboureur dont les bufs refusent de retourner un champ. La nuit venue, le laboureur émerveillé voit dans ce champ, sous une étoile magnifique, pousser des plantes aux vertus médicinales incontestables. Il en informe les autorités qui, ouvrant le lieu refusé par les animaux, découvrent le tombeau de St Jacques. Là encore le lieu se serait appelé du même nom...
Tout d'abord le sanctuaire de St Jacques n'est connu que de la seule Galice. Très vite la dévotion au Saint prend une ampleur phénoménale et ce sont des foules qui se déplacent déjà vers le tombeau... la chrétienté tout entière sera bientôt à propos des évènements et des miracles qui ne cessent de se produire sur ce "Champ d'Etoiles".
Nous sommes en 844 lorsque le roi Ramiro emporte la victoire contre les troupes des Maures. Tous, le roi en premier, reconnaissent avoir vu, de leurs yeux vus, surgir de la nuée un cavalier conduisant les troupes chrétiennes au combat, et à la victoire. Il n'y a pas l'ombre d'un doute, il s'agissait bien de St Jacques qui intercédait en faveur des guerriers de Ramiro. C'en était fait, St Jacques venait d'acquérir une popularité débordante, il était St Jacques le "Matamore"!!! (le destructeur de Maures). Il restera le symbole de la lutte contre tous les infidèles, musulmans et maures de toutes sortes. Il est vrai qu'à partir de ce moment la reconquête des terres perdues est un succès retentissant et incontesté.
Le pélerinage est, à présent, bien établi lorsque des pélerins allemands, toute une famille, se dirigent vers Compostelle. Lors d'une halte dans une auberge de Santo Domingo de la Calzada la fille de l'aubergiste fait des avances au fils de cette famille pélerine. Ce dernier, indifférent à la jeune femme, l'éconduit fermement. De colère, elle dissimule dans le sac du Jacquet de la vaisselle d'argent. Affirmant avoir surpris le pélerin en flagrant délit, ce dernier est condamné sans appel au gibet. Le supplice achevé, les parents de la victime, écrasés de chagrin, poursuivent leur périple afin de prier pour le repos de l'âme de leur fils.
Sur le chemin du retour ils s'arrêtent pour honorer la mémoire de leur enfant. Arrivés au pied du gibet ils trouvent la victime toujours en vie, bien que la corde au cou, maintenue et portée par st Jacques lui-même. Les pélerins s'empressent de quérir le juge. Ce dernier attend son repas devant un coq et une poule rôtissant dans la cheminée. Agacé, le juge refuse de croire ce récit. Il prétend qu'il ira sur place seulement si la poule s'enfuit et si le coq chante... Sur le champ le coq et la poule se libèrent de la broche et s'enfuient en caquetant. S'en est trop, le juge innocente le pendu et condamne la fille de l'aubergiste à être brûlée...
Ce récit légendaire fut repris en de maintes occasions pour illustrer les miracles merveilleux de St Jacques, et pour commémorer ce fait exceptionnel une poule et un coq sont toujours à l'entrée de l'église de Santo Domingo de la Calzada... non plus embrochés mais seulement dans une cage!