Notre époque est celle des incertitudes sur nombre de sujets et nous sommes de plus en plus à percevoir que nos sociétés progressistes sonnent le glas quant au promesses qui furent les leurs. Nous assistons à une danse macabre en laquelle telles des
La Croix Celtique
Musique Celtique
Si nous entourons d'un cercle l'intersection des branches d'une croix familière, nous obtenons une croix celtique. Sa dénomination découle principalement de son apparition dans les contrées celtiques britanniques entre le VIIe et le IXe siècle, notamment au pays de Galles, en Écosse et en Irlande. Le cercle peut aussi bien orner une croix aux branches égales qu'inégales.
La croix celtique s'apparente à la rouelle (celtique) à 4, 6 ou 8 rayons. Contrairement à nombre d'affirmations, la rouelle n'est pas un symbole exclusivement solaire. Elle est avant tout un symbole du Monde où le Centre se déploie jusqu'à la périphérie (circulaire). La rouelle constitue un symbole du Monde dans son Unité, son Principe (Centre) et sa manifestation (roue cosmique). Elle décrit aussi le Monde dans son mouvement alternatif entre le Centre et la périphérie. En effet, le Principe étant le Tout, tout en émane et tout y retourne.
La rouelle est surtout répandue sous la forme à 6 ou 8 rayons, particulièrement dans les traditions hindoue et celtique:
Le débordement des branches de la croix celtique par rapport au cercle nous laisse subodorer l'immense potentiel du développement de l'être au-delà de la sphère humaine:
Il s'ensuit que le point d'intersection des branches inégales de la croix (celtique) représente le centre associé à un état d'être spécifique qui se déploie horizontalement. Les points de la branche verticale correspondent aux centres associés à la multitude indéfinie des états d'être. Quant à la verticale proprement dite, elle est générée à partir d'un point unique, le Centre ou Principe impossible à spécifier.
Pour des facilités de représentation, le Centre est parfois assimilé au point d'intersection des branches de la croix, c'est-à-dire au centre d'un état quelconque (spirituel ou non). Il est vrai que l'être peut à tout moment rejoindre le centre d'un tel état et de là atteindre le Centre.
Dans diverses traditions, les quatre branches de la croix (celtique) représentent les quatre fleuves s'écoulant en direction des points cardinaux à partir du sommet de la Montagne Blanche 1 située au milieu de la verte contrée et symbolisant le Centre.
Une superbe illustration de cette représentation nous est offerte par le patio des lions de l'Alhambra à Grenade. L'eau s'écoule selon les quatre directions cardinales depuis une vasque circulaire centrale soutenue par douze lions figurant le zodiaque ou la ceinture du Cosmos. Le débordement des branches de la croix par rapport à la ceinture zodiacale suggère un développement de l'être au-delà du Monde cosmique évoquant un nouveau Monde, un Monde véritablement spirituel, un Monde supra-cosmique. Un motif similaire se retrouve dans la cour circulaire du palais de Charles Quint tout proche.
Le dessin de la croix celtique remonte très loin dans le temps comme en témoigne les rouelles de l'Âge de Bronze (voir le dessin ci-contre). Il se retrouve aussi bien dans le tracé des camps vikings que dans celui des populations indiennes de l'Amérique du nord.
Le camp viking se composait principalement d'un imposant rempart circulaire entourant nombre de casernes qui étaient en fait des châteaux. Celui de Fyrkat au Danemark en comportait seize répartis de manière égale entre quatre quartiers séparés par les branches d'une croix. La branche verticale représente l'axe solsticial et l'horizontale l'axe équinoxial. Le nord, en haut, correspond au solstice d'hiver, début de la phase ascendante du soleil vers le pôle nord céleste, le point immobile autour duquel tournent les étoiles et les astres errants pour la population vivant dans l'hémisphère nord. Le sud, en bas, est associé au solstice d'été, commencement de la phase descendante en direction du pôle sud céleste. L'est et l'ouest marquent le milieu de chacune des deux phases.
L'élévation vers le nord, le haut, correspond à l'accès au Monde spirituel. La descente vers le sud, le bas, signifie un retour vers le monde cosmique des humains faute de pouvoir accéder au Monde d'en haut.
Tout comme pour le camp viking, la croix servait de base à l'établissement du camp de tribus indiennes, Sioux notamment. Les tipis étaient disposés en cercle autour du tipi central du gardien du feu. Orientée selon les points cardinaux, la croix symbolisait l'harmonie de l'être avec le Cosmos. Elle présidait également au rituel de la danse. Diverses croix ornaient vêtements et poteries et l'une d'elles servit même d'emblème pour le drapeau de l'État du Nouveau Mexique.
La forme la plus connue de nos jours reste néanmoins la croix celtique ornée d'entrelacs. Elle rappelle fortement le travail du métal et la frappe des pièces de monnaie. Dans le dessin des entrelacs, les noeuds correspondent à autant d'états ou de modalités d'un état que l'être doit parcourir avant de rejoindre les états supérieurs ou le Centre. La corde relie en effet les états d'être et leurs modalités entre eux et au Principe qui les unit. Il arrive que le cheminement le long de cette corde nous ramène à un noeud proche de notre point de départ à l'image du parcours des labyrinthes de nos églises. L'être croît alors être revenu au point d'où il est parti sans prendre toute la mesure du chemin ou des états parcourus. Il peut aussi s'élever le long de la branche verticale et la redescendre soudainement ou s'approcher du centre de la croix et s'en éloigner désespérément. Ces va-et-vient suggèrent que rejoindre le Centre passe par un saut dans le vide de l'existence, par une brusque rupture dans la déambulation de l'être durant les pérégrinations et péripéties de la vie.
Ces diverses représentations nous incitent à rassembler les différents aspects de la croix celtique dans un unique dessin en trois dimensions.
Tout, absolument tout, dans l'univers est la manifestation du Principe, de l'Un, du Centre, du Tout. Il est symbolisé par le point invisible qui génère tous les points de la verticale de la croix tridimensionnelle. Les points de la verticale représentent la multitude indéfinie des états de l'être depuis les plus ordinaires (bas) aux plus spirituels (haut). Plus précisément, ces points constituent les centres associés aux différents états d'être dont les possibilités se déploient dans un plan horizontal repéré par les quatre directions cardinales. La sphère qui enveloppe un état spécifique symbolise la sphère cosmique où l'être peut développer ses possibilités physiques et psychiques. Le prolongement des branches au-delà de la sphère suggère que l'être peut développer des possibilités d'un autre ordre, de nature proprement spirituelle et relevant du Monde supra-cosmique. L'être qui ne parvient pas à franchir les portes ouvrant sur le Monde de l'au-delà retrouve le monde cosmique et doit continuer à tourner sempiternellement en rond en passant par une multitude d'autres états. Tel est notre lot commun qu'il nous appartient d'accepter tant que nous ne parviendrons pas à atteindre le Centre, à sauter dans le vide total qui nous effraye tant. Ce vide est total seulement à nos yeux car vide de tout ce que nous connaissons, mais plein de tout ce que nous ne connaissons pas (encore).
La croix celtique nous montre que le véritable Centre n'est pas le centre de la croix familière (associé au centre d'un état d'être déterminé), mais ce point invisible du Monde non-manifesté qui n'est nulle part. Un Monde que nous laisse subodorer le cercle de la croix, symbole de la sphère cosmique propre au monde visible ou manifesté qui lui est partout, tout autour de nous, où que nous soyons. Passer du monde extérieur au Monde intérieur, du monde qui nous environne au Coeur du Monde que nous portons sans le savoir en nous constitue l'issue ultime de l'existence de l'être.