• Le Calendrier

    Le Calendrier

     

    Le Calendrier par Paul V.

     

     
    Introduction

    Le calendrier c'est la mesure de l'espace-temps d'une civilisation, d'une culture d'un peuple. Le calendrier se repère sur nos connaissances « astronomico-culturel » et nous créons un ressenti sur des bases astrologiques.
    On voit tout de suite que parler du temps qui passe, de la mesure de la vie quotidienne s'appuie sur une notion suggestive, une perception intuitive, d'où une grande difficulté pour les enfants qui ne sont pas élevés avec un rythme naturel et familial. Ils savent lire l'heure, mais n'ont pas de repère en dehors de la montre ou du calendrier.

    Je ne traiterai pas les calendriers de façon exhaustive ou personnalisé car un seul travail n'y suffit pas et ce type d'informations objectives est très accessible en web ou en livre. Ce qui m'importe c'est le rythme de la vie des hommes et la place de celui-ci dans le temps compté sur la vie.

    Définition : Le calendrier mesure du temps lunaire ou solaire. Système de calcul du temps en jours, semaines, mois et années.

    Bases astronomiques :
    Le jour solaire est l'intervalle de temps séparant par exemple deux levers, deux couchers ou deux passages consécutifs du Soleil au méridien. Le jour solaire variant au cours de l'année de 23 h 59 min 39 s à 24 h 0 min 30 s, on définit un jour solaire moyen de 24 heures exactement.

    La lunaison, ou mois synodique, est l'intervalle de temps séparant deux nouvelles Lunes consécutives. Mais, en raison de la complexité du mouvement de la Lune autour de la Terre, la lunaison peut varier entre 29 j 6 h et 29 j 20 h. L'observation d'un très grand nombre de lunaisons a permis de définir une lunaison moyenne égale à 29,530 589 jours (soit 29 j 12 h 44 min 3 s).

    La durée de l'année dépend essentiellement du repère que l'on choisit dans le ciel. Ainsi le Soleil revient en face de la même étoile en une année sidérale égale à 365 j 6 h 9 min 9,5 s. Les saisons, quant à elles, sont liées au retour du Soleil au point vernal, intersection de l'équateur céleste et de l'écliptique.

    Le Soleil passe en ce point (mobile par rapport aux étoiles) à l'équinoxe de printemps (le 20 mars en moyenne). L'intervalle moyen entre deux passages du Soleil au point vernal (ou point gamma) s'appelle l'année tropique ; celle-ci est également égale à 365,242 19 jours (soit 365 j 5 h 48 min 45 s).

    Astronomie les origines de l'astrologie
    Il est certain aussi que la définition du calendrier conduisit l'homme à observer les étoiles. Les levers et couchers héliaques des constellations (époques où elles deviennent visibles le matin, avant que le Soleil ne se lève, et époque où, le soir, elles deviennent invisibles car elles se couchent avant le Soleil) sont de bons repères pour marquer les périodes de l'année. On a retrouvé la liste de trente-six constellations déjà définies par les Babyloniens, et il est très probable qu'il faille voir là la première ébauche du zodiaque. Indépendamment, une astronomie semblable s'est développée en Amérique précolombienne, mais bien plus tard.
    Chez les peuples anciens, le ciel est bien autre chose qu'un objet de curiosité. L'homme est d'abord frappé par la régularité des phénomènes célestes, du retour sans cesse identique du Soleil, de l'alternance régulière des saisons ou des phases de la Lune. Il ne conçoit pas encore l'existence de lois physiques naturelles auxquelles obéirait le mouvement des astres. C'est un esprit essentiellement mystique, comme l'homme des civilisations primitives contemporaines, qui attribue cette régularité à l'action d'êtres supérieurs, de dieux tout-puissants. Cela donne naissance à un culte de ces divinités, culte qui provient d'abord d'un sentiment de crainte et est destiné à s'attirer les faveurs du ciel.
    La divinité s'identifie souvent d'ailleurs aux objets eux-mêmes : le Soleil qui donne sa chaleur et sa lumière, dieu favorable, la Lune, astre de la nuit, souvent considérée comme un dieu malfaisant, Vénus, etc. Les principaux événements astronomiques, nouvelle lune, début des saisons, etc., sont alors marqués par des cérémonies, dont il reste encore de nos jours de nombreuses traces. En outre, les événements inattendus, éclipses, comètes, bolides, novae et supernovae, etc., sont attribués à la colère divine.
    Ce culte des objets célestes conduit rapidement à attribuer à ces astres une influence sur la destinée humaine et donne naissance à l'astrologie qui, sauf peut-être chez les Grecs, a dominé, dans le monde entier, l'astronomie jusqu'à la Renaissance.
    Les plus anciennes civilisations sur lesquelles nous possédons des informations occupent, entre 5000 et 4000 ans avant J.-C., les plaines fertiles de Chine, des Indes, de Mésopotamie et d'Égypte, mais c'est probablement en Mésopotamie, sur les bords du Tigre et de l'Euphrate, que l'observation des astres tint le plus de place.
    Vers 3000 avant J.-C., les villes sumériennes, comme Uruk, Nippur, au sud de la Mésopotamie, ont déjà une culture très développée, qui fut par la suite transmise aux Babyloniens situés plus au nord. Les Sumériens furent les inventeurs de l'écriture cunéiforme. Les tablettes les plus anciennes qui nous soient parvenues datent seulement de 2800 avant notre ère, mais elles montrent que l'astronomie était à l'honneur depuis longtemps déjà. Il nous est possible de reconstituer le calendrier utilisé à cette époque, et de suivre les efforts faits pour l'améliorer.

    De même, les besoins de l'astrologie conduisirent aux premiers essais de prédiction des éclipses – cela nécessitait une étude approfondie des observations anciennes. On a ainsi retrouvé dans la bibliothèque d'Assurbanipal à Ninive (650 av. J.-C.) un grand nombre de tablettes astronomiques, dont les plus anciennes doivent remonter au XXe siècle avant J.-C. On y traite de la marche en zigzag des planètes, des constellations et de leur lever héliaque ; on y trouve une description précise du zodiaque, tel que nous l'utilisons encore de nos jours ; on y trouve aussi des tables donnant la liste des éclipses passées, et tentant de prédire celles à venir. Il devait revenir aux Grecs de dépouiller l'astronomie de cette gangue, et de la transformer en une véritable science.

    Histoire.
    Chez les peuples usant d'un calendrier solaire, le début de l'année a toujours été fixé par pure convention. Ainsi, l'année romaine commençait avec le mois de mars (les noms de nos quatre derniers mois de l'année, tout comme leurs abréviations anciennes, rappellent clairement qu'ils occupaient, dans ce premier calendrier romain, les positions sept [septem, 7bre], huit [octo, 8bre], neuf [novem, 9bre] et dix [decem, 10bre]). Jules César, sur les conseils de Sosigène d'Alexandrie, avança de trois mois cette date : l'an 709 de Rome (— 45 des chronologistes, — 44 en notation algébrique des astronomes) commença le 1er janvier, et c'est la date initiale de la réforme julienne, que Rome – et avec elle les nations soumises à sa domination – appliqua pendant 345 ans...

    Il y a très longtemps, lorsque les calendriers ont été inventés, il a fallu donner un nom. Tous les noms des jours ou des mois que nous connaissons viennent du latin. Il faut savoir également qu'à l'époque, l'année ne commençait pas en Janvier mais en Mars.
    Juillet et dédié à Jules César car c'est un des créateur du calendrier actuel et c'est également son mois de naissance.

    Origine du nom des mois de l'année :
    Le nom des mois de l'année ont pratiquement tous comme origine le nom des Dieux Romains.
    Janvier : vient de januaris mensis qui signifie "mois de Janus", dieu romain du commencement
    Février : vient de februarus mensis qui signifie "mois des purification".
    Mars : vient de martius mensis qui signifie "mois de Mars", dieu romain de la guerre.
    Avril : vient de aprilis mensis qui signifie "mois d'Aphrodite", déesse de l'Amour.
    Mai : vient de maius mensis qui signifie "mois de Maia", fille d'Atlas et Pléioné, mère d'Hermès.
    Juin : vient de junius mensis qui viendrait de Junon, déesse italique ou alors de Junius Brustus, premier consul romain.
    Juillet : vient de Julius mensis, mois en l'honneur de Jules César. Précédemment appelé Quintilis du nom de "quintus", Cinq, Parce que c'était le 5tème mois de l'ancien calendrier Romain
    Août : vient de Augustus mensis, mois en l'honneur de l'empereur romain Auguste. Précédemment appelé Sextilis du nom de "sextus", six, Parce que c'était le 6ème mois de l'ancien calendrier Romain.
    Septembre : vient de september mensis qui signifie "septième mois" de l'année du calendrier Romain.
    Octobre : vient de october mensis qui signifie "huitième mois" de l'année du calendrier Romain.
    Novembre : vient de november mensis qui signifie "neuvième mois" de l'année du calendrier Romain.
    Décembre : vient de december mensis qui signifie "dixième mois" de l'année du calendrier Romain.

    Origine du nom des jours de la semaine :
    Les noms des jour de la semaine ont pour origine, également, le nom de Dieux Romains. c'est d'ailleurs également la même racine utilisé pour donné le nom aux planètes de notre système solaire (Vénus, Jupiter, Saturne, Mars, etc).
    Lundi : vient de Lunae dies qui signifie "jour de la Lune".
    Mardi : vient de Martis dies qui signifie "jour de Mars".
    Mercredi : vient de Mercoris dies qui signifie "jour de Mercure".
    Jeudi : vient de Jovis dies qui signifie "jour de Jupiter".
    Vendredi : vient de Veneris dies qui signifie "jour de Vénus".
    Samedi : vient de Sambati dies qui signifie "jour du sabbat".
    Dimanche : vient de Dies dominicus qui signifie "jour du Seigneur".

    Mais, au fil des siècles, l'année n'a pas commencé partout au 1er janvier, et son début a varié au gré des Églises, des époques et des pays. Pour ne citer d'abord que la France, l'année commençait le 1er mars dans nombre de provinces aux VIe-VIIe siècles ; à Noël au temps de Charlemagne (et en certains lieux, tel Soissons, jusqu'au XIIe s.) ; le jour de Pâques sous les Capétiens, ce qui donnait des années de longueur très variable (usage quasi général aux XIIe-XIIIe s., jusqu'au XVIe s. dans certaines provinces) ; toutefois, en quelques régions, l'année commençait à date fixe, le 25 mars, jour de l'Annonciation.

    C'est ainsi qu'on peut lire, dans la Généalogie des rois de France (1506) de Bouchet : « Charles VIII alla à trépas au chasteau d'Amboise le [samedi] 7 avril 1497 avant Pasques [le 15 avril cette année-là], à compter l'année à la feste de Pasques ainsi qu'on le fait à Paris, et en 1498 à commencer à l'Annonciation de Nostre-Dame ainsi qu'on le fait en Aquitaine. » Ce n'est qu'en 1564 que, par édit de Charles IX, le début de l'année fut obligatoirement fixé en France au 1er janvier ; et les fausses étrennes et « poissons d'avril » sont un lointain souvenir des dates révolues.
    La République ayant été proclamée le 22 septembre 1792, date qui se trouvait être le jour équinoxial d'automne, le calendrier républicain fixa le début de l'année « au jour civil où tombe l'équinoxe d'automne au méridien de Paris ».
    En Russie, l'an commençait le 1er septembre ; à compter du règne de Pierre le Grand, il commença le 1er janvier. Quant à l'Angleterre, où l'an débutait le 25 mars, elle n'accepta le 1er janvier qu'avec la réforme grégorienne : l'année anglaise 1751 ne comporta que neuf mois et une semaine !

    Le début de l'année civile
    Il nous semble tout naturel, aujourd'hui, de commencer l'année au 1 janvier. Quoique si on regarde un agenda scolaire, on peut se demander si l'année ne commence pas au 1 septembre. Il suffirait qu'au 31 août nous passions de 2006 à 2007 par exemple pour nous imaginer ce qui s'est passé à une certaine époque.
    Et cette époque, c'est encore le Moyen Âge. Sauf que, bien entendu, ce n'était pas la rentrée scolaire qui dictait le changement d'année ! Mais de nombreuses dates, qu'on appelle styles furent utilisées. Pour la plupart, elles correspondaient à des événements religieux.
    Nous allons rester en France et faire le tour des principaux styles utilisés, les uns étant à date fixe, un autre à date variable.
    - Le style du premier mars fut utilisé aux VI ème et VII ème siècles.
    - Le style de la Nativité (25 décembre) était en vigueur chez les Carolingiens. Par exemple, Charlemagne est couronné le 25 décembre 800, premier jour de l'année.
    - Le style de l'Annonciation (25 mars) est en fait double et comporte le style florentin (utilisé dans le Midi et le Dauphiné) qui retarde de trois mois sur le nôtre et le style pisan qui a un an d'avance sur le précédent, et donc 9 mois sur le nôtre.
    - Le style de la Résurrection ou style pascal fut adopté à partir du XII ème siècle et se généralisa aux XII ème et XIII ème siècle. Malheureusement pour les historiens, qui doivent chercher les dates de Pâques pour savoir quand change l'année. Étonnant aussi, ce style, par le fait qu'il faisait varier la longueur de l'année qui pouvait durer de 330 à 400 jours.

    Et le style du premier janvier alors ?

    Le problème, c'est que janvier était consacré à Janus, divinité païenne s'il en est et que personne n'était très chaud pour faire débuter l'année au 1 er janvier. Jusqu'à un certain 9 août 1564.
    Pour affermir le pouvoir de son fils Charles IX, Catherine de Médicis entreprend avec lui un long voyage à travers le royaume (1564-1566). Le nouveau roi n'a alors que 13 ans. Suite à une épidémie de peste, toute la famille et consorts se réfugient à Roussillon pas loin de Lyon. C'est là que Charles IX et ses ministres (à moins que ce ne soit l'inverse) Michel de l'Hospital et Sébastien de l'Aubespine révisent une loi relative à la justice. Ils y ajoutent, on ne sait pourquoi, un article 39 qui stipule que l'année commencera désormais le 1 er janvier. C'est l'Édit de Roussillon dont voici une partie du texte :
    "Voulons et ordonnons qu'en tous actes, registres, instruments, contracts, ordonnances, édicts, tant patentes que missives, et toute escripture privé, l'année commence doresénavant et soit comptée du premier jour de ce moys de janvier.
    Donné à Roussillon, le neufiesme lour d'aoust, l'an de grace mil cinq cens soixante-quatre. Et de notre règne de quatriesme. Ainsi signé le Roy en son Conseil" Sébastien de l'Aubespine.

    Effet retard aidant, il faudra attendre 1567 pour que l'Édit soit appliqué à Paris et encore plus tard pour le reste du royaume. Et, peu de temps plus tard, en 1582, ce fut la grande réforme grégorienne.
    La chronologie telle que nous la connaissons était née.


    La naissance du Christ
    Nous sommes en 525. Jean 1er, par l'intermédiaire des chefs de la chancellerie Boniface et Bonus, demande à un certain Dionysius Exiguus de se pencher sur le comput pascal et de fixer les dates de Pâques pour les années à venir.
    Certains vont dire que ce n'est pas en 525 que cela s'est passé, mais en 523. Bon, si on commence à pinailler de 2 ans sur ce qui s'est passé il y a près de 2 000 ans, on n'est pas encore rendus ! Disons que Dionysius Exiguus a rendu sa copie en 525 et n'en parlons plus.
    Mais, avant d'aller plus loin, il nous faut bien passer quelques minutes à essayer de savoir ce qu'est ce fameux comput pascal et qui était cet illustre Dionysius Exiguus.

    Le comput pascalAux deuxième et troisième siècles, les chrétiens célèbrent dans un premier temps Pâques (résurrection du Christ) en même temps que la pâque juive c'est-à-dire le 14 nissan. Puis, le toute jeune Église chrétienne décide de se démarquer des juifs et de ne plus leur laisser le soin de déterminer la date de sa propre fête. N'oublions pas, en effet, que le calendrier juif est un calendrier lunaire fondé sur l'observation de la nouvelle Lune.
    Et tout ce beau monde se démarqua tellement que les communautés, au sein même de la Chrétienté, se démarquèrent également entre elles et que chacune fêtait Pâques à sa manière. Sans compter les quartodécimans (du latin quartodecimus : quatorzième) qui restèrent fidèles à la date de la Pâque juive.

    Est-ce en 325 que les 318 Pères de l'Église chrétienne, réunis au premier concile œcuménique de Nicée (aujourd'hui Iznik en Turquie) à l'initiative de l'empereur romain Constantin, fixèrent les règles de la détermination de la date de Pâques ? Les avis divergent à ce sujet mais, quoi qu'il en soit, s'ils fixèrent cette règle, ils n'en établirent pas les modalités d'application de façon précise.
    Nicée ou pas Nicée, la règle exista. Il y a plusieurs façons de la formuler et nous allons la décomposer pour bien marquer ses composantes :
    a) L'équinoxe de printemps se situe au 12 des Calendes d'avril soit au 21 mars du calendrier julien. Il faut dire, en effet, que certains le fixaient au 8 des Calendes d'avril, soit le 25 mars.
    b) Pâques est fêtée le dimanche situé entre le 14ème jour et le 21ème jour de la nouvelle lune du 21 mars.
    Bien entendu, au Concile de Nicée, et cette fois c'est une chose certaine, tout le monde jure ses grands dieux que les chrétiens d'Orient qui célébraient Pâques en même temps que les juifs renonceront à cette pratique et célébreront le jour déterminé par les Églises de Rome et d'Alexandrie réunies. Ils le notent dans une lettre synodale aux chrétiens d'Alexandrie

    "Nous vous annonçons la bonne nouvelle de l'accord réalisé sur la sainte Pâque, parce que grâce à vos prières cette question aussi a été réglée: tous les frères de l'Orient, qui auparavant célébraient avec les Juifs, seront fidèles à célébrer désormais la Pâque en accord avec les Romains, avec vous et avec nous tous qui le faisions depuis le début avec vous".

    Constantin, de son côté, envoie une lettre circulaire à tous les évêques chrétiens. Et, la question étant réglée, on passe à autre chose.
    Parce qu'il faut bien dire que le Concile de Nicée a des choses plus importantes à traiter que la fixation de la date de Pâques. Cette autre chose, c'est l'arianisme, c'est à dire la négation par certains (Arius d'Alexandrie et "consorts") d'un Dieu unique et triple à la fois. Le Concile définit le Fils comme homoousios (en latin consubstantialis) au Père, c'est-à-dire de même substance que le Père. Restons-en là mais il fallait le noter pour la suite.
    Réglé, le problème de la date de Pâques ? Que nenni !!

    Notons une chose importante qui va expliquer toute la suite : la date de Pâques est déterminée par des calculs, non pas sur la Lune astronomique vraie, mais sur une lune fictive, dite lune ecclésiastique ou calendaire.

    A) En Orient, on va respecter les prescriptions du Concile de Nicée et considérer que l'équinoxe de printemps est au 21 mars. D'autre part, on va calculer la néoménie à partir du cycle de Méton qui veut que la nouvelle Lune revient à la même date tous les 19 ans.
    Théophile d'Alexandrie (370-444) dresse des tables, dites Tables alexandrines, des dates de Pâques d'après les éléments que nous venons de voir. Puis, Cyrille d'Alexandrie va continuer ces tables jusqu'en 531 de notre ère (247 de l'ère de Dioclétien). Quand on sait qu'intervenaient des variables comme le nombre d'or, les indictions, les lettres dominicales et autre cycle solaire (voir calendrier liturgique), on conviendra que ces tables étaient du seul ressort de mathématiciens de haut vol.

    B) En revanche, en Occident, on tient compte du 25 mars comme date de l'équinoxe de printemps et, qui plus est, on fait appel à un ancien cycle de 84 ans au lieu de cycle de Méton.
    Léon 1er qui fut pape de 440 à 460 tente, après le Concile de Chalcédoine en 451, de remettre en cause le comput alexandrin de Théophile et Cyrille. C'est Victor d'Aquitaine qui, en 457, à la demande d'Hilaire va se pencher sur la question.
    Bref, c'est la pagaille et on en est là quand Dionysius Exiguus va tenter de réconcilier tout le monde.
    Dionysius Exiguus
    On ne sait pas grand chose de Dionysius Exiguus ou Denys le Petit sinon qu'il vécut au VIème siècle (mort à Rome vers 540) et que son surnom de "Petit" ne lui venait pas de sa taille mais de son humilité.
    Il était d'origine scythe ( la Scythie, au nord de la mer Noire entre les Carpates et le Don, pays aujourd'hui partagé entre la Moldavie, l'Ukraine et la Russie orientale), mais vécut à Rome où il devint moine (ou abbé).
    Les tables feraient désormais référence à une numérotation des années qu'il baptisa Anni Domini nostri Jesu Christi.

    L'ère chrétienne
    Denys le Petit invente, sans le savoir et sans trop le vouloir, notre ère actuelle, connue sous les différents noms d'ère chrétienne, ère dyonisienne, ère de l'incarnation ou ère vulgaire. La chronologie historique allait y gagner en simplicité.
    Quel était le point de départ de cette nouvelle ère et, question subsidiaire, pourquoi ce point plutôt qu'un autre ?
    D'abord, notons que ce point de départ, faute de connaître le zéro à l'époque sera l'an 1 et non pas l'an 0.
    correspondra au premier janvier de l'an 754
    Pourquoi 753 ? Parce que, selon Denys le Petit, cette année correspondrait à celle de l'incarnation de Jésus-Christ.
    Certains ouvrages essayent de nous expliquer comment Denys le Petit est arrivé à trouver cette date. La vérité est qu'on en sait strictement rien.
    Une autre vérité est qu'on ne sait pas quand est né Jésus. Tout ce que l'on sait, c'est que ce n'est pas en 753. Les chronologistes s'accordent pour dire que, d'après les textes ou autres événements ( éclipses, étoile des rois mages...), le Christ serait né plusieurs années (de 4 à 6) avant celle que Denys le Petit avait déterminée. Sans entrer dans le détail de toutes les hypothèses qui nous ferait passer la semaine sur cette étude, relevons que l'une d'entre elles s'appuie sur le fait que, selon Saint Mathieu, Jésus serait né sous le règne d'Hérode et que celui-çi est mort en 4 avant notre ère.

    D'ailleurs, nous parlons de naissance et, là aussi, il y a un petit problème. C'est que, Denys le Petit, lui, parle d'incarnation. Pour lui, l'incarnation c'est la conception ou la naissance ? Et comme il nous explique que Jésus a été conçu un 25 mars (quelle précision !! comme s'il y était) et est né le 25 décembre qui a suivi (pile 9 mois après), il n'est pas étonnant de lire quelquefois que son ère a commencé le 25 mars 753 et, d'autres fois, qu'elle a commencé le 25 décembre 753. Question d'interprétation. Encore faudrait-il le dire.

    Si nous devions résumer toutes les lignes qui précèdent, nous pourrions dire que le début de notre ère ne correspond strictement à rien.

    Numérotation des années
    Puisque nous parlons d'avant ou d'après Jésus-Christ, notons qu'il existe une seule numérotation pour les années après Jésus-Christ : 1, 2, 3,...2 000, 2 001...
    En revanche, pour les années avant Jésus-Christ, il existe une double numérotation :
    - Celle des historiens qui continuent à ignorer le zéro et notent donc les années 1 av. J.-C. 2 av. J.-C... 150 av. J.-C...
    - Celle des astronomes qui considèrent, depuis 1740, que l'an 1 av. J.-C est l'an zéro. On doit cette introduction du zéro et la numérotation négative des années avant Jésus-Christ à l'astronome français Jacques Cassini.

    Calendrier liturgique
    l'évangile est bâti sur la description d'une Semaine inaugurale (1,19 --- 2,12)
    et de six fêtes religieuses juives :
    première Pâque à Jérusalem (2,13 --- 4,54)
    deuxième fête à Jérusalem (5,1-47)
    Pâque du pain de vie (6,1-71)
    fête des Tentes à Jérusalem (7,1 --- 10,21)
    fête de la Dédicace à Jérusalem (10,22 --- 11,54)
    dernière Pâque à Jérusalem (11,55 --- 20,31)
    Chacune de ces parties semble avoir un objectif doctrinal déterminé et est illustrée par un miracle.

    Depuis Vatican II
    La difficulté du calendrier liturgique tient notamment à ce qu'il se constitue de deux cycles superposés, le cycle temporal et le cycle sanctoral. Le cycle temporal détermine la succession des temps liturgiques, en particulier les limites de l'année liturgique qui commence le 1er dimanche de l'Avent et se termine le samedi de la 34e semaine du Temps ordinaire. Le cycle temporal est essentiellement mobile, dans la mesure où il prend appui sur les dimanches. À l'intérieur du cycle, la fête de Pâques et tous les évènements liturgiques liés à cette fête, qu'ils interviennent avant ou après, sont soumis à une mobilité plus importante.
    Le cycle temporal se découpe en différentes périodes :
    du premier dimanche de l'Avent à la veille de Noël : temps de l'Avent
    de Noël au Baptême du Seigneur : temps de Noël
    du mercredi des Cendres à la veille de Pâques : temps du Carême
    de Pâques à la Pentecôte : temps de Pâques
    entre le Baptême du Seigneur et le Carême, puis entre la Pentecôte et l'Avent : temps ordinaire.
    Les années suivent un cycle de trois ans, ce qui permet de parcourir les trois Évangiles dits synoptiques :
    Années A : Évangile selon Matthieu
    Années B : Évangile selon Marc
    Années C : Évangile selon Luc
    L'Évangile selon Jean est lu principalement pendant certaines fêtes, tous les ans.

    Lire pendant une année liturgique un des Évangiles permet de suivre en un an, ce que Jésus a vécu durant sa vie terrestre. La chronologie n'est pas suivie scrupuleusement puisque Jésus naît à Noël et meurt le Vendredi Saint, ce qui laisserait une grande partie de l'année vide.
    La mobilité de la fête de Pâques et, plus largement, celle du Carême et du Temps pascal, fait que le cycle des semaines du Temps ordinaire est interrompu à des périodes différentes d'une année sur l'autre. C'est ainsi que certains des dimanches du temps ordinaire peuvent être soit fêtés soit avant le Carême, soit fêtés après le Saint Sacrement, soit supprimés.
    Le cycle sanctoral comprend les dates auxquelles on fête les saints ou les grands évènements de la vie du Christ et de la Vierge Marie.
    Au sein du calendrier liturgique, l'Église distingue les fêtes universelles (qui doivent être célébrées par l'ensemble du monde catholique) et les fêtes particulières, qui ne sont fêtées que par une ville, un diocèse, un pays, une région du monde ou une communauté religieuse.

    Calendrier maçonnique
    Traditionnellement, les Maçons utilisent, dans leurs actes et leur correspondance, l'ère maçonnique qui démarre le 1er mars. Celle-ci varie selon les rites et les Obédiences.

    D'une façon générale, les loges anglo-saxonnes, françaises et allemande utilisent l'année de la Vraie Lumière (A:.V:.L:.) ou l'anno, Lucis (A:.L:.) pour faire remonter symboliquement l'origine de la Maçonnerie à la création du monde selon la tradition biblique.
    Il est généralement admis que cette chronologie a été empruntée par les Maçons anglais à l'œuvre d'un savant prélat anglican, James Usher, né à Dublin en 1580 et qui écrivit des Annales verteris et movi Testamenti (1650-1654) qui contenait une chronologie biblique remontant à 4004 avant J.-C. .

    La chronologie utilisée par Anderson dans la partie historique de ses Constitutions coïncide sensiblement avec cette chronologie, généralement acceptée par les différentes Eglises anglaises au début du XVIIIème siècle et qui, d'ailleurs, coïncide sensiblement avec les données bibliques.
    Il convient donc, pour obtenir la date maçonnique, d'ajouter 4000 ans à la date calendaire ou « Ere Vulgaire » (E:.V:.).
    Traditionnellement, en France, on utilise le calendrier julien faisant commencer l'année en mars.
    L'emploi des mois hébraïques est aujourd'hui sorti d'usage (sauf parfois au Rite Ecossais), mais on n'emploie pas les noms des mois courants, mais seulement leurs quantièmes. Exemples le 03 février 2002 est le « troisième jour du douzième mois de l'année 6001 A:.L:., et le 1er mars de la même année est le premier jour du premier mois de l'année 6002 de la Vraie Lumière».

    Ce style n'est pas accepté partout : les Maçons écossais emploient parallèlement, surtout aux Hauts Grades, en même temps que les mois hébraïques, un calendrier utilisant la « chronologie juive », l'anno hebraico (A:.H:.) ou l'anno mundi (A:.M:.).
    Ce calendrier commence mi-septembre et il faut ajouter 3 760 ans (jusqu'en septembre) ou 3 761 ans au calendrier grégorien.

    Au grade de Royal Arch, la date du point de départ du calendrier est celle du début de la reconstruction du Second Temple par Zorobabel, date fixée à 530 avant J.-C. et anno inventionis (A:.I:.).

    Au grade de a Royal and Select Master », le point de départ est la date de la dédicace du Temple de Salomon, soit 1 000 ans avant J.-C. C'est l'anno depositionis (A:.D:.).

    Aux grades Templiers, on compte depuis la date de création de l'Ordre du Temple (1118 après J.-C.). C'est l'anno ordinis (A:.O:.).

    En résumé, l'année 2001 est :
    l'année 2001 de l'Ere Vulgaire ( E:.V:.);
    l'année 6002 de la Vraie Lumière ( V:.L:.)
    l'année 5761 de l'Année Hébraïque ou du Monde (A:.M:.);
    l'année 2531 de la reconstruction du Second Temple (A:.I:.);
    l'année 3001 de l'achèvement du Premier Temple (A:.D:.);
    l'année 883 de la fondation de l'Ordre des Templiers (A:.O:.).

    Le jour
    « - Combien y a-t-il de temps ou intervalles dans le jour maçonnique ?
    - Il y en a quatre, qui sont : depuis six heures du matin où commence la journée jusqu'à midi ; depuis midi jusqu'à six heures du soir ; depuis six heures du soir jusqu'à minuit ; et depuis minuit jusqu'à six heures du matin. »


    Le temps divin
    Comme le remarque Mircea Eliade, « la prière la plus populaire du monde s'adresse à notre Père qui est aux Cieux ». C'est dire l'importance primordiale du symbolisme céleste. Certains, tel P. W. Schmidt, ont même voulu voir dans ce dernier la matrice archétypique de tout le symbolisme religieux.
    De nombreuses cultures confondent d'ailleurs l'appellation du Dieu suprême avec la dénomination du Ciel, tels les Iroquois (Oki, Celui qui est en haut), les Sioux (Wakan, l'En-Haut, le Dessus), les Maoris (Iho, Élevé, En haut), les anciens Indo-Européens (Dyaus, Zeus : Ciel, Jour) et les Grecs (Ouran´ov, le Ciel). C'est que la simple vue du ciel constitue les orients symboliques d'un « sur-monde » où se retrouvent, comme transposés et sublimés, et par là doués d'une valorisation principielle, tous les orients du symbolisme terrestre. Le ciel, ou plutôt « les cieux », c'est un sur-monde emboîtant et régissant le monde d'ici-bas (Platon). Chez les Chinois, l'empereur, qui est l'ordonnateur du monde, ne peut organiser l'espace et le temps cosmique que parce qu'il est le « Fils du Ciel ». Monde exemplaire, le Ciel rassemble en lui, et dans l'expérience existentielle directe que les hommes en ont, des directives structurelles différentes et qu'il s'agit de classer d'abord si l'on veut bien comprendre toute l'importance de cet archétype majeur.
    On pourrait dire que le Ciel est le symbole de la Toute-Puissance, parce qu'il allie l'altitude de la transcendance, la coexistence harmonieuse de contraires et de pluralités, et la régularité exemplaire de ses phases. Transcendance, solution harmonieuse des tensions contradictoires, régularité géométrique des mouvements, tels sont bien les trois idéaux majeurs auxquels tous les hommes, structuralement et fonctionnellement, aspirent.
    La Toute-Puissance céleste (pluie, orages, foudre, chaleur ou brûlure solaire, vents, gel, etc.) n'est qu'une résultante physique de ces prémisses en quelque sorte moraux.

    Verticalité et transcendance du temps (des coudées, sans nombre)
    C'est d'abord le symbolisme de la verticalité que suggèrent « la voûte étoilée au-dessus de nos têtes » et le simple zénith du ciel azuré diurne. Cette verticalité ascendante est liée à l'une des données les plus caractéristiques de l'anthropologie, mais en même temps elle dépasse en dignité et en puissance cette donnée existentielle. Le Ciel, et son symbolisme, est comme l'asymptote imaginaire de ce redressement humain. Du mythe d'Icare aux réalisations des modernes cosmonautes, en passant par les techniques chamanistes (M. Eliade) et les prouesses des pionniers de l'aviation, la « conquête » du Ciel possède une dignité de signification qui dépasse de bien loin la conquête prométhéenne du feu.

    Certes, si les conquêtes de l'astronautique peuvent être un jour rentables, pour l'instant elles n'ont été que le témoignage de la lutte « titanesque » de deux superpuissances mondiales pour s'assurer un prestige, un renom, une publicité qu'aucun autre exploit n'est capable d'égaler. Dans nos sociétés laïques, le culte du cosmonaute et la rêverie scientifique qui l'accompagne sont un répondant des innombrables rituels d'ascension des liturgies religieuses.

    Car l'ascension céleste est l'un des thèmes majeurs de tous les rituels et mythologies religieux. L'ascension peut se faire rituellement par un procédé mécanique quelconque (échelle à neuf, sept ou douze échelons des chamans ouralo-altaïques, climax des prêtres de Mithra, ascension de la montagne sacrée ou de son succédané, le ziqqurat, chez les Sémites) ou mythiquement par la méditation et la rêverie « ailée » (ascension de Mohammed sur la jument ailée Boraq, ascension au moyen d'une corde, d'un fil d'araignée, d'un « chemin de flèches », chez des Océaniens, les Indiens d'Amérique, les Africains ; cf. Pettazoni, Werner, Thompson).

    La hauteur inaccessible du Ciel coïncide donc avec l'au-delà de l'expérience quotidienne, elle est sur la lancée de notre désir, de notre fondamentale verticalisation. C'est pour cela que le Haut, et à plus forte raison le Très-Haut, exprime l'ordre de toute valeur positive, bienfaisante. L'antithèse de l'ascension bienheureuse pour Icare, Lucifer ou Adam, c'est la chute.
    S'ajoute à cette valorisation de la verticalité céleste celle de la lumière et de la vision. L'on pourrait même dire que cette survalorisation lumineuse et visionnaire du célestiel est à double entrée. Une entrée se fait parce que toute ascension mythique et mystique est visionnaire, qu'elle s'accompagne de « photes » lumineux et colorés. Aux degrés de l'échelle chamaniste correspondent des « couleurs » divines qui symbolisent le degré de la vision initiatique.

    L'arc-en-ciel aux sept couleurs, et dont la couleur médiane est le vert, symbole de toutes les autres, est à la fois la manifestation du Très-Haut et le signe de l'alliance de la Terre et du Ciel.

    Une autre entrée peut être faite en ce symbolisme de la lumière céleste et de la vision par la simple constatation naturelle qu'à une élévation matérielle correspond une vue plus étendue. À toute élévation correspond ce que Bachelard appelait une « vision monarchique ». Au cortège symbolique du Ciel constitué par les échelles, les arbres chamaniques, les monts sacrés et leurs succédanés artificiels, ziqqurats et pyramides, il faut ajouter dès lors les animaux qui volent et, en même temps, voient, qui volent haut pour voir, les oiseaux et, en particulier, les oiseaux de proie : épervier, aigle, vautour, corbeau... Ces oiseaux prêteront leur aile aux messagers célestes : anges, génies et dévas. Les divinités célestielles ont généralement pour attribut essentiel la clairvoyance ; à cette vision monarchique symbolisant la Toute-Puissance sont reliés étroitement, dans les attributs des dieux célestes, la foudre et l'orage. Zeus tonnant rejoint, dans ce symbolisme météorologique, Yahwé qui « tonne avec sa voix d'une façon merveilleuse » (Job, XXXVI, 32-33 ; XXXVII, 1-4).

    Ainsi le symbolisme du Ciel en tant que suprême rassemble les symboles de l'ascension, échelles, escaliers, arbre, aile, montagne naturelle ou mont artificiel formé par les proéminences du temple, vision monarchique, et finalement clarté. L'on peut dire que tout un secteur du symbolisme célestiel est au régime diurne de l'image (cf. G. Durand, Les Structures anthropologiques de l'imaginaire).

    L'harmonie des contraires
    Toutefois un autre symbolisme vient se greffer sur l'archétype diurne du Ciel. Car le Ciel peut aussi être nocturne. Bien mieux, il est la scène dramatique par excellence où se succèdent les contraires, où s'affrontent les phases, où se jouent les ascensions astrales comme les déclins. Sans insister ici sur le symbolisme spécifique de la Lune, il nous faut indiquer cependant que c'est bien elle qui donne le ton à toute dramatisation céleste. La Lune, ainsi que ses phases, qui signalent sa révolution mensuelle céleste, donne le ton à toute mythologie terrestre, où se succèdent en contrastant des épisodes épiques, agricoles, biologiques.

    Ce découpage du temps céleste en phases s'accompagne de la projection de ce temps astral sur l'espace céleste : les points cardinaux sont d'abord des points célestes, ceux des solstices et équinoxes solaires, ceux des planètes ou étoiles majeures (Sirius pour les Égyptiens et, en général, pour la plupart des Africains, Capella pour les Chaldéens, Vénus pour les Mexicains, etc.).
    Le ciel contrasté, en nuit et jour, en lune ascendante et descendante, et enfin en quadrature équinoxiale et solsticielle, devient le modèle de l'ordre de l'univers (cosmos) où se rangent les contraires. L'on pourrait dire que la voûte céleste « quadraturée » par des points cardinaux ou astraux est le premier mandala (figure idéale où s'épousent le cercle et le carré), modèle universel des pérégrinations astrales, des stations et des orients de toutes choses. Au sein du contraste ou de l'espace orienté du Ciel s'esquisse donc le symbole de la coincidentia oppositorum (K. G. Jung). Le ciel, ainsi quadraturé et ordonné, devient en quelque sorte le modèle parfait ou puissant de toute destinée terrestre.

    Aussi à la science du calendrier céleste et à l'étude du ciel (astronomie) a été liée de tout temps à l'astrologie. La combinatoire gigantesque et merveilleusement ordonnée que constitue la voûte céleste, le mouvement de ses astres et la géométrie de ses orients « signent » la destinée de chacun, mesurent le temps des événements, des empires et de l'histoire. Mais ce qu'il faut remarquer, spécialement avec l'illustre astronome et astrologue Johannes Kepler (Harmonices mundi), c'est que l'astrologie met en évidence surtout les « aspects » – c'est-à-dire les concordances et les dissonances astrales selon que les astres sont en « conjonction », en « opposition », « quadrature », « trigone », etc. – qui dans le « ciel » d'un événement ou d'une destinée tissent l'être des choses, les contraires, d'oppositions plus ou moins renforcées. Le ciel déjà scientifiquement élaboré des astrologues est donc bien le symbole mis en pratique de la coincidentia oppositorum.

    La régularité des rythmes
    La réflexion astrologique fait alors place à la méditation astronomique. Elle n'en est pas moins fortement symbolique : de Platon à Ptolémée, de Ptolémée à Copernic, puis à Kepler, l'idée symbolique qui domine la méditation astronomique est celle de régularité. Pour Platon (Phèdre, Timée) la procession des planètes et des luminaires est le modèle archétypique et « régulier », donc divin, dont les destinées humaines ne sont que les imparfaites copies processionnaires.

    Pour Kepler, les « aspects », même les plus violemment opposés, constituent une « harmonie », et son système, tel qu'il l'expose à Tycho Brahé, conjoint cinq plans d'harmonie : la géométrie, l'arithmétique, la musique, l'astrologie et l'astronomie, cette dernière étant, grâce à l'expérimentation, que Kepler mena en commun avec Tycho Brahé (1600), la « preuve » évidente et merveilleusement empirique de l'harmonie générale.

    Ainsi la symbolique générale de la « pausophie » de Paracelse se trouve confirmée par l'astronomie képlérienne : le ciel est le modèle visible, le symbole sensible et mesurable, du principe de toute harmonie, de Dieu créateur. Dès lors, ce symbole de perfection se concrétisera dans la « coupole » qui surmonte aussi bien le Ming tang chinois que la mosquée musulmane, le temple du Ciel de Rome (Panthéon) ou la basilique byzantine et romane (L. Hautecœur ; G. de Champeaux et dom Sébastien Sterckx) : la coupole repose sur la base quadrangulaire de l'édifice et l'ordonne ; cette base symbolise la terre et ses tensions contradictoires. Cercle, coupole, sphère – que l'on songe à la sphère parménidienne – symbolisent la perfection dans le mouvement, le principe d'harmonie de tout mouvement permettant d'organiser, de classer, de ranger les angles des orients terrestres.

    Le Ciel constitue donc bien l'archétype des archétypes, le symbole majeur où se rassemblent, s'accomplissent et s'expliquent tous les êtres et les choses de l'univers d'ici-bas. Il est le modèle gigantesque du nombre et de l'ordre, comme l'avaient bien vu, avant Kepler, les pythagoriciens. C'est le lieu métaphysique par excellence, le réservoir de la Toute-Puissance par son élévation exemplaire, le modèle de tout intelligible par son ordre exemplaire, le lieu de la maîtrise divine sur les destinées et les événements. Aussi, soutenues par ce symbolisme, les philosophies du Ciel sont-elles toujours des philosophies gnomiques, ascétiques, métaphysiques, opposant la pureté de la grâce à l'épaisseur terrestre de la pesanteur et de la chute.

    Sources : web http://www. universalis , wikipédia, louisg.net etc.
    Biblio : Mircea Eliade est né à Bucarest en 1907. Dans son Traité d'histoire des religions (1949), il s'est attaché à définir les signes manifestant le fait religieux, les notions de sacré, de mythe et de symbole.
    Histoire des croyances et des idées religieuses (Payot, 1976 à 1983).