• <o:p> </o:p>

    De l'Antimoine

     

     

    Calcination, sublimation, distillation, Combustion, Fusion, Macération, Extraction, Dissolution & Filtration.<o:p></o:p>

    Eaux, Fleurs, Chaux, Foie, Verre, Extrait, Régule & Soufre auré.<o:p></o:p>

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    Explication.<o:p></o:p>

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    Le Nombre 1. Au côté droit de la Cheminée, représente un demi-Réverbère sur lequel est assise une terrine conforme ; et sur icelle un Aludel en façon de dôme bas, & ouvert en son fond comme aux fleurs de Soufre, et pardessus encore un Alambic avec son Récipient, se trouvant au bas du même Aludel, joignant le bord de ladite Terrine, une petite ouverture de la longueur d'un doigt, et de la hauteur d'un pouce, pour porter & remuer l'Antimoine avec sa spatule, & le tout mobile, pour en temps & lieu séparer l'Eau, les fleurs, & la chaux du même, sans addition, & par un seul fourneau.<o:p></o:p>

    Le Nombre 2. Du côté gauche de la Cheminée dépeint un grand mortier plein de flamme, avec une haute & grossière fumée, couvert toutefois d'une façon de dôme ouvert, pour empêcher que la matière ne se dissipe trop au dehors ; & pour faire voir la Calcination du même Antimoine par addition appelé foie, et de là sa fixation pour être sudorifique.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Le Nombre 3. Sur le milieu d'icelle Cheminée, fait voir un Serviteur prêt à jeter de la main gauche des petits paquets, dans un Pot ou Creuset de terre, appliqué sur un fourneau à feu ouvert ; & tenant de la droite avec des pincettes, le couvercle, pour marquer la purification ardente de l'Antimoine qu'on nomme Régule.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Le Nombre 4. Au milieu du Laboratoire démontre l'autre Serviteur, qui jette l'Antimoine fondu dans un poêlon plat en son fond, tenant le Creuset ardent, avec des pincettes de la main droite, & remuant le même poêlon de la gauche, joignant le fourneau allumé pour le verre du même.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Le Nombre 5. Sur le bout droit de la Table, contient le foie d'Antimoine en gros morceaux d'une part, et un mortier avec son pilon de l'autre, ensemble une grande bouteille à demie pleine, pour faire voir le vin Emétique ou vomitif du même foie d'Antimoine, et d'icelui l'extrait.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Le Nombre 6. Au milieu de la Table, montre Hermès qui ayant cassé le bas du Creuset, qui contenait le Régule, tenant icelui sur sa main gauche, tâche de le casser avec un marteau qu'il tient de la droite, se trouvant d'un côté le Creuset, couché, & cassé en son fond, & de l'autre une terrine à demi-pleine d'eau commune, avec un linge, servant à essuyer le même Régule, ayant été lavé de ses fèces.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Le Nombre 7. Sur le bout gauche de la même Table exprime un chaudron plein d'Eau sur un Réchaud, & au bas les fèces ou marc du Régule en pièce, d'un côté, et un Entonnoir Hermétique avec son petit banc, & Récipient au-dessous, de l'autre, pour faire voir la Dissolution des même fèces, qu'on appelle Soufre auré d'Antimoine.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Sommaire.<o:p></o:p>

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    En cette manière, la Calcination, Sublimation, & Distillation de l'Antimoine, sans addition, & par un seul fourneau étant disposées : ensemble la première déflagration par addition. Le premier Serviteur opère pour faire la purification du même à feu de fonte nommé Régule ; et le second travaille à sa Vitrification : De là Hermès ayant montré comment il faut préparer le Vin, ou l'Eau Hermétique, c'est à dire Vomitive, de la poudre du même foie, ou verre ; et de la son extrait ; il casse dans sa main ledit Régule, pour donner à connaître son Intérieur, & procéder à la Dissolution, Précipitation, Filtration, & Dessiccation de son Marc, appelé soufre Auré.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

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    Chapitre I<o:p></o:p>

    Calcination, Verre, Foie,<o:p></o:p>

    Safran, Eau, Teinture & Huile d'Antimoine<o:p></o:p>

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    Description.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    I _ Prenez de très bon Antimoine crud, la quantité que vous voudrez ; pulvérisez-le subtilement ; & le mettez dans une Terrine, ou autre vase de terre à fond plat, non vernissé, qui résiste au feu, et mieux dans une poêle de fonte bien unie au-dedans, savoir sur les Charbon ardents, le remuant toujours avec une verge ou spatule de fer, pour empêcher qu'il ne s'y attache, ou se grumelle ; auquel cas étant refroidi, faudra le bien repiler, pour continuer la Calcination jusqu'à ce qu'il vienne en Couleur de Cendres, empêchant toujours qu'il se réunisse, le broyant jusqu'à la fin.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    II_ Quoi fait, remettez cette poudre grisâtre dans un Creuset : et sur quatre onces d'icelle, ajoutez si vous voulez une demi-once de Borax fin, ou du Sel Armoniac, faites le tout fondre peu à peu, & de temps à autre plongez-y un fil d'Archal présentant à l'air, ce qui s'y tiendra de la matière, pour éprouver si elle sera assez cuite & transparent ; que si elle était aussi trop jaunâtre vous y pourrez ajouter la grosseur d'un demi pois d'Antimoine crud ; et étant très bien fondu et vivement, vous viderez le dessus du Creuset, qui est le plus impur, dans quelque vaisseau à part ; et le reste sur un porphyre, marbre ou sur une platine d'acier bien polie, et semblablement secs, et un peu chauds, l'étendant également de l'épaisseur, du dos d'un petit couteau, pour voir plus aisément à travers. Et en cas qu'il ne succède, ce sera le signe, qu'il n'était point encore assez cuit, ou qu'il est devenu terrestre, par le frottement de la Terrine, n'en étant pas moins vigoureux, pour composer l'Eau, ou le vin Emétique.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    III_ C'est pourquoi il faut le refondre tant et si souvent qu'il agrée, l'écumer, s'il est besoin, avec une spatule, séparant toujours ce qui sera vitrifié, pour avoir plutôt fait, et le refondre ensemblement, dans un nouveau Creuset, observant de donner sur la fin la fusion très chaude pour le bien épurer et séparer de sa terrestréité visqueuse qui surnage. Et ce promptement à cause de la sublimation qui l'épaissit et le diminue, en quoi faut accorder, que les petites opérations ne succèdent jamais comme les grandes, particulièrement s'il est requis un grand feu, et une longue cuite.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    IV_ Quant au foie d'Antimoine, mettez pour trois parties d'icelui deux de Salpêtre raffiné, ou pareille quantité, s'il ne l'est, comme moins agissant, et mêlé d'autres Sels, pilez-le dans un mortier de fer, ou de bronze, et enflammez le tout ensemble dans le même mortier, avec un charbon allumé, sous une cheminée seulement, à cause de la fumée, qu'il faut éviter, si on ne la accoutumé, sans le remuer aucunement, pour séparer plus facilement la matière Minérale d'avec les Sels fixes, qu'à ce sujet n'est point nécessaire de radoucir ; puisque le Sel fixe en est de soi-même séparé, et s'appelle foie d'Antimoine tant qu'il est en masse, à cause de sa couleur, et puis safran, quand il est mis en poudre, devenant jaunâtre par la trituration, plus ou moins calciné.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    V_ La Teinture se peut tirer, tant d'icelui que du verre, mis en poudre très subtile, par le vin blanc, vin muscat, vin d'Espagne, et autre très bon, qu'on fait évaporer en extrait. Cette même poudre infusée dans le vin blanc avec quelque Aromate pour Correctif, ou Corroboratif, est appelée communément l'Eau bénite de Rulland, l'un de ses premiers Auteurs, qu'il faut toujours filtrer, par le papier gris, auparavant que de l'administrer. N'étant point nécessaire de se peiner du poids de la poudre, quant à l'infusion, puisque la liqueur n'en prend que ce qu'elle en peut porter, et partant afin de ne la submerger, il est bon de mettre moins de liqueur. On doit toutefois prendre garde que le vin ne s'aigrisse, et que de la sorte, il ne nuise à l'estomac, étant meilleur pour ce sujet de le faire infuser dans l'eau commune.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    VI_ Semblablement au-dessus de l'infusion, et pour expédier plutôt, on pourra faire bouillir le même Safran dans lesdits véhicules, l'espace d'une demi-heure, et étant refroidi procéder comme dessus. Bref pour avoir l'Huile du même, il ne faut qu'ajouter aux dites préparations, ou poudres seiches, et subtiles, quelque Menstrue onctueux, les bien incorporer ensemble ; puis les distiller, par la Cornue, au demi Réverbère, ou à feu de suppression, cohobant par quelques fois, ou refondant la même distillation, jusqu'à ce que le Marc, ou lesdites poudres ne se corporisent plus. En cette sorte.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Sens Physique.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    VII_ Par cette Description, nous apprenons premièrement que l'Antimoine, ou Entremine, c'est-à-dire Minéral moyen, est un Corps solide, ou compacte, et Volatil ou vaporable, Composé de grande quantité de Soufre combustible, de beaucoup de Mercure Métallique fuligineux, ou indigeste. Assez d'Armoniac, et un Sel pierreux fort terrestre, unis ensemble dans les principes Communs, mais imparfaitement encore pour sa faible coction, ou maturité. La solidité est assez connue par sa dureté, et la volatilité par sa fusion. Le Soufre se manifeste à nos yeux, et au flairer, par se propre couleur, et odeur, en la simple Calcination d'icelui, particulièrement si elle est faite en lieu ténébreux, ou de nuit, ce qui est fort admirable ; toutefois faut que le fond du vase, soit rouge du feu, afin qu'il se fonde, et s'enflamme.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    VIII_ Le Mercure se montre ; mais en suie visqueuse, et adhérante, son élévation très subtile étant retenue comme en toute autre sublimation, avec industrie toutefois particulière. L'Armoniac s'élève avec le même Mercure en fleurs blanches, que le Soufre rougit par la force du feu ; et le Sel pierreux est connu, par la vitrification, qui en est faite, moyennant ladite Calcination, aidée par u autre Sel subtile, à la façon du verre commun, suivant le plus, et le moins duquel, il est opaque, ou transparent, solide, et coloré.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    IX_ En second lieu, nous reconnaissons le même Soufre trop évident, en la plus grande clarté du jour, et du Soleil, par la puissante, et prompte inflammation d'icelui, qu'on appelle Détonation, étant joint avec le Salpêtre, qui de soi ne brûle point, ou fort difficilement s'il n'est bien épuré, c'est à dire séparé des autres, tant fixes, que volatils. Comme aussi par le Cinabre, qu'il produit accompagné de Mercure vulgaire ou Argent-vif. Le même Mercure est évident, c'est-à-dire l'Interne seulement, puisque sans lui nulle fusion est faite d'aucun métal. En quoi se trompent grandement nos Hermétiques prétendus, qui confondent avec le Minéral tout à fait contraire à lui, bien que tous les vrais Philosophes crient d'une voix commune, Notre Mercure n'est point celui qui se vend aux boutiques. Et le Sel se découvre par les liqueurs dans lesquelles, suivant sa Nature, il se dissout, et se glisse très aisément, comme l'expérience témoigne ; mais ce n'est point encore le Sel qu'on trouve dans les Cuisines, et ailleurs, il est beaucoup plus universel, plus excellent, et nécessaire, puisque sans lui, il n'y aurait rien de solide, de continu, et de sensible.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    X_ D'avantage il est très clair, que toutes ses parties, ne sont unies, et comme vivifiées, que par l'Esprit commun, qui détermine son mouvement en lui, selon leur particulière habitude et proportion, pures, ou impures, resserrées ou non, de quoi les divers effets nous assurent tous les jours. Car ledit Antimoine étant ouvert, et séparé de soi même, s'il est administré au dedans, facilement il s'insinue en son Esprit, le long des pores fibreux guidés par la Chaleur Innée de l'Animal. Et partant comme cette substance est extraordinaire et inaccoutumée à sa Nature, elle s'excite soi-même, la rappelle, ou son Esprit dans son Centre, qui est l'estomac, et d'icelui la chasse hors de soi par toutes ses plus libres sortie du corps, et avec le même Antimoine tout ce qui la surchargeait auparavant ; ce qu'elle ne fait, que par le bas, si ledit Antimoine est en masse, comme par petites pilules, son Esprit étant entraîné par son poids propre, ou terrestréité.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    XI_ Et le tout à l'imitation du bon père de famille, qui ayant surpris son ennemi étranger, et découvert être entré à son insu chez lui, pour l'en déposséder, et le meurtrir, d'un cœur hardi, chaud et généreux, le poursuivit vivement de toutes parts, par portes et fenêtre, et avec lui ses ennemis occultes, et domestiques. Vrai est que si par malheur il se trouve plus faible qu'eux, comme contraires, et de nation diverse, pour lors il faut périr, ne plus ne moins, que si ledit Antimoine est trop abondant, ou trop impur ; il éteint notre chaleur, et nous fait mourir comme tout autre remède donné mal à propos.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    FACULTES.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    XII_ Toutes les opérations de l'Antimoine ont presque mêmes vertus, excepté la teinture, et l'Huile, qui ne sont pas ordinairement tant vomitives à cause de leurs additions. Et généralement c'est un remède, qui ne manque jamais, ou fort rarement, pour quelque maladie que ce soit, étant administré avec prudence, et connaissance du fait. Pour ne rendre blâmable le remède, qui de soi est très innocent et salutaire, particulièrement pour les maladies du cerveau, fièvres, hydropisies, et autres. <o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    XIII_ La dose du verre, qui peut aussi être mis en infusion est de quatre à six grains en substance. Celle du Safran de même. Celle de la teinture, et de l'Huile d'une demi-cuillerée. Et de l'eau, ou du vin de deux à trois onces. Ayant au préalable fait prendre quelque nourriture aux malades ; comme un bouillon, œuf mollet, etc. ; afin que d'abord l'estomac ne soit tant agité. Etant chose certaine, qu'après six heures, rien ne reste dans le corps dudit Antimoine, s'il n'y survient du manquement.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

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    Chapitre II<o:p></o:p>

    Fixation, Régule, Soufre,<o:p></o:p>

    Auré, et fleurs d'Antimoine<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Description.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    I_ Prenez du foie d'Antimoine, ou Safran, la quantité qu'il vous plaira ; et du Salpêtre très fin, de peur que la poudre n'en devienne terreuse, d'un chacun parties égales. Mêlez le tout pulvérisé, et l'enflammez pour la seconde fois dans un mortier de fer, ou de bronze. En après reprenez cette matière froide, et la replilez avec autant de Salpêtre, faisans comme dessus. Mais parce qu'elle ne s'enflammera plus, le Soufre de l'Antimoine étant déjà consumé, et que néanmoins la matière n'est point entièrement calcinée ou blanchie, remettez-le tout dans un bon creuset, à feu de fonte, afin qu'il s'enflamme, et que le reste du Combustible s'évapore le remuant toujours de peur qu'il ne s'attache audit Creuset.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    II_ Et comme il ne vaporera plus, tires le hors d’icelui tout enflammé, laissez-le refroidir, pulvérisez-le, et l’étendez sur du papier gris en quelque lieu froid et humide ; afin que le Sel fixe du Salpêtre venant à se résoudre, le papier le boive, le chargeant à proportion, qu’il sera mouillé, et jusqu’à ce que la poudre demeure sèche, n’étant point nécessaire de le dulcifier, ou radoucir autrement, si le Salpêtre est raffiné comme il est requis.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    III_ Toutefois vous procéderez, avec plus de contentement et utilité, si vous prenez le même foie en masse Minérale de la première Détonation, ou Inflammation, lui ajoutant le double, et quelque peu davantage, du même salpêtre très fin. Et le tout mis en poudre et mêlé, vous le jetterez peu à peu dans le même Creuset auparavant enflammé. Et après l’avoir cuit assez longtemps, et remué toujours avec une spatule, ou bâton long de fer, vous le jetterez tout ardent dans l’Eau froide, pour le radoucir, filtrer, et sécher, fort blanc.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    IV_ Au défaut du foie d’Antimoine, vous prendrez le crud, et lui ajouterez le triple, ou quadruple du même Salpêtre procédant comme est dit, et après avoir continué la Calcination, l’espace de deux heures ou environ, la remuant toujours, il faudra cesser le feu peu à peu, continuant l’agitation de la matière, jusqu’à ce que le Creuset demeure froid, sans autre radoucissement, que celui du papier gris, duquel ci-dessus.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    V_ Quant au Régule, ou purification d’Antimoine, ayant pris d’icelui, du Salpêtre et du Tartre crud, parties égales, ou non, ce que vous voudrez. Et pour exemple suivant notre méthode, huit onces d’Antimoine, six onces de Salpêtre, et quatre onces de bon Tartre, mettez le tout en poudre subtile, et ayant appliqué au feu de fonte, un bon Creuset proportionné à la quantité de la matière, ou un bon pot de terre non vernissé, qui ait le fond étroit et long, afin que le Régule se puisse mieux ramasser en corps ; jetez dans icelui ladite poudre, une cuillerée, après l’autre, ou bien par petits paquets, ou enveloppes de papier, le couvrant dès aussitôt, ou d’une pelle à feu, ou de quelque couvercle, qui soit pesant à cause de la Détonation.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    VI_ L’Inflammation achevée, remettez une autre cuillerée, ou petit paquet, comme la première fois, tant que durera la matière, et que la capacité du Creuset, ou Pot le permettra, prenant garde que le feu ne soit trop fort, ou trop faible, et que la fumée ne nuise. Partant il est nécessaire d’opérer sous la même cheminée, comme cela a été dit du foie, et du verre. Ce qu’étant expédié baillez le feu de fonte, ou fusion forte, jusqu’à ce que la matière soit entièrement liquéfiée, secouez par intervalle sur le même charbon, le Creuset ou le Pot, et jusqu’à ce que vous jugerez, que le Régule sera détaché de ses fèces, ou marc, et ramassé au fond. En après cessez le feu, tirez le Creuset à part. Et l’ayant laissé refroidir à son aise, rompez-le à fond Bas droitement, ou il peut être, que vous garderez pour son usage.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    VII_ Touchant le Soufre Auré, faites dissoudre en Eau bouillante le marc d’icelui Régule, dans un pot de terre vernissé, que vous filtrerez chaudement par un linge double, et à la liqueur versez-y goutte à goutte de bon vinaigre distillé pour le précipiter, et dessécher, sur la Cendre sèche ; étant à remarquer, qu’il est requis grande quantité d’Eau pour la viscosité de la matière, et sa longue teinture, à cause de quoi les dernière précipitations sont toujours les plus belles. Autrement et mieux pilez le grossièrement, pendant qu’il est sec, et le mettez résoudre en fort belle Huile jaune, pour le précipiter comme dessus. Auquel cas si les matière de ladite Purification, ou Calcination, ont été égales, il en sera plus beau et plus copieux.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    VIII_ Enfin les fleurs de même Antimoine se font comme celle du Soufre, et en même sublimatoire, excepté qu’elles ne s’étendent pas si bien au large, mais en haut que la matière soit toujours fondue, ou bien la jeter peu à peu par le trou qu’on aura fait au col du Pot, qui la contient, comme nous avons dit ci-dessus, et le fermant aussitôt après. Faut attendre d’y en refondre, qu’il ne sorte plus aucune vapeur par le dernier trou du Calcinatoire, continuant autant qu’il sera besoin, pou les radoucir. Bref des premières fleurs qui sont blanches se forment les rouges par une réitérée sublimation, et un plus grand feu.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Sens Physique.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    IX_ Quant à la Physique de cette seconde Description en suite de la première. Nous dirons que l’Extension, ou Malléabilité des Métaux à froid, ne dépend que du Soufre incombustible joint à son Mercure fixe, dans la solidité du sel permanent, qui les lie en un seul corps vivifié par l’Esprit commun qui meut toutes choses ; et nourri par les Eléments externes, desquels chaque partie constitutive d’icelui en prend ce qu’il lui en faut pour le grossir, et entretenir à la façon des autres Mixtes.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    X_ Etant manifeste quant à la Métallique, que le Mercure plus froid au-dedans, et moins au dehors fait la Congélation ; le Soufre au contraire, moins chaud au-dedans et plus au dehors cause l’Extension. Le premier tempère le second, et le dernier aide la fusion du premier. Et les deux sont unis inséparablement par la continuité du Sel Fixe, qui continue le solide avec eux, moyennant les même qualités.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    XI_ C’est pourquoi, comme l’Antimoine n’est qu’un commencement de Nature Métallique, et amas desdits Eléments, pour son entière Coagulation, avec quelques Circonstances requises, toutes ses qualités ne sont encore que crudités, lesquelles sont Germe très petit, et débile, comme il est en tous les commencements des Mixtes, n’a pu encore digérer et se les approprier, comme il appert par toutes ses fibres argentines séparées en soi, et mêlées avec leur nourriture, qui se doivent unir très parfaitement dans le temps de Nature, et du Climat, pour être vrai Métal.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    XII_ N’étant pas merveille si ledit Antimoine, fait des effets en nos Corps si variables, puisqu’il est encore trop désuni en soi-même, et que son germe Métallique ne demande pour s’étendre en son sujet, que d’être aidé par la Chaleur, comme il fait en nos Corps ; mais en son Esprit tant seulement, étant séparé de sa propre matrice et nourrice, que l’art ne peut imiter que très difficilement, et ne pouvant cesser d’être ce qu’il est, il se joint à son semblable, savoir le notre qu’il fortifie s’il est médiocre, pour se dépouiller des Excréments qui le surchargent, et l’accablent, ou qu’il détruit par le trop d’abondance et différence particulière, qu’il a déjà contracté avec le Métallique.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    XIII_ Vérité très bien reconnue par les Hermétiques, disants que par identité de substance le fixe s’unit facilement au fixe, et tout de même du Volatil, et de l’Esprit. Donc le Soufre combustible dudit Antimoine étant évaporé par le feu, il ne reste qu’une terre sèche, et échauffée, à raison de quoi elle peut être apéritive ; mais beaucoup moins que tout autre de cette Nature, étant destituée de la plus grande parties de ses Esprits.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    XIV_ Ce qui est vrai, principalement quand la Calcination en est faite par la société de quelque matière pareillement Combustible, comme le Nitre, ou Salpêtre, qui non seulement consume ledit soufre, mais encore son Mercure fuligineux, et fort crud, à moins qu’il soit conservé et séparé d’icelui par quelque fixe de Nature contraire, tel qu’est le Tartre, qui en se mêlant avec les autres, et les affaiblissant par sa présence, lui fait passage pour se purger du plus de ses impuretés, et paraître blanc, clair et brillant, sans extension toutefois, ou Malléabilité, faute de Soufre incombustible par la même crudité, comme nous avons dit, avec habitude, néanmoins de le pouvoir acquérir par Nature, et Circonstances requises.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    XV_ A cause de quoi il est appelé des même Hermétiques Régule, ou petit Roy, comme l’Enfant premier du Sang Royal Métallique, qui est véritablement fils, mais non pas homme parfait, c’est-à-dire vrai métal, ne pouvant l’être qu’avec le temps et la nourriture convenable, lesquels manquant il demeure toujours dans son enfance volage, froid et suffoqué de l’abondance de ses ordures, qui ne peuvent engendrer que puanteur, par diversité de leur Nature, comme il appert, savoir par quelque Menstrue contraire, qui la réveille, et l’excite, tel qu’est le vinaigre distillé, versé sur l’infusion du Marc dudit Régule, et ce qu’on appelle Soufre Auré.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    FACULTES.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    XVI_ L’Antimoine fixe nommé Diaphorétique, ou Sudorifique, chasse par sueurs plusieurs graves maladies, comme peste, fièvre d’Accès, mélancolie, hydropisie, etc. d’un scrupule à deux. Le Régule a les même vertus, que le Safran mis en Infusion, ou bouilli, comme a été dit, et à la même Dose. Le Soufre Auré est un bon diaphorétique aussi, avec Eau de charbon bénit, scabieuse et semblables. Il sert aux fièvres, et à la peste, de six grains à un scrupule. Les fleurs effectuent le même, mais avec plus de vigueur et moindre Dose, parce qu’elle sont les parties de l4antimoine plus détachées et raréfiées.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>





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